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départir

départir [ departir ] v. tr. <conjug. : 16>
• 1080; de 2. partir
1Littér. Attribuer en partage (une tâche, une faveur). accorder, distribuer, impartir. « les dons que le ciel leur avait départis » (Rousseau).
2SE DÉPARTIRv. pron.(XVIe) Se séparer (de), abandonner (surtout une attitude). renoncer (à). Se départir de son calme. « une sorte de bonhomie cordiale, dont elle ne se départait point, décourageait l'ironie » (A. Gide). « un voile dont elle ne se départait que dans ses appartements » (Tournier). 1. sortir (de).
⊗ CONTR. Conserver, garder.

départir verbe transitif (ancien français departir, partager) Littéraire. Donner quelque chose en partage ; accorder, attribuer : Il a rempli la tâche qui lui était départie.départir (difficultés) verbe transitif (ancien français departir, partager) Conjugaison Selon l'Académie, départir et se départir se conjuguent comme partir (en se départant ; je me dépars, il se départ, etc.), mais l'usage leur fait généralement suivre la conjugaison de répartir (en se départissant ; je me départis, il se départit, etc.). Accord Pour l'accord du participe passé (elle ne s'est pas départie de son calme), Voir grammaire : participe passé. ● départir (homonymes) verbe transitif (ancien français departir, partager)

départir
v.
d1./d v. tr. Distribuer, attribuer comme part. Départir des faveurs, des tâches.
d2./d v. Pron. Se départir de: abandonner (un comportement). Il ne s'est pas départi de son calme. Ant. conserver, garder.

⇒DÉPARTIR, verbe.
A.— Emploi trans.
1. Vx. Distribuer :
1. C'est de l'époque de Simon de Montfort que date la perte de la langue d'Oc : «Simon, se voyant seigneur de tant de terres, les départit entre les gentilshommes, tant Français qu'autres, ... »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 74.
2. Littér. Attribuer en partage :
2. ... Méprisant le danger qu'il y avait à lutter d'adresse avec les Normands, elle employait l'esprit inventif et la ruse que la nature a départis aux femmes pour opposer ces rivalités les unes aux autres.
BALZAC, Le Réquisitionnaire, 1831, p. 139.
3. En partic.
a) DR. Départir des causes. Partager des procès entre les juges et leur distribuer les pièces s'y rapportant.
b) VÉN. ,,« Un animal se départ [ou] se départ d'ensemble »`` (DUCHARTRE 1973). [Se dit d'un animal],,lorsqu'il se sépare de la harde ou de la compagnie`` (DUCHARTRE 1973).
B.— Emploi pronom. [En parlant gén. d'une attitude] Se défaire de, renoncer :
3. M. de Nièvres se montra plus souple, sans se départir d'une certaine réserve, qui devenait de plus en plus évidente en devenant, je crois, plus systématique.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 210.
4. Mais il fallut de longues exhortations de tous et les supplications des siens pour qu'il se départît de son mutisme.
LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 186.
SYNT. Se départir de son accent, de son amabilité, de sa courtoisie, de son dédain, de sa sérénité, de sa vigilance.
Rem. La plupart des dict. gén. signalent le syntagme (vx) commissaires départis qu'ils définissent « intendants des provinces ».
Prononc. et Orth. :[], (je) départis []. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « partager, diviser » (Alexis, éd. Chr. Storey, 96 : Quant sun aver lur ad tot departit); 1177 « attribuer en partage; donner » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2628); 2. ca 1100 « séparer (ici l'âme du corps) » (Roland, éd. J. Bédier, 2940); 2e moitié XIVe s. pronom. « renoncer à (+ inf.) » (EST. DESCH., Poés., II, 32, A-T. ds GDF.). Dér. de partir; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :287. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 393, b) 309; XXe s. : a) 458, b) 441.
DÉR. Départiteur, subst. masc. Celui qui départit (cf. départir) Spéc., dr. Juriste habilité à compléter un tribunal lorsqu'il est impossible de dégager une majorité. Juges départiteurs (Lar. 20e). []. 1re attest. 1870, 11 juin dr. (Gaz. des Trib. ds LITTRÉ Suppl.); du rad. de départir, suff. élargi -(it)eur2 d'après partition, partiteur.
BBG. — Se départir. Intermédiaire (L') des chercheurs et des curieux. 1896, t. 34, p. 617, 831. — VÄÄNÄNEN (V.). Le « Fabliau » de Cocagne. Neuphilol. Mitt. 1947, t. 48, p. 30.

départir [depaʀtiʀ] v. tr. [CONJUG. partir.]
ÉTYM. V. 1050; de 2. dé-, et partir, au sens de « séparer; partager ». → Avoir maille à partir.
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I
1 (V. 1100). Vx. Séparer (une chose d'une autre). Départ (faire le départ).
2 (1177). Littér. (Vieilli, sauf au p. p. et aux temps comp.). Attribuer en partage (une tâche, une faveur). Accorder, distribuer, impartir. || Dieu départ ses grâces avec équité (Académie). || La tâche qui lui fut départie. Confier.
1 (Départir) se rapporte au point de départ, à la personne qui distribue, et la représente comme supérieure, comme laissant tomber ses dons d'un lieu élevé. On ne le dit guère qu'en parlant des grâces et des faveurs de Dieu, du ciel, de la nature (…)
Lafaye, Dict. des synonymes, Départir, repartir.
2 Dieu, ne voulant pas départir la vérité aux Grecs, leur donna la poésie.
Joseph Joubert, Pensées, XVII, XXIV.
3 De tous les dons que le ciel leur avait départis, un cœur sensible est le seul qu'ils me laissèrent (…)
Rousseau, les Confessions, I.
4 Je n'ai pas connu d'homme qui eût pu être plus aimé des femmes. Il portait en lui un trésor infini d'amour. Il sentait le don supérieur qui lui avait été départi; puis, avec une sorte de fureur, il s'ingéniait à s'anéantir lui-même.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, II, p. 172.
5 Qu'il est étrange, dans ces commencements de la vie où un peu de bonheur nous est départi, qu'aucune voix ne nous avertisse : « Aussi vieux que tu vives, tu n'auras pas d'autre joie au monde que ces quelques heures. »
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, III, p. 39.
6 L'homme à qui fut départie la tâche surhumaine d'avertir Israël en ce dernier instant fut Jérémie.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, III, p. 257.
6.1 Qui sait si chacun de nous n'aspire au privilège de tuer tous ses semblables ? Mais ce privilège est départi à très peu de gens et jamais entier : cette restriction explique à elle seule pourquoi la terre est encore peuplée. Assassins indirects, nous constituons une masse inerte, une multitude d'objets en face des véritables sujets du Temps, en face des grands criminels qui ont abouti.
E. M. Cioran, Précis de décomposition, p. 148.
Dr. || Départir des causes : partager des procès et les documents qui s'y rapportent, entre des juges.
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II Se départir v. pron. (Après 1350).
(Plus cour. que le tour transitif direct). Se séparer de, s'écarter de, abandonner (surtout une attitude). Abandonner, désister (se), détourner (se), dévier, écarter (s'), renoncer. || Se départir d'un droit, d'une prétention, d'un devoir. || Ne pas se départir d'une opinion. || Se départir de son calme, de sa réserve, de son silence Sortir (de). || Pourquoi voulez-vous qu'il s'en départe ? (Académie).
7 Ne vous départez point d'une si noble audace (…)
Corneille, Nicomède, I, 3.
8 Si quelques principes faux l'ont égarée, combien n'en avait-elle pas d'admirables dont elle ne se départait jamais !
Rousseau, les Confessions, V.
9 (…) une sorte de bonhomie cordiale, dont elle ne se départait point, décourageait l'ironie.
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 279.
10 Je m'étais dressé un emploi du temps, à quoi je me soumettais strictement, car je trouvais la plus grande satisfaction dans sa rigueur même, et quelque fierté à ne m'en point départir.
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII, p. 214.
11 Sans regarder Jacques, sans se départir de son impassibilité, il accorda (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 144.
12 (La femme) se départant de son mutisme, posant le seau disant (…)
Claude Simon, le Vent, p. 50.
REM. Départir est parfois conjugué comme finir. Malgré de nombreuses citations littéraires (cf. Grevisse, le Bon Usage, no 673), cet emploi, selon J. Hanse, n'est pas un exemple à suivre.
CONTR. Conserver, garder.
DÉR. 1. Départ, 2. départ, département, départie, départiteur.

Encyclopédie Universelle. 2012.