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enfermer

enfermer [ ɑ̃fɛrme ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; de en- et fermer
1Mettre en un lieu d'où il est impossible de sortir. Enfermer un oiseau dans une cage. Enfermer qqn dans une pièce, une maison. boucler, claustrer, cloîtrer, séquestrer, verrouiller. « Son père, pour l'obliger à écrire, l'enfermait sous clef » (Henriot). Pronom. « Il s'enfermait en son bureau, s'y verrouillait » (Courteline). se barricader, se claquemurer. Enfermez-vous la nuit : fermez votre porte à clé, au verrou. — Enfermer un malfaiteur dans une prison. emprisonner, incarcérer; fam. boucler, coffrer. Enfermer un malade mental dans un asile. interner. Absolt Il est bon à enfermer : il est fou.
Fig. « Voilà dans quel dilemme imbécile on a enfermé ces officiers » (Martin du Gard). Pronom. « Ma mère s'enfermait dans le mutisme » (A. Gide). se confiner. S'enfermer dans un rôle, ne pas en sortir.
(Compl. chose) Mettre en lieu sûr, en lieu clos. serrer (cf. Mettre sous clé). Enfermer des biscuits dans une boîte en fer, de l'argent dans un coffre-fort. « Les corps enfermés dans des cercueils de bois blanc » (Mac Orlan).
2Entourer complètement. ceindre, clore, environner, limiter. « ces allées de menues colonnes enfermant un petit jardin » (Maupassant).
Sport Dans une course, Serrer (un concurrent) à la corde, ou à l'intérieur du peloton, de façon à briser son élan et à l'empêcher de se dégager. Il s'est laissé enfermer au moment du sprint.
3Vieilli Avoir en soi, renfermer. comprendre; comporter, contenir. « Le compliment était pour elle si inespéré, qu'elle se demanda s'il n'enfermait pas d'ironie » (Romains).
⊗ CONTR. Délivrer, libérer.

enfermer verbe transitif Placer quelque chose dans un lieu que l'on ferme, en particulier pour le mettre à l'abri, en sûreté : Enfermer des bijoux dans un coffret. Mettre quelqu'un dans un lieu dont il ne peut sortir à son gré : Enfermer un prisonnier dans un cachot. Être la cause qui empêche quelqu'un de sortir : La pluie nous a enfermés à la maison. Entourer complètement un lieu ; clore, enserrer : Les murailles enfermaient la ville. Littéraire. Avoir en soi, contenir, renfermer : Ce discours élogieux enferme quelque ironie. Placer, maintenir quelqu'un ou quelque chose dans d'étroites limites, en l'empêchant de se développer ou de se manifester, de s'exprimer librement ; le maintenir dans une situation contraignante : Enfermer la poésie dans des règles trop strictes. Dans une course, serrer un concurrent de façon à briser son élan, à l'empêcher de passer. ● enfermer (citations) verbe transitif Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Je n'ai vraiment l'impression que je suis libre que lorsque je suis enfermé. Lorsque je fais tourner la clef ce n'est pas moi qui suis bouclé ce sont les autres que j'enferme. Un soir quand on est seul Plonenfermer (synonymes) verbe transitif Placer quelque chose dans un lieu que l'on ferme, en particulier...
Contraires :
- extraire
Mettre quelqu'un dans un lieu dont il ne peut sortir...
Synonymes :
- boucler (familier)
- claquemurer
- cloîtrer
- coffrer (familier)
- confiner
- écrouer
- emprisonner
- interner
- parquer
- séquestrer
Contraires :
- délivrer
- libérer
- sortir
Entourer complètement un lieu ; clore, enserrer
Synonymes :
- enclore
- enserrer

enfermer
v. tr.
d1./d Mettre dans un lieu clos, d'où l'on ne peut sortir. Enfermer un enfant dans sa chambre.
|| v. Pron. S'enfermer pour travailler.
Fig. S'enfermer dans son chagrin.
d2./d Mettre (qqch) dans un lieu fermé, dans un meuble clos. Enfermer des habits dans une armoire.

⇒ENFERMER, verbe trans.
I.— Mettre dans un lieu fermé.
A.— [Le compl. désigne des êtres vivants]
1. Emploi trans.
a) [Avec l'idée de faire violence à quelqu'un] Mettre contre leur gré des êtres vivants dans un lieu fermé dont ils ne peuvent sortir. Enfermer un homme dans un cachot, une femme dans un couvent, un enfant dans une maison de correction. Il déchira son cahier et son livre, — (...) en regardant le maître d'un air provocant. On l'enferma au cabinet noir (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 47). Aux saisons j'enferme ici ma chatte, avec quelque matou. Mais il y en a toujours un des deux qui ne veut rien savoir. Généralement le matou. C'est curieux, la nature (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1139) :
1. ... il enferme dans l'arsenal dix mille esclaves et quelques adjudants munis de fouets.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 690.
En partic. Enfermer qqn dans une maison de fous, de santé, dans une prison. On l'enferma dans la prison du bourg (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Gueux, 1884, p. 444) :
2. ... la famille l'irrite, l'exaspère, le pousse de parti pris à la folie. On l'enferme non dans une maison de fous, mais dans une maison de santé.
GONCOURT, Journal, 1882, p. 147.
Loc. Il ne faut pas enfermer le loup dans la bergerie.
P. métaph. « Je n'ai jamais songé à t'enfermer dans notre amour... » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 25).
P. ext. [Le suj. désigne un facteur extérieur] Maintenir quelqu'un dans un lieu. La pluie nous enferma tout le jour (MICHELET, Journal, 1858, p. 398). Le développement de l'industrie qui enferme les populations dans les villes et crée un immense troupeau de travailleurs (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1922, p. 74).
b) Au fig. Mettre quelqu'un dans une situation, un rôle, dont il ne peut sortir. Enfermer qqn dans ses actes, dans son métier. Je vous demande donc, messieurs, d'enfermer vos officiers dans leur rôle (...) d'instructeurs et d'éducateurs des cadres (JAURÈS, Eur. incert., 1914, p. 296). C'est pourquoi (...) j'enferme la femme dans le mariage et ordonne de lapider l'épouse adultère (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 515).
2. Emploi pronom. réfl.
a) Se mettre volontairement dans un lieu fermé au monde extérieur. ,,S'enfermer dans un cloître, se faire religieux ou religieuse`` (Ac.). Baccarat rentra chez elle, s'enferma dans son boudoir, se jeta à genoux et fondit en larmes (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 492). Il parle de s'enfermer dans un cloître (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 18).
En partic. S'enfermer (dans une place). Demeurer dans une place forte qui va être assiégée et qu'on veut défendre (d'apr. Ac.).
b) Au fig. Se mettre dans une situation, un rôle, une attitude dont on ne peut ou ne veut sortir. Le seul moyen de n'être pas malheureux c'est de t'enfermer dans l'art (FLAUB., Corresp., 1845, p. 172). Le général Cartier de Chalmot rompit le silence dans lequel il s'était enfermé jusque-là (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 66).
B.— [Le compl. désigne des choses] Mettre à l'abri et en sûreté, dans un lieu fermé. Tous ces hommes (...) avaient bâti au hasard quelques cabanes pour y enfermer leur butin (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 167). J'enferme à clef ce papier-là dans un tiroir (SAINT-EXUP., Pt Prince, 1943, p. 450).
Emploi pronom. passif. J'avais bien quinze ans, lorsque les derniers décors [du théâtre de Peau-d'Âne] inachevés s'enfermèrent pour jamais dans les cartons qui leur servent de tranquille sépulture (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 154).
En partic. et littér.
♦ Cacher, enterrer. Il vit mon père enfermer un dépôt dans la terre (DUMAS, père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 675).
♦ Contenir. Une paroi rouge, une grise et deux bleues enfermaient un mobilier disparate (COLETTE, J. de Carneilhan, 1941, p. 7).
♦ Retenir. Cette appétissante ménagère qui enfermait sa chevelure entre deux croissants d'or (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 351).
C.— [Le compl. désigne un sentiment]
1. Tenir caché, dissimuler. La vaillante fille se dépêchait (...) d'enfermer son chagrin dans les dessins capricieux de sa tapisserie (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 175).
2. Contenir en soi. Le caractère enferme toujours une prétention (ALAIN, Propos, 1924, p. 590) :
3. ... l'idée de révolution sociale enfermera en soi une contradiction devant laquelle l'homme ne cessera pas de s'inquiéter et de protester.
BLOCH, Destin du Siècle, 1931, p. 300.
II.— P. ext. Entourer complètement.
A.— Rare. [Le compl. désigne des pers.] Un rempart de gazon enfermait l'armée dans une haute muraille (FLAUB., Salammbô, 1863, p. 61). Les groupes de ses camarades (...) l'entourèrent [Simon] peu à peu et finirent par l'enfermer tout à fait (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 15).
B.— [Le compl. désigne des parties de l'espace] Une enceinte de murs en pierre calcaire tirée des montagnes voisines enfermait le jardin, les greniers, le cellier et la maison (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 239). Une très-petite commune perdue (...) enfermée de marais (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 25).
Rare. Il [Nachette] lut en route les lettres, et enferma dans un trait de crayon une vingtaine de passages qu'il copia sur un calepin (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 349).
P. métaph. Michka, sorti précipitamment de la maison, l'[Anthime] enfermait dans un cercle de bonds et de jappements (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 190).
Spéc. [Dans une course] Serrer un concurrent à la corde et l'empêcher de se dégager. Dès le départ, Lovelock est enfermé et doit attendre plus de 400 mètres pour se dégager (L'Auto, 18 sept. 1933, p. 4 ds GRUBB, Fr. sp. neol., 1937, p. 36).
Au fig. Tenir dans des limites, des bornes étroites. Au sein même du mouvement qui tentait, au XVIe siècle, surtout à Florence, d'enfermer l'art entier dans les cadres trop étroits d'une science statique (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 154) :
4. La dernière strophe que nous venons de citer (...) est un essai malheureux d'enfermer en une strophe, en un vers (...) toute l'étendue de la conquête napoléonienne.
PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, p. 769.
Prononc. et Orth. :[], (j')enferme []. Enq. : // (il) enferme. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « mettre dans un endroit fermé complètement » (M. DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Fresne, 304 : En un cofre les anfermat); en partic. 1656 emploi abs. « mettre quelqu'un dans une maison d'aliénés » (TH. CORN., Geôlier de soi-même, I, 5 ds LITTRÉ); 2. a) 1538 « entourer un lieu de tous côtés » (EST.); b) 1640 « cerner quelqu'un de toutes parts » (CORNEILLE, Horace, III, 6); 3. 1635 « comprendre, contenir, renfermer » (ID., Médée, III, 3). Dér. de fermer; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2 602. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 550, b) 4 008; XXe s. : a) 4 516, b) 4 024. Bbg. GILLIÉRON (J.). Les Conséquences d'une collision lexicale et la latinisation des mots fr. In : Cinquantenaire de l'Éc. pratique des hautes ét. Paris, 1921, n° 230, pp. 65-68. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 34, 258.

enfermer [ɑ̃fɛʀme] v. tr.
ÉTYM. XIIe; de en-, et fermer.
———
I
1 Mettre, en général de force, (qqn) en un lieu d'où il est impossible de sortir. || Enfermer qqn dans une pièce, une maison ( Chambrer, claustrer, cloîtrer, confiner, séquestrer), dans des murs ( Claquemurer, emmurer, murer, parquer). || Enfermer, mettre qqn sous clef, sous les verrous. Boucler, verrouiller (→ Drôlement, cit. 1). || Enfermer un oiseau dans une cage. || Enfermer qqn dans une prison. Coffrer; écrouer, emprisonner (→ Cage, cit. 1).Vx. || Enfermer qqn dans la tombe.
1 Avant qu'un peu de terre, obtenu par prière,
Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière (…)
Boileau, Épîtres, VII.
2 (…) ils demandèrent deux grâces : l'une, de me faire sortir sur-le-champ du Châtelet; l'autre, d'enfermer Manon pour le reste de ses jours ou de l'envoyer en Amérique.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II, p. 186.
3 Torquemada a été condamné par son ordre à être enfermé dans un in pace, pour quelque infraction à la règle. On le voit en scène descendre vivant dans sa tombe, y être muré.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 54.
4 Il lui semblait qu'elle avait, pour ainsi dire, touché le fond de son désespoir lorsqu'elle s'était aperçue que son père fermait la grille à clef tous les matins (…) Maintenant on l'enfermait, on la gardait à vue.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 65.
Enfermer un malade dans un asile, une maison d'aliénés. Interner. Absolt. || Faire enfermer qqn. || Il est bon à enfermer, il faut l'enfermer : il est fou.
5 Elle est folle à tel point qu'on ne peut l'exprimer;
Travaillez au plus tôt à la faire enfermer (…)
J.-F. Regnard, les Ménechmes, V, 3.
5.1 Le lendemain, il alla consulter un médecin aliéniste qui ne put rien dire de précis, sinon qu'il ne demandait pas mieux que de l'enfermer.
M. Aymé, Maison basse, p. 56.
(1851). Fig. || Enfermer qqn dans un dilemme (cit. 2, 3), dans ses contradictions.La douleur enferme (cit. 20) les médiocres dans l'égoïsme.
6 (…) Mirabeau lui disant de la tribune, à propos de je ne sais quelle fausseté de raisonnement, qu'il allait l'enfermer dans un cercle vicieux : « Vous allez donc m'embrasser ? » répliqua de sa place l'abbé Maury.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 23 juin 1851.
7 Le cogito assure l'homme de son existence comme être pensant, mais il l'enferme en lui-même.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p. 69.
2 Mettre, placer (qqch.) dans un lieu clos (pour ranger, retrouver, protéger). Renfermer, serrer. || Enfermer de l'argent dans un coffre-fort. || Enfermer des vêtements dans une armoire, des provisions dans un buffet. Clef (mettre sous clef). || Enfermer dans un emballage. Emballer.
Fig. et littér. || Enfermer sa peine, son chagrin, le cacher.Par métaphore du sens 1 (enfermer dans la tombe) :
8 Dans la nuit du tombeau j'enfermerai ma honte (…)
Racine, Iphigénie, II, 1.
3 (Fin XIXe). Abstrait. Limiter. || Enfermer une notion dans une définition, un système entier en une seule formule. Entrer (faire); circonscrire.
9 (…) nous ne viserons pas à enfermer la fantaisie comique dans une définition. Nous voyons en elle, avant tout, quelque chose de vivant.
H. Bergson, le Rire, p. 2.
Enfermer qqn dans un rôle, une fonction. Limiter.(Par métaphore du sens 1). Emprisonner.
10 La théologie des laïcs enferme les mœurs dans une étroite prison de préjugés et de pratiques.
André Suarès, Trois hommes, II, « Ibsen », p. 100.
———
II Entourer complètement. Entourer.
1 (1640). Vx. || Enfermer qqn. Cerner, encercler. || Être enfermé de, par qqn : être encerclé.
11 Près d'être enfermé d'eux (les Curiaces), sa fuite l'a sauvé.
Corneille, Horace, III, 6.
2 (1538). Mod. || Enfermer qqch. Ceindre, clore, environner. || Enfermer un terrain de haies, de fossés… Clore, enclore. || Enfermer un territoire dans un autre. Enclaver, enserrer. || Enfermer une ville de, par des murailles. Ceindre, enceindre.
3 (1910). Sports (dans une course). || Enfermer un concurrent, le serrer à la corde, ou à l'intérieur du peloton, de façon à briser son élan et à l'empêcher de se dégager. || Il s'est laissé stupidement enfermer au moment du sprint. || Être enfermé à la corde. Cf. Être dans la boîte.
4 (Le sujet désigne ce qui enferme). || Les murs qui enferment qqn, qqch. || La boîte enfermait des trésors. Contenir.
12 (…) ces allées de pierre, ces allées de menues colonnes enfermant un petit jardin (…)
Maupassant, la Vie errante, La Sicile, p. 105 (→ Cloître, cit. 4).
Vieilli. Avoir en soi, renfermer. Comprendre, comporter, contenir. || Cette page enferme des conseils dangereux. || Son âme n'enferme pas de pareils desseins. || L'idée d'homme enferme l'idée de liberté et de raison. Impliquer. || Elle se demanda si le compliment (cit. 5) n'enfermait pas quelque ironie.
13 Ce corps n'enferme pas une âme si commune (…)
Corneille, Médée, III, 3.
14 Contre quoi les pyrrhoniens opposent en un mot l'incertitude de notre origine, qui enferme celle de notre nature; à quoi les dogmatistes sont encore à répondre depuis que le monde dure.
Pascal, Pensées, VII, 434.
——————
s'enfermer v. pron.
1 Se mettre en un lieu clos. || S'enfermer dans un cloître (→ Dérèglement, cit. 8). || Armée qui s'enferme dans une place forte.
15 J'irai m'enfermer dans des murs plus terribles pour moi que pour les femmes qui y sont gardées (…)
Montesquieu, Lettres persanes, CLV.
Loc. fig. S'enfermer dans son cocon.
2 Fermer la porte sur soi pour s'isoler. Barricader (se), cadenasser (se), calfeutrer (se), cantonner (se), confiner (se), isoler (s'). || S'enfermer dans sa chambre pour travailler, s'enfermer à double tour pour ne pas être dérangé. || Artiste qui s'enferme dans la solitude, dans sa tour d'ivoire.
(Sans compl.). || Il voudrait pouvoir s'enfermer pour travailler.
16 (…) je convins, avec candeur, que j'avais bien un escalier dérobé qui conduisait très près de mon boudoir; que je pouvais y laisser la clef, et qu'il lui serait possible de s'y enfermer (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXXV.
17 Letondu, à vrai dire, venait encore à l'Administration; il y venait même régulièrement. Mais, arrivé à l'heure précise, il s'enfermait en son bureau, s'y verrouillait à double tour et y demeurait de longues heures sans que l'on pût savoir ce qu'il y fabriquait.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, 1.
(Av. 1778). Fig. || S'enfermer dans une attitude, un rôle, ne pas en sortir. Garder; maintenir (se); rester. || S'enfermer dans le silence.
18 Le seul moyen de n'être pas malheureux c'est de t'enfermer dans l'Art et de compter pour rien tout le reste; l'orgueil remplace tout quand il est assis sur une large base.
Flaubert, Correspondance, 13 mai 1845.
19 Aussi bien Dorothée elle-même n'était pas femme à renoncer, pour son oncle, aux attraits du pouvoir; elle les subissait comme lui et ne se figurait certainement pas son grand homme s'enfermant, pour le reste de ses jours, dans le rôle d'un Cincinnatus.
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXIV, p. 374.
20 À la suite de quoi ma mère s'enfermait dans le mutisme. Je lanternais quelque temps encore, puis commençais à me pressurer le cerveau au-dessus de mon papier blanc.
Gide, Si le grain ne meurt, I, II, p. 48.
——————
enfermé, ée p. p. adj.
1 Qui est en un lieu fermé, à l'intérieur (de). || Personne enfermée en prison ( Détenu; captif, emprisonné), dans un hôpital psychiatrique ( Interné), un cloître (→ Cloîtré). || Personne enfermée chez elle. || Corps (cit. 13) enfermé dans un cercueil. || Argent enfermé dans un coffre.
21 (…) le commencement de l'hiver m'arrêta en un quartier, où ne trouvant aucune conversation qui me divertît, et n'ayant d'ailleurs par bonheur aucuns soins ni passions qui me troublassent, je demeurais tout le jour enfermé seul dans un poêle, où j'avais tout le loisir de m'entretenir de mes pensées (…)
Descartes, Discours de la méthode, II.
22 Me trouver ici seule avec vous enfermée (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
23 (…) un homme enfermé dans une chambre qui transforme toute sa vie en littérature et toute son expérience en style.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 71.
Par métaphore :
24 Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan, où l'autre est enfermé (…)
Baudelaire, Spleen et Idéal, « La chevelure », XXIII.
2 N. m. (1690). Spécialt (vx). || Odeur d'enfermé : odeur désagréable de ce qui est resté longtemps enfermé, sans aération. Renfermé (mod.).Contr. : aéré.
3 (En parlant d'un creux). Entouré, environné.
25 (…) une très petite commune (…) enfermée de marais, acculée contre la mer (…)
E. Fromentin, Dominique, II, p. 28 (→ Dévorer, cit. 22).
Abstrait. Contenu, inclus. || Conséquence enfermée dans un principe.
CONTR. Délivrer, élargir, libérer. — Extraire, sortir.
DÉR. Enfermement.

Encyclopédie Universelle. 2012.