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emmerder

emmerder [ ɑ̃mɛrde ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1828; « couvrir de merde » av. 1426; de en- et merde
Fam.
1Importuner (qqn). agacer; fam. embêter, emmieller, emmouscailler, enquiquiner, gonfler (cf. très fam. Faire chier). Arrête de m'emmerder. Tu emmerdes le monde. Ça m'emmerde de rester là, qu'il parte sans moi. Il est salement emmerdé avec cette histoire. Pronom. S'emmerder avec qqch., pour qqch., à (et l'inf.) :se donner beaucoup de peine pour (qqch.). On ne va pas s'emmerder avec ça, pour si peu, à le réparer. (Emploi négatif) Il ne s'emmerde pas : il ne s'en fait pas, il a de la chance.
2Ennuyer. assommer, barber, embêter, raser. La politique, l'opéra m'emmerde. Pronom. s'enquiquiner (cf. Se faire chier, suer). « On s'emmerde ici. Si on allait dans une autre crémerie ? » (Maurois). (Emploi négatif) On ne s'emmerde pas avec eux ! on s'amuse, il se passe des choses.
3(En manière de défi) Tenir pour inexistant, négligeable. « Les gens du quartier ? Je les emmerde » (Queneau).

emmerder verbe transitif (de merde) Populaire. Embêter quelqu'un.

emmerder
v. tr. Fam. Agacer, contrarier, gêner à l'excès. Il commence à m'emmerder, celui-là!
|| v. Pron. S'ennuyer à l'excès.

⇒EMMERDER, verbe trans.
Trivial
A.— Rare. Couvrir, souiller d'excréments :
Du côté de Barcelonnette,
au solstice du printemps,
on lui offrait une omelette [au soleil]
et les prêtres d'Uitzilopotchli
emmerdaient sa statue,
(...).
QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 53.
Emploi pronom. réfl. à valeur subjective. La toute dernière définition de « pédéraste » : c'est un homme qui s'amuse là où les autres s'emmerdent (GONCOURT, Journal, 1886, p. 531).
B.— Au fig., péj. [Gén. avec une valeur hyperbolique]
1. [Avec l'idée d'embarras, de contrariété]
a) [Le suj. désigne une pers.] Importuner, déranger ou contrarier fortement (quelqu'un). Emmerder le monde; emmerder qqn jusqu'à la gauche. J'ai râlé; je me suis dit : « Tant pis pour eux, je les emmerderai jusqu'à la gauche, je ne comprendrai rien, je serai mufle » (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 89).
Emploi pronom. réfl. avec valeur subjective. S'emmerder avec qqc., s'emmerder à faire qqc. Se donner (inutilement) beaucoup de peine pour quelque chose. Pourquoi veux-tu t'emmerder avec ces histoires d'argent? (...), fais-moi donc confiance (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 232).
b) Rare. [Le suj. désigne une chose, un événement] Causer du tracas, de la contrariété (à quelqu'un). Maman prétend que ça t'emmerde de passer les vacances ici : c'est vrai? (BEAUVOIR, Mandarins, 1954 p. 332).
2. [Avec l'idée d'ennui plus ou moins profond]
a) Emploi pronom. réfl. à valeur subjective. [Le suj. désigne une pers.] S'emmerder tout seul; on s'emmerde ici. Synon. vulg. se faire chier Avec tout cela, je m'ennuie, je m'emmerde, j'ai le cœur plus vide qu'une botte (FLAUB., Corresp., 1839, p. 48). Je m'emmerde! soupire Blondinet. J'ai pas l'habitude de rester à rien faire (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 227).
b) Rare. [Le suj. désigne une chose] Tout ce qui m'amuse emmerde le public sans exception, et personne ne fait aussi mal que moi les choses qui ne l'amusent pas (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1899, p. 350).
3. [Avec l'idée de dédain, de mépris; souvent en manière de provocation ou de défi, dans une phrase exclamative; le suj. désigne une pers.] Emmerder qqn ou, plus rarement, emmerder qqc. Tenir quelqu'un ou quelque chose pour inexistant, pour insignifiant. J'emmerde la Commune (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 191). Le directeur général, je l'emmerde... comme j'ai l'honneur de vous le dire... (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 209). Thorez, je lui crache dessus, le gouvernement, je l'emmerde! (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 225).
Rem. 1. Avec un souci de décence, le verbe et ses dér. sont parfois écrits : emm... Le nom seul de mon roman [Salammbô] m'emm... jusqu'au fond de l'âme (FLAUB., Corresp., 1862, p. 22). 2. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. emmerdé. Synon. trivial de embarrassé, ennuyé. Un petit secrétaire de mairie chauve et très emmerdé qui distribuait de porte en porte les avis de décès (GIONO, Voy. Ital., 1953, p. 177).
Prononc. :[], (j')emmerde []. Étymol. et Hist. 1. Av. 1436 « couvrir de merde » (Gloss. de Salins ds GDF.) ,,vx`` ds Lar. Lang. fr.; 2. 1828-29 « se moquer de quelqu'un, ne faire aucun cas de lui » (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t. 2, p. 160 : Laisse donc, ... je te dis que je l'em... lui [ce jeune soldat fanfaron] et tout le régiment); 3. 1830 « ennuyer quelqu'un par des tracasseries, des discours, etc. » (L'HÉRITIER, Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, p. 303 : [le condamné à mort] ... c'est pour me tuer. Ça m'emmer... [L'abbé] Il faut se résigner); 1857 emmerdant part. prés. adj. « qui cause de l'ennui, du tracas » (GONCOURT, Journal, p. 323 : C'est emmerdant). Dér. de merde « excréments »; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 153.
DÉR. Emmerdeur, euse, subst., trivial, péj. [Correspond à emmerder B] Personne qui importune, contrarie ou agace fortement les autres; personne qui ennuie les autres. Quelle connerie peut-il avoir encore faite, ce petit emmerdeur? (SARTRE, Sursis, 1945, p. 114). Maintenant que les emmerdeurs sont partis on va pouvoir s'amuser un peu (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 184). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1866 (GONCOURT, Journal, p. 263); du rad. de emmerder, étymol. 3, suff. -eur.. Fréq. abs. littér. : 14.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 414.

emmerder [ɑ̃mɛʀde] v. tr.
ÉTYM. XIVe; de em- (en-), merde, et suff. verbal.
Familier.
A Vx. Salir, couvrir (qqn, qqch.) de merde. Conchier.
B (Fin XVIIIe). Fig.
1 Importuner (qqn). Agacer, embêter, empoisonner; (fam. et par euphém.) emmieller, emmouscailler, enquiquiner; chier (faire chier). || Dites-lui que je ne peux pas le recevoir, il commence à m'emmerder avec ses histoires. || Vous emmerdez le monde. || Emmerder qqn jusqu'à la gauche, le plus possible.Pron. || S'emmerder avec qqch., pour qqch. (ou avec l'inf.), à (avec l'inf.) : se donner (sans succès) beaucoup de peine pour (qqch.). || Il s'emmerde pour régler les histoires de son frère. || On ne va pas s'emmerder à démonter ce moteur. || On ne va pas s'emmerder avec ça, à faire ça.
Contrarier, embarrasser. || La montée du dollar m'emmerde, parce que je dois aller souvent à New York.
Pron. (Emploi négatif). || Il s'emmerde pas : il ne s'en fait pas; il a de la chance. || Il a dit merde au patron; il s'emmerde pas, lui ! || Tu pars pour Honolulu ? || Tu t'emmerdes pas !
2 Ennuyer. || Je n'ai pas pu m'empêcher de bâiller devant lui; que voulez-vous, il m'emmerde. || Ce genre de littérature m'emmerde. || La politique, l'opéra m'emmerde.Pron. || On s'emmerde ici (→ Crémerie, cit. 1).vulg. Se faire chier. || S'emmerder avec qqn, tout seul.
1 — Ça t'amuse, les articles de Maurras ?
Et (Bernard entendait) le premier répondre :
— Ça m'emmerde; mais je trouve qu'il a raison.
Puis un quatrième, dont Bernard ne reconnaissait pas la voix :
— Toi, tout ce qui ne t'embête pas, tu crois que ça manque de profondeur.
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 936.
2 Bertrande dit à Cidrolin :
— Tu devrais lui acheter une tévé. Elle va s'emmerder toute seule avec toi. Surtout le soir.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 219.
3 Je me sentais contre et je m'emmerdais. Il faudrait avoir la force d'âme de rester chez soi lorsqu'on sait qu'on va s'emmerder (…)
Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, p. 182.
3 (En manière de défi). Tenir pour inexistant, négligeable. || Je vous emmerde, tous tant que vous êtes ! || Oh ! il n'en saura rien, et puis d'ailleurs on l'emmerde. — ☑ Loc. Emmerder (qqn) à pied, à cheval (cit. 23.1. 1) et en voiture (→ Chier, foirer dans les bottes de qqn).
4 — Vous en faites pas ! répliqua Turpin. Ils ne m'emmerderont jamais autant que je les emmerde.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 291.
5 Les gens du quartier ? Je les emmerde.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 152.
REM. Par souci de correction, on trouvait parfois dans les textes littéraires, emm… pour emmerder et ses dérivés, qui étaient moins bien tolérés qu'aujourd'hui.
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emmerdé, ée p. p. adj.
Fam. Embarrassé, ennuyé. Emmiellé, emmouscaillé. || Je commençais à être emmerdée. || Le type avait l'air un peu emmerdé. || Il était rudement, drôlement, salement emmerdé.
DÉR. Emmerdant, emmerdement, emmerdeur. V. Emmerde.

Encyclopédie Universelle. 2012.