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échauffer

échauffer [ eʃofe ] v. tr. <conjug. : 1>
eschalfer fin XIe; lat. class. excalefacere, de ex- intensif et calere « être chaud »
1Rendre chaud par degrés (ce qui doit rester froid). Frottement qui échauffe les roues. Fig. Enflammer, exciter. « Tout ce qui échauffait les cœurs et les imaginations » (Renan). Échauffer la bile, les oreilles. énerver, impatienter, irriter.
2Déterminer l'échauffement, l'altération de. « Ces nourritures épicées finissent par vous échauffer le sang » (Flaubert).
3 ♦ S'ÉCHAUFFER v. pron. Vx Se réchauffer. Mod. Sport Entraîner ses muscles avant l'effort. « Ils s'échauffent, prennent enfin place au départ » (J. Prévost).
S'animer, se passionner en parlant. « Quoiqu'il s'échauffât pour me démontrer la supériorité du fantassin » (Vigny). Par ext. La conversation s'échauffe.
⊗ CONTR. Refroidir; calmer.

échauffer verbe transitif (latin populaire excalefare) Élever progressivement la température d'un corps, d'un liquide. Donner de l'exercice aux muscles pour les préparer à un effort physique. Produire un commencement de fermentation sur une matière. Animer, exciter, enflammer : Cette nouvelle a échauffé les esprits. Donner des plis à une étoffe en la foulant à l'excès. ● échauffer (expressions) verbe transitif (latin populaire excalefare) Échauffer le sang, la tête, les oreilles, la bile de, à quelqu'un, l'impatienter, exciter sa colère. ● échauffer (synonymes) verbe transitif (latin populaire excalefare) Élever progressivement la température d'un corps, d'un liquide.
Contraires :
- rafraîchir
Animer, exciter, enflammer
Synonymes :
- agiter
- enfiévrer
- enflammer
- exalter
- exciter
Contraires :
- apaiser
- calmer
- détendre

échauffer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre chaud, spécial. de manière inhabituelle ou excessive. Frottement qui échauffe un essieu.
d2./d Fig. Animer, exciter. La nouvelle échauffa les esprits.
Loc. échauffer la bile, les oreilles à qqn, l'impatienter.
d3./d Produire la fermentation de. Une trop longue exposition au soleil échauffe les grains.
rII./r v. Pron.
d1./d Fig. S'animer, s'exciter. La conversation soudain s'échauffa.
d2./d Commencer à fermenter. Les foins s'échauffent.
d3./d SPORT Se préparer avant une épreuve, par des exercices d'assouplissement et de mise en condition physique.

⇒ÉCHAUFFER, verbe trans.
A.— Domaine physique. Procurer de la chaleur.
1. Rendre chaud; procurer graduellement une certaine quantité de chaleur. Éclairer et échauffer. Comme un fruit échauffé par le soleil de septembre (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 23).
Emploi pronom. à sens passif. Devenir chaud peu à peu. Sous l'action de la chaleur, l'eau du réservoir s'échauffe et se vaporise lentement (Lar. mén. 1926).
S'échauffer à qqc. Les couloirs s'échauffaient au feu du foyer (VERNE, Île myst., 1874, p. 83).
2. Spécialement
a) [Le compl. désigne une pers. ou une partie du corps] Procurer une certaine chaleur ou une impression de chaleur intérieure, pouvant se manifester extérieurement. Sa voix avait une chaleur contagieuse qui m'échauffait les entrailles (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 250).
Emploi pronom. à sens passif. Lise Darembert sentait son cœur battre plus fort et ses joues s'échauffer (LACRETELLE, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 14).
b) [Le compl. désigne un animé ou une partie du corps] Faire faire des exercices qui apportent de la chaleur en vue d'un bon fonctionnement, en particulier avant une épreuve sportive ou des mouvements de gymnastique. S'échauffer les muscles (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 319). Après l'avoir un peu échauffée [une jument], l'homme la mit à un trot fort rapide (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 152).
Emploi pronom. à sens réfl. Pour s'échauffer, mouvements d'assouplissement (Elle, 12 avr. 1976, p. 80).
c) PATHOL. Causer un malaise général ou localisé s'accompagnant d'un excès de chaleur, d'une inflammation. Cette diète rigoureuse, jointe au travail, échauffait ma poitrine malade (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 443).
En partic. Constiper :
1. L'orge sèche les échauffe abominablement [les chevaux]. Au mois d'avril on les lâche dans un champ d'orge [verte] pour vingt ou vingt-cinq jours; ils en sortent maigres et purgés.
ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 147.
Emploi pronom. à sens passif. Félicité tomba malade, son sang s'était échauffé, la poitrine paraissait menacée d'inflammation (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 67).
d) [Le compl. désigne une substance] Provoquer une certaine altération, de la fermentation :
2. Les blés à bas, on laissait les herbes se sécher un jour, se consumer au soleil, car, vertes, elles fermentent et peuvent échauffer la paille...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 48.
Emploi pronom. à sens passif. Le vin qui nous restoit à bord, s'étoit aigri; nos farines s'étoient échauffées (DENTRECASTEAUX, Voy. rech. La Pérouse, 1808, p. 439).
B.— Au fig.
1. [Le compl. désigne un mode d'expression en partic. littér. ou artistique, une chose exerçant un effet partic. sur les sens] Donner une certaine intensité, une certaine chaleur. Chère Sylvie, rude Sylvie dont l'accent (...) échauffe les mots, éclaire le sens du texte (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 111).
Emploi pronom. à sens passif. Laurent dont la voix, petit à petit, s'échauffait et s'altérait (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 94).
S'échauffer de qqc. Un corps (...) dont l'argent s'avive et s'échauffe de tons fauves (SÉAILLES, E. Carrière, 1911, p. 72).
2. [Le compl., gén. exprimé, désigne une pers., une collectivité ou un de leurs attributs]
a) Donner de l'animation, de l'intérêt, passionner, conduire à des sentiments d'amour ou de haine. Échauffer l'âme, le cœur, l'imagination de qqn; échauffer les esprits. L'histoire d'Alfieri (...) intéresse, échauffe, agite (SAND, Lettres voy., 1837, p. 119).
Échauffer qqn à qqc., à + inf., contre qqn, de qqc. Une sorte de zèle évangélique l'échauffait à ramener la concorde (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 169).
b) Emploi pronom. à sens réfl. S'échauffer en parlant; les têtes s'échauffent; s'échauffer dans une discussion. Croyant qu'elle s'échauffait, il s'animait aussi (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 184).
S'échauffer à + inf., pour qqc. ou qqn, pour + inf., sur qqc. Pourquoi tant s'échauffer sur une réforme qu'il sait chimérique? (BREMOND, Hist. sent. relig., 1920, p. 423).
P. ell. Dire en s'échauffant. Valentin, « s'échauffant ». — Oui, monsieur, j'irois (GUILBERT DE PIXÉR., Victor, 1798, I, 4, p. 10).
P. anal., VÉN. [Le suj. désigne un chien] S'échauffer sur la voie. La suivre avec un excès d'ardeur (d'après Ac. 1835-1932).
c) Emploi pronom. réciproque, rare. Ils s'échauffent ou se modèrent l'un l'autre (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 3, 1863-69, p. 266).
d) Loc. diverses
Échauffer la bile, le sang, les oreilles à qqn ou de qqn. Irriter, mettre en colère. De la foule partaient des : Vive le roi! qui nous échauffaient les oreilles (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 178).
Emploi pronom réfl. Si mon sang s'échauffe, je le laisserai se calmer avant de reprendre la plume (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 16).
Vieilli. S'échauffer en son harnois. Parler de quelque chose avec passion :
3. — Oh! je l'aime déjà tout plein. J'en suis féru; il me la faut et je l'aurai, dussè-je pour y parvenir user des inventions les plus subtiles, vider mes coffres et pourfendre cent rivaux.— Là, là, ne vous échauffez pas ainsi dans votre harnois, dit Pylade...
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 187.
3. [Le compl. désigne un fait, une affaire, un événement] Encourager, animer de façon favorable ou, plus souvent, défavorable. Les parlements échauffent la querelle, animent le monarque (LAMENNAIS, Religion, 1826, p. 100).
Emploi pronom. à sens passif. La discussion s'échauffe. La dispute allait s'échauffant (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 150).
Rem. 1. On rencontre chez Couffignal le néol. échauffabilité, subst. fém. Propriété qu'a un corps de devenir chaud. Compressibilité, échauffabilité [d'un gaz] (Mach. penser, 1964, p. 86). 2. La plupart des dict. gén. enregistrent le subst. fém. déverbal échauffe. Procédé d'épilage de certaines peaux par fermentation. Épilage à l'échauffe (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 38).
Prononc. et Orth. :[], (je m')échauffe []. Enq. :/, D/ (il) échauffe. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIe s. eschalfer « échauffer, enflammer [l'œil] » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, p. 49); 1121-34 pronom. si se vunt eschalfant (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 2863 ds T.-L.); ca 1175 d'ire eschaufé (CHRÉTIEN DE TROYES, Le Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 1132). Du lat. vulg. excalefare, lat. impérial excalfacere « chauffer, échauffer ». Fréq. abs. littér. :566. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 071, b) 777; XXe s. : a) 763, b) 616. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 133, 144, 214, 312.

échauffer [eʃofe] v. tr.
ÉTYM. Fin XIe, eschalfer; du lat. pop. excalefare, du lat. class. excalefacere, de ex- (intensif), calere « être chaud », de caldus, calidus (→ Chaud), et facere « faire ».
1 Rendre chaud par degrés (spécialt ce qui devait rester froid). || Le soleil échauffe le sol. || Le frottement échauffe les roues, l'axe, les paliers.
2 Vieilli. Donner chaud à (qqn). Chauffer, réchauffer.
1 Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
Lamartine, Premières méditations, « L'isolement ».
2 Il les échauffa et les frotta bien longtemps (les mains) dans les siennes (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXIV, p. 162.
3 Méd. et vx. Causer de l'échauffement, de l'irritation, de la constipation à (qqn).
3 (…) toutes ces nourritures épicées finissent par vous échauffer le sang et ne valent pas, quoiqu'on en dise, un bon pot-au-feu.
Flaubert, Mme Bovary, II, VI, p. 81.
4 Littér. ou style soutenu. Donner de l'animation, de la force à (l'esprit, les sentiments…). Animer, enflammer, exciter. || Échauffer l'imagination (→ Acharner, cit. 2), les esprits, les têtes. Exalter. — ☑ Loc. Échauffer le sang, la bile (→ Blesser, cit. 4) à qqn, le mettre en colère.REM. Ces emplois sont métaphoriques du sens médical ancien, 2. — ☑ Échauffer les oreilles, la tête de qqn : irriter, impatienter par ses discours.
4 (Et l'avertissez bien)
Qu'elle ne vienne pas m'échauffer les oreilles !
Molière, les Femmes savantes, III, 6.
5 Il (Jésus) associait à son dogme du « royaume de Dieu » tout ce qui échauffait les cœurs et les imaginations.
Renan, Vie de Jésus, XV, Œ. compl., t. IV, p. 233.
6 Mais qu'on ne m'échauffe pas la tête, aujourd'hui. J'en ai assez (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, III, IX, p. 284.
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s'échauffer v. pron.
1 Devenir chaud graduellement.
Vx. Se réchauffer. || S'échauffer en courant.
(1423). Mod. Faire quelques exercices (sautillements, etc.) avant l'épreuve, pour échauffer ses muscles.
6.1 (…) ils s'échauffent, prennent enfin place au départ. Eux et le starter jouent à se narguer.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 105.
2 Vx. Devenir plus animé (d'une situation, d'une querelle). || La discussion commençait à s'échauffer.
7 (…) de paroles en paroles, les choses se sont échauffées, et il en a reçu quelques blessures (…)
Molière, les Amants magnifiques, V, 3.
3 Méd. anc. || Humeurs qui s'échauffent. || La bile s'échauffe.
Par métaphore :
8 — Ah ! vous êtes dévot, et vous vous emportez ?
— Oui, ma bile s'échauffe à toutes ces fadaises (…)
Molière, Tartuffe, II, 2.
4 Fig. S'animer, se passionner (d'une personne, de l'esprit…). || S'échauffer en parlant : mettre de plus en plus de cœur, de passion dans ce qu'on dit. Animer (s'). || Cerveau, imagination qui s'échauffe. Bouillonner (cit. 4), emballer (s') [fam.], enthousiasmer (s'), exalter (s').
9 C'est le défaut des romans; l'auteur se bat les flancs pour s'échauffer, et le lecteur reste froid.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXXIII.
10 Je ne l'écoutai pas, quoiqu'il s'échauffât pour me démontrer la supériorité du fantassin sur le cavalier.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, I, VI, p. 92.
11 Cette fois, seulement (en créant Joseph Prudhomme), il (Henri Monnier) est sorti de son impartialité glaciale, il s'est échauffé, il s'est animé, il a chargé le trait, il a outré l'effet, il a composé enfin.
Th. Gautier, Portraits contemporains, H. Monnier, p. 36.
12 Prenez des femmes qui ont faim et des hommes qui ont bu; mettez-en mille ensemble, laissez-les s'échauffer par leurs cris, par l'attente, par la contagion mutuelle de leur émotion croissante; au bout de quelques heures, vous n'aurez plus qu'une cohue de fous dangereux; dès 1789, on le saura et de reste.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 56.
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échauffé, ée p. p. et adj.
1 Rare. Dont la chaleur s'est élevée.
2 Méd. (Vx). Qui souffre d'une irritation, qui est atteint de constipation.
3 Techn. (agric., etc.). Qui s'est altéré; qui a fermenté. || Bois échauffé. || Blé échauffé.
N. m. Odeur de matières trop chauffées ou en fermentation. || Le gigot sent l'échauffé.
4 Fig. (Personnes, esprits). Passionné, animé. Enflammé, excité. || Personne, tête échauffée. || Imagination échauffée.
13 Sur les visages et dans les propos, le désintéressement d'amateurs blasés. Seuls, deux abbés paraissaient échauffés (…)
de Vogüé, les Morts qui parlent, 1899, p. 281, in T. L. F.
N. (Vx). || Un échauffé, une échauffée : personne passionnée, excitée.
CONTR. Attiédir, refroidir. — Amortir, apaiser, calmer, tempérer.
DÉR. Échauffant, échauffement, échauffure.

Encyclopédie Universelle. 2012.