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dru

dru, drue [ dry ] adj.
• 1080; gaul. °drûto- « fort, vigoureux »
1Qui présente des pousses serrées et vigoureuses. épais, fourni, serré, touffu. Herbe haute et drue. Les blés sont drus cette année. Par anal. « sa beauté de jeune dieu, que fortifiait une barbe drue et noire » (France). Par ext. Pluie, neige, grêle drue et serrée. 1. fort. « une pluie drue à ne pas se voir d'un bout du navire à l'autre » (Loti).
2Fig. Qui se développe, s'est développé avec force, avec vigueur. « mes idées poussent si drues et si serrées qu'elles s'étouffent et ne peuvent mûrir » (Gautier). « Le dialogue n'est pas tant vif que dru, aigu, tranchant » (Suarès).
3 Adv. La pluie, la neige tombent dru. Cogner, taper dru.
⊗ CONTR. Clairsemé, rare. Faible.

dru adverbe D'une manière serrée ; en grande quantité : Injures qui pleuvent dru.dru (difficultés) adverbe Orthographe Jamais d'accent circonflexe sur le u. Accord L'adjectif s'accorde, l'adverbe est invariable. Une herbe drue, mais les blés poussent dru. ● dru, drue adjectif (gaulois druto, fort) Se dit d'un végétal, de cheveux épais, touffus, serrés. Se dit de la pluie qui tombe en gouttes nombreuses et serrées. ● dru, drue (difficultés) adjectif (gaulois druto, fort) Orthographe Jamais d'accent circonflexe sur le u. Accord L'adjectif s'accorde, l'adverbe est invariable. Une herbe drue, mais les blés poussent dru. ● dru, drue (synonymes) adjectif (gaulois druto, fort) Se dit d'un végétal, de cheveux épais, touffus, serrés.
Synonymes :
- dense
- épais
- fourni
- touffu
Contraires :
- clair
- clairsemé
- rare

dru, drue
adj. et adv.
rI./r adj.
d1./d épais, touffu. Blés drus.
d2./d Fig. Fort, vigoureux. Un livre dru.
rII./r adv. En grande quantité, d'une manière serrée. Ses cheveux poussent dru.

⇒DRU, DRUE, adj. et adv.
I.— Emploi adj.
A.— [En parlant de végétaux] Qui a des pousses nombreuses, serrées et vigoureuses. Herbe drue, blé dru; arbre, feuillage dru; une végétation épaisse et drue. Ils [les ruisselets] se cachaient sous les taillis drus où seuls les lièvres pouvaient les suivre (KAHN, Conte or et sil., 1898, p. 95) :
1. Les faucheurs taillent des couloirs dans les champs de blé. La moisson est drue sur la terre : on dirait que toutes les tiges sont bâties en fer.
GIONO, Poids du ciel, 1938, p. 45.
P. métaph. L'enfant (...) avait poussé dru, en mauvaise herbe (ZOLA, Terre, 1887, p. 39). Parfois les mauvais désirs poussent plus drus dans un cœur labouré par la contrition (MAURIAC, Fleuve de feu, 1923, p. 189).
B.— P. anal.
1. Dont les éléments constituants sont nombreux et resserrés (dans l'espace ou dans le temps).
a) [En parlant du système pileux] Barbe, moustache drue; cheveux, sourcils drus. Une de ces figures dont le poil dru et noir repousse aussitôt que le rasoir y a passé (JAMMES, Mém., 1922, p. 90).
b) [En parlant des phénomènes atmosphériques] Averse drue. La neige se mit à tomber par rafales drues, rapides, épaisses (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 278). La pluie s'est mise à tomber de plus en plus drue (BUTOR, Modif., 1957, p. 124).
2. Qui est répété plusieurs fois dans le temps, fréquent. Elle se mit à sangloter par petits sanglots ramassés et drus (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 260).
C.— P. ext.
1. Vigoureux, fort.
a) Vx. [En parlant d'une pers., d'un être vivant] Qui est d'une solide constitution. Ces moineaux sont drus, ils sont drus comme père et mère (Ac. 1798-1878). Mélie se hâta (...) de faire claironner à Montigny mon mariage « avec un homme tout à fait bien, un peu fort d'âge, mais encore bien dru » (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 25). Ce fut ainsi (...) des enfants drus, de la belle graine de Solognots, qui s'élevaient sans maladies (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 228). Il se porte bien..., dit-elle en tapotant la joue du petit, comme il est fort, comme il est dru! (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 440).
P. ext., fam. Dégourdi, alerte, vif. Papa va dans le jardin s'asseoir sous les noisetiers, et il ne s'est pas aperçu qu'il y a près de lui un nid de fauvettes, un autre de pinsons, (...). Faut-il qu'il soit peu dru! (RENARD, Journal, 1897-99, p. 418).
b) [En parlant d'un inanimé, souvent avec une idée de densité, de compacité]
[Partie du corps] Une petite gorge drue de fillette attachée très haut (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 194). Entraînée à la course, à la lutte, ses muscles [d'Antiope, reine des Amazones] étaient fermes et drus autant que ceux de nos athlètes (GIDE, Thésée, 1946, p. 1418) :
2. Une petite de quinze ans, au torse plantureux et dru, défait sa dernière sandale.
TAINE, Voyage en Italie, t. 1, 1866, p. 268.
[Phénomène atmosphérique] Un vent court et dru brosse vigoureusement la mer (CAMUS, Été, 1954, p. 171).
[Chose en mouvement] Un jet puissant et dru. Les arbres (...) commençaient à allonger leur ombre sur le sol, si drue qu'elle en paraissait consistante (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 245). Une flamme jaillit, épaisse, drue, rouge comme du sang (GIONO, Joie demeure, 1935, p. 150). Emploi subst. avec valeur de neutre (cf. au plus fort de). Il aurait voulu mordre au plus dru de cette odeur, comme un chien ivre au plus dru de la racine d'un jet d'eau (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1435).
2. Au fig. Robuste, vigoureux, vif. Un langage dru et imagé; un style dru; une langue verte et drue; une verve, une éloquence drue. Je ne veux pourtant pas lui dire [à Mme Vernet] que l'amour le plus dru marche six mois à peine (RENARD, L'Écornifleur, 1892, p. 112). À écouter L'Otage (...) j'ai gagné de vouloir relire ce poème dru, le plus « Claudel » qui soit (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 45). Le sens de l'avoir est en même temps enraciné dans la violence drue de l'instinct (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 535) :
3. La prose de Scarron est une excellente prose, pleine, drue, d'une belle venue et d'une franche allure.
FRANCE, Le Génie latin, 1909, p. 63.
II.— Emploi adv. De manière abondante et serrée.
A.— [Après des verbes se rapportant à l'agric.] Pousser dru; planter, semer dru. Il [Lepailleur] n'était point passé par là depuis longtemps, jamais il n'aurait cru que la semence lèverait si dru (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 334).
B.— P. anal.
1. [À propos de la pluie ou d'un autre phénomène atmosphérique] Tomber dru.
P. métaph. On se trouvait ensuite exposé aux flèches et aux viretons qui pleuvaient dru des murs (FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 76). Il avait encouru l'excommunication (...) de telles foudres tombaient dru sur les gens d'Église sans leur faire grand mal (FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 441). Les sentences capitales pleuvant dru sur les lords qui déplaisaient à Élisabeth (MORAND, Londres, 1933, p. 227).
Loc. proverbiales (souvent p. hyperb.). Dru comme grêle. Dans ces maisons pauvres où les congés tombent dru comme grêle, dix années avaient suffi pour changer presque tous les locataires (ZOLA, J. Damour, 1884, p. 337). Dru comme mouches. Dans ces temps où les gens mouraient dru comme mouches (BALZAC, Enf. maudit, 1831-36, p. 341).
2. [À propos de coups qui s'abattent sur qqn ou qqc.] Vigoureusement, à force de coups successifs. Battre, (pop.) cogner (qqn) dru. Au siège d'Orléans, on la voit [Jeanne d'Arc] (...) frapper rude et dru sur l'ennemi (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1851-62, p. 410). C'est une laveuse au lavoir Tapant ferme et dru sur la lessive (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Dédicaces, 1890, p. 92).
3. [Après des verbes exprimant des actions ou des mouvements autres que frapper] Beaucoup et vite. (Quasi-)synon. taper dur. Le soleil tapait dru (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 433). Une eau millénaire coule dru d'une fontaine (COLETTE, Gigi, 1944, p. 226). Pop. Jacasser, jaser dru. Le peuple rigola ferme et se soûla dru (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Les Mémoires d'un veuf, 1886, p. 229). On fumait si dru qu'il fallut entr'ouvrir les fenêtres (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 184).
C.— P. ext. Avec force, avec intensité, avec vigueur. De gros baisers claquant plus dru que des châtaignes au feu (FABRE, Norine, 1889, p. 57). Son feuillage, tout desséché par l'hiver, tenait encore dru (G. Sand ds GUÉRIN 1892).
Au fig. et fam. Vous y allez dru (BÉL. 1957).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 erbe drue (Rol., éd. J. Bédier, 1334); 1175 enveisez e druz « gaillard, vert, vigoureux » (Horn, éd. M.-K. Pope, 3993); ca 1275 adv. vergié si dru planté (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, III, 5258). Du gaul. druto « fort, vigoureux » (DOTTIN, p. 253; FEW t. 3, p. 166b). Fréq. abs. littér. : 345. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 79, b) 476; XXe s. : a) 685, b) 731.
DÉR. Drument, druement, adv., rare. De manière drue. a) [Correspond à dru I B 1] Il y avait aux parois deux ou trois petites fenêtres, si drument treillissées d'épais barreaux de fer qu'on n'en voyait pas la vitre (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 493). b) [Correspond à dru I B 2] Il [Charles IX] entraîna le premier président, le vieux conseiller (...) et les bourgeois à boire si druement, que la reine Catherine sortit au moment où elle vit la gaieté sur le point de devenir bruyante (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 259). c) [Correspond à dru I C 2] Je ne vois pas que la législature manque d'énergie... Il me semble qu'elle a déjà sauvé sept ou huit fois la patrie, et qu'elle vote assez druement les impôts (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830-35, p. 143). []. 1re attest. 1200 « largement, avec opulence » (L'Escoufle, éd. F. Sweetser 5339); de dru, ue, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 11, 122, 403. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. — Bergen. Oslo-Franso, p. 139, 143, 325-329. — JUD (J.). Zur Geschichte und Herkunft von frz. dru. Arch. rom. 1922, t. 6, pp. 313-339. — LEW. 1960, p. 255, 260 (s.v. drûment). — WALT. 1885, p. 80. — WATHELET-WILLEM (J.). Guillaume d'Orange, mari ridicule? Ét. de vocab. R. belge Philol. Hist. 1972, t. 50, p. 929.

dru, ue [dʀy] adj.
ÉTYM. 1080, erbe drue; d'un gaulois drûto « fort, vigoureux ».
1 a Adj. Qui présente des pousses serrées et touffues. Épais, serré, touffu. || Herbe haute et drue. || Les blés sont drus cette année.
Par anal. || Cheveux (cit. 10) drus et épais. || Barbe drue.
1 Le prince étalait contre le poêle sa beauté de jeune dieu, que fortifiait une barbe drue et noire.
France, le Lys rouge, IX, p. 91.
Par ext. Se dit d'éléments nombreux et serrés. || Des gouttes de pluie drues et serrées. || Des coups drus.(Collectif). Qui présente de tels éléments. || Pluie, neige, grêle drue et serrée. || La pluie tombe, drue et glaciale (→ Cinq, cit. 10; 1. criquet, cit. 1).
2 Il pleuvait par torrents le lendemain; une de ces pluies d'abat, sans trêve, sans merci, aveuglante, inondant tout; une pluie drue à ne pas se voir d'un bout du navire à l'autre.
Loti, Mme Chrysanthème, III, p. 13.
b Adv. || Le blé pousse dru. || Semer dru. || La pluie, la neige tombe dru. || « Les balles pleuvaient dru comme mouches » (Littré). || Cogner dru, taper dru.
3 Toute la rive droite était gazonnée (…) le jonc et la prêle avaient poussé si dru dans le sable, qu'on ne pouvait voir un coin grand comme le pied pour y chercher une empreinte.
G. Sand, la Petite Fadette, VIII, p. 55.
2 Littér. Qui a poussé avec vigueur; qui est d'une « belle venue ». || Une gorge ferme et drue.
Qui s'élance, se développe avec force. || Une flamme drue, un jet puissant et dru. Fort.REM. De nombreux emplois stylistiques évoquent à la fois la force d'une « pousse » et la consistance serrée (une ombre drue, etc.).
Adv. || Le soleil tape dru, le vent souffle dru.
3 (Abstrait). Littér. Vigoureux, fort (en parlant des productions de l'esprit, du langage). || Un langage dru, vigoureux, hardi. || Une verve drue, un style dru.
4 Je ne puis rien produire, non par stérilité, mais par surabondance; mes idées poussent, si drues et si serrées qu'elles s'étouffent et ne peuvent mûrir.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VI, p. 117.
5 Le dialogue n'est pas tant vif que dru, aigu, tranchant; il est riche en mots pleins de sens, aux échos qui durent; d'ailleurs il les répète; il ne craint pas d'être monotone et morose.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IV, p. 117.
Un accent dru, qui évoque le terroir.
4 Vieilli ou littér. (Personnes). Comparable à un végétal dru, pour la vigueur de la constitution, l'ardeur du tempérament. Gaillard, vigoureux.
6 On se nourrit des anciens et des habiles modernes (…) et quand enfin l'on est auteur (…) on les maltraite, semblable à ces enfants drus et forts d'un bon lait qu'ils ont sucé (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 15.
7 Catherine de Navarre, dit-on, fut fille amoureuse et drue, qui eut un mari débile.
P.-L. Courier, Lettres, I, 339, in Littré.
5 (XVIe-XVIIe). Vx. Gai, vif. || « Vous êtes bien dru aujourd'hui » (Académie, 1835).
CONTR. Clairsemé, rare.
DÉR. Drument ou druement.

Encyclopédie Universelle. 2012.