écouter [ ekute ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ S'appliquer à entendre, diriger son attention vers (des bruits, des paroles...) (cf. Prêter, tendre l'oreille). Écouter un concert, les informations à la radio. Vous ne m'écoutez pas ! Il écoutait tomber la pluie. « Je passe mon temps à écouter ce que je ne devrais pas entendre » (Laclos). « Parfois je laissais retomber le livre sur mes genoux pour rêver, pour écouter autour de moi vivre Paris » (Maupassant). P. p. adj. Un des députés les plus écoutés à l'Assemblée. — Absolt Prêter une oreille attentive. Allo, j'écoute ! « Il savait interroger à son profit, il savait écouter » (Sainte-Beuve). « Plus désireux d'amuser en bavardant que de m'instruire en écoutant » (Proust). — Loc. Écouter de toutes ses oreilles (cf. Être tout ouïe). N'écouter que d'une oreille, distraitement. Écouter aux portes : écouter indiscrètement une conversation derrière une porte. — Absolt Écoute(z) ! s'emploie pour attirer l'attention de l'interlocuteur sur ce qu'on va dire. Écoute, maintenant, ça suffit !
♢ Par ext. Prêter une attention plus ou moins bienveillante, ne pas refuser d'entendre. Écouter les observations, les explications de qqn. Non, je n'écoute plus rien ! « Notre sage magistrat écoutait également le riche et le pauvre » (Bossuet)(cf. Être à l'écoute). « Je ne perdrai pas mon temps à écouter ses doléances » (Laclos).
2 ♦ Accueillir avec faveur (ce que dit qqn), jusqu'à apporter son adhésion, sa confiance. Écouter les conseils d'un ami. ⇒ suivre. Dieu a écouté nos prières, nos vœux. ⇒ exaucer. Ces enfants n'écoutent pas leurs parents. ⇒ obéir. Si je l'écoutais, je refuserais. N'écouter que soi-même : ne consulter personne. « Un homme qui pérorait seul et se faisait écouter avec quelque droit comme un oracle » (Chateaubriand).
♢ Fig. Se laisser guider par (un sentiment, un principe). N'écoutant que son courage, son devoir. « Au lieu d'écouter son cœur, qui la menait bien » (Rousseau).
3 ♦ Pronom. Écouter soi-même. S'écouter parler : parler en se complaisant à ses paroles.
♢ Suivre son inspiration. Si je m'écoutais, je n'irais pas à ce rendez-vous.
♢ Prêter une trop grande attention à sa santé. ⇒ s'observer. « Il est probable (pour reprendre une vieille et assez belle formule) que l'homme s'écoute plus qu'autrefois » (J. Bernard).
⊗ CONTR. Désobéir.
● écouter verbe transitif (bas latin ascultare, du latin classique auscultare) Être attentif à un bruit, à un son, à de la musique, etc., les entendre volontairement : Écouter de la musique. Prêter attention à ce que quelqu'un dit pour l'entendre et le comprendre : Écoute-moi quand je te parle. Être l'auditeur d'un chanteur, d'un orateur, de la radio, les entendre volontairement : J'écoute cette émission tous les soirs. Tendre l'oreille pour percevoir le bruit produit par quelqu'un, quelque chose : Écouter le cœur battre. Écouter la pluie qui tombe. Être attentif à l'apparition d'un bruit, à la qualité d'un son, d'une musique, d'un propos : Écouter si un enfant pleure. Accepter d'entendre ce que quelqu'un a à dire, lui donner audience : Il n'a pas voulu m'écouter. Tenir compte de ce que dit quelqu'un ; suivre : Professeur qui sait se faire écouter de ses élèves. ● écouter (citations) verbe transitif (bas latin ascultare, du latin classique auscultare) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 ROSINE — Savez-vous que c'est fort mal d'écouter ? FIGARO — C'est pourtant tout ce qu'il y a de mieux pour bien entendre. Le Barbier de Séville, II, 10 René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 Écoute, mais n'entends pas. La Parole en archipel Gallimard Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 C'est sagement fait que d'écouter tout le monde, et de ne croire entièrement ceux qui nous approchent, ni sur leurs ennemis, hors le bien qu'ils sont contraints d'y reconnaître, ni sur leurs amis, hors le mal qu'ils tâchent d'y excuser. Mémoires Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Sachez écouter, et soyez sûr que le silence produit souvent le même effet que la science. Instructions pour le prince Eugène, 7 juin 1805 Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu Paris 1585-Paris 1642 Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d'un État. Maximes d'État Plutarque Chéronée, en Béotie, vers 50 après J.-C.-Chéronée, en Béotie, vers 125 Frappe, mais écoute. Vies parallèles, Vie de Thémistocle, II, 3 (traduction Labracherie) Commentaire Thémistocle s'adresse au Lacédémonien Eurybiade, qui commandait les troupes grecques et qui, ne voulant pas écouter sa proposition pour le combat naval de Salamine, s'apprêtait à le frapper. Antony Christiaan Winand Staring Gendringen 1767-Vorden, près de Lochem, 1840 La connaissance mûre écoute, Celle qui n'a pas mûri parle. Dagelijks doen ● écouter (expressions) verbe transitif (bas latin ascultare, du latin classique auscultare) Écoute, écoutez, s'emploient pour attirer l'attention de quelqu'un sur ce qu'on va dire ou pour insister sur une opinion qu'on donne. Écouter aux portes, prêter une attention indiscrète à ce qui se dit là où on n'a pas à être. Écouter sa raison, son cœur, ses passions, etc., agir selon eux : N'écouter que son devoir. J'écoute, se dit au téléphone pour indiquer à son interlocuteur qu'on est en ligne. ● écouter (homonymes) verbe transitif (bas latin ascultare, du latin classique auscultare) ● écouter (synonymes) verbe transitif (bas latin ascultare, du latin classique auscultare) Être attentif à un bruit, à un son, à de...
Synonymes :
- ouïr
Tenir compte de ce que dit quelqu'un ; suivre
Synonymes :
- obéir à
écouter
v. tr.
d1./d Prêter l'oreille pour entendre. Parlez, je vous écoute.
— (S. comp.) Loc. écouter aux portes, indiscrètement.
|| Fam. N'écouter que d'une oreille, distraitement.
|| écoute! écoutez!: Interj. employée pour réclamer l'attention.
|| v. Pron. Il s'écoute parler: il se complaît à s'exprimer.
d2./d Prêter attention à l'avis de (qqn), suivre (un avis). écouter les conseils de ses aînés.
|| Pp. adj. (Personnes) Un conseiller très écouté, qui émet des avis dont on fait cas.
|| Par ext., fig. Suivre un sentiment, une impulsion, une inspiration. N'écouter que son courage, que son coeur.
|| v. Pron. être trop attentif à soi-même, à sa santé. Il s'écoute trop.
⇒ÉCOUTER, verbe trans.
A.— [Souvent en liaison/ou en oppos. avec entendre, en face duquel il exprime l'effort volontaire; cf. regarder et voir] Tendre l'oreille vers ce qu'on peut entendre, prêter attention à ce qu'on entend. Synon. inusité dans la lang. cour. ouïr.
1. [L'obj. désigne un inanimé ou un animal] Écouter un bruit de, un disque, un murmure, la radio, le silence. Écouter du Beethoven que je préfère à tous les opéras (BARB. D'AUREV., 1er Memor., 1838, p. 186). Il écouta la plainte du vent, l'oreille tendue (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 194) :
• 1. Il était midi. Alors, elle [la pendule] sonna les douze coups. On n'avait jamais entendu encore sonner l'heure dans la maison. Tout le monde l'écouta, comme on écoute l'Angélus au bord du champ.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 7.
— [P. réf. à la théorie platonicienne de l'harmonie des sphères] J'aime la nuit écouter les étoiles. C'est comme cinq cents millions de grelots (SAINT-EXUP., Pt Prince, 1943, p. 493).
— En partic. [L'obj. désigne un organe ou une fonction organique du corps faisant entendre un son, un bruit] Écouter les battements du cœur. Elle écoute la respiration paisible du vieillard (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 236). La joue au creux de l'oreiller, il écoute le battement de l'artère temporale (BERNANOS, Joie, 1929, p. 629).
— [Souvent avec un double obj. (nom + inf.)] :
• 2. Il [Smarh] allait dans les bois et il écoutait la pluie tomber sur le feuillage, les oiseaux qui roucoulent sur la haie fleurie, et les insectes qui bourdonnent dans les airs et qui se jouent dans les rayons du soleil; il regardait la neige tomber, il écoutait le vent mugir.
FLAUBERT, Smarh, 1839, p. 108.
2. [L'obj. désigne une pers. qui parle ou ce qu'elle dit]
a) Cour. C'est elle [Mme de Nevers] que j'aimais à entendre : je l'écoutais avec délices (DURAS, Édouard, 1825, p. 125) :
• 3. Vous fermez les yeux?
— Je vous écoute.
— Écoute-moi, cette nuit. Vous ne m'entendrez pas toujours. — Je voudrais vous entendre toujours.
DUHAMEL, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 199.
— Souvent en emploi abs. L'individu tendait l'oreille. Il écoutait (BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 296) :
• 4. L'habitude que j'ai d'écouter, et qui est une grâce d'état, me mit à même de recevoir de tous ceux qui m'entourèrent une certaine somme de clarté et beaucoup de sujets de réflexion.
SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 266.
♦ THÉÂTRE. [Le suj. désigne un acteur] Écouter bien, savoir écouter. Être en scène attentif et savoir l'exprimer physiquement quand un interlocuteur vous parle. Elle [Janine Crispin] sait admirablement, de tout son visage, écouter (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 98).
— Emploi pronom.
♦ réfl. S'écouter (parler). Parler avec affectation, en se complaisant à ce que l'on dit et à la manière dont on le dit. En se voyant écoutée avec extase, elle [Dinah] s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 71) :
• 5. Mérimée vient le soir; et pour la première fois, nous l'entendons causer. Il cause en s'écoutant, lentement, avec de mortels silences, mot à mot, goutte à goutte, comme s'il distillait ses effets, faisant tomber peu à peu, autour de lui, une sorte de froideur glaciale.
GONCOURT, Journal, 1865, p. 211.
♦ réciproque. Au lieu de s'éclairer on s'irrite; les passions s'exaltent, on ne s'écoute même plus (LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 150).
SYNT. Écouter une chanson, un discours, une histoire, des paroles, une réponse, une voix; écouter avec admiration, attention, complaisance, curiosité, étonnement, impatience, intérêt, plaisir, recueillement; écouter distraitement, gravement, à peine, en silence, en souriant, volontiers; écouter sans interrompre, sans répondre, jusqu'au bout; s'arrêter pour, avoir l'air de, cesser de, daigner, refuser de, se taire pour écouter.
Rem. Écoute, écoutez se rencontre à l'impér. (souvent en début de phrase). a) Pour réclamer le silence. Attention, les clients, écoutez! Un peu de silence, que diable! (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, p. 588). b) Pour appeler quelqu'un, éveiller l'attention, appuyer une opinion, solliciter l'assentiment, inviter (comme par une confidence) à la réflexion ou introduire une atténuation à ce qu'on vient de dire. (Quasi-)synon. vois-tu, voyons. Écoutez, Dominique, il faut me le dire, afin que je sache : êtes-vous devenue amoureuse de moi? (MONTHERL., Songe, 1922, p. 176). Écoutez : il y a quelque chose que vous me cachez (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 334).
b) P. ext., souvent dans un cont. négatif. Prêter une attention plus ou moins bienveillante, ne pas refuser d'entendre. Écouter des doléances, des plaintes, une requête. Le roi (...) s'avança (...) sans vouloir écouter ou recevoir aucune députation (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 272). Toutes les jeunes filles refusaient de recevoir, d'écouter le nouveau venu (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 69).
c) Loc. fig. fam.
♦ N'écouter que d'une oreille. Prêter peu d'attention à ce qu'on entend. J'avais vraiment trop de fatigue (...) Je l'écoutais que d'une oreille (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 688).
♦ Écouter de toutes/des deux oreilles. Être très attentif à ce qu'on entend. Synon. vieilli ou plaisant être tout ouïe. Un gros Anglais (...) qui écoutait gravement de toutes ses oreilles (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 158). Le bonhomme l'écouta des deux oreilles (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 229).
♦ Écouter aux portes (parfois au fig.) Être curieux et indiscret. Pénétrer dans l'existence des voisins, au point d'écouter aux portes et de décacheter les lettres (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 668). Je n'écoute jamais aux portes et les histoires d'office m'écœurent (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 145).
♦ Écouter d'où vient le vent. Chercher à prendre le parti le plus avantageux pour soi en se conformant aux idées ou aux puissants du jour.
3. P. anal., ÉQUIT. Écouter son cheval. ,,Être attentif à ne point le déranger de ses airs quand il manie bien`` (Ac. Compl. 1842).
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. et ST-RIQUIER-DELP. 1975.
B.— P. ext.
1. [L'obj. désigne une pers. ou ce qu'elle dit] Accueillir avec faveur, en donnant sa confiance et son adhésion à ce qu'on entend. Mme Taboureau est une femme que l'on peut écouter (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 858). Une France en révolution préfère toujours écouter Danton plutôt que de s'endormir aux ronrons des formules d'autrefois (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 533) :
• 6. Gilbert jouissait d'un grand prestige auprès de ses camarades; ils l'appelaient par son prénom, l'écoutaient avec déférence.
ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 96.
• 7. Je ne veux pas être épargnée!
— L'heure viendra pourtant où vous souhaiterez l'être, ma fille, dit-il, et vous regretterez de n'avoir pas voulu écouter le dernier conseil d'un ami.
BERNANOS, La Joie, 1929, p. 699.
— En partic. Donner une réponse favorable à une requête. Synon. exaucer. Les vœux d'un honnête homme (...) Dieu les écoute (BALZAC, Goriot, 1835, p. 209). C'était la septième année que j'allais à Lourdes, et la Sainte Vierge ne m'a pas écouté (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 250).
— Loc. N'écouter que soi-même. Suivre son propre penchant en ne prenant avis de personne. Il [Bonnières] avait sur n'importe quoi des opinions d'autant plus inébranlables, qu'il n'écoutait jamais que lui (GIDE, Si le grain, 1924, p. 541).
2. P. ext. [L'obj. désigne une pers. ou un inanimé] Obéir spontanément à. Certains sujets doivent être tenus serrés, qui n'écoutent que la force (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 462). Ce n'est pas par hasard si, dans la plupart des langages, le mot obéissance a une proximité sémantique à l'audition : écouter (en allemand horchen) est la possibilité d'obéir (gehorchen) (LAVELLE, La Parole et l'écrit, p. 125 ds FOULQ. 1971, s.v. écouter) :
• 8. — Mais veux-tu savoir leur vrai rêve [aux paysans]? C'est d'être leur maître au point de n'écouter personne, de suivre leur sentiment tout seul, et sans se soucier de quoi que ce puisse être.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1930, p. 203.
— En partic. [Le suj. désigne un enfant] Exécuter les ordres, obéir à. Écouter sa maman.
3. Au fig. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Se laisser conduire sciemment par un sentiment, une passion, une faculté. N'écouter que son courage. Synon. s'abandonner à, suivre. Oh! laissez-moi, sans trêve, écouter ma blessure, Aimer mon mal et ne vouloir que lui (SAINTE-BEUVE, Livre d'am., 1843, p. 176). On lui fait la sourde oreille [à la tentation] pour n'écouter que son devoir (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 76) :
• 9. Elle [Florentine] riait encore à des mots que lui disait Emmanuel sans entendre ces mots. Elle ne l'écoutait plus. Elle n'écoutait rien autre qu'un mauvais pressentiment.
ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 164.
— Emploi pronom. réfl., fam. Suivre son inspiration, son impulsion. Si je m'écoutais, j'irais le voir (GREEN, Journal, 1944, p. 160).
♦ ,,Il s'écoute trop. Il s'inquiète trop de sa santé. On dit dans le même sens Il écoute trop son mal`` (Ac. 1835-1932). Écouter son mal, s'écouter (trop). Prendre un soin excessif de sa santé, de sa personne. Tu t'écoutes trop! (...) Tu te dorlotes comme un roi! (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 17). Qui s'écoute trop meurt bientôt (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 483).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Écoutable, adj., rare. Qui mérite d'être écouté. Violons de village à peine écoutables dans une ville (AMIEL, Journal, 1866, p. 291). Tout ce qu'ils récitent [ces mômes] c'est pas écoutable (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 274). b) Écoutation, subst. fém., pop. Ce que l'on écoute. C'est marrant, c't'écoutation-là (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 200). Non attesté ds les dict. gén. du XIXe et du XXe s. c) Écoutement, subst. masc., rare. Fait d'écouter. Synon. écoute1. Il ne faut qu'un moment je ne dis pas d'attention, mais d'écoutement pour comprendre (...) les beautés de la Bible (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 131). d) Écoutoir, subst. masc., vx. Appareil acoustique utilisé par les personnes dures d'oreille, pour mieux entendre. Synon. vieilli cornet acoustique. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. e) Écoute-s'il-pleut, subst. masc., vx. Moulin qui manque d'eau et attend la pluie ou l'eau d'une écluse pour marcher. Écoute-s'il-pleut, surnom ancien — et charmant — donné au moulin de rivière (LA VARENDE, Tourmente, 1948, p. 104). Au fig., fam. Personne faible qui se laisse rebuter par la moindre difficulté ou qui attend pour agir une aide incertaine. Attesté par la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. Promesse illusoire. Je paye en riant Tes écoute-s'il-pleut d'un va-t'en-voir-s'ils-viennent (HUGO, Toute la lyre, t. 2, 1885, p. 225).
Prononc. et Orth. :[ekute], (j')écoute [ekut]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du IXe s. « prêter l'oreille à; accueillir favorablement » (Séquence de Sainte Eulalie, 5 ds HENRY, Chrestomathie, p. 3 : Elle no'nt eskoltet les mals conselliers); 1389 part. prés. subst. « auditeur » (A.N. JJ 136, pièce 268 ds GDF. Compl. : Plusieurs autres abscoultans); 1690 avocat escoutant (FUR.); 1752 part. prés. subst. « catéchumène du second rang » (Trév. Suppl.); 1690 part. passé adj. man. pas escouté (FUR.); 2. 1558 s'escouter parler (DU BELLAY, Regrets, LXXV, éd. E. Droz, p. 82 : Un sot audacieux [...] Qui s'escoute parler); 3. 1628 « se laisser guider par un sentiment, un principe » (MALHERBE, Poésies, CIII, 31 ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 278 : Sans jamais écouter ni pitié ni clémence). Du b. lat. ascultare (IIe s., Caper ds TLL 1534, 39, s.v. ausculto), issu du lat. class. auscultare « écouter avec attention; ajouter foi, obéir », avec substitution du préf. courant es- (é-) à as-. Fréq. abs. littér. : 17 124. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 19 489, b) 25 141; XXe s. : a) 29 148, b) 25 194. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 13, 25. — MARGERIE (C. de), MOIRAND (S.), PORQUIER (R.). Les Constr. verbales avec faire, laisser, voir. Fr. Monde. 1973, n° 98, pp. 33-41.
écouter [ekute] v. tr.
ÉTYM. Fin IXe, eskolter; escolter, Xe; du bas lat. ascultare, lat. class. auscultare. → Ausculter.
❖
1 S'appliquer à entendre, prêter son attention à (des bruits, des paroles). ⇒ Ouïr; → être à l'écoute, dresser, prêter, tendre l'oreille. || Entendre qqch. distraitement, sans l'écouter. || Écouter le chant des oiseaux, le bruit de la mer, un son lointain (→ Échafaud, cit. 5). ⇒ Percevoir. || Auditeurs qui écoutent un concert, un discours (→ Aise, cit. 23). || Médecin qui écoute les battements du cœur, les râles. ⇒ Ausculter.
♦ (Le compl. désigne la source du bruit). || Écouter la pluie, les criquets (→ ci-dessous, cit. 6, 7).
1 Il ne faut jamais dire aux gens :
Écoutez un bon mot, oyez une merveille.
La Fontaine, Fables, XI, 9.
2 L'enfant qui veut parler ne doit écouter que les mots qu'il peut entendre, ne dire que ceux qu'il peut articuler.
Rousseau, Émile, I.
3 (…) fuyons surtout ces entretiens particuliers et trop dangereux où, par une inconcevable puissance, sans jamais parvenir à vous dire ce que je veux, je passe mon temps à écouter ce que je ne devrais pas entendre.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XC.
4 Il parlait peu; son visage était mélancolique; il penchait souvent l'oreille et il avait l'air d'écouter quelque chose de triste : on eût dit qu'il entendait tomber ses dernières années, comme les gouttes d'une pluie d'hiver sur le pavé.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 188.
5 La chanson de la bohémienne avait troublé la rêverie de Gringoire, mais comme le cygne trouble l'eau. Il l'écoutait avec une sorte de ravissement et d'oubli de toute chose.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, III.
6 (…) j'écoutais, ressuscités par mon attention, les criquets qui sciaient en menus éclats la canicule (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 122.
7 Comme un bon médecin se réjouit d'entendre les battements, même faibles, du cœur, Bernard, parcourant les salles, tendait l'oreille pour écouter avec un plaisir délicieux les rares métiers survivants.
Maurois, Bernard Quesnay, XXVIII, p. 182.
♦ Par ext. || Écouter qqn. || Vous ne m'écoutez pas; écoutez-moi bien. || Il m'a écouté jusqu'au bout, attentivement (cf. Être suspendu aux lèvres de qqn; boire les paroles; → Avidité, cit. 5; attention, cit. 1). || Parlez plus bas, on nous écoute. ⇒ Guetter. || Écoutez-moi, quand je parle !
8 L'abbé avait fait asseoir le jeune homme près de lui, comme pour une confession; et il l'écoutait avec recueillement, le buste en arrière, la tête inclinée sur l'épaule gauche, à son habitude.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 221.
♦ Écouter qqch., qqn (suivi de l'inf. ou d'une relative). || Il écoutait la pluie tomber, le bruit que faisait la pluie en tombant. || Il l'écoutait parler, chanter. — Nous écoutions les oiseaux qui chantaient. || On l'écoutait qui fredonnait.
♦ Écouter si qqn vient. || Écouter d'où vient un bruit.
♦ Absolt. || Écouter : prêter une oreille attentive. || Allô, j'écoute ! || Je suis venu pour écouter seulement. || Savoir écouter (→ Action, cit. 26; 2. causer, cit. 2; conversation, cit. 3; bruire, cit. 6).
9 Il (Théophile) écoute, il veille sur tout ce qui peut servir de pâture à son esprit d'intrigue, de médiation ou de manège.
La Bruyère, les Caractères, IX, 15.
10 M. de Villèle écoutait, résumait et ne concluait point (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 110.
11 Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu (…)
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La mort du loup », I.
12 Il venait, il causait avec vous; lui, si enivré de son œuvre, et, en apparence, si plein de lui-même, il savait interroger à son profit, il savait écouter; mais, même quand il n'avait pas écouté, quand il semblait n'avoir vu que lui et son idée, il sortait ayant emporté de là, ayant absorbé tout ce qu'il voulait savoir, et il vous étonnait plus tard à le décrire.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Balzac, t. II, p. 450.
13 Aujourd'hui on ne sait plus parler, parce qu'on ne sait plus écouter.
J. Renard, Journal, 1893, p. 107.
14 Toutes choses sont dites déjà; mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer.
Gide, le Retour de l'enfant prodigue, p. 10.
15 Je m'arrête un instant pour écouter en silence. C'est d'abord comme une voix tremblante qui, de très loin, ose à peine chanter sa joie (…)
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, p. 282.
16 Puis ma frivolité, dès que je n'étais pas seul, me faisait désirer de plaire, plus désireux d'amuser en bavardant que de m'instruire en écoutant(…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIV, p. 34.
♦ Par ext. Prêter une attention plus ou moins bienveillante à (des propos, qqn), ne pas refuser d'entendre. || Il les a renvoyés sans les écouter. || Écouter les plaignants. || Écouter les doléances, les observations, les raisons de qqn. || Non, je n'écoute plus rien !
17 (…) Notre sage magistrat écoutait également le riche et le pauvre (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
18 (…) je ne perdrai pas mon temps à écouter ses doléances, si cela ne doit nous mener à rien.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LIX.
♦ ☑ Loc. Absolt. N'écouter que d'une oreille, distraitement; ne prêter qu'une faible attention à ce qui est dit. ☑ Écouter de toutes ses oreilles, de ses deux oreilles : être particulièrement attentif (→ Être tout ouïe). — ☑ Écouter aux portes : écouter indiscrètement une conversation derrière une porte; fig., être indiscret.
♦ Écoute ! || Écoutez !, apostrophe destinée à appeler qqn, à fixer l'attention de l'interlocuteur (→ Arrêter, cit. 21), ou à corriger l'impression de ce qu'on va dire, à solliciter l'assentiment, à renforcer un conseil (→ Voyez-vous !). || Écoutez, ne faites pas cela, n'y allez pas ! || Écoute, je t'aime beaucoup, tu sais !
2 (Fin IXe). Accueillir avec faveur (ce que dit qqn), jusqu'à y apporter son adhésion, sa confiance. || Écouter les avis, les conseils d'un ami. ⇒ Suivre; compte (tenir compte). || Écouter des propositions de paix. ⇒ Considérer. || Écouter les propos flatteurs, y être sensible. || Dieu a écouté ses prières. || Écoutez mes vœux. ⇒ Exaucer.
19 Mais écouteriez-vous les conseils d'une femme ?
Corneille, Cinna, IV, 3.
♦ (Compl. n. de personne). || N'écoute pas ces baratineurs. || Ces enfants n'écoutent pas leurs parents. ⇒ Céder, obéir. || Savoir se faire écouter (→ Avoir l'oreille de qqn). || On l'écoute comme un oracle, avec une entière confiance ou beaucoup d'admiration. || N'écouter que soi-même : ne consulter personne. — Passif. || Il est très écouté par les milieux politiques.
20 Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
La Fontaine, Fables, I, 2.
21 L'homme digne d'être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu.
Fénelon, Lettre à l'Académie, IV.
22 On ne l'avait point nommé; je fus frappé du langage d'un homme qui pérorait seul et se faisait écouter avec quelque droit comme un oracle. L'esprit de Rivarol nuisait à son talent, sa parole à sa plume.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 35.
♦ Par ext. || Écouter trop son mal (→ ci-dessous, S'écouter, 3.).
♦ Fig., littér. Se laisser aller à (un sentiment, une passion, un principe qui dicte une certaine conduite). || Écouter sa colère, sa douleur, sa passion. || Écouter son cœur, sa conscience (→ Bien, cit. 42).
23 Sabine, écoutez moins la douleur qui vous presse (…)
Corneille, Horace, V, 3.
24 Il ne faut écouter que la vengeance alors.
Molière, Amphitryon, III, 7.
25 Femme, écoute ton cœur, ne lis pas d'autre livre (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, XX.
♦ ☑ Loc. (Plus cour.). N'écouter que son courage, que son devoir…
26 N'écoutant que son courage qui ne lui disait rien, il se garda d'intervenir.
J. Renard, Journal, 18 oct. 1908.
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s'écouter v. pron.
1 (1558). Prêter attention à sa propre voix. → Pérorer, cit. 1. — S'écouter (et inf.). ☑ S'écouter parler (1. Parler, cit. 7) : parler lentement et en se complaisant à ses paroles.
26.1 Le cœur préfère rester concentré sur son sentiment qu'il réchauffe et protège — son bonheur est méditatif, silencieux —, il s'écoute palpiter, il se déguste religieusement lui-même.
H. F. Amiel, Journal intime, in Littératures de langue franç. hors de France, p. 546.
2 (1628). Suivre son inspiration. || Si je m'écoutais, je n'irais pas à ce rendez-vous.
27 (Rien) ne pouvait forcer Napoléon à combattre ses propres raisonnements et l'empêcher de s'écouter lui-même.
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, II, 4.
27.1 Qu'est-ce qu'ils font là-haut ? Pas « ça » tout de même ? J'irais bien voir si je m'écoutais. Une entrée dramatique : Ciel, mon fils dans les bras de cette petite !
Benoîte et Flora Groult, Il était deux fois, p. 147-148.
3 Prêter une trop grande attention à sa personne, à sa santé. ⇒ Ménager (se), observer (s'). || À force de s'écouter, il deviendra très malade. || Il s'écoute trop. || Ne vous écoutez pas tant, vous irez mieux.
28 On se fait violence, on ne s'écoute point, on croit qu'à force de prendre sur soi, à la fin on accoutumera le corps à obéir (…)
♦ Poétiquement :
29 Je souris à la mort volontaire et prochaine (…)
Déjà le doux poignard qui percerait mon sein
Se présente à mes yeux et frémit sous ma main :
Et puis mon cœur s'écoute et s'ouvre à la faiblesse (…)
André Chénier, Élégies, XXXIII.
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écouté, ée p. p. et adj.
1 (En parlant d'une personne). Que l'on écoute volontiers, avec attention et profit. || C'est un des orateurs les plus écoutés à la Chambre.
2 (1690, Furetière). Techn. (équit.). || Pas, mouvement écouté, exécuté avec précision.
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CONTR. Désobéir, dédaigner, négliger. — Sourd (rester). — (Du p. p.). Inécouté.
DÉR. Écoutable, écoutant, 1. écoute, écouteur, écouteux, écoutoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.