Akademik

empiéter

empiéter [ ɑ̃pjete ] v. intr. <conjug. : 6>
• av. 1615; « saisir, occuper » XVIe; tr. « prendre dans ses serres » XIVe; de en- et pied
1Mettre le pied, gagner pied à pied (sur le terrain du voisin). gagner, grignoter. « Cet État fondé sur la guerre, et par là naturellement disposé à empiéter sur ses voisins » (Bossuet).
Fig. S'emparer de biens, d'avantages au détriment de (ceux des autres). usurper. Empiéter sur les droits de qqn. « Un prince accompli, [...] n'empiétant sur la liberté de personne » (Renan).
2Par ext. Prendre un peu de la place de, déborder sur. gagner, mordre. Affiche qui empiète sur une autre. « une multitude de tombes serrées, [...] empiétant les unes sur les autres » (Fromentin). chevaucher.
⊗ CONTR. Respecter.

empiéter verbe transitif indirect (de pied) S'arroger des droits, prendre une partie des biens, des avantages qui appartiennent à quelqu'un d'autre, s'étendre sur le domaine de quelqu'un : Empiéter sur les libertés d'autrui. Gagner, prendre une partie de la place occupée par quelqu'un d'autre, ou par un autre lieu, un autre temps ; mordre : La mer empiète chaque année sur la côte.empiéter (difficultés) verbe transitif indirect (de pied) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'empiète, nous empiétons ; il empiétera. ● empiéter (synonymes) verbe transitif indirect (de pied) S'arroger des droits, prendre une partie des biens, des avantages...
Synonymes :
- attenter à
- usurper
Contraires :
- céder
- concéder
Gagner, prendre une partie de la place occupée par quelqu'un...
Synonymes :
- entamer
- gagner
- mordre

empiéter
v. intr.
d1./d Gagner pied à pied, s'étendre partiellement (sur la terre d'autrui). Empiéter sur le champ du voisin.
|| Par anal. La mer empiète sur les côtes.
d2./d Fig. Usurper en partie (les droits, le pouvoir de qqn). Vous empiétez sur ses attributions.

⇒EMPIÉTER, verbe.
A.— Emploi trans.
1. FAUCONN. [Le suj. désigne un autour dressé] Arrêter le gibier avec la serre (d'apr. Ac. 1835, 1878). Un faucon empiète sa proie (LITTRÉ).
2. P. ext. [Avec un compl. second. prép. sur] Mettre le pied sur la propriété d'autrui, l'usurper pied à pied. Ce laboureur empiète tous les ans quelques sillons sur la terre de son voisin (Ac. 1835, 1878).
B.— Emploi intrans., usuel. [Avec gén. un compl. prép. sur précisant l'identité de la propriété] Usurper pied à pied la propriété d'autrui. Il [le vilain] ferait mieux, en labourant, de ne pas empiéter sur le champ du voisin et de ne pas déplacer les bornes de son pré (FARAL, Vie temps St-Louis, 1942, p. 116).
1. S'étendre, déborder sur.
a) [Le suj. désigne une chose concr.] Tantôt c'est le torrent qui empiète sur la route, tantôt la route qui empiète sur le torrent (GAUTIER, Italia, 1852, p. 26). Ce poulailler empiétait sur la cour (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 260).
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] Le réalisme de ses [de Kafka] peintures empiète sans cesse sur l'imaginaire (GIDE, Journal, 1940, p. 51) :
1. ... une fois, une représentation donnée [au palais Ruspoli] le jeudi ne finit qu'à minuit et un quart, empiétant ainsi d'un quart d'heure sur le vendredi...
STENDHAL, Promenades dans Rome, t. 2, 1829, p. 9.
2. S'arroger, usurper les droits de quelqu'un. Je viens d'empiéter sur vos attributions (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 248) :
2. Charles-Quint au cloître se montre très-soigneux, même quand il s'occupe forcément de politique, de n'empiéter en rien sur l'autorité de son fils.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 3, 1863-69, p. 211.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. empiéteur. Personne qui empiète sur la propriété d'autrui. Ils sont, comme moi, des empiéteurs. Moi, j'ai bien arrondi : en vingt-cinq ans, soixante-trois hectares, voilà ce que j'ai ajouté à ma maison (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 205).
Prononc. et Orth. :[], (j')empiète []. PASSY 1914 admet [] ouvert comme var. également à l'inf. [] d'apr. la forme conjuguée. Le verbe est attesté ds Ac. 1694-1932. Conjug. Devant syll. muette change [e] fermé du rad. en [] ouvert sauf au fut. et au cond. j'empiéterai(s). Étymol. et Hist. a) 1260-1311 fauconn. (Auberon, éd. J. Subrenat, 114) ne subsiste que dans le terme d'hérald. empiétant (dép. 1681, MENESTRIER LE P. CLAUDE-FRANÇOIS, Abrégé méthodique des principes héraldiques, Lyon, p. 165); b) 1556 trans. « s'emparer de » (SALIAT, Trad. d'Herodote, III, 61 ds HUG. : Empieter le roiaume); av. 1615 empieter sur (PASQUIER, Recherches de la France, Paris et Orléans, 1665, p. 841). Dér. de pied; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :158. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 30.

empiéter [ɑ̃pjete] v. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. XIVe; trans., « saisir, occuper », XVIe; de em- (en-), pied, et suff. verbal.
A V. tr. Vx.
1 Fauconn. Prendre, tenir entre ses serres. || Le faucon empiète sa proie.
1 Un pigeon blanc empiété d'un autour (…)
Ronsard, in Hatzfeld.
2 Rare. Gagner (qqch.) pied à pied. || Ce laboureur empiète tous les ans quelques sillons sur la terre de son voisin (Académie).
B V. intr. Mod. || Empiéter sur.
1 (1636). Mettre le pied, gagner pied à pied (sur le terrain du voisin). Gagner, grignoter. || J'ai dû poser des bornes pour qu'il n'empiète pas sur mon chemin. || État qui empiète sur ses voisins.
2 (…) cet État (Rome) fondé sur la guerre, et par là naturellement disposé à empiéter sur ses voisins (…)
Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle, III, VII.
2 Sujet n. de chose. S'étendre, déborder sur. || La mer empiète de plus en plus sur le rivage. Gagner, mordre. || Lignes qui empiètent l'une sur l'autre. Chevaucher.
3 Au pied on aperçoit une multitude de tombes serrées, accumulées, empiétant les unes sur les autres; la foule des morts s'y presse; c'est à qui dormira le plus près du saint.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 99.
Par anal. || Vers qui empiète sur le suivant ( Enjambement).
3 (1690). Abstrait. Usurper les droits de qqn. || Empiéter sur les attributions de qqn. Anticiper, entreprendre; dépasser, outrepasser; et, fam., marcher (sur les plates-bandes de quelqu'un).
4 Vous dites qu'il faut être modeste; les gens bien nés ne demandent pas mieux : faites seulement que les hommes n'empiètent pas sur ceux qui cèdent par modestie (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 71.
5 Il ne m'est pas permis de m'introduire auprès des souverains; ce serait empiéter sur les droits de Léviathan, de Belphégor et d'Astaroth.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XVIII.
6 (…) mon passé me suit et empiète sur mon présent, et presque sur mon avenir (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, III, p. 37.
7 Un prince accompli, remplissant ses devoirs avec discrétion (…) n'empiétant sur la liberté de personne (…)
Renan, Questions contemporaines, in Œ. compl., t. I, p. 56.
8 (…) les garanties parlementaires sont indispensables, car sans elles tout gouvernement est amené par la force des choses à empiéter sur ce qui ne le concerne pas (…)
Renan, Questions contemporaines, in Œ. compl., t. I, p. 64.
CONTR. Abandonner, céder, concéder. — Respecter.
DÉR. Empiètement.

Encyclopédie Universelle. 2012.