Akademik

coûter

coûter [ kute ] v. <conjug. : 1>
coster XIIe; lat. constare « être fixé », en lat. pop. « avoir pour prix »
I V. intr. et tr. ind. Coûter à qqn.
1Nécessiter le paiement de (une somme) pour être obtenu. revenir, valoir. L'armoire coûte trois mille francs. Ce que coûte une chose ( coût, montant, prix) . Combien coûte cette voiture ? Qu'est-ce que cela coûte ? Ça coûte dix francs le kilo. Les cinq cent mille francs que cette maison m'a coûté. (REM. Le p. p. ne s'accorde pas quand il est précédé du compl. de prix.) Ça coûte un prix fou. Coûter cher, et pop. coûter chaud : être cher, coûteux. ⇒Fam. chiffrer, douiller. Loc. fam. Coûter les yeux de la tête, la peau des fesses (du cul) : être hors de prix, très cher. — Fam. Ça coûtera ce que ça coûtera : il faut le faire, peu importe le prix.
Absolt, pop. Être cher. L'hôtel, ça coûte.
2Par ext. Causer, entraîner des frais, des dépenses. « L'affaire, au pis aller, ne coûtait plus rien » (Romains). Ça ne coûte rien : ça n'engage à rien (cf. Ça ne mange pas de pain). Cette habitude lui coûte cher. Loc. Cela pourrait vous coûter cher, vous attirer des ennuis, avoir des conséquences fâcheuses.
II(XIIe) Fig.
1 V. tr. Causer (une peine, un effort) pour se faire. occasionner. Ce départ lui a coûté bien des larmes. Les efforts que ce travail lui a coûtés. (REM. Le p. p. s'accorde quand il n'est pas précédé d'un compl. de prix.) « Mes manuscrits raturés, barbouillés, et même indéchiffrables attestent la peine qu'ils m'ont coûtée » (Rousseau).
Causer la perte de. ôter, ravir. Cela lui coûte sa tranquillité. Coûter la vie : faire mourir. « Je coûtai la vie à ma mère, et ma naissance fut le premier de mes malheurs » (Rousseau).
Impers. Je saurai maintenant ce qu'il en coûte. Il vous en coûtera la vie.
2 V. intr. et tr. ind. Être pénible, difficile. peser. Tout lui coûtait. Cela me coûte beaucoup d'y renoncer. Ça ne coûte rien d'essayer. « Le premier pas leur coûte » (Loti). PROV. Il n'y a que le premier pas qui coûte, le plus difficile est de se décider, de commencer.
Impers. Il m'en coûte de vous l'avouer.
3Loc. adv. COÛTE QUE COÛTE : à tout prix, quels que soient les efforts à faire, les peines à supporter. ⇒ absolument. Il faut réussir coûte que coûte. « Il devait, coûte que coûte, rentrer à Paris dans la nuit » (Martin du Gard).

coûter verbe intransitif (latin coustare) Valoir tel prix, nécessiter une certaine somme pour être acquis, en parlant d'un objet, d'un bien, d'une marchandise, etc. ; entraîner telles dépenses pour être utilisé, entretenu ou pour fonctionner : Combien coûte cette robe ? Entraîner des dépenses notables : Les enfants, ça coûte.coûter (citations) verbe intransitif (latin coustare) Marcel Achard Sainte-Foy-lès-Lyon 1899-Paris 1974 Académie française, 1959 SÉVIGNÉ — […] La Justice coûte cher. JOSEPHA — C'est pour ça qu'on l'économise. L'Idiote, III Gallimardcoûter (difficultés) verbe intransitif (latin coustare) Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le u. 2. CoÛte que coÛte, expression toujours invariable. Accord Le participe ne s'accorde que lorsque le complément ne désigne pas un prix : les efforts que cela m'a coÛtés (accord) mais les dix francs que cela m'a coÛté (complément de prix et non d'objet direct). Voir grammaire : participe passé. ● coûter (expressions) verbe intransitif (latin coustare) Familier. Ça ne coûte rien, ça n'engage à rien, c'est gratuit. Coûte que coûte, quels que soient l'effort, le sacrifice à faire ; absolument, à tout prix. Coûter cher à quelqu'un, lui attirer des ennuis : Cette erreur va vous coûter cher. Familier. Coûter les yeux de la tête, la peau des fesses, valoir très cher. ● coûter (homonymes) verbe intransitif (latin coustare)coûter (synonymes) verbe intransitif (latin coustare) Valoir tel prix, nécessiter une certaine somme pour être acquis...
Synonymes :
- revenir à
- valoir
Entraîner des dépenses notables
Synonymes :
- représenter
- se monter à
- s'élever à
coûter verbe transitif Demander quelque effort de la part de quelqu'un, lui causer une souffrance, des difficultés, etc. : Les veilles que cet ouvrage lui a coûtées. Entraîner des efforts, être pénible, difficile : Cette démarche m'a beaucoup coûté. Faire perdre à quelqu'un quelque chose qu'il possédait : Cette faute professionnelle lui a coûté sa situation.coûter (difficultés) verbe transitif Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le u. 2. CoÛte que coÛte, expression toujours invariable. Accord Le participe ne s'accorde que lorsque le complément ne désigne pas un prix : les efforts que cela m'a coÛtés (accord) mais les dix francs que cela m'a coÛté (complément de prix et non d'objet direct). Voir grammaire : participe passé. ● coûter (expressions) verbe transitif Coûter la vie, faire mourir, tuer : Son imprudence finira par lui coûter la vie.coûter (homonymes) verbe transitifcoûter (synonymes) verbe transitif Demander quelque effort de la part de quelqu'un, lui causer...
Synonymes :
- attirer
- causer
- occasionner
- provoquer
- susciter
- valoir

coûter
v.
rI./r v. intr. et tr. indir.
d1./d Nécessiter un paiement pour être acquis. Ce vase coûte cent francs. Objet qui coûte cher. (N. B.: Le pp. coûté est inv. quand il se rapporte à une somme.) Les millions de francs que cette maison m'a coûté.
Absol. être cher. Un luxe qui coûte.
d2./d Occasionner des dépenses. Son procès lui a coûté cher.
Loc. Fam. Coûter les yeux de la tête ou (Belgique) coûter un os: coûter très cher.
d3./d Fig. Occasionner des peines, des sacrifices. Il n'y a que le premier pas qui coûte.
|| (Impers.) Il m'en coûte de l'avouer.
|| Loc. adv. Coûte que coûte: à tout prix.
rII./r v. tr. Causer (une peine, une perte). Les peines que ce travail m'a coûtées.
Coûter la vie: entraîner la mort.

⇒COÛTER, verbe.
A.— Emploi intrans. [Le verbe est suivi d'un compl. de prix : adj. ou adv. à valeur nom. ou subst., introduit par de (pour indiquer une quantité indéterminée) ou non (pour indiquer une quantité déterminée)]
1. Être mis en vente, être acheté à tel ou tel prix. Coûter cher. Vx. Cela lui coûte bon, lui coûte bel et bon (Ac. 1835, 1878). Quarante bouteilles d'un certain Château-Margaux (...) coûtant vingt-cinq francs la bouteille (GONCOURT, Journal, 1879, p. 9). Nous tombâmes d'accord qu'elle devait coûter telle quelle au moins dans les cent mille francs la péniche (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 492).
[Sans compl. de prix] Être mis en vente, être acheté à un prix élevé :
1. ... on a des frais. Le travail va moins fort, les habitudes sont changées, on est obligé de manger autrement : tout coûte.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 248.
2. P. ext. Entraîner telle ou telle dépense. Coûter de l'argent, coûter les yeux de la tête (fam.), coûter chaud (pop.). Il lui coûte gros, ce gamin... la semaine dernière, elle l'a encore habillé tout à neuf (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 331). Un appartement qui coûte fichtre bien mille francs par an (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 185) :
2. Il l'avertit que ça coûterait ce que ça coûterait, mais que pour le dernier déjeuner de leur voyage, ils iraient à quelque restaurant du bois.
MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, p. 201.
Impers. Il coûte beaucoup à bâtir (Ac. 1835-1932). Non, non! ça coûtait trop cher s'il fallait quitter son coin! (ZOLA, Terre, 1887, p. 349) :
3. Il fallut transporter le grand quartier général à Beauvais (...) et il en coûta 5 ou 600 000 francs au Trésor, rien que pour transporter à Beauvais l'énorme organisation téléphonique et télégraphique qu'on avait peu à peu réalisée à Chantilly.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 440.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. les constr. suiv. : il (en) (ou fam. ça, cela) coûte + compl. de prix. a) à, de, pour + inf. ou prop. inf.; b) si, quand, + prop. cir. 2. Les constr. se retrouvent dans tous les autres cas d'emploi impers., avec ou sans compl. de prix ou d'objet.
Fam. [Sans compl. de prix] Entraîner une forte dépense. Des enfants (...) qui coûtaient depuis leur naissance, qui devaient rapporter maintenant! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1293) :
4. Je veux « écrire », n'est-ce pas, écrire des livres, des romans... ça coûte, pour commencer; et après, ça ne rapporte pas grand'chose...
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 170.
Impers.  :
5. Ce roi eut un ministre (...) qui aimant fort les femmes, les voulut avoir toutes; j'entends celles de la Cour qui en valaient la peine; il paya et les eut. Il lui en coûta.
P.-L. COURIER, Pamphlets pol., Simple discours à l'occasion d'une souscription pour l'acquisition de Chambord, 1821, p. 82.
B.— Emploi trans., au fig. [Le compl. d'obj. est un adj. ou un adv. à valeur nom., ou un subst. introduit par de (pour indiquer une chose indéterminée) ou non (pour indiquer une chose déterminée)]
1. Nécessiter la réalisation d'une chose difficile et/ou désagréable. Les efforts que ce travail m'a coûtés (Ac. 1932). Que de peines cette œuvre [Louis Lambert] aura coûtées (BALZAC, Corresp., t. 2, 1833, p. 263). L'on ne saurait vraiment récompenser que de ce qui a coûté quelque peine (GIDE, Journal, 1941, p. 98) :
6. Elle mangeait (...) à sa faim, mais qu'est-ce que cela coûtait de courses, d'heures de queues, d'ingéniosité!
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 208.
Impers. Quoi qu'il en puisse coûter, ne donnons jamais démission de nous-même (BARB. D'AUREV., 1er Memor., 1838, p. 40). Pourquoi donc que ça vous coûterait tant de mourir? (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 488) :
7. Arrivé au lieu de l'embarquement, il s'y trouva deux bâtiments pour le transporter, l'un français, l'autre anglais. Napoléon se jeta dans la frégate anglaise, disant qu'il lui en coûterait trop qu'on pût jamais dire qu'un français l'avait déporté.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 324.
Emploi abs. Il donne presque tout le temps l'impression qu'il s'amuse, que rien ne lui coûte, qu'il est à la fête (GREEN, Journal, 1933, p. 127).
Impers. Je change d'habitude et il m'en coûte pour me mouler aux nouveaux objets (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 36). Une jeune personne est romanesque, quand ça lui coûte de se marier comme on se marie, avec un monsieur comme les autres (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 208).
Loc. Coûte que coûte. Le bien est un chemin mauvais qu'il faut poursuivre coûte que coûte (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 83) :
8. Il fallait ne reculer à aucun prix. Ne pas céder sans combat un pouce de terrain, mais se maintenir coûte que coûte sur place, avec la dernière énergie...
FOCH, Mémoires, t. 2, 1929, p. 22.
Par litote. [Avec l'emploi d'une négation] Les paroles ne lui coûtaient rien, il en donnait autant qu'on en voulait croire (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 289).
Impers. Va toujours, petite romanesque, ça ne coûte rien d'espérer (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 245).
2. P. ext. Avoir pour conséquence une chose désagréable, la perte de quelque chose. J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde; j'ai été tiré de son sein avec le fer (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 418). La première tentative [d'évasion] coûtait désormais quatorze jours de prison, la seconde vingt et un (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 87) :
9. ... une bataille (...) avait été livrée dans les plaines de la Moscova; la victoire avait coûté vingt mille hommes à l'armée française.
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 19.
Impers. Il en coûtoit cher aux chevaliers étrangers, pour oser s'attaquer aux chevaliers de France (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 494). Pour plaire à ces messieurs, je ne prendrai pas ces manières rudes et grossières; je resterai un étranger parmi eux. Il m'en coûtera peut-être quelque bon coup d'épée (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 38).
Emploi abs., impers. Je suis le maître ici, souviens-t'en, Aldo, et ce que tu répéterais de tout ceci, il t'en coûterait (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 336).
Rem. Ds la docum., on rencontre des cas d'accord du part. passé dans les emplois non-fig. et de non-accord dans les emplois fig. Le bonheur d'y avoir attaché mon nom [aux bases des considérations anatomiques] me paroît une récompense plus que suffisante des peines qu'elles m'ont coûté depuis quinze ans (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. XXVI). Les 300 000 francs qu'a coûtés la marquise en fer du ministère de l'intérieur (GONCOURT, Journal, 1868, p. 444). Elle reprochait amèrement à son aîné les sommes d'argent que lui avait coûtées son instruction (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 61).
Prononc. :[kute], (il) coûte [kut]. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 impers., fig. (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2157 : Et dient que trop chier li coste); b) XVIe s. en couster la vie [à qqn] (AMYOT, Phocion, 8 ds LITTRÉ); 2. 1172 intrans. « entraîner des dépenses » (ID., Chevalier lion, éd. M. Roques, 5); 1679 prix coustant (SAVARY, Parfait négociant ds KUHN, p. 78). Du lat. class. coustare « se tenir ferme, fixé », et « se tenir, être à tel prix, coûter [avec ablatif ou génitif de prix] » au propre et au figuré. Fréq. abs. littér. Coûter : 3 429. Coûté : 869. Fréq. rel. littér. Coûter : XIXe s. : a) 6 074, b) 5 310; XXe s. : a) 3 124, b) 4 675. Coûté : XIXe s. : a) 1 759, b) 1 174; XXe s. : a) 1 187, b) 850. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 141, 425. — QUEM. 2e s. t. 2 1971.

coûter [kute] v.
ÉTYM. XIIe, coster; du lat. constare « être fixé »; en lat. pop. « avoir pour prix », de con (cum), et stare « se tenir debout ». → Station.
———
I V. intr., suivi d'un compl. « interne » exprimant le prix (subst. numéral, adv.) et d'un compl. ind. en à (facultatif) exprimant le destinataire (coûter qqch. à quelqu'un).
1 Nécessiter (le paiement d'une somme) pour être obtenu. Revenir. || Cet objet a coûté beaucoup, peu (X francs…) à (qqn). || Somme que coûte une chose. Valoir; coût, dépense, montant, prix. || Coûter cher, coûter cent francs à qqn. || Prix que coûte un objet, la fabrication d'un objet (à qqn). Revenir (à). || Combien cela coûte-t-il ? || Qu'est-ce que cela coûte ? || Cela ne lui coûte rien, il l'a pour rien. || Du vin qui coûte douze francs la bouteille. || Les trois cent mille francs que cette maison m'a coûté. || Sans que cela coûte rien (cf. Sans bourse délier). || Coûter peu : être bon marché.Coûter cher, coûter gros; (vx) coûter bon, bel et bon; (fam.) coûter chaud : être cher, coûteux.Coûter les yeux de la tête : être très cher. Cf. Être hors de prix. ☑ Loc. fam. Coûter la peau des fesses, du cul, (même sens).Par exagér. || Ne rien coûter, être bon marché. — ☑ Fam. (sans compl. ind.). Ça coûtera ce que ça coûtera, peu importe le prix.Absolt. || Cela coûte : c'est cher. || Une grande famille, ça coûte.
1 Il est bien nécessaire d'employer de l'argent à des perruques, lorsque l'on peut porter des cheveux de son cru, qui ne coûtent rien.
Molière, l'Avare, I, 4.
1.1 — Elle l'a habillé tout à neuf, fit remarquer madame Lecœur. Il doit lui coûter bon.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 120.
2 (…) énormes foulards de soie blanche que l'on fabriquait exprès pour lui et qui coûtaient les yeux de la tête.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, III, p. 281.
3 C'est une eau-de-vie magnifique. Elle nous coûtera trois cent mille francs, mais c'est une bonne affaire (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, p. 435.
3.1 C'est ce qui vous trompe, mon bon ami. Je ne suis pas marié sous le régime de la communauté, moi. (Il souligna ce moi d'un coup sur la poitrine). Margie me coûte les yeux de la tête.
Roger Naïm, l'Ère des truands, p. 142.
2 Causer, entraîner (des frais, des dépenses). || Sa famille lui coûte cher. || Ce que coûte, l'argent que coûte une santé délicate. || Vous verrez ce que coûte la négligence.Impers. || Il vous en coûtera tant pour réparer votre toiture.
4 Le porc à s'engraisser coûtera peu de son :
Il était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable (…)
La Fontaine, Fables, VII, 10.
5 Le peu de soin que vous avez vous coûte quarante mille écus (…)
Molière, les Femmes savantes, V, 4.
6 De tous les luxes, la femme est le plus rare et le plus distingué, elle est celui qui coûte le plus cher, et qu'on nous envie le plus (…)
Maupassant, Correspondance, Mes 25 jours, p. 173.
7 Comme le journal, grâce à Gurau, n'était pas loin maintenant de couvrir ses frais, l'affaire, au pis aller, ne coûtait plus rien (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 226.
Fig. Cela pourrait vous coûter cher, vous attirer des ennuis.
———
II Fig.
1 V. tr. Causer (une peine, un effort à qqn). || Ce départ lui a coûté bien des larmes. || Les efforts que ce travail lui a coûtés. || Ne me remerciez pas, cela ne me coûte rien. || Les promesses ne coûtent rien. Engager.Impers. || Il ne lui coûte rien de promettre. || Apprenez ce qu'il en coûte de mentir.
8 (…) il m'en coûtera pour cela quelques paroles de douceur, que je veux bien dépenser pour vous.
Molière, le Malade imaginaire, I, 8.
9 Après tous les ennuis que ce jour m'a coûtés (…)
Racine, Britannicus, V, 3.
10 (…) l'Émile, qui m'avait coûté vingt ans de méditation et trois ans de travail.
Rousseau, les Confessions, VIII.
11 Mes manuscrits raturés, barbouillés, et même indéchiffrables attestent la peine qu'ils m'ont coûtée.
Rousseau, Émile, I.
12 Un service vaut ce qu'il coûte.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, X.
13 Nous ne nous attachons d'une manière durable aux choses que d'après les soins, les travaux ou les désirs qu'elles nous ont coûtés.
Balzac, Physiologie du mariage, Pl., t. X, p. 672.
Causer la perte de (qqch.); faire perdre. Ôter, ravir. || La guerre lui a coûté un fils, sa position sociale et sa fortune. || Cela lui coûte sa tranquillité, sa situation. || Coûter la vie à qqn, le faire mourir.Impers. || Il vous en coûtera la vie. Payer (vous le paierez de votre vie). || Quoi qu'il en coûte, en dépit de tous les ennuis.
14 (…) sa vanité
Lui coûta quatre dents : le cheval lui desserre
Un coup; et haut le pied.
La Fontaine, Fables, XII, 17.
15 Il m'en coûterait trop s'il m'en coûtait deux fils.
Racine, la Thébaïde, III, 6.
16 (…) ils ont été attaqués à leur tour. Il leur en a coûté quatre ou cinq cents hommes et cinq canons.
Rivarol, IV, XV, p. 324.
17 (…) je coûtai la vie à ma mère, et ma naissance fut le premier de mes malheurs.
Rousseau, les Confessions, I.
Loc. adv. Coûte que coûte (pour : qu'il en coûte ce qu'il en coûte) : à tout prix, quels que soient les efforts à faire, les peines à supporter. Absolument. || Il faut réussir coûte que coûte. || Nous les rattraperons coûte que coûte.
18 (…) maintenant de gros capitaux sont engagés… Il faut que nous tirions coûte que coûte notre épingle du jeu.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XIV, p. 101.
19 (…) Antoine n'avait pas voulu se faire remplacer à l'hôpital le lundi matin, et il devait, coûte que coûte, rentrer à Paris dans la nuit.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 84.
19.1 De voir le compteur marquer soixante-dix lui donnait une certaine fièvre et il souhaita presque qu'un policier à motocyclette le prît en chasse, se raconta une histoire à ce sujet, où il était question de sa femme qu'il fallait rejoindre coûte que coûte et des enfants qui attendaient dans le Maine.
G. Simenon, Feux rouges, 1953, p. 34.
REM. Littré considère coûter comme un verbe toujours intransitif, dont le participe passé reste invariable. Mais dès le XVIIe s. l'usage s'est établi d'en faire un verbe transitif aux sens figurés, et d'accorder dans ce cas le participe passé. L'Académie a ratifié cet usage dans la huitième éd. de son dictionnaire (ex. : les efforts que ce travail m'a coûtés). Toutefois, on trouve aussi des exemples d'accord pour le verbe transitif non figuré (ex. : || « Elle reprochait amèrement les sommes d'argent que lui avaient coûtées son instruction » Zola, la Fortune des Rougon, 1871, in T. L. F.) et d'absence d'accord pour le verbe transitif figuré (|| « [Les] peines qu'elles m'ont coûté » Cuvier, Anatomie comparée, 1805, in T. L. F.).
20 (…) l'usage s'est établi de lui donner (à coûter), au figuré, le sens actif de causer, occasionner, et l'exemple de nos meilleurs écrivains semble autoriser cet emploi : « Vous n'avez pas oublié les soins que vous m'avez coûtés depuis votre enfance ».
F. Brunot, la Pensée et la Langue, IV, XVI, V, p. 665.
2 Coûter à qqn. (Sans compl. direct). Être pénible, difficile (à, pour qqn). || Cet effort me coûte. || Rien ne lui coûte; tout lui coûte. Peser. — ☑ Il n'y a que le premier pas qui coûte.Impers. || Il ne lui coûte pas d'obéir. || Il m'en coûte de vous faire ces reproches.
(Avec un compl. interne adverbial). || Cela lui coûte beaucoup.Impers. || Il lui coûte beaucoup, peu de faire…, il lui en coûte beaucoup, peu.(Nominal). || Ce qui lui coûte le plus, le moins à faire.Vx (impers.). || Il coûte peu, beaucoup à qqn de…, à… (faire qqch.). → cit. 21. Mod. || Il en coûte beaucoup, peu (à…) de…
21 On convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu'à tenir parole.
La Bruyère, les Caractères, IV, 52.
22 Il coûte peu aux femmes de dire ce qu'elles ne sentent point (…)
La Bruyère, les Caractères, III, 66.
23 (…) dans tout il n'y a, dit-on, que le premier pas qui coûte.
Marivaux, la Vie de Marianne, I, p. 15.
24 Ce n'est pas ce qui est criminel qui coûte le plus à dire, c'est ce qui est ridicule et honteux.
Rousseau, les Confessions, I.
25 Je te croyais ingrat, et, quoique la fierté qu'on t'a enseignée te pousse à l'être, tu es si fidèle à ta parole que rien ne te coûte pour t'acquitter (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XX, p. 136.
26 Elles sont toutes les mêmes, vois-tu : le premier pas leur coûte; mais le second, elles le font toutes seules et plus vite qu'on ne pense.
Loti, Ramuntcho, I, XI, p. 284.
CONTR. Gratuit (être). — Économiser. — Rapporter.
DÉR. Coût, coûteux.

Encyclopédie Universelle. 2012.