bourru, ue [ bury ] adj.
• 1555; de 1. bourre
1 ♦ Qui a la rudesse, la grossièreté de la bourre. ⇒ rude. Fil bourru. — Par anal. Vin bourru : vin nouveau, non fermenté. Lait bourru, qui vient d'être tiré.
2 ♦ Fig. Peu aimable, peu civil, peu disert. Un homme bourru. ⇒ ours. « avec son air bourru, c'était le meilleur homme du monde » (A. Daudet). ⇒ désagréable, renfrogné.
⊗ CONTR. Affable, aimable, 1. avenant, causant , liant.
● bourru, bourrue adjectif et nom (de bourre) D'humeur brusque et acariâtre. ● bourru, bourrue (synonymes) adjectif et nom (de bourre) D'humeur brusque et acariâtre.
Synonymes :
- acariâtre
- dur
- renfrogné
- revêche
- rude
Contraires :
- affable
- aimable
- amène
- débonnaire
- doux
- sociable
● bourru, bourrue
adjectif
Qui dénote un caractère brusque et bougon : Des manières bourrues.
Se dit d'un vin en fin de fermentation, encore chargé en gaz carbonique et non clarifié.
● bourru, bourrue (expressions)
adjectif
Fil bourru, fil inégal en grosseur.
Lait bourru, lait fraîchement tiré.
● bourru, bourrue (synonymes)
adjectif
Qui dénote un caractère brusque et bougon
Synonymes :
- âpre
- austère
- désagréable
Contraires :
- affable
- agréable
- charmant
- plaisant
- riant
bourru, ue
adj.
d1./d âpre et rude comme la bourre. Drap bourru.
— Par ext. Vin bourru: vin nouveau qui est en train de fermenter. Lait bourru, qui vient d'être trait.
d2./d Fig. D'humeur rude et peu accommodante. Un caractère bourru. Ant. doux, affable.
⇒BOURRU, UE, adj.
A.— Vx. Vêtu de bourre. Moine bourru. Fantôme effrayant vêtu de bourre ou de bure comme un moine. Cet homme là est un moine bourru, un vrai moine bourru (fam.). (Ac. 1835-1932). Il courait alors par le monde je ne sais quelles histoires du moine-bourru, rôdeur nocturne des rues de Paris (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 334).
B.— Usuel
1. [En parlant d'inanimés concr.] Qui a l'apparence ou les traits caractéristiques de la bourre : rudesse, poils hérissés ou aspérités. Grosse étoffe bourrue, laine bourrue; cheveux blonds tout bourrus (PAILLERON, L'Étincelle, 1879, p. 15).
— P. métaph. Les vents bourrus de novembre (LAFORGUE, Les Complaintes, 1885, p. 158).
Rem. L'arg. possède une expr. être bourru « être pris, être refait », où l'adj. bourru semble être pris d'abord au sens de « non dégrossi, inexpert » : je suis bourru pour faire ça. D'où ensuite : ,,il a été bourru par les flics`` (ESN. 1966, cf. A. LE BRETON, Les Hauts murs, 1954, p. 197).
— Spécialement
a) BOT. Plante bourrue. ,,Dont les tiges sont couvertes de bourre`` (Ac. Compl. 1842, Ac. 1932); (cf. HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 178).
b) ŒNOLOGIE. Vin bourru. Vin blanc nouveau qui n'a pas fermenté et dont la transparence est obscurcie par une grande quantité de lie. Vin blanc nouveau qu'on appelle « vin bourru » (BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 64). ... le vin bourru d'octobre, doux, trouble et décapant (A. ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, p. 73).
— P. anal. Lait bourru. Lait fraîchement tiré et mousseux (cf. SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 26).
c) TECHNOL. Moellon bourru, pierre bourrue et subst. le bourru. ,,Moellon ou pierre dont on n'a enlevé que le bousin, et qui n'est pas taillé`` (NOËL 1968).
d) TEXT. Drap bourru; fil bourru. Fil brut et inégal en grosseur (cf. Ac. Compl. 1842, Ac. 1932).
2. Au fig. Brusque et rude.
a) [En parlant d'une pers.] Dont le caractère est renfermé, les manières brusques, l'humeur en apparence désagréable :
• 1. Mécontent aussi — et de lui-même et d'elle. Il se reprochait d'avoir été bourru, triste, sans emballement. Il aurait dû se montrer plus expansif, et moins contraint; mais c'était sa faute, à elle!
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 199.
— Emploi subst. masc. :
• 2. La mauvaise humeur agressive du bourru, de l'amer, du grincheux, met en jeu des réactions compensatoires de l'instinct de puissance.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 481.
— [Au XIXe s. surtout dans l'expr. bourru bienfaisant (du titre de la pièce de Goldoni représentée en 1771).] Personne qui cache un cœur bienveillant sous des manières rudes (cf. agreste ex. 10) :
• 3. ... « Mon ami, je crois être ce qu'on appelle un bourru bienfaisant; ces sortes de caractères paroissent meilleurs que les autres, en ce que le passage de la rudesse à la bonté rehausse l'éclat de celle-ci; ... »
Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 114.
b) [En parlant de l'apparence ou du comportement d'une pers.] D'une rudesse qui n'exclut pas la bienveillance. Air, ton bourru; manières bourrues; voix bourrue :
• 4. Beaconsfield trouva Bismarck très changé. (...). Mais il retrouva le ton qu'il aimait, simple et réaliste, un peu bourru, d'une brutale franchise, ...
MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 302.
SYNT. Amitiés fortes et bourrues (ALAIN, Propos, 1929, p. 839); attitude bonhomme et bourrue (R. MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, III, 12, p. 1350); mots (...) aimables ou bourrus (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 182).
PRONONC. :[]. FÉR. Crit. t. 1 1787 et GATTEL 1841 recommandent de prononcer ,,r forte``. Pour FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 la 2e syll. est longue au féminin.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1555 bourru de plumes « fourni de plumes » (P. BELON, Hist. de la nat. des oyseaux, 138 [VAGANAY, Pour l'hist. du franç.-moderne] dans HUG.); 1584 vin bourru (TOURNEBU, Les Contens, II, 5, ibid.); 1617 en parlant d'une pers. (AUBIGNÉ, Faeneste, IV, 7, ibid.); d'où 1680 (RICH. : Bourru. Bizarre, capricieux).
STAT. — Fréq. abs. littér. :339. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 219, b) 476; XXe s. : a) 586, b) 646.
DÉR. Bourrument, adv. D'une manière bourrue. Il [Wandrille] fourragea dans son porte-monnaie assez bourrument et y pêcha un billet qu'il tendit à la fille sans aménité (A. ARNOUX, Double chance, 1958, p. 109). — 1re attest. 1923 (A. DE CHÂTEAUBRIANT, La Brière, p. 15 dans RHEIMS 1969); dér. de bourru, suff. -ment2.
BBG. — VAILLANT (R.). Le Parler de Garancières (Seine-et-Oise). B. folkl. d'Ile-de-Fr. 1953, t. 15, n° 1, p. 465.
bourru, ue [buʀy] adj.
ÉTYM. 1555, bourru de plumes « fourni de plumes »; de bourre.
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I (Choses; sauf dans : moine bourru).
1 Qui a la rudesse, la grossièreté de la bourre. ⇒ Rude. || Fil bourru. || Étoffe bourrue. || Des cheveux bourrus. || Plante bourrue, recouverte d'un fin duvet.
♦ ☑ Vx. Le moine bourru : personnage imaginaire vêtu de bure, comme un moine, et qui rôderait la nuit (analogue culturellement au croquemitaine, au loup-garou).
2 Qui n'a pas encore subi de traitement. || Pierre bourrue : pierre mal dégrossie. — Vin bourru : vin nouveau, non fermenté, troublé par la lie. ⇒ Jeune.
3 Lait bourru, qui vient d'être tiré.
0.1 Le médecin lui avait ordonné un régime. Elle prenait le soir du lait bourru, à l'étable même.
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 41.
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II (Personnes; ou par métaphore). Fig. et cour.
1 (1617). Peu aimable, qui a des manières brusques. ⇒ Acariâtre, morose. || Un homme bourru. || Il est gentil, mais un peu bourru.
♦ N. m. Vieilli. || Bourru bienfaisant : homme qui sous des dehors désagréables, possède un caractère bienveillant.
♦ Un air bourru. ⇒ Renfrogné.
1 Pour l'homme aux rubans verts, il me divertit quelquefois avec ses brusqueries et son chagrin bourru (…)
Molière, le Misanthrope, V, 4.
2 (…) avec son air bourru, c'était le meilleur homme du monde (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 2.
3 Elle n'était pas jolie, elle ressemblait trop à son père et c'était gênant de retrouver ce visage bourru au-dessus d'un corps de jeune fille (…)
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 18.
2 Littér. (Choses). Rude, désagréable. || « Les vents bourrus de novembre » (Laforgue, in T. L. F.).
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CONTR. Lisse. — Affable, aimable, câlin, cajoleur, débonnaire, doux, liant, patelin, sociable.
Encyclopédie Universelle. 2012.