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empoisonner

empoisonner [ ɑ̃pwazɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1130; de en- et poison
1Faire mourir, ou mettre en danger de mort, en faisant absorber du poison. Empoisonner un chien. « Charles de France l'avait empoisonné le jour où ils firent collation ensemble » (Hugo). Pronom. Se donner la mort en absorbant du poison. Mme Bovary s'empoisonna.
Intoxiquer. Être empoisonné par des conserves avariées. « Cette substance dont se décharge le ver à soie l'empoisonnerait s'il la gardait en lui » (A. Gide).
2Mêler, infecter de poison. Empoisonner une boisson, un puits, un étang. Empoisonner des flèches avec du curare. P. p. adj. Flèches empoisonnées. Boulette empoisonnée. Fig. Littér. Un trait empoisonné, une attaque, une allusion perfide. Un cadeau empoisonné. Des propos empoisonnés, particulièrement venimeux.
3Empuantir, empester. « Le réfectoire empoisonné du continuel graillon des eaux de vaisselle » (Zola).
4Fig. Vieilli Corrompre moralement. pervertir.
Altérer dans sa qualité, son agrément. gâcher, gâter. « L'inquiétude allait empoisonner ma joie » (Duhamel). Des soucis qui empoisonnent la vie. « Elle voulait ne pas empoisonner la vie de ce qu'elle aimait » (Stendhal). S'empoisonner l'existence.
5Fam. Ennuyer. emmerder. Il n'a personne pour l'aider, il est bien empoisonné. Ça m'empoisonne. Pronom. S'ennuyer. On s'empoisonne ici. se barber, se raser.

empoisonner verbe transitif Mêler quelque chose de poison, de produits toxiques : Les Indiens empoisonnaient leurs flèches avec du curare. Polluer gravement un lieu par des substances toxiques : Ordures qui empoisonnent les rivières. Faire mourir quelqu'un, un animal par le poison ou l'intoxiquer gravement : Ces champignons ont empoisonné toute la famille. Infecter un lieu d'une odeur désagréable : Tu empoisonnes la pièce avec tes cigares. Familier. Importuner quelqu'un, lui causer un souci constant ou de l'ennui : Il m'empoisonne avec ses conseils inutiles.empoisonner (synonymes) verbe transitif Infecter un lieu d'une odeur désagréable
Synonymes :
- empester
- empuantir
Contraires :
- embaumer
Familier. Importuner quelqu'un, lui causer un souci constant ou de l'ennui
Synonymes :
- assommer
- barber (familier)
- embêter (familier)
- raser (familier)
- tanner (familier)
empoisonner verbe intransitif Familier. Exhaler une mauvaise odeur, puer : Ça empoisonne le tabac, ici.empoisonner (synonymes) verbe intransitif Familier. Exhaler une mauvaise odeur, puer
Synonymes :
- empester
- puer

empoisonner
v. tr.
d1./d Faire absorber du poison à (qqn) dans le dessein de le tuer. On dit qu'il a empoisonné sa femme.
d2./d Intoxiquer. être empoisonné par des champignons.
|| Fig. Pp. Des louanges empoisonnées, perfides.
d3./d Infecter de poison. Empoisonner une rivière.
Par ext. Infecter (d'une odeur incommodante). Puanteur qui empoisonne l'air.
d4./d Fig. Troubler, gâter. Ce souvenir empoisonnait son existence.
|| v. Pron. Tu t'empoisonnes la vie pour peu de choses.
d5./d Fam. Importuner, ennuyer.
|| v. Pron. Je m'empoisonne à faire des confitures, et personne ne les mange.

⇒EMPOISONNER, verbe trans.
A.— Domaine concr.
1. [Le suj. désigne l'agent de l'action]
a) [Le compl. d'obj. désigne un être animé]
[Sans intention de tuer] Intoxiquer en faisant absorber du poison. Synon. intoxiquer. On parvient, dit-on, à immuniser les gens contre les poisons en les empoisonnant un peu tous les jours (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 83) :
1. Il abusa du droit qu'on a d'empoisonner les gens, en incorporant dans ses bières des doses démesurées d'acide carbonique, qui les rendaient souverainement agréables et nuisibles.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 309.
Emploi pronom. réfl. Les feuilles du livre, imprégnées d'une mixture d'arsenic, tenaient l'une à l'autre (...) le tyran mouillait son doigt (...). Il porta à plusieurs reprises son doigt à sa bouche, et s'empoisonna (DUMAS père, Reine Margot, 1847, III, tabl. 8, 1, p. 107). Elle s'empoisonnera jamais cette infecte charogne!... Elle bouffera pas des champignons! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 85).
P. hyperb. Je suis venu à votre nouvelle gargote parce qu'on m'empoisonnait à l'ancienne avec des nourritures abominables (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 157).
[Avec intention de tuer] Tuer ou mettre en péril de mort en faisant absorber du poison. Empoisonner son chien. Le despote étranglant ses frères, les frères empoisonnant ou égorgeant le despote (HUGO, Rhin, 1842, p. 440) :
2. On nous fait rire en nous montrant (...) deux charmantes vieilles dames qui s'amusent à empoisonner leurs invités avec de l'arsenic, et plus il y a de victimes, plus on rit.
GREEN, Journal, 1942, p. 203.
Emploi pronom. réfl. S'administrer soi-même du poison (pour se donner la mort). Hier, la lettre de ce garçon que je connais, qui avait essayé de s'empoisonner (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 466). L'ancien pasteur Jackson qui, arrêté, s'empoisonna (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 339).
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose] Infecter de poison. Empoisonner une arme, une flèche; dard, gaz empoisonné; sagaie empoisonnée avec du curare. Des hommes masqués empoisonnaient les sources et jetaient dans l'air des poudres qui donnaient des maladies (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 50). On parlait d'espions qui enfonçaient des aiguilles dans les fesses des femmes et d'autres qui distribuaient aux enfants des bonbons empoisonnés (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 31) :
3. De plus, ceux-ci [les paysans] ne sulfataient qu'avec répugnance (...). Enfin quelques cas d'intoxication s'étant produits, provoqués par des fruits et des feuilles mangés ou broutés encore frais de la pulvérisation, ils estimaient le remède pire que le mal. Ils désespéraient d'un fruit que l'on ne pouvait sauver qu'en l'empoisonnant.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 96.
2. [Le suj. désigne la cause]
a) [En parlant d'un poison, d'une substance toxique]
[Le compl. d'obj. désigne un animé ou un organisme vivant] Causer une intoxication (qui peut être mortelle). Le mouron empoisonne les lapins; le tabac empoisonne l'organisme. Synon. intoxiquer, tuer. Fumer des cigarettes qui m'empoisonnent et achèvent de m'abrutir (GIDE, Journal, 1928, p. 889). L'apéritif, qui empoisonne le foie, le sang et le système nerveux (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 238) :
4. Ce type qui a tué Hoederer est mort. Il s'appelait Raskolnikoff; il a été empoisonné par des chocolats aux liqueurs.
SARTRE, Les Mains sales, 1948, 7e tabl., p. 253.
[Le compl. d'obj. désigne une chose] Le mazout empoisonne la mer. Synon. infecter, souiller. Casse-têtes garnis de clous, javelots empoisonnant les blessures (FLAUB., Trois contes, Hérodias, 1877, p. 165). Ce centre de Londres est aujourd'hui devenu laid, empoisonné par les vapeurs d'essence et les marchands d'automobiles d'occasion (MORAND, Londres, 1933, p. 171).
b) P. ext.
Imprégner (un lieu) de mauvaises odeurs. Les relents empoisonnent l'atmosphère; le bouc empoisonne l'écurie. Synon. empester, empuantir; anton. embaumer. La meneuse fit entrer son monde dans le réfectoire, alors vide, empoisonné par une horrible odeur de graillon (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 527) :
5. Que de fois ai-je dû frotter, cirer, polir les carreaux rouges avant que se dissipât cette odeur de moisissure et d'eau morte qui sort ici des murs mêmes, empoisonne jusqu'à l'air du jardin! ...
BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1362.
Exhaler de mauvaises odeurs. La boucherie empoisonne de relents; l'ivrogne empoisonne l'alcool. Synon. empester, puer. Ce n'était pas un diable empoisonnant le soufre et d'aspect effroyable, un diable rococo (GAUTHIER, Albertus, 1833, p. 181).
Emploi abs., fam. Puer. J'ai besoin de prendre l'air, ça empoisonne ici (SUE, Myst. Paris, t. 4, 1842-43, p. 31). Il s'impatienta après la mèche qui charbonnait encore et murmura : — Cette lampe empoisonne (FRANCE, Hist. comique, 1903, p. 113) :
6. Alors Léon publia qu'il ne pouvait plus travailler à côté de Levier, tant l'homme empoisonnait de la bouche; ...
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 756.
B.— Au fig.
1. Altérer
a) [Avec une idée de falsification qui a pour conséquence de rendre impossible] Tu dramatises tout, criait Mahiéddine. Tu as tort. Tu t'empoisonnes l'existence (COCTEAU, Gd écart, 1923, p. 63).
b) [Avec une idée de dégradation qui a pour résultat de rendre méconnaissable] La propagande empoisonne l'information. Synon. altérer, gâter. Le moindre manque d'attention ou de courage sera puni par une défaite empoisonnant pour longtemps les rêveries de l'imagination (STENDHAL, Amour, 1822, p. 58). Les rivalités sociales qui empoisonnent, sans grand profit pour personne, l'existence en commun (Jeux et sp., 1968, p. 1178) :
7. J'attends que tu m'appelles, moi, Dora, que tu m'appelles par-dessus ce monde empoisonné d'injustice...
CAMUS, Les Justes, 1950, III, p. 353.
Emploi pronom. à sens passif. Synon. s'altérer. Le bonheur de le revoir s'empoisonne à présent de tristesses, d'inquiétudes surtout (LOTI, Ramuntcho, 1897, p. 221).
c) [Avec une idée d'avilissement] Corrompre. En Orient, nos querelles de partis deviennent des querelles de religion et l'argent empoisonne tout (COCTEAU, Maalesh, 1949, p. 139) :
8. En ce temps-là, grâce au ciel, les romans et films policiers n'empoisonnaient pas les loisirs des adolescents...
DUHAMEL, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 114.
d) [Avec une idée de nocivité résultant de l'altération] Regard, parole, propos empoisonné(e). Les voilà dans la rue les uns et les autres, et se perçant les uns les autres de vérités empoisonnées (ALAIN, Propos, 1934, p. 1230).
2. Pop. Causer une impression désagréable.
a) [Avec une idée d'agacement] Ennuyer, embêter, tracasser. Empoisonner ses frères. Synon. emmerder (pop.). Je crois bien qu'elle le faisait exprès d'être là... rien que pour m'empoisonner... (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 553).
b) [Avec une idée d'ennui causé par la monotonie] Emploi pronom. réfl. subjectif. S'ennuyer, s'embêter. Qu'est-ce qu'on s'empoisonne ici! Synon. s'emmerder (pop.); anton. s'amuser, rigoler (pop.) :
9. « Allez, allez! ferme-moi tes bouquins, ce n'est pas tous les jours qu'on est ensemble! on va sortir, je t'invite. Tu connais bien un endroit rigolo? (...) Ils allèrent donc aux Noctambules, où ils s'empoisonnèrent à cent sous l'heure.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 204.
Rem. La docum. atteste l'adj. empoisonnable, rare. Qu'on peut empoisonner. Alors les animaux affaiblis et languissants deviennent plus facilement empoisonnables par des poisons qui altèrent les liquides et moins facilement empoisonnables par ceux qui agissent sur le système nerveux (C. BERNARD, Principes méd. exp., 1878, p. 233).
Prononc. et Orth. :[], (j')empoisonne []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 « faire mourir par le poison » (Lois de Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 36); 1175 (J. LE NEVELON, La Venjance Alixandre, éd. des Elliott Monographs, 30); 2. av. 1593 « rendre nuisible par le poison » (AMYOT, Comment réfrener..., 22 ds LITTRÉ); 3. 1608 fig. « remplir de quelque chose comparable à du poison » (Régnier, éd. G. Raibaud, Satire V, 233, p. 57); 4. 1642 « corrompre moralement » (CORNEILLE, Pompée, I, 3); 5. 1694 « empuantir » (Ac.). Dér. de poison; préf. em- (en-); dés. -er. Fréq. abs. littér. :1 712. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 396, b) 2 183; XXe s. : a) 2 784, b) 2 389. Bbg. GALL. 1955, p. 56, 155, 467 (s.v. empoisonné). — GIR. 1834, p. 36. — ROG. 1965, p. 110.

empoisonner [ɑ̃pwazɔne] v. tr.
ÉTYM. V. 1130; de em- (en-), poison, et suff. verbal.
1 Faire mourir ou mettre en danger de mort en faisant absorber du poison. || Empoisonner un chien. || Boulette pour empoisonner un animal. Gobbe.Empoisonner qqn. || Le bruit court qu'on l'a empoisonné.
1 (…) souvent on en a fait (de la médecine) un art d'empoisonner les hommes.
Molière, Tartuffe, Préface.
2 Madame, je m'appelle Oloferno Vitellozzo, neveu d'Iago d'Appiani, que vous avez empoisonné dans une fête, après lui avoir traîtreusement dérobé sa bonne citadelle de Piombino.
Hugo, Lucrèce Borgia, I, 5.
Par exagér. (fam.). || Une gargote où on nous a empoisonnés.
2.1 Je sors de chez un fat, qui, pour m'empoisonner,
Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner.
Boileau, Satires, III.
(Sujet n. de chose). Intoxiquer. || « Cette substance dont se décharge le ver à soie l'empoisonnerait s'il la gardait en lui » (Gide). || Ces cigarettes t'empoisonnent.
2 (Compl. n. de chose). Mêler, infecter de poison. || Empoisonner une boisson, un puits, un étang. || Empoisonner des flèches avec du curare.
Par extension :
3 Jamais elle ne passait près de Germaine sans contenir sa respiration, pour ne pas absorber l'air que, dans son esprit, la vieille fille empoisonnait de son souffle malade.
J. Green, Adrienne Mesurat, IX, p. 80.
4 Cette odeur de moisissure et d'eau morte qui sort ici des murs mêmes, empoisonne jusqu'à l'air du jardin.
Bernanos, Monsieur Ouine, Pl., p. 1362.
Par métaphore :
5 Aucun fiel n'a jamais empoisonné ma plume.
Crébillon, Disc. de réception à l'Acad. franç.
3 Empuantir, empester. || Ces relents empoisonnent tout le quartier. || Elle empoisonne toute la pièce, elle nous empoisonne avec son parfum. Incommoder.
4 Fig. et littér. Altérer, dégrader.
a Altérer dans sa qualité, son agrément. Gâter, troubler. || Votre lettre a empoisonné ma joie. || Vous empoisonnez son bonheur. || La colère (cit. 11), la passion empoisonne tous les mouvements de l'âme. || Des plaisirs que le remords empoisonne (→ Amer, cit. 6).
6 (…) aucun de mes goûts dominants ne consiste en choses qui s'achètent. Il ne me faut que des plaisirs purs, et l'argent les empoisonne tous.
Rousseau, les Confessions, I.
7 Songeons que nous pouvons, avec un attachement profond, n'en pas moins empoisonner des jours que nous rachèterions au prix de tout notre sang.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 358.
8 (…) elle voulait ne pas empoisonner la vie de ce qu'elle aimait.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIX.
9 J'ai passé toute ma vie à accomplir des sacrifices dont le souvenir m'empoisonnait, nourrissait, engraissait ces sortes de rancunes que le temps fortifie.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, p. 15.
10 À ce point de mes réflexions, je sentis que l'inquiétude allait empoisonner ma joie.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, III, p. 39.
b Vieilli. Corrompre moralement. Pervertir. || Doctrine qui empoisonne la jeunesse.
11 Il n'est chose qui empoisonne tant les Princes que la flatterie, ni rien par où les méchants gagnent plus aisément crédit autour d'eux (…)
Montaigne, Essais, II, XVI.
c Vx. Dénaturer par la parole; présenter par les plus mauvais côtés. Dénaturer, dénigrer. || La médisance empoisonne tout.
12 Tandis que vos concurrents, que vos amis prétendus peut-être (…) empoisonnent vos discours et vos démarches les plus innocentes (…)
Massillon, Carême, Injustice du monde, in Littré.
5 Mod. et fam. Ennuyer, importuner. Barber, embêter, raser, tanner; emmerder. || Les visiteurs l'ont empoisonné toute la matinée. || Empoisonner un ministre de ses sollicitations. || Il nous empoisonne.
13 (…) ce Prussien de malheur, qui nous empoisonne, qui nous souille (…)
Léon Bloy, le Désespéré, p. 250.
——————
s'empoisonner v. pron.
1 Se tuer en absorbant du poison. || Elle a voulu s'empoisonner avec des barbituriques.REM. S'intoxiquer, dans le même contexte, désigne une action involontaire; s'empoisonner a aussi cette valeur.
14 Julie apprit cette mort peu de jours après, et bien qu'elle ait pu s'y attendre, le coup fatal l'atterra. Elle voulut s'empoisonner; quelqu'un la prévint, l'obligea à vivre.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 201.
2 Fig. Se troubler, s'altérer.
15 (…) car le bonheur de le revoir s'empoisonne à présent de tristesses, d'inquiétudes surtout, d'inquiétudes affreuses (…)
Loti, Ramuntcho, II, 1, p. 205.
16 (Il) s'empoisonnait l'existence dès qu'il estimait n'avoir pas obtenu du voisin ou du gouvernement ce qui lui était dû.
Gide, Journal, 1er août 1930.
Devenir mauvais, comme sous l'effet d'un poison. || Tout ce qu'il dit, tout ce qu'il rapporte s'empoisonne dans sa bouche.
3 Vieilli ou littér. Se corrompre l'esprit, le cœur. || S'empoisonner de, par (des influences…).
17 (…) quand les passions sont les maîtresses, elles sont vices, et alors elles donnent à l'âme de leur aliment, et l'âme s'en nourrit et s'en empoisonne.
Pascal, Pensées, VII, 502.
18 Son caractère enfin n'est pas toujours très généreux, et il entretenait, pour s'en empoisonner, beaucoup de ressentiments et de rancunes (…)
Émile Henriot, les Romantiques, p. 268.
4 Fam. S'ennuyer. || On s'empoisonne à son cours.
——————
empoisonné, ée p. p. adj.
1 Flèche, dard (cit. 4) empoisonné. || Coupe empoisonnée (→ Avaler, cit. 22).Grenouille empoisonnée par le curare (cit.). || Mourir empoisonné.
19 Non, non, Britannicus est mort empoisonné.
Racine, Britannicus, V, 6.
Intoxiqué.
20 Elle mourait, au propre, consumée de phtisie, empoisonnée d'opium, désespérée (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 204.
2 Fig. et littér. || Trait empoisonné, cadeau empoisonné. Perfide. || Cœur empoisonné. Corrompu. || Propos empoisonnés par la médisance, les allusions perfides. Venimeux.
21 D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo, murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 8 (→ Calomnie, cit. 5).
22 Une passion vraie et malheureuse est un levain empoisonné qui reste au fond de l'âme et qui gâterait le pain des anges.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 99.
23 Il y a dans les actions honteuses quelque chose d'empoisonné qui se fait sentir aux lèvres d'un homme de cœur sitôt qu'il touche les bords du vase de perdition.
A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires, III, VI, p. 234.
24 Parfois ainsi, au fond de mon cœur vieilli, empoisonné d'incrédulité, se réveille, pendant quelques instants, mon petit cœur naïf de jeune garçon.
Maupassant, la Vie errante, p. 34.
3 Fam. Ennuyé, embêté. || Je l'ai trouvé bien empoisonné.
CONTR. Assainir.
DÉR. Empoisonnant, empoisonnement, empoisonneur.

Encyclopédie Universelle. 2012.