subjuguer [ sybʒyge ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIV e; bas lat. subjugare (IVe) « faire passer sous (sub) le joug (jugum) »
1 ♦ Vieilli Réduire par les armes à la soumission complète; mettre sous le joug. ⇒ asservir, conquérir, dompter. Les Spartiates « subjuguèrent les Messéniens » (Taine).
2 ♦ (1752) Vieilli ou littér. Mettre (qqn) dans l'impossibilité de résister, par l'ascendant, l'empire qu'on exerce sur lui. ⇒ dominer, imposer (à). Subjuguer les esprits. — (Sujet chose) « la crainte et la honte me subjuguent à tel point que je voudrais m'éclipser » (Rousseau).
3 ♦ (1855) Cour. Séduire complètement. ⇒ charmer, conquérir, enchanter, envoûter, 2. fasciner, gagner, ravir, séduire. Ces hommes « furent subjugués par l'admirable éloquence » (Balzac).
⊗ CONTR. Affranchir, délivrer, émanciper.
● subjuguer verbe transitif (bas latin subjugare, placer sous le joug, du latin classique sub, sous, et jugum, joug) Littéraire. Exercer sur quelqu'un un pouvoir puissant par une qualité, un comportement qui en impose : L'orateur subjuguait l'auditoire. ● subjuguer (synonymes) verbe transitif (bas latin subjugare, placer sous le joug, du latin classique sub, sous, et jugum, joug) Littéraire. Exercer sur quelqu'un un pouvoir puissant par une qualité, un...
Synonymes :
- captiver
- conquérir
- dominer
- envoûter
- fasciner
- imposer
subjuguer
v. tr. Exercer un ascendant absolu sur (qqn); conquérir, charmer. Il subjugue tous ceux qui l'approchent.
⇒SUBJUGUER, verbe trans.
A. — Vieilli ou littér. Qqn subjugue qqn/qqc.
1. Soumettre par la force (un peuple, un pays). Synon. asservir, assujettir, conquérir, dominer, réduire. [Montesquieu] explique même avec soin comment doit se conduire une nation qui en subjugue une autre, en s'établissant toute entière dans son territoire (DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 133). Quand Alexandre entreprit de subjuguer l'Asie, Alexandre était roi (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 574). V. néandert(h)alien ex. de Haddon.
2. P. anal.
a) Se rendre maître de quelqu'un, de quelque chose par la contrainte ou par un effort physique. Synon. dominer, dompter.
— [Le compl. désigne un animé] Le premier [l'homme] a tous les caractères de la force qui devait subjuguer les animaux destructeurs, et quelque chose de leur physionomie (BERN. DE ST-P., Harm. nat. , 1814, p. 329).
— [Le compl. désigne (un aspect de) l'environnement naturel] Les habitans ont besoin de subjuguer le climat, s'ils ne veulent pas que le climat les dévore (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 211).
b) Au fig. Soumettre au pouvoir de la raison, de la volonté. Synon. juguler, maîtriser. Son avarice [de la duchesse], passion dominante jusque-là, était tout à fait subjuguée (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 90). S'il n'y a pas en vous quelque chose de plus fort que votre amour même, qui domine, qui subjugue votre emportement (LAMART., Raphaël, 1849, p. 186).
B. — Qqn/qqc. subjugue qqn
1. Vieilli ou littér. Exercer une forte emprise sur (la personnalité de) quelqu'un, tenir sous sa domination (morale, intellectuelle, etc.). Synon. captiver, dominer, envoûter, fasciner. Un fragment de l'Hérodiade, le subjuguait de même qu'un sortilège, à certaines heures (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 259). Elle restait prise (...), incapable (...) de se libérer de la tyrannique emprise d'un homme comme Von Mesnil, dont l'impérieuse personnalité la subjuguait (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 256).
— Empl. abs. Le besoin de vaincre, la joie à subjuguer, la soif de domination, l'orgueil de la vie, l'ambition de paraître et de s'imposer t'ont fait défaut (AMIEL, Journal, 1866, p. 91).
2. Exercer sur quelqu'un un grand pouvoir de séduction. Synon. charmer, éblouir, émerveiller, fasciner, ravir. Subjuguer son auditoire. Toute petite, il m'avait subjuguée par sa gaieté et son bagout; en grandissant, j'appris à l'admirer plus sérieusement (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 38).
— Part. passé en empl. adj. Foule subjuguée. Première de Sapho. Trois actes (...) accueillis par un public charmé, subjugué, conquis, trois actes où tous les mots, les intentions, les plus petits riens sont saisi, compris, soulignés de petits Oh!, de sourires, d'applaudissements (GONCOURT, Journal, 1885, p. 515).
REM. Subjuguant, -ante, part. prés. en empl. adj., peu usuel. [Corresp. à supra B 2] Qui subjugue. Synon. fascinant. Rouvière (...) un artiste plein de certitude. Ce qui caractérise plus particulièrement son talent, c'est une solennité subjuguante (BAUDEL., Art romant., 1855, p. 430).
Prononc. et Orth. :[], (il) subjugue []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. XVe s. [date du ms.] « réduire à la soumission par les armes » subjuguer tous les pays (JEAN FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, LXXXIII, t. 5, p. 423, leçon du ms. B 3); 2. « exercer de l'empire, de l'ascendant » a) 1746 le suj. et le compl. désignent un inanimé (VOLTAIRE, Disc. récept. ds LITTRÉ: [ceux] dont l'imagination a subjugué celle des autres); b) 1764 le compl. désigne une pers. (ID., Comm. Rem. Médée, ibid.: [Corneille] était encore subjugué par son siècle); 3. 1855 « séduire, fasciner, envoûter » part. prés. adj. (BAUDEL., loc. cit.); 1874 forme verbale (MALLARMÉ, Dern. mode, p. 818). Empr. au b. lat. subjugare « faire passer sous le joug; soumettre, réduire ». Fréq. abs. littér.:417 (subjuguant: 17). Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 309, b) 269; XXe s.: a) 296, b) 331.
subjuguer [sybʒyge] v. tr.
ÉTYM. XIIe; bas lat. (IVe) subjugare « faire passer sous (sub) le joug (jugum) », au propre et au figuré.
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1 Vieilli. Réduire par les armes à la soumission complète; mettre sous le joug. ⇒ Asservir (cit. 1), assujettir, conquérir, dominer (II., 1.), dompter, réduire (II., 1.), soumettre; servitude, sujétion (→ fig. et vx Attacher, enchaîner au char de…). || Subjuguer un peuple, un pays… (→ 1. Franc cit. 2; inca, cit. 1). || Envahir et subjuguer une nation.
1 (Les Spartiates) subjuguèrent les Messéniens, qui combattaient avec le désordre et l'impétuosité des temps homériques; ils devinrent les modérateurs et les chefs de la Grèce, et, au moment des guerres Médiques, leur ascendant était si bien établi, que,… tous les Grecs et jusqu'aux Athéniens recevaient d'eux, sans murmurer, des généraux.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 189.
♦ Vx. Dompter (un animal).
2 (1752). Vieilli ou littér. Mettre (qqn) dans l'impossibilité de résister, par l'ascendant, l'empire qu'on exerce sur (lui). ⇒ Dominer (II., 2.), imposer (III., 3.; → Inflexible, cit. 4). || Subjuguer les esprits.
2 Le penchant des femmes ordinaires les porte bien moins à commander directement qu'à se donner un maître, et à le subjuguer. Cette apparente résignaton les délivre de toute responsabilité extérieure, sans les priver de l'empire, et c'est pour régner sur les choses qu'elles dépendent de l'homme.
É. de Senancour, De l'amour, p. 195.
♦ (Sujet n. de chose; compl. n. de personne). || La crainte et la honte me subjuguent. ⇒ Envahir (→ Éclipser, cit. 5). Sujet n. de personne; compl. n. de chose. || Il avait subjugué, enchaîné toutes ses facultés (→ Eréthisme, cit. 2; et aussi habitude, cit. 5).
3 Ce n'est point parce que nous sommes faibles, mais parce que nous sommes lâches, que nos sens nous subjuguent toujours.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, Amours de Mylord Ed. Bomston.
3 (V. 1770). Cour. Séduire complètement. ⇒ Conquérir (2.), charmer, enchanter, envoûter (2.), fasciner, gagner (II., 4. : gagner les cœurs), ravir, séduire. → 2. Charme, cit. 11; cordon, cit. 6. || Orateur habile qui subjugue son auditoire, s'en empare.
4 Ces hommes à intérêts si divers furent subjugués par l'admirable éloquence sortie bouillante du cœur et de l'âme de cet ambitieux.
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 835.
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subjugué, ée p. p. adj.
♦ || Esprits subjugués. || Un auditoire subjugué.
♦ Avec allus. au sens étymologique :
5 (…) le mufle baveux et les cornes d'une paire de bœufs, immobiles, subjugués.
Jean Genet, Pompes funèbres, p. 58.
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CONTR. Affranchir, délivrer, émanciper.
DÉR. Subjuguant, subjugueur.
Encyclopédie Universelle. 2012.