contrarier [ kɔ̃trarje ] v. tr. <conjug. : 7>
• v. 1100 intr. « se quereller »; lat. contrariare
1 ♦ Avoir une action contraire, aller contre, s'opposer à (qqch.). ⇒ barrer, combattre, contrecarrer, déranger, 1. entraver, gêner, freiner, nuire (à). Contrarier les desseins, les idées, les projets de qqn. La tempête contrariait la marche du navire. « Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer » (Rousseau).
2 ♦ Causer du dépit, du mécontentement à (qqn) en s'opposant à lui. ⇒ agacer, ennuyer, fâcher, mécontenter. Il cherche à vous contrarier. — (Choses) Rendre inquiet, mal à l'aise. Cette histoire me contrarie un peu. ⇒ chiffonner, embêter, tarabuster. Ne vous laissez pas contrarier par ces ragots. Cela me contrarie qu'il parte, de partir si tôt.
3 ♦ Faire alterner (des objets) pour obtenir des effets de contraste. Contrarier les couleurs. Pronom. (récipr.) « Ces horizons estompés qui fuient en se contrariant » (Balzac).
⊗ CONTR. Aider, favoriser; contenter, réjouir.
● contrarier verbe transitif (bas latin contrariare, contredire, de contrarius, contraire) Aller en sens contraire d'un mouvement, d'une force, s'y opposer : Le vent contrarie le mouvement des coureurs. Faire obstacle à quelque chose, aller à son encontre, contrecarrer, déranger : Contrarier les desseins de quelqu'un. Causer à quelqu'un du mécontentement, du dépit, du déplaisir, lui poser problème en allant à l'encontre de ses projets, de ses sentiments, de ses goûts, de ses désirs ; mécontenter, fâcher : Cette histoire me contrarie beaucoup. Faire alterner des formes, des couleurs, les choisir de telle sorte qu'elles s'opposent les unes aux autres pour produire un effet esthétique. ● contrarier (citations) verbe transitif (bas latin contrariare, contredire, de contrarius, contraire) Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 On ne donne la valeur aux troupes comme la saveur aux fruits qu'en contrariant la nature. Vers l'armée de métier Plon ● contrarier (difficultés) verbe transitif (bas latin contrariare, contredire, de contrarius, contraire) Conjugaison Attention au redoublement du i aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous contrariions, (que) vous contrariiez. ● contrarier (expressions) verbe transitif (bas latin contrariare, contredire, de contrarius, contraire) Contrarier un gaucher, forcer un gaucher à écrire de la main droite. ● contrarier (synonymes) verbe transitif (bas latin contrariare, contredire, de contrarius, contraire) Aller en sens contraire d'un mouvement, d'une force, s'y opposer
Synonymes :
- freiner
Contraires :
- aider
Faire obstacle à quelque chose, aller à son encontre, contrecarrer, déranger
Synonymes :
- entraver
Causer à quelqu'un du mécontentement, du dépit, du déplaisir, lui...
Synonymes :
- chiffonner (familier)
- embêter (familier)
- ennuyer
- fâcher
- mécontenter
- vexer
Contraires :
- combler
- réjouir
contrarier
v. tr.
d1./d S'opposer à, faire obstacle au déroulement de (qqch). Contrarier les projets de qqn.
d2./d Mécontenter, chagriner. Tes paroles l'ont contrarié.
d3./d TECH Disposer de façon à obtenir un contraste. Contrarier les couleurs d'une étoffe.
⇒CONTRARIER, verbe trans.
A.— Vx ou littér. Faire obstacle, s'opposer à.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr. ou concr.] Contrarier les desseins, les goûts, les habitudes, les idées de qqn :
• 1. Cette femme n'était rien moins que Mme Hautemare, femme du bedeau, chantre, maître d'école de Carville, et la petite fille dont elle contrariait la vivacité, était sa nièce, Lamiel.
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 46.
— Emploi pronom. La critique et la raison, l'expérience et la philosophie, loin de se contrarier, se secourent (MASSIS, Jugements, 1923, p. 276).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] :
• 2. DONA PROUHÈZE. — Était-ce un homme qu'on avait habitude de contrarier dans ses desseins?
CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1944, 1re part., 1re journée, 5, p. 957.
— P. anal. [Le suj. désigne le vent] :
• 3. Toute cette marche est néanmoins subordonnée aux vents, qui nous contrarient souvent : nous avons eu deux tempêtes assez fortes depuis huit jours.
LAMARTINE, Correspondance, 1832, p. 298.
— Emploi pronom. (cf. se contredire) :
• 4. La douleur (...) se passait tout entière sur le parvis de l'âme comme sur une scène : elle y était représentée par deux acteurs de papier qui se contrariaient, se contrariant s'exaspéraient, s'exaspérant se déchiraient.
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 306.
3. Techn. Faire alterner des lignes, des formes, des couleurs (dans une intention pratique ou artistique). Contrarier les voiles les unes par les autres (HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 175) :
• 5. ... elles [les abeilles] plaçaient aux portes des arcades entrecroisées, ou de petites cloisons les unes derrière les autres, mais qui se contrariaient, c'est-à-dire qu'au vide laissé par les premières, répondait le plein des secondes.
MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 339.
B.— P. ext. Provoquer du dépit, du mécontentement chez quelqu'un en s'opposant à la réalisation de ses vœux :
• 6. Et puis, tu sais que je suis folle, on te l'a sûrement dit; eh bien, quand on me contrarie, je deviens furieuse et je mords, et je griffe, surtout depuis ma maladie.
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 131.
— Emploi pronom. Mac Nabbs, demeuré seul, et causant avec lui-même, selon son habitude, mais sans jamais se contrarier, s'enveloppa de nuages plus épais (VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 48).
— Emploi abs. Aimer (à) contrarier. Avoir l'esprit de contrariété, de contradiction. Il aime à contrarier. Il me fait toujours faire les choses que je n'aime pas (DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 134).
Prononc. et Orth. :[], (je) contrarie []. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 intrans. « s'opposer (par la parole), se quereller » (Roland, éd. J. Bédier, 1737); ca 1150 trans. contralier « s'opposer à quelqu'un » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 9390); 2. 1775 « causer du dépit, ennuyer, chagriner » (BEAUMARCHAIS, Barbier de Séville, II, 14 ds GOHIN, p. 291); 1787 contrariant (FÉR.); 3. 1822 « faire alterner des objets pour obtenir des effets de contraste » (Observ. des modes, 25 févr., VIII, 88 : petits plis contrariés). 1 empr. au b. lat. contrariare « contredire, s'opposer par la parole »; 2 et 3 ext. du fr. p. réf. à contraire. Fréq. abs. littér. :866. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 300, b) 1 619; XXe s. : a) 1 145, b) 1 016. Bbg. GOHIN 1903, p. 291.
contrarier [kɔ̃tʀaʀje] v. tr.
ÉTYM. V. 1100, intr., « se quereller »; lat. contrariare « contredire », de contrarius. → Contraire.
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1 Avoir une action contraire à…, aller contre, s'opposer à (qqch.). ⇒ Barrer, combattre, contrecarrer, déranger, entraver, gêner, freiner, nuire (à), résister (à). || La tempête contrariait la marche du navire. || Contrarier les mouvements de l'ennemi. || Contrarier les lois de la nature. ⇒ Forcer, violenter (→ Agir, cit. 31), violer. || Contrarier les desseins, les désirs, les idées, les projets de qqn. || Contrarier la volonté de ses parents. — Pron. (récipr.). || Hypothèses qui se contrarient. — Spécialt. Émettre une opinion opposée à celle de (qqn). || Cesse donc de me contrarier tout le temps. ⇒ Contredire.
1 (…) De contrarier tout et de faire le maître.
Molière, Tartuffe, I, 1.
2 La nature a, pour fortifier le corps et le faire croître, des moyens qu'on ne doit jamais contrarier.
Rousseau, Émile, II.
3 Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer.
Rousseau, les Confessions, I.
♦ (Compl. n. de personne). S'opposer par une décision, des paroles à la volonté de (qqn). || Contrarier un enfant.
4 (…) la méchanceté ne lui venait que quand on la contrariait dans ses intérêts ou dans son contentement d'elle-même (…)
G. Sand, François le Champi, VII, p. 69.
♦ (Sujet n. de chose). Littér. et rare. S'opposer aux intentions, aux désirs de (qqn).
5 (…) cela seul vous éduque vraiment, qui vous contrarie.
Gide, Journal, 17 sept. 1935.
2 (1775). Causer du dépit, du mécontentement à (qqn). ⇒ Agacer, blesser, chagriner, chicaner, déranger, désoler, embêter, emmerder (fam.), ennuyer, fâcher, irriter, mécontenter, rembrunir, troubler. || Il cherche à vous contrarier.
♦ (Sujet n. de chose). Rendre inquiet, mal à l'aise. || Les nouvelles l'ont contrarié; cette histoire me contrarie un peu. ⇒ Chicaner, chiffonner, embêter, tarabuster; → Faire faire du mauvais sang à… || Ne te laisse pas contrarier comme ça, tu vas en faire une maladie. || Cette affaire, cette nouvelle l'ont contrarié à l'extrême. ⇒ Abattre, désespérer.
3 (1822). Littér. Faire alterner pour obtenir des effets de contraste. || Contrarier des couleurs. || Contrarier les fils d'une tapisserie. Pronominal :
6 (…) ces horizons estompés qui fuient en se contrariant.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 789.
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contrarié, ée p. p. adj.
1 Combattu, freiné, arrêté. || Projet contrarié (par les circonstances).
7 Le genre de malheur que porte dans l'âme un amour contrarié, fait que toute chose demandant de l'attention et de l'action devient une atroce corvée.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, II, p. 468.
8 On sent chez l'artiste un talent dévié, un naturel contrarié, un instinct appliqué à rebours (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, III, II, II, p. 36.
♦ Gaucher contrarié, que l'on a contraint à se servir de sa main droite.
2 (Personnes). Dépité, ennuyé, fâché, irrité, mécontent. || Ils sont très contrariés. — Avoir l'air contrarié, une mine contrariée.
9 (…) les laboureurs, bien contrariés de la perte d'une si belle vache (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXVI, p. 172.
3 Alterné. || Joints contrariés. || Couleurs contrariées. || Bois à veines contrariées.
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Encyclopédie Universelle. 2012.