caresser [ karese ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1410; it. carezzare « chérir » → caresse
I ♦
1 ♦ Faire des caresses à (qqn) en signe de tendresse. Caresser qqn de la main, des lèvres (⇒ 1. baiservx, embrasser) . Caresser un enfant. ⇒ cajoler, câliner. Caresser un chien. ⇒ flatter. — Faire des caresses sur (une partie du corps). ⇒ chatouiller, effleurer, frôler, frotter, presser, serrer, tapoter, titiller, 1. toucher. Caresser les cheveux, le bras de qqn. « Il me caressa la joue pour mieux exprimer la tendresse que je lui inspirais » (France). — Spécialt Faire à (un, une partenaire érotique) une caresse amoureuse. Caresser indiscrètement une femme. ⇒fam. peloter, tripoter. Pronom. Ils se caressaient et s'embrassaient. — Fig. Caresser qqn, qqch. de l'œil, du regard, regarder amoureusement. Pronom. « la vie se caresse des yeux » (Bousquet).
2 ♦ Par ext. (XVIIIe) Effleurer de la main. Caresser un objet; sa barbe. — (Choses) Effleurer doucement, agréablement. « Cette brume de la mer me caressait, comme un bonheur » (Maupassant).
3 ♦ (1736) Fig. Entretenir complaisamment. ⇒ entretenir, nourrir (cf. Se complaire dans). Caresser un projet, une idée, un espoir, un rêve.
II ♦ (1538)
1 ♦ Fig. et vx Faire des démonstrations d'affection, d'amitié, de bienveillance plus ou moins sincères. ⇒ caresse (2o); flatter. « Ceux qui caressent également tout le monde, qui promènent leurs civilités à droite et à gauche » (Molière).
2 ♦ Littér. Flatter (un sentiment). Les idées « qui caressent leur vanité ou répondent à leurs espérances » (France).
⊗ CONTR. Battre, brutaliser, frapper, rudoyer.
● caresser verbe transitif (italien carezzare, chérir) Faire des caresses à quelqu'un, à un animal. Effleurer quelque chose, passer doucement la main dessus : Caresser la joue. Caresser les touches d'un piano. En parlant du vent, du soleil, etc., effleurer quelque chose, se faire agréablement ressentir : Un souffle d'air nous caressait le visage. Nourrir un projet, une idée, en entretenir l'espoir avec complaisance : Il caressait le rêve de faire ce voyage. ● caresser (citations) verbe transitif (italien carezzare, chérir) André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 Caresser est plus merveilleux que se souvenir. La Marge Gallimard ● caresser (expressions) verbe transitif (italien carezzare, chérir) Caresser des yeux, du regard, regarder avec convoitise ou amour quelqu'un ou quelque chose. Familier. Caresser les côtes, le dos, les oreilles à quelqu'un, le frapper, le battre. ● caresser (synonymes) verbe transitif (italien carezzare, chérir) Faire des caresses à quelqu'un, à un animal.
Synonymes :
- cajoler
- câliner
- flatter
Contraires :
- battre
- châtier
- frapper
- rudoyer
Effleurer quelque chose, passer doucement la main dessus
Synonymes :
- frôler
Nourrir un projet, une idée, en entretenir l'espoir avec complaisance
Synonymes :
- nourrir
caresser
v. tr.
d1./d Faire des caresses à.
|| Fig. Caresser du regard, des yeux: regarder avec douceur, insistance et envie.
d2./d Litt. Frôler, effleurer avec douceur. Caresser les cordes, les touches d'un instrument.
d3./d Fig. Caresser un espoir, une idée, un projet, le cultiver complaisamment.
⇒CARESSER, verbe trans.
A.— Faire des caresses.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. désigne une pers.] Caresser un enfant, une femme; caresser ses cheveux, son épaule :
• 1. Surtout ils [les bergers] s'occupent des enfants. Eux, à qui les leurs manquent tant, ils s'emparent de ceux de leurs hôtes. Ils les prennent sur leurs genoux, les câlinent et les caressent.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 240.
— Par antiphrase, pop. Frapper. Caresser les côtes de qqn :
• 2. ... poissarde en fanchon, qui, de l'arrière, à la place des laquais et des malles, caressait du plumeau les enfants acharnés à lui tirer les jupons; ...
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 13.
b) [Le compl. désigne un animal] Caresser un chat, un chien. Il (...) parlait à ses bœufs, les caressait à lisse et à contre-poil (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 65).
c) [Le compl. désigne une chose] Caresser un objet. L'effleurer de la main ou en éprouver le contact. Andrea caressait toujours le manche de son poignard (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 315). Il se jetait littéralement sur le binocle; ses doigts caressaient la convexité des verres (G. LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, p. 78).
Rem. [Le compl. désigne une partie du corps] Se caresser la barbe, le menton (au lieu de caresser sa barbe, etc.).
— P. métaph., poét. Caresser un instrument de musique. En jouer délicatement :
• 3. ... Ô Myrrha,
Notre jeune Iollas, qui souvent t'admira,
Va venir près de nous, sous l'arbre qui soupire,
Dénouer nos cheveux et caresser la lyre.
BANVILLE, Les Stalactites, Idylle, 1846, p. 303.
— Au fig., pop. Caresser la bouteille. Avoir un penchant pour la boisson. Ma mère, tout en gardant au capitaine une indulgence de sœur, l'invitait parfois à moins caresser les flacons d'eau-de-vie (A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 287).
d) P. ext. Caresser qqn ou qqc. du regard, des yeux. Regarder tendrement :
• 4. Jacques épiait avec ravissement cette métamorphose. Il caressait du regard le jeu des ombres sur le buste mobile, l'ondulation des muscles sous l'étoffe, le rythme de la respiration.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 366.
2. [Le suj. désigne une chose] Littér. Effleurer délicatement. La brise, le soleil, le vent caressent qqc. ou qqn; un son caresse l'oreille. Je descendis à ma cabine : je me couchai, balancé dans mon hamac au bruit de la lame qui caressait le flanc du vaisseau (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 245) :
• 5. À peine la classe était-elle commencée, que des parfums domestiques venaient caresser l'odorat du professeur.
CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1855, p. 133.
3. Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers. ou un animal, plus rarement une chose dotée de mouvement]
a) Réciproque. Je vois paisiblement nos deux institutrices se caresser, se bécotter, se disputer pour le plaisir de s'aimer mieux après (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 156) :
• 6. C'était toujours un dessus-de-lit, bleu de roi, piqué, et recouvert d'un réseau de dentelles au point d'Angleterre. Dans ce réseau on brodait deux colombes qui se caressaient du bec; ...
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 17.
b) Réfl. Se caresser à qqn, à ou contre qqc. Se frotter doucement à, contre, etc. La douce eau contre le rivage / Se caresse nonchalamment (A. DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, p. 226) :
• 7. ... cette douce nuque offerte n'attendait rien ni personne : elle se caressait à ce col de veste et jouissait d'elle-même, ...
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 117.
B.— Au fig., littér. [Le suj. désigne une pers.]
1. [L'obj. désigne une pers. (peu usité) ou une de ses qualités] Flatter — en bonne et en mauvaise part — Caresser l'amour propre, l'orgueil, la vanité de qqn. Madame de Talleyrand se souvint que le Garde des Sceaux caressait beaucoup l'abbé de Périgord, son fils (CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 100) :
• 8. ... son supérieur, le Duc de Bretagne, Jean V, le caresse et le choie, afin de lui extorquer à bas prix ses terres.
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 98.
• 9. On décida que je prononcerais le discours d'ouverture. Ce choix flatteur caressa doucement la vanité de mon cœur...
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 421.
— Emploi pronom. réciproque. S'adresser des propos flatteurs plus ou moins sincères (cf. caresse B) :
• 10. On se traite de part et d'autre [Français et Vénitiens] d'abord avec toutes les douceurs, toutes les affabilités du sourire, pour mieux se tromper : on se caresse et on ment.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 8, 1851-62, p. 391.
2. [L'obj. désigne une abstraction] Entretenir avec complaisance. Caresser une ambition, une chimère, un désir, une idée, une pensée, un projet, un rêve; caresser l'espoir ou l'espérance de :
• 11. ... il caressait le rêve d'avoir à son tour un coin de terre, où il bêcherait et planterait à son aise.
ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1160.
— Emploi pronom. :
• 12. Quel charme et quel attrait dans toutes ces précautions! Comme la curiosité s'y pique, et que l'amour-propre, sans y songer, s'y chatouille et s'y caresse!
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 384.
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. caressable, adj. Qui accepte les caresses; docile. Jamais elle ne grondait cet enfant, espérant qu'il demeurerait un être caressable (L. DE VILMORIN, La Fin des Villavide, 1937, p. 137).
Prononc. et Orth. :[] ou [--], (je) caresse []. PASSY 1914 et Lar. Lang. fr. transcrivent [] ouvert à l'inf.; cf. aussi LAND. 1834, NOD. 1844, LITTRÉ et DG. Pt ROB. transcrit [e] fermé; cf. aussi FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787 (s.v. caresse), GATTEL 1841, FÉL. 1851. WARN. 1968 réserve la prononc. avec [] pour le lang. soutenu, avec [] pour le lang. cour. Pour le timbre de la 2e syll., cf. encore BUBEN 1935, § 49 : ,,L'e protonique a encore le son plein devant l's double dans caresser [], cesser [], confesser, fesser, intéresser, lessive, presser, tresser, vesser, etc. [...] Autrefois la prononciation a hésité entre e féminin et e masculin et le mot cresson hésite encore aujourd'hui`` cf. également § 50 : ,,Pour ceux qui distinguent l'e ouvert de l'e fermé en syllabe protonique, la prononciation de l'e suivi d'une lettre géminée pose une autre question importante, à savoir quel timbre il faut lui attribuer dans ce cas-là. Puisque le redoublement est purement graphique, la lettre double étant prononcée comme une lettre simple, l'e se trouve phonétiquement en syllabe ouverte et devrait prendre le timbre fermé. Mais sous l'influence de l'écriture et par analogie avec les mots savants qui ont une consonne géminée prononcée, on en vient à considérer comme fermée la syllabe en question et on y introduit un e ouvert, favorisé aussi par l'analogie des formes accentuées sur le radical. La plupart des phonéticiens prononcent un e ouvert dans les mots suivants : greffer, cellier, cellule, exceller, quereller, sceller, caresser, cesser, confesser, dresser, intéresser, presser, professer, tesson, tressaillir, tresser, vessie, courbetter, émietter, endetter, fouetter, fretter, guetter, mettons, mettez, regretter.`` Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1410 « cajoler; toucher en signe d'affection, de tendresse » (Geste des ducs de Bourgogne ds GDF. Suppl. d'apr. DG); 1606 en parlant de caresses amoureuses (RÉGNIER, Sat., IX ds LITTRÉ); d'où 1706 (RICH. : se dit aussi en parlant des bêtes, et signifie faire l'amour); b) av. 1777 « effleurer (quelque chose) » (Crébillon ds BRUNOT t. 6, p. 1092); 2. 1538 « flatter » (EST.); 3. 1736 fig. « entretenir, nourrir quelque chose » (VOLTAIRE, Alzire ou les Américains, I, 1 ds LITTRÉ : caresser son orgueil). Empr. à l'ital. carezzare « chérir » attesté au XIVe s. (M. Villani ds BATT. t. 2), dénominatif de carezza, v. caresse. Fréq. abs. littér. :2 498. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 566, b) 3 707. XXe s. : a) 4 226, b) 3 909. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 17. — HOPE 1971, p. 33. — KOHLM. 1901, p. 37. — PAMART (P.). Laforgue et les mots. Vie Lang. 1971, p. 185 (s.v. caressable). — TRACC. 1907, pp. 123-124.
caresser [kaʀese] v. tr.
ÉTYM. 1410; ital. carezzare « chérir », de carezza. → Caresse.
❖
———
1 Faire des caresses à (qqn), en signe de tendresse. — REM. Pour l'évolution sémantique du mot, → Caresse (rem.).
♦ Caresser un enfant, une femme, un amant. ⇒ Accoler, attoucher, baiser (vx; cit. 3), cajoler, câliner, chatouiller, effleurer, embrasser, enlacer, étreindre, frôler, manger (de caresses), mignoter, patiner (fam. et vx), peloter, presser, serrer, tapoter, titiller, toucher, tripoter. || Il bécote, embrasse et caresse sa fiancée sans arrêt. — (Le compl. désigne une partie du corps). || Caresser la joue, le bras de qqn (→ ci-dessous, cit. 5 et 6). || Caresser un chien. ⇒ Flatter, rebaudir (vénerie).
1 (L'âne de la fable) Qui, pour se rendre plus aimable
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
La Fontaine, Fables, IV, 5.
2 Il commande chez l'hôte, y prend des libertés,
Boit son vin, caresse sa fille.
La Fontaine, Fables, IV, 4.
3 On en voit quelquefois (des enfants) qui dépérissent d'une langueur secrète, parce que d'autres sont plus aimés et plus caressés qu'eux.
Fénelon, l'Éducation des filles, 5.
4 Elle (la duchesse de Bourgogne) les embrassait (le roi et Mme de Maintenon), les baisait, les caressait, les chiffonnait.
Saint-Simon, Mémoires, 321, 195.
5 Cymodocée, flattant son vieux père de ses belles mains et caressant sa barbe argentée (…)
Chateaubriand, les Martyrs, I.
6 (…) il me caressa la joue pour mieux exprimer, sans doute, la tendresse que je lui inspirais spontanément.
France, le Crime de Sylvestre Bonnard, II, I, p. 340.
7 Je pouvais bien prendre Albertine sur mes genoux, tenir sa tête dans mes mains; je pouvais la caresser, passer longuement mes mains sur elle, mais, comme si j'eusse manié une pierre qui enferme la saline des océans immémoriaux ou le rayon d'une étoile, je sentais que je touchais seulement l'enveloppe close d'un être qui, par l'intérieur, accédait à l'infini.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 230.
8 « Es-tu souple ! » dit-il, en la caressant comme on flatte une bête de sang.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 15.
♦ Effleurer de la main. || Caresser un objet. || Caresser sa barbe, son menton; se caresser la barbe.
♦ Iron. Vieilli. || Caresser les épaules, l'échine de qqn à coups de bâton. ⇒ Battre. — Mod. || Caresser les côtes (à qqn).
8.1 (…) ils avaient manqué d'un père solide qu'aurait pas hésité à leur botter l'cul et à leur caresser les côtes. Pour ton garçon, Chalumot, l'est encore temps de le ressaisir.
Yves Gibeau, Allons z'enfants, 1952, p. 155.
♦ Fig. || Caresser qqn, qqch. de l'œil, du regard : regarder amoureusement, avec un sentiment de convoitise ou de contentement.
9 (…) il caresse de l'œil toute la courbe de ce corps flexible replié sur soi-même, depuis le moelleux arrondi des épaules (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 166.
2 (Av. 1777). Littér. (Sujet n. de chose). Effleurer doucement, agréablement. || Une douce brise nous caresse. — (Passif). || Être caressé par le soleil. ⇒ Baigner.
10 Cette brume de la mer me caressait, comme un bonheur.
Maupassant, la Vie errante, p. 16.
11 En fin de journée, le soleil caressait les deux pièces ouvertes sur la rue.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, t. II, IV, p. 254.
12 Il nous enseigne aussi les belles draperies (…)
Dont l'ornement aux yeux doit conserver le nu,
Mais qui, pour le marquer, soit un peu retenu,
Qui ne s'y colle point, mais en suive la grâce,
Et sans la serrer trop, la caresse et l'embrasse.
Molière, la Gloire du Val-de-Grâce, 144.
3 (1736; sujet n. de personne; compl. désignant une réalité psychologique). Entretenir complaisamment. ⇒ Complaire (se complaire dans), entretenir, nourrir. || Caresser un projet, une idée, un espoir, une espérance, un rêve, une chimère.
13 (…) je caressais une folle chimère.
A. de Musset, Une soirée perdue.
14 Il caressait déjà dans son âme hautaine
L'espoir vertigineux de faire, tôt ou tard,
Un manteau d'empereur des langes du bâtard.
J. M. de Heredia, Trophées, « Les conquérants de l'or ».
15 (…) il (Ramuntcho) caresse toutes sortes de projets sacrilèges, que, jusqu'à ce jour, il aurait à peine osé concevoir.
Loti, Ramuntcho, II, III, p. 238.
16 Elle touchait pour de bon à l'accomplissement de ce rêve qu'elle avait, des années durant, caressé.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 65.
4 Fam., vieilli. || Caresser la bouteille : être porté sur la boisson.
———
II (1538).
1 Fig., vx. (Sujet et compl. n. de personne). Faire des démonstrations d'affection, d'amitié, de bienveillance plus ou moins sincères à (qqn). ⇒ Caresse (2.); aduler, cajoler, courtiser, enjôler, flatter. || Il sait caresser les gens pour en obtenir ce qu'il désire (Académie).
17 Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
18 Ceux qui caressent également tout le monde, qui promènent leurs civilités à droite et à gauche, et courent à tous ceux qu'ils voient avec les mêmes embrassades et les mêmes protestations d'amitié.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 3.
19 Selon qu'il vous menace, ou bien qu'il vous caresse
La cour autour de vous, ou s'écarte, ou s'empresse.
Racine, Britannicus, IV, 1.
♦ Par métaphore du sens concret (I., 1.) :
20 Mon héros, en me caressant d'une main, m'égratigne un peu de l'autre, selon sa louable coutume (…)
Voltaire, Lettre à Richelieu, 11 juil. 1770.
2 (Compl. n. de chose abstraite). Littér. || Caresser les espérances, l'orgueil, l'amour-propre… (de qqn). ⇒ Flatter.
21 (…) la récompense la plus agréable qu'on puisse recevoir des choses que l'on fait, c'est (…) de les voir caressées d'un applaudissement qui vous honore. Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 1 (→ Applaudissement, cit. 10).
22 Toutes les idées acceptées unanimement par eux sont celles qui caressent leur vanité ou répondent à leurs espérances, les idées consolantes (…)
France, la Vie en fleur, XXVIII.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se caresser v. pron.
1 (Récipr.). Se donner réciproquement des caresses. || Les amoureux, les fiancés n'arrêtent pas de se caresser.
23 Deux tendres légitimes époux se caresseraient avec moins d'ardeur (…) Leurs bouches se pressent, leurs soupirs se confondent, leurs langues s'entrelacent (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 66.
2 (Réfl.). || Se caresser à, contre (qqn, qqch.) : se frotter avec douceur à, contre (qqn, qqch.). || L'eau se caresse doucement au rivage.
♦ Absolt, érotique et par euphémisme. Se masturber (se dit surtout d'une femme).
❖
CONTR. Battre, brutaliser, châtier, frapper, rudoyer.
DÉR. Caressant, caresseur. — V. Caresse.
Encyclopédie Universelle. 2012.