confus, use [ kɔ̃fy, yz ] adj.
• v. 1120; « tué, perdu, ruiné » XIIe; lat. confusus, p. p. de confundere → confondre
1 ♦ (Personnes) Qui est embarrassé par pudeur, par honte. ⇒ déconcerté, honteux , penaud, piteux, troublé . Être confus de sa méprise, de son erreur. Être confus des éloges que l'on reçoit. ⇒ gêné, intimidé.
♢ Absolt Demeurer tout confus. Avoir l'air confus. — Loc. Je suis confus : je regrette (mon erreur, ma maladresse, etc.) et m'en excuse. ⇒ désolé, navré.
♢ (T. de politesse) Vivement touché. Je suis confuse de tant de sollicitude de votre part.
2 ♦ (XIIIe) Dont les éléments sont mêlés de façon telle qu'il est impossible de les distinguer. ⇒ désordonné, indistinct. Mélange, amalgame confus. Amas confus. ⇒ chaos, pêle-mêle. — Spécialt (bruits, sons) Un bruit confus de voix. ⇒ brouhaha. Cris, murmure confus. ⇒ bourdonnement, chuchotement, tohu-bohu.
3 ♦ (1549) Qui manque de clarté, qu'on identifie avec peine. ⇒ 1. incertain, indécis, indéterminé, indistinct, obscur, 3. vague. « le souvenir confus d'un rêve terrible et singulier » ( A. Daudet). « encore engourdi, les idées confuses » (Larbaud). Style, langage confus. ⇒ alambiqué, entortillé, filandreux , nébuleux. Discours confus. ⇒ embrouillé, équivoque; galimatias . Une affaire, une situation confuse. ⇒ embrouillamini, imbroglio (cf. fam. Sac de nœuds) .
♢ Un esprit confus, qui confond ce qu'il faudrait distinguer. ⇒ 1. brouillon, imprécis.
⊗ CONTR. Clair, distinct, 2. net, 1. précis.
● confus, confuse adjectif (latin confusus, de confundere, mélanger) Dont les éléments sont mal distincts ; désordonné, indistinct : Une rumeur confuse. Qui se manifeste à l'esprit, aux sens, sans grande netteté, qu'on a du mal à analyser, à reconnaître ou à identifier clairement ; vague : J'avais le sentiment confus que quelque chose allait se produire. Qui manque de clarté ; embrouillé, obscur : Ses explications étaient confuses. Qui est troublé, embarrassé par le sentiment d'une maladresse, d'une erreur ; désolé, navré : Je suis confus de m'être trompé. Qui est vivement touché par une marque de sympathie, par des compliments, des éloges, etc. (souvent terme de politesse) : Je suis confus de votre envoi. Se dit de quelqu'un qui souffre de confusion mentale. ● confus, confuse (expressions) adjectif (latin confusus, de confundere, mélanger) Son confus, son complexe, sans caractère tonal ou musical. ● confus, confuse (synonymes) adjectif (latin confusus, de confundere, mélanger) Dont les éléments sont mal distincts ; désordonné, indistinct
Synonymes :
- désordonné
Contraires :
- distinct
- net
Qui manque de clarté ; embrouillé, obscur
Synonymes :
- brouillé
- embrouillé
- fumeux
- indécis
- nébuleux
- obscur
- vague
Contraires :
- clair
- limpide
- lumineux
- précis
Qui est troublé, embarrassé par le sentiment d'une maladresse, d'une...
Synonymes :
- contrit
- déconfit
- désolé
- honteux
- navré
- penaud
- piteux
Contraires :
- désinvolte
- effronté
Qui est vivement touché par une marque de sympathie, par...
Synonymes :
- embarrassé
- gêné
confus, use
adj.
d1./d Dont les éléments sont brouillés, mêlés. Amas confus. Un bruit confus.
d2./d Obscur, embrouillé. La situation reste confuse.
d3./d Embarrassé, troublé. "Le corbeau, honteux et confus..." (La Fontaine).
⇒CONFUS, USE, adj.
A.— 1. Dont les éléments, les détails, sont disposés sans ordre ou dans un ordre tel qu'il est difficile de les distinguer. Un amas confus; une masse, une foule confuse :
• 1. M. Monet est certainement l'homme qui a le plus contribué à persuader le public que le mot « impressionnisme » désignait exclusivement une peinture demeurée à l'état de confus rudiment, de vague ébauche.
HUYSMANS, L'Art mod., 1883, p. 292.
• 2. Une époque n'est confuse que pour un esprit confus. La nôtre passe, à cause même de sa richesse, pour un casse-tête. Les uns y pataugent, d'autres s'en écartent en se réfugiant dans le passé...
COCTEAU, Poésie critique, 1, 1959, p. 73.
SYNT. Un assemblage confus; une agitation, une bousculade, une époque, une forme, l'immensité, une image, une ligne, une lueur, une situation, une végétation confuse; des odeurs, des ombres, des silhouettes, des teintes confuses.
Rem. [Souvent en parlant de sons] Un bruit, un bourdonnement, un chuchotement, un murmure confus; une clameur, une rumeur, une voix confuse; des plaintes confuses :
• 3. Mon plaisir s'accrut encore quand je commençai à distinguer derrière ce rideau baissé des bruits confus comme on en entend sous la coquille d'un œuf quand le poussin va sortir.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 447.
— DR. [En parlant de biens] Synon. de confondu, réuni en un même tout (cf. FOULQ.-ST-JEAN 1962).
— En partic. [En parlant d'entités abstr. ou de leur expression] Dont l'objet ou le sens n'apparaissent pas ou apparaissent mal. Comparez-le [T. Gautier] à Victor Hugo, dont l'œuvre, touffue et confuse, a des sauts et des duretés de forme (ZOLA, Doc. littér., T. Gautier, 1881, p. 121) :
• 4. Charles marchait comme un homme ivre. Ses jambes allaient devant lui et l'emportaient. Une volonté confuse, impersonnelle et mécanique, le poussait. Rien de lui n'agissait plus en lui. Il ne se rappelait plus, il ne pensait pas. Il sentait seulement sa tête vide, et quelque chose comme le courant qui roule un noyé : c'était tout.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 341.
SYNT. Un désir, un pressentiment confus; une angoisse, une aspiration, une connaissance, une crainte, une émotion, une espérance, une idée, une idéologie, une intuition, une (des) impression(s) confuse(s); des raisons confuses. Un (des) rêve(s) confus; des souvenirs confus; des réminiscences confuses. Un bavardage, un langage, un style, un texte, un verbalisme confus; une discussion, une explication, une histoire, une lettre, une prière confuse; des discours confus; des évocations, des paroles confuses.
— P. ext., rare. Vague, incertain, parfois jusqu'à induire en erreur. Des faits confus; des dates confuses. Il y a des sincérités si confuses qu'elles sont pires que des mensonges (CAMUS, Actuelles I, 1944-48, p. 155) :
• 5. À certaines phrases couvertes qu'il jetait avec intention peut-être, je crus saisir qu'il avait vent confus de quelque chose qui se tramait dans l'air alentour...
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 241.
— Littér. et mélioratif. La louange détend l'être, et lui rend toutes choses suavement confuses (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 73) :
• 6. L'air est tiède et par ma fenêtre ouverte la lune entre et j'écoute le silence immense des cieux. Ô confuse adoration de la création tout entière où fond mon cœur dans une extase sans paroles.
GIDE, La Symphonie pastorale, 1919, p. 924.
— Emploi adv. :
• 7. Si, au lieu d'écouter, vous regardez jouer du piano, vous constaterez que le relèvement des doigts se fait souvent d'une façon paresseuse et nonchalante. Certaines touches restent enfoncées qui devraient depuis longtemps être à leur place et les étouffoirs ne s'abaissant pas, trop de cordes vibrent ensemble, le jeu sonne confus...
P. ROËS, Essai sur la technique du piano, trad. par R. Clouzot, 1935, p. 49.
— Emploi subst. Ce qui est confus :
• 8. ... il n'est point juste de dire que l'expression d'un grand musicien soit « illimitée » (...) il n'est d'illimité en art que le flou, le vague, le confus. Rien de plus précis, de plus arrêté, que le dessin d'un maître comme Beethoven.
R. ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 121.
• 9. Supposez que notre langue ne nous permette, à nous Français, de n'accepter de nous que des expressions finies, nettement articulées, de ne souffrir que des constructions dont on voit la charpente, notre métaphysique en sera tout influencée. Le passage du confus au net... sera plus laborieux chez nous.
VALÉRY, Regards sur le monde actuel, 1931, p. 190.
2. P. méton. [En parlant d'animés humains ou de ce qui leur est propre]
a) Une oreille confuse; être confus d'esprit (cf. ex. 4) :
• 10. L'aventure de l'homme est une oscillation continue entre son insatiable volonté de devenir un animal intelligent et son insatiable envie de demeurer un dieu confus.
É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 122.
• 11. ... exposer des idées à Augusta était l'exercice le plus vain du monde. Dans son esprit confus et sautillant, les idées glissaient aussitôt vers les limbes de l'indéterminé.
MAUROIS, Byron, t. 1, 1930, p. 272.
b) PSYCH. Qui souffre de confusion mentale; p. méton., qui est dû à la confusion mentale. Toutes les fonctions organiques sont troublées dans les cas de manie confuse (H. CODET, Psychiatrie, 1926, p. 100).
— En emploi subst. Malade atteint de confusion mentale :
• 12. Les troubles relativement légers [...] sont des névroses. Les autres troubles, plus graves [...] sont des psychoses. C'est le cas [...] de ces confus qui piquent une tête sur le trottoir en croyant plonger dans une piscine...
H. BAZIN, La Fin des asiles, 1959, pp. 24-25.
♦ P. ext., fam. et péj. Dis pauvre confus? ... tu n'as rien remarqué? (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 546).
B.— [En parlant d'animés humains]
1. Honteux et embarrassé (mais généralement sans que l'on se sente vraiment coupable). Je suis confus, Monsieur, de ne pouvoir mettre à votre disposition que ce logement peu confortable (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 20). Elle s'interrompit, un peu confuse de son égoïsme (DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 70).
— P. méton. Une mine, une pudeur confuse. On éprouve devant l'homme qu'on a été un moment une humiliation confuse (J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, p. 177). Je lâchais la pièce qui trouvait pour la recevoir une main confuse, mais tendue (PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 53).
Rem. Simple formule de politesse. Je suis confuse, mais il va falloir que je vous renvoie tous (DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 161).
2. P. ext. Touché dans sa modestie, ou simplement embarrassé. Un sourire confus. Lambert. — Vous me voyez confus d'un tel accueil, madame la baronne... Je le dois moins à mon mérite qu'à vos grandes habitudes d'hospitalité! ... (E. LABICHE, Le Baron de Fourchevif, 1859, 9, p. 407).
Rem. 1. Confus/confondu (cf. confondre). 2. Confus/déconcerté, interdit. ,,L'homme confus est en proie à la confusion, c'est-à-dire à un trouble intérieur qui confond son esprit. L'homme déconcerté a perdu le concert de sa manière d'être, l'arrangement de sa tenue, l'équilibre de son attitude. L'homme interdit à perdu la parole. C'est ainsi que ces trois mots répondant à l'idée commune de la situation d'un homme embarrassé, le représentent par des traits distincts`` (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-y:z]. Ds Ac. depuis 1694. Fait partie des adj. en [-y] qui s'écrivent -us : abstrus, cabus, camus, confus, contus, diffus, inclus, infus, intrus, obtus, perclus et reclus. À comparer avec le reste des adj. en [-y] qui s'écrivent -u : aigu, charnu, crochu, vermoulu, etc. (cf. Ortho-vert 1966, p. 158). Étymol. et Hist. 1. Mil. XIIe s. cunfus « confondu, humilié, couvert de honte » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 5 [non sunt confusi]); 2. 1292 « dont les éléments sont mêlés » (trad. des Institutes ds K. BARTSCH, Lang. et litt. fr., p. 639, 20); 3. 1549 « qui n'est pas clair » (DU BELLAY, Deffense et Illustration, éd. Chamard, livre II, chap. X). Empr. au lat. class. confusus part. passé de confundere, v. confondre. Fréq. abs. littér. :3 287. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 887, b) 3 874; XXe s. : a) 5 661, b) 5 181.
confus, use [kɔ̃fy, yz] adj. et n. m.
ÉTYM. Mil. XIIe, cunfus, au sens 3; lat. confusus, p. p. de confundere. → Confondre.
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1 (1292). Dont les éléments sont mêlés de façon telle qu'il est impossible de les distinguer. ⇒ Confondu, désordonné, disparate, indistinct, pêle-mêle. || Amas (cit. 1) confus. ⇒ Chaos, tohu-bohu. || Assemblage (cit. 9 et 15), mélange, amalgame confus. || Une bousculade, une foule, des ombres confuses. || Des silhouettes, des formes, une lueur, une végétation confuses.
♦ (1546; en parlant des bruits et des sons). || Voix confuses. || Bruit confus. ⇒ Brouhaha, charivari. || Cris confus. || Clameurs confuses. || Murmure confus. ⇒ Bourdonnement (cit. 8), chuchotement. || Rumeur confuse (→ Bruit, cit. 18).
1 Un bruit confus s'élève, et du peuple surpris
Détourne tout à coup les yeux et les esprits.
Racine, Athalie, II, 2.
1.1 Le jardin était (…)
Plein de bourdonnements et de confuses voix.
Hugo, les Voix intérieures, « Les rayons et les ombres ».
2 (1549). Qui manque de clarté; dont la complexité ou l'incertitude sont telles que la compréhension en est gênée. ⇒ Amphigourique, brouillé, compliqué, embrouillé, équivoque, incertain, indécis, indéterminé, indistinct, obscur, vague; confusion (I., 2.). || Des idées confuses et obscures. || Avoir la notion confuse d'une chose. || Pressentiment, souvenir, savoir confus. || Dessin confus (→ Achever, cit. 6). || Style, langage confus, compliqué et confus, lourd et confus. ⇒ Alambiqué, embarrassé, entortillé, filandreux, indigeste, inintelligible, nébuleux. || Discours confus et ridicule (⇒ Galimatias). || Une affaire, une situation confuse (⇒ Écheveau, imbroglio). || Rendre confus un problème. — (Sentiments). Indécis, éprouvé de manière incertaine. || Des espérances, des craintes confuses. — Littér. (antéposé). || De confuses espérances. — Images, souvenirs, rêves confus.
2 Tu ne flattes mon cœur que d'un espoir confus.
Corneille, la Galerie du Palais, III, 4.
3 (…) il se réveillait en sursaut, le cœur serré (…) avec le souvenir confus d'un rêve terrible et singulier qu'il venait d'avoir.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XII.
4 (…) Joanny regardait le jour grandir, encore engourdi, les idées confuses, il sentait du bonheur au fond de lui, quelque part en lui, il ne savait pas au juste où (…)
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XI, p. 112.
♦ Esprit confus, intelligence confuse (ne s'emploie pas avec un nom de personne, à cause de l'ambiguïté avec le sens 3).
♦ N. m. Ce qui est confus. || « Il n'est d'illimité en art que le flou, le vague, le confus » (R. Rolland, Beethoven, t. I, 1928, p. 121, in T. L. F.).
3 (Personnes). Qui est embarrassé, soit en raison d'une faute commise, soit par modestie, par pudeur. ⇒ Déconcerté, embarrassé, honteux, penaud, piteux, sot, troublé; et aussi (vx, class.) 3. capot, quinaud. || Il était confus d'avoir été pris sur le fait. || Demeurer tout confus. || Être confus de sa méprise, de son erreur. || Confus d'être surpris dans une situation délicate. || Être confus d'une réussite, des éloges que l'on reçoit. ⇒ Intimidé (→ Baisser les yeux, la voix; souhaiter être à cent pieds sous terre; ne pas savoir où se mettre). || Être confus des bontés de qqn. — Absolt. || Je suis confus, pour marquer le regret d'une faute, d'une erreur et s'en excuser. ⇒ Désolé, ennuyé.
5 (…) je suis plus confus, Seigneur, de vos bontés (…)
Corneille, Cinna, V, 3.
6 Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
La Fontaine, Fables, I, 2.
7 J'ai tort, je le confesse, et mon âme confuse
Ne cherche à vous payer d'aucune vaine excuse.
Molière, le Misanthrope, V, 4.
8 Je m'attendais que, confus de ma condescendance et de mes avances, Grimm me recevrait les bras ouverts, avec la plus tendre amitié.
Rousseau, les Confessions, IX.
♦ Qui a le sentiment de ne pas mériter qqch. (éloges, récompenses). ⇒ Gêné. || Vous êtes trop aimable, je suis confus.
♦ (Choses, actions). Qui exprime la confusion. || Un sourire confus.
4 N. m. Psychiatr. || Un confus : un malade atteint de confusion mentale. — REM. Ne semble pas usité au féminin.
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CONTR. Clair, distinct, net, précis. — Désinvolte, libre.
DÉR. Confusément.
Encyclopédie Universelle. 2012.