arme [ arm ] n. f.
• 1080; lat. plur. arma
I ♦
A ♦
1 ♦ Instrument ou dispositif servant à tuer, blesser ou à mettre un ennemi dans l'impossibilité de se défendre. Armes de guerre. ⇒ armement. Armes de chasse. Fabrication, fabrique d'armes. ⇒ armurerie. Dépôt d'armes. ⇒ arsenal. Détention, port d'armes prohibées. Collection d'armes décoratives. ⇒ panoplie, trophée . Armes offensives, qui servent à l'attaque, à la riposte. Armes blanches; armes à feu. Armes contondantes; tranchantes. Armes légères, portatives; armes lourdes (⇒ artillerie) . Armes de main, d'estoc et de taille (baïonnette, cimeterre, couteau, coutelas, dague, épée, glaive, poignard, sabre, stylet). Armes de choc (bâton, canne, casse-tête, coup-de-poing, maillet, marteau, masse, massue, matraque). Anciennt Armes d'hast, emmanchées au bout d'une hampe (angon, épieu, faux, fléau, fourche, framée, francisque, hache, hallebarde, lance, pertuisane, pique). Armes de jet (angon, arbalète, arc, boomerang, fronde, javeline, javelot, sagaie). Armes à feu (arquebuse, canon, carabine, escopette, espingole, fam. flingue, fusil, mitraillette, mitrailleuse, mousquet, pistolet, revolver, tromblon). Arme d'épaule (fusil), de hanche (pistolet-mitrailleur), de poing (pistolet). Arme à répétition. Arme à tir automatique. Sortir son arme. ⇒ dégainer; fam. défourailler. Braquer, pointer, diriger une arme vers qqn. Projectiles d'armes à feu. Armes de siège. ⇒ machine (de guerre). Armes antichars. ⇒ bazooka, 1. canon. Armes antiaériennes. ⇒ 1. canon, fusée; engin, 2. roquette. Armes individuelles (fusil, pistolet) et collectives (mitrailleuse, mortier, canon) des armées modernes (armes classiques). Armes conventionnelles. Système d'armes (d'un avion, etc.).
♢ Dispositif ou ensemble de moyens offensifs. L'arme chimique (gaz), bactériologique, biologique, atomique ou nucléaire. ⇒ N. B. C. Arme neutronique (bombe à neutrons). Arme intégrale, absolue.
♢ L'arme du crime, tout objet ayant servi au meurtre.
2 ♦ Spécialt L'arme individuelle du soldat (fusil, en général) dans les exercices. Maniement d'armes. Portez, reposez l'arme (ellipt Commandement militaire :Portez arme ! Reposez arme !). Présenter les armes. L'arme au pied.
3 ♦ (Plur.) Loc. Manier, porter les armes, être sous les armes : être soldat. Prendre les armes : s'apprêter au combat. Être en armes, prêt à combattre. Mourir les armes à la main, au combat. Déposer, rendre les armes : se rendre, s'avouer vaincu. Avec armes et bagages.
4 ♦ Loc. (1586) Passer par les armes : fusiller. Passer l'arme à gauche : mourir.
5 ♦ Homme d'armes : soldat en armes (⇒anciennt gendarme) . Héraut d'armes.
7 ♦ Spécialt Les armes : l'épée, le fleuret ou le sabre. ⇒ escrime. Salle d'armes. Maître d'armes. Prévôt d'armes. « la science de tirer des armes est la plus belle » (Molière).
B ♦ Par ext.
1 ♦ Littér. et vx Troupe, armée. Le succès de nos armes. Place d'armes. — Commandant d'armes : officier du grade le plus élevé dans une garnison.
2 ♦ Corps de l'armée. L'arme de l'infanterie, de l'artillerie. « L'arme où l'on sert est le moule où l'on jette son caractère » (Vigny).
3 ♦ (XIVe) Littér. LES ARMES : le métier militaire. La carrière, le métier des armes. Compagnons, frères d'armes. « Il sort d'une maison pauvre, mais antique, connue dans la poésie et dans les armes » (Chateaubriand).
4 ♦ Combat, guerre. Régler un différend par les armes. « Aux armes, citoyens Formez vos bataillons » (La Marseillaise). — Loc. Faire ses premières armes, sa première campagne; fig. débuter dans une carrière. ⇒ apprentissage. Fait d'armes. ⇒ exploit. Suspension d'armes.
C ♦
1 ♦ Par anal. Moyen d'attaque ou de défense. Les armes naturelles de l'homme, ses poings, ses pieds. Les armes des animaux : cornes, défenses, griffes, crocs, etc.
2 ♦ Fig. Ce qui peut attaquer, faire du mal, agir contre un adversaire. ⇒ argument, 2. moyen (d'action), ressource. « les seules armes de l'Évangile, qui sont la douceur, la patience et la charité » (Fléchier). Donner des armes contre soi-même. — Une arme à double tranchant.
II ♦ (1273) ARMES, signes héraldiques. ⇒ armoiries. Les armes d'une famille, d'une ville, d'un peuple. « Les armes de Grignan sont sur la porte » (Mme de Sévigné). — Blas. Armes parlantes, armes à enquerre.
● arme nom féminin (latin arma, armes) Tout objet, appareil, engin qui sert à attaquer (arme offensive) ou à se défendre (arme défensive) : Arme blanche. Arme à feu. Arme atomique, chimique. Tout moyen d'attaquer quelqu'un ou de se défendre ; argument : Arme psychologique. Chacun des éléments de l'armée de terre chargés d'une mission particulière au combat. ● arme (citations) nom féminin (latin arma, armes) Jean Follain Canisy, Manche, 1903-Paris 1971 Les armes sont les bijoux des hommes. Appareil de la terre Gallimard Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] Les armes ont cette vertu d'ennoblir jusqu'aux moins purs. La France et son armée Plon Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Tout le secret des armes ne consiste qu'en deux choses : à donner et à ne point recevoir. Le Bourgeois gentilhomme, II, 2, le maître d'armes ● arme (expressions) nom féminin (latin arma, armes) Arme absolue, toute chose (arme, moyen, argument, remède, etc.) considérée comme ayant une efficacité totale et contre laquelle aucune défense n'est possible. Faire arme de tout, employer n'importe quel moyen pour réussir. Familier. Passer l'arme à gauche, mourir. Arme biologique, arme de destruction massive utilisant des organismes vivants ou des germes infectieux qui entraînent la maladie ou la mort des êtres humains, des animaux ou des plantes. Arme collective, arme à feu dont le service requiert plusieurs servants (canon, mitrailleuse, mortier, etc.). Arme de jet ou de trait, celle qui constitue par elle-même un projectile ou qui le lance (javelot, fronde, arc, baliste, etc.). Arme de main, celle qui est maniée à la main (épée, massue, etc.). Arme de poing, arme à feu ou courte arme blanche que l'on utilise serrée dans la main (poignard, revolver, etc.). Points d'arme, points de broderie superposés. Arme par nature, tout objet tranchant, perçant ou contondant, servant par sa nature à attaquer ou à se défendre. Arme par l'usage, tout objet autre qu'une arme par nature, dès lors qu'on s'en est servi pour tuer, blesser ou frapper. Arme prohibée, toute arme dont la fabrication, la vente ou le port sont interdits par la loi ou les règlements. Arme d'honneur, récompense militaire décernée jadis pour des actions d'éclat. Système d'armes, ensemble défensif ou offensif comprenant des appareils de détection, radar ou sonar, associés à un calculateur qui assure directement la mise en œuvre de l'arme (mortiers A.S.M., missiles). ● arme (synonymes) nom féminin (latin arma, armes) Tout moyen d'attaquer quelqu'un ou de se défendre ; argument
Synonymes :
- argument
n. f.
rI./r
d1./d Instrument qui sert à attaquer ou à se défendre. Arme offensive, défensive. Arme blanche (par oppos. à arme à feu): V. blanc. Arme de jet ou de trait: V. jet.
— Armes de parade.
|| Loc. fig., Fam. Passer l'arme à gauche: mourir.
— Salle d'armes: salle d'escrime. Maître d'armes, qui enseigne l'escrime.
|| Fig. Ce qui sert à combattre un adversaire. La calomnie est une arme redoutable.
d2./d Chacune des grandes divisions de l'armée correspondant à une activité spécialisée. L'arme blindée.
rII./r Plur.
d1./d La carrière des armes: le métier militaire. être sous les armes: être soldat.
|| Un fait d'armes: un exploit guerrier.
|| Déposer les armes: cesser le combat.
|| Prise d'armes: parade militaire.
|| Passer quelqu'un par les armes, le fusiller.
|| Fig. Faire ses premières armes: faire ses débuts.
d2./d Armoiries.
⇒ARME, subst. fém.
I.— Gén. au plur., HIST. et HÉRALD. Élément d'équipement ou équipement complet servant à mettre un adversaire hors de combat et/ou à s'en protéger.
A.— HIST. vx.
1. Armure. Homme d'armes. Au Moyen Âge, cavalier armé de toutes pièces (cf. BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 3, 1824, p. 411). Cheval d'arme. Cheval de bonne race capable de conduire au combat celui qui le monte (cf. BARRÈS, Mes cahiers, t. 5, 1906-07, p. 6).
♦ Loc. usuelle. Être sous les armes. Être revêtu d'une armure en vue d'un combat (infra II A).
2. Armoiries. Héraut d'armes. Personne au service du roi ou d'un grand vassal, tenant registre de toutes les familles nobles et de leurs armoiries, assistant à toutes les solennités et chargée de négocier les traités d'alliance, de porter les propositions de paix ou les défis de guerre, sous le commandement d'un chef appelé roi d'armes (d'apr. Pol. 1868). (Cf. BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, p. 147; MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 85). Cotte d'armes. Tunique marquée aux armes du seigneur et portée sur la cuirasse (cf. BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1824, p. 332).
3. Armes. Armes de coup ou de choc hache, marteau, masse d'armes. Armes d'hast. Armes munies de fers fixés à l'extrémité d'une longue perche en bois et ne pouvant être maniées qu'à deux mains. Armes courtoises. ,,... épée à lames peu tranchantes, (...) lances sans pointes dont on se servait dans les joutes et tournois.`` (LELOIR 1961).
4. P. méton. Pas d'armes. Combat annoncé longtemps à l'avance par un Roi d'armes et ses hérauts. ,,Ce Pas étoit un passage, d'ordinaire en rase campagne; quelquefois un Chevalier seul, souvent deux ou trois ensemble, entreprenoient, par vanité de le défendre contre tous venans.`` (PISSOT 1803). Cf. BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, p. 216.
B.— HÉRALD. (supra A 2). Les armes, subst. fém. plur. Signes symboliques ou héraldiques figurant sur l'écusson et servant à distinguer une famille, un pays, plus rarement une personne par opposition à armoiries qui désigne l',,ensemble caractérisé par les armes, l'écu, sa forme, sa couleur, ses ornements extérieurs, ses devises, etc.`` (BÉNAC 1956) :
• 1. La dernière pièce était une forte enveloppe jaune scellée aux armes de la Seigneurie; la suscription, manuscrite et soigneuse, arrêta soudain mon regard : « À ouvrir seulement après réception de l'instruction spéciale d'urgence.»
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 12.
♦ Armes pleines. Armes des aînés des maisons qui n'offrent ni brisures ni altérations, par opposition aux armes brisées des cadets ou des bâtards (cf. J. ADELINE, Lexique des termes d'art, 1884).
♦ Armes diffamées. Armes ,,dont on a retranché quelque pièce en punition`` (Lar. 19e) par opposition aux armes chargées auxquelles on a ajouté de nouvelles pièces.
♦ Armes fausses ou armes à enquerre. Armes n'obéissant pas aux règles de l'art héraldique.
♦ Armes parlantes. Armes qui représentent un objet évoquant le nom de leur propriétaire :
• 2. Dans l'intérieur, il y avait deux parties que Jacquette affectionna dès sa plus tendre enfance : premièrement les anciens appartements de M. Lemeunier de Fontevrault, où des moulins, armes parlantes, étaient brodés au satin des courtines et sur toutes les tentures; ...
BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 43.
♦ Armes assomptives. ,,Nom donné pendant le moyen âge, surtout en Angleterre, aux armes qu'un roturier avait conquises à la guerre sur un noble, et qu'il avait droit désormais de porter et de transmettre à ses descendants.`` (BACH.-DEZ. 1882).
♦ Juge d'armes. Personne qui avait mission de connaître tout ce qui se rapportait aux armoiries (d'apr. Pol. 1868).
— P. ext., TECHNOL.
♦ Fer à dorer à la main ou plaque à dorer portant des armoiries, écussons ou chiffres pour orner les plats ou le dos d'un livre relié.
♦ Points d'arme. ,,Points de broderie, de fil ou de métal, destinés à couvrir la surface des motifs ou des fonds à broder.`` (Lar. encyclop.).
— P. plaisant., loc. Représenter les armes de Bourges. ,,... se dit satiriquement d'un homme mal élevé, qui, sans égard pour les personnes qui l'entourent, et au mépris de toute bienséance, s'étale tout de son long dans un fauteuil, par allusion aux armes de Bourges, qui représentoient un âne assis dans un fauteuil.`` (J.-F. ROLLAND, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 11).
— Arg. ,,Les armes de la ville de Paris à cheval sur un képi! Voilà un agent.`` (ESN. 1966).
II.— Souvent au plur. Instrument d'attaque ou de défense :
• 3. En face, sur le mur opposé, s'entrecroisaient quelques armes : un vieux fleuret de prévôt d'escrime, le poignard péruvien trouvé dans la tombe d'un Inca et qui servait à découper les beefsteaks au beurre d'anchois lorsqu'ils étaient trop durs; un eustache de treize sous, et un sabre d'officier bavarois, souvenir de la guerre de 1870.
MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 183.
SYNT. Arme automatique, blanche, contondante, dangereuse, effilée, émoulue, légère, lourde, luisante, pesante, polie, portative, tranchante; arme à barillet, à bloc; apprêter, braquer, charger, décharger, diriger, manier, nettoyer, saisir une arme.
— P. métaph. Tout ce qui est susceptible de servir à l'attaque ou à la défense.
♦ [En parlant d'un homme] Poings, pieds, dents, ongles, etc.
♦ [En parlant d'un animal] Griffes, dents, dards, cornes, etc. :
• 4. ... ils [les édentés] ont tous le museau plus ou moins alongé, et sont la plupart couverts d'armes défensives comme des écailles, des cuirasses, etc.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 1, 1805, p. 76.
• 5. Cette innocence de l'abeille est un de ses hauts attributs, autant que son art admirable. Son aiguillon n'est qu'une arme défensive et très-nécessaire, non contre l'homme auquel d'elle-même elle n'aurait pas affaire, mais contre les guêpes cruelles, ses terribles ennemies.
MICHELET, L'insecte, 1857, p. 319.
♦ Armes de la barre. Défenses du sanglier.
♦ [En parlant d'une plante] Épines, aiguillons, piquants, etc. :
• 6. Girardin pense « qu'on devrait aussi mettre au nombre des armes des végétaux ces enveloppes dures, solides et ligneuses qui recèlent entre leurs parois, comme dans un fort qui paraît inexpugnable, l'amande de certaines espèces de fruits. On pourrait également compter parmi les armes des plantes l'odeur de quelques-unes d'entre elles, qui souvent est si fétide, qu'elle repousse les animaux qui veulent en approcher. »
PRIVAT-FOC. 1870.
A.— ARTS MILIT.
1. JUST. MILIT. Passer par les armes. Fusiller (cf. BARRÈS, Mes cahiers, t. 11, 1914-18, p. 326).
2. Loc. de commandement. Aux armes. Cri poussé par une sentinelle pour avertir les soldats d'un poste de prendre les armes (cf. La Marseillaise, ,,Aux armes, citoyens...``). Bas les armes. Arrêtez le combat. Arme sur l'épaule droite. Portez, présentez, reposez armes.
3. Locutions
a) Être sous les armes (supra I A). Être en état de se défendre ou d'attaquer (cf. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 192).
b) Pop. (Avec) armes et bagages. Ensemble de ce qui est transporté par l'arme du train en cas de déplacement d'une unité militaire.
— P. métaph., arg. Armes et bagages. ,,Tenez-vous prêt! [à un transfert ou à l'élargissement]`` (ESN. 1966); pop. (Avec) armes et bagages. (Avec) tout ce que l'on possède (cf. AMIEL, Journal intime, 1866, p. 311).
SYNT. a) Armes offensives : armes de main (O. FEUILLET, Onesta, 1848, pp. 366-367), de jet (VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 201); armes à feu, à répétition, à percussion; armes atomiques, nucléaires ou thermonucléaires, stratégiques, armes de guerre, de siège. b) Armes défensives : armes collectives, antiaériennes, antichars, blindées.
4. P. ext. Les armes.
a) Opération de guerre.
— Loc. Abandonner, déposer, mettre bas les armes, poser, rendre les armes. S'avouer vaincu. Courir aux armes. S'apprêter à combattre. Faire ses premières armes. Faire sa première campagne cf. MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 145). Fait d'armes. Exploit militaire (cf. GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 26). Mourir les armes à la main. Mourir en combattant (cf. G. SAND, Lélia, 1833, p. 283). Tourner ses armes contre quelqu'un. Lui faire la guerre après avoir vécu en paix avec lui. Suspension d'armes. Cessation des hostilités (cf. DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 57). Les armes sont journalières. La victoire échoit, selon les jours, soit à l'un, soit à l'autre des combattants.
b) Tout ce qui se rapporte au métier militaire, aux combats, à l'armée, aux troupes. Armes d'honneur. Récompense militaire accordée autrefois (en partic. sous Bonaparte) aux soldats pour des actions d'éclat. Place d'armes. Lieu de rassemblement des troupes dans une ville de garnison (cf. MÉRIMÉE, Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 115). Prise d'armes. Cérémonie militaire assurée par des troupes en armes (cf. DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 125).
SYNT. Carrière, métier, profession des armes; compagnon, frère d'armes; veillée (vx veille) d'armes.
c) Loc. Appeler sous les armes (ou plus usuel sous les drapeaux). Appeler quelqu'un à accomplir son service militaire. Avoir x hommes sous les armes. Avoir x hommes prêts à combattre (cf. STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 87). Porter les armes, être sous les armes. Être soldat, faire la guerre.
B.— ADMIN. MILIT. Chacune des différentes spécialisations de l'armée. L'arme de la cavalerie, de l'infanterie, de l'artillerie, du génie, de l'aéronautique, du train :
• 7. Napoléon, devenu général d'artillerie, commandant cette arme à l'armée d'Italie, y porta la supériorité et l'influence qu'il avait acquises si rapidement devant Toulon; ...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 100.
• 8. Que de paroles perdues, mon Dieu! Et quel besoin d'importance! Je vous demande un peu, gendarme, en quoi la blague de la rue peut atteindre... — Que dis-je! — effleurer le prestige de l'arme d'élite que vous représentez si dignement!
COURTELINE, Le Gendarme est sans pitié, 1899, 1, p. 147.
— MAR. Capitaine d'armes. Sous-officier chargé d'assurer la police du bord et de surveiller le petit armement.
— MAR. et MILIT. Dans une garnison ou sur un navire de commerce transportant des troupes, officier le plus ancien dans le grade le plus élevé :
• 9. Dans toutes les garnisons et dans tous les camps, organiser avec solennité le salut quotidien aux couleurs, auquel doit assister le commandant d'armes avec participation d'une troupe en armes.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 434.
C.— Domaines non milit.
1. ESCR. Maître d'armes. Moniteur enseignant le maniement des armes. ,,Faire des armes. S'exercer à l'escrime``(E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1885, p. 443). ,,Mettre les armes à la main à un jeune homme.`` Être le premier à lui apprendre l'escrime.`` (Ac. 1798-1932). ,,Avoir les armes belles. Faire des armes de bonne grâce.`` (Ac. 1798-1878). Assaut, salle d'armes.
2. CHASSE. Instrument, le plus souvent fusil, servant à tuer le gibier. Arme de chasse.
3. DR., JUST. Objet perçant, tranchant ou contondant ayant servi ou pouvant servir à exercer des violences. Arme du crime.
♦ Arme prohibée. Arme dont le port, la vente ou la fabrication sont interdites par la loi. Port d'armes. Autorisation de détenir des armes sur soi, accordée dans certains cas.
D.— Au fig. Ce qui sert à se défendre, à combattre ou à attaquer un adversaire, à détruire une erreur, à vaincre une passion :
• 10. L'ironie est son arme favorite : aussi philosophe que Théophraste, [La Bruyère] son coup-d'œil embrasse un plus grand nombre d'objets, et ses remarques sont plus originales et plus profondes.
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 61.
• 11. Ainsi il s'en faut que la vengeance ait eu dans l'histoire de l'humanité le rôle négatif et stérile qu'on lui attribue. C'est une arme défensive qui a son prix; seulement, c'est une arme grossière.
DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, p. 54.
• 12. Ingelby avait pour arme la prudence.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 310.
— Loc. Combattre à armes égales. Combattre avec des moyens identiques (cf. G. SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 203). Faire arme de tout. Se servir de tous les moyens pour atteindre le but désiré. Faire ses premières armes. Faire son apprentissage (cf. CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 156). Fournir, donner des armes contre soi. Fournir des motifs de mécontentement contre soi. Rendre, déposer les armes. S'avouer vaincu (cf. MONTALEMBERT, Histoire de ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 205). Fait d'armes. Action d'éclat. Une passe d'armes. Échange d'arguments, de répliques vives (cf. E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1886, p. 547). Une arme à deux tranchants ou à double tranchant. Argument, moyen dangereux qui peut s'employer en deux sens opposés et produire un effet contraire à celui qui était escompté (cf. MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1351).
— Fam. Être, se mettre sous les armes [En parlant d'une pers., plus partic. d'une femme, ou d'une chose] Déployer tous les moyens pour plaire et pour séduire (cf. ZOLA, Nouv. contes à Ninon, 1874, p. 92; THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, p. 73; ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 470).
♦ Passer l'arme à gauche. Mourir (cf. ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 82).
PRONONC. :[]. Enq. ://.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Ca 1100 plur. « équipement guerrier d'un chevalier, instruments servant à attaquer ou à se défendre » (Roland, éd. Bédier, 1878 : Itel valor deit aveir chevaler Ki armes portet e en bon cheval set); b) 1165-70 plur. « métier des armes » (CHR. DE TROYES, Erec, éd. W. Foerster, 2547 ds T.-L.); c) 1172-75 plur. « combat » (ID., Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 1695, ibid); XIIIe s. plur. « fait d'armes » (BARTSCH, Altfranzösische Romanzen und Pastourellen, Leipzig, 1870, I, 4, 22, p. 7); d) 1560 fig. (PASQUIER, Recherches de la France, III, 8 ds Dict. hist. Ac. fr. : Jamais dignité ne monta à telle grandeur que la Papauté, et jamais dignité ne fut tant combattue en ce monde comme celle-là, non par armes materielles, mais les spirituelles); e) 1694 armes blanches (Ac., s.v. blanc : armes deffensives qui ne sont point mises en couleur d'eau) — 1771, Trév., s.v. blanc [non attesté ds FUR. 1690 contrairement à l'indication de FEW t. 151, p. 138b]; 1718 id. (Ac., s.v. blanc [...] les Armes offensives, comme espées, halebardes, par opposition aux armes à feu) [sens non attesté ds Ac. 1694, contrairement à la même indication]; 2. 1165-70 plur. hérald. (CHR. DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 3950 : Erec conut le Seneschal Et les armes et le cheval; Mes Keus pas lui ne reconut Car a ses armes Ne parut nule veraie conuissance).
Du lat. arma, neutre plur. en lat. class., devenu fém. sing. en lat. vulg.; 1 a dep. ENNIUS, Trag., 148 ds TLL s.v., 595, 61; 1 c « guerre, combat, fait d'armes », CICÉRON, De orat., 3, 167, ibid., 599, 11; cf. VIRGILE, Aen., 1, 1, ibid., 599, 48; 1 d fig. dep. CATON, 9, ibid., 601, 47; 2 lat. médiév. arma gentilitia, anno 1225 ds DU CANGE, I, 338 b.
STAT. — Fréq. abs. littér. :7 814. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 15 468, b) 10 772; XXe s. : a) 7 414, b) 9 801.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BACH.-DEZ. 1882. — BADER-TH. 1962. — BAL.-MAQ. 1968. — BAUDR. Chasses 1834. — Bible 1912. — BLANCHE 1857. — BOUCHER 1835. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — BURN. 1970. — Canada 1930. — CAP. 1936. — CHABAT t. 1 1875. — Comm. t. 1 1837. — CRIQUI 1967 →. — DHEILLY 1964. — DUPIN-LAB. 1846. — Encyclop. méthod. Mécan. t. 1 1782. — ESN. 1966. — GALIANA Déc. sc. 1968. — GAY t. 1 1967 [1887]. — GIRARD 1756. — GOTTSCH. Redens 1930, p. 312, 315, 354, 373, 381, 424, 437. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 171. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 279, 303. — JAL 1848. — LACR. 1963. — Lar. comm. 1930. — Lar. méd. 1970. — Lar. mén. 1926. — LE BRETON 1960. — LE BRETON Suppl. 1960. — LE CLÈRE 1960. — LELOIR 1961. — LE ROUX 1752. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1814. — PISSOT 1803. — Pol. 1868. — POPE 1961 [1952], § 371, 442, 639, 643, 686, 719. — PRIVAT-FOC. 1870. — RÉAU-ROND. 1951. — RÉAU-ROND. Suppl. 1962. — REMIG. 1963. — ROG. 1965, p. 94, 235. — SCHWARZ-HADIK 1966. — ST-EDME t. 1 1824. — TIMM. 1892. — WILLIAMS (H. F.). Multiple armes. P.M.L.A. 1945. t. 60, pp. 598-602.
arme [aʀm] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; lat. arma, neutre plur. devenu fém. au sing. → Armer.
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1 Instrument ou dispositif servant à tuer, à blesser ou à mettre l'ennemi dans l'impossibilité de se défendre (→ Fusil, cit. 1.1 et 1.2). || Armes de guerre. ⇒ Armement, équipement, matériel. || Armes de chasse. || Fabrication, fabrique d'armes. ⇒ Armurerie. || Dépôt d'armes. ⇒ Arsenal. || Détenir, porter des armes prohibées. || Avoir, garder une arme chez soi. || Port d'armes. || Distribuer des armes. ⇒ Armer. || Faisceau d'armes. || Assemblage d'armes. ⇒ Trophée. || Collection d'armes décoratives. ⇒ Panoplie. || Trafic d'armes. || Un trafiquant d'armes (→ Marchand de canons). || Exportation, vente d'armes.
♦ Armes offensives, celles qui servent à l'attaque ou à la riposte. — (1694). || Armes blanches et armes à feu. || Armes contondantes et armes tranchantes. || Armes légères, portatives et armes lourdes. ⇒ Artillerie. || Armes de main, d'estoc et de taille. ⇒ Baïonnette, cimeterre, couteau, coutelas, dague, épée, glaive, poignard; plommée, sabre, stylet. || Armes de choc. ⇒ Bâton, canne, casse-tête, coup-de-poing, maillet, marteau, masse, massue, matraque, plombée, trique. — Anciennt. || Armes d'hast : armes emmanchées au bout d'un bâton ou d'une hampe. ⇒ Angon, épieu, esponton, fauchard, faux, fléau, fourche, framée, francisque, guisarme, hache, hallebarde, lance, pertuisane, pique, plançon, plommée, sagaie, vouge. — Armes de jet. ⇒ Angon, arbalète, arc, boomerang, dard, falarique, fronde, javeline, javelot, pilum (romain), sagaie. — Armes à feu. ⇒ Arquebuse, canon, carabine, escopette, espingole, fusil, mitraillette, mitrailleuse, mousquet, pistolet, pistolet-mitrailleur (PM), revolver, tromblon. || Arme de poing (pistolets, revolvers…) et armes d'épaule (fusils, carabines…). || Arme à percussion. || Arme à répétition automatique. || Arme à tir automatique. ⇒ Charge, chargeur, calibre, coup, décharge, détonation… || Charger, décharger une arme. || Braquer, pointer, diriger une arme vers un point donné. || Projectiles d'armes à feu. ⇒ Balle, bombe, cartouche, fusée, munition, obus, plomb, projectile. || Cache-flamme d'une arme à feu. — Armes de siège. ⇒ Machine (de guerre). || Armes antichars. ⇒ Bazooka, canon (antichar). || Armes antiaériennes. ⇒ Canon, fusée, roquette. || Armes antipersonnel. || Armes individuelles (fusil, pistolet) et collectives (mitrailleuse, mortier, canon) des armées modernes.
0.1 Cyrus Smith et ses compagnons ne marchaient pas sans une certaine circonspection sur ce sol nouveau pour eux. Arcs, flèches, bâtons emmanchés d'un fer aigu, c'étaient là leurs seules armes.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 209.
0.2 Quant aux collectionneurs, aux amateurs de bibelots et de belles armes, ils se seraient bien gardés de perdre une si belle occasion d'endosser de brillantes ferblanteries de reîtres, de se coiffer de casques, de bourguignottes, de salades et de se barder de dagues féroces et de pistolets d'arçon monumentaux.
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 275.
♦ Dispositif ou ensemble de moyens offensifs. || L'arme chimique, atomique ou nucléaire, bactériologique. || Arme intégrale, absolue.
0.3 (…) notre duc se fait bien des illusions sur son artillerie. Cela tombe à droite à gauche, ces boulets, pour tout dire n'importe où : ce n'est pas encore l'arme intégrale; et puis le roi en possède aussi. Quelques bons boulets dans le pont-levis et les archers du roi entrent dans le chatiau (sic) comme ils veulent.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 92.
2 Spécialt. Arme individuelle du soldat (fusil, en général) dans les exercices. || Apprendre à qqn à se servir d'une arme. || Connaître le maniement d'une arme. || Exercer le soldat au maniement d'armes. || Porter, reposer l'arme (ellipt., sous forme de commandement militaire : Portez arme ! Reposez arme !). || Attitude du soldat au port d'armes. || Position du soldat sans armes. || Présenter les armes. || Tenir l'arme au bras, l'arme au pied. — Armes d'honneur : armes qui étaient distribuées sous Bonaparte aux plus vaillants de ses soldats.
1 J'étais consigné à la caserne (…) pour avoir fait trois fautes dans le maniement d'armes.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, II, 8.
2 Les soldats sont exténués. Pourtant, voilà trois mortelles heures qu'on les laisse se morfondre, l'arme au pied (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Partie de billard ».
2.1 (…) la voix du jeune officier commanda furieusement : « Portez… armes !… » et les fusils firent cliqueter leurs baïonnettes, tandis que l'orgue grondait « la marche pour la mort d'un héros ».
Alphonse Daudet, l'Immortel, p. 192.
3 Par ext. (Plur.). || Manier, porter les armes. || Port d'armes (→ 2. Port, cit. 4 et 5). ☑ Être sous les armes : être soldat (→ ci-dessous, II., 3.). ☑ Appeler sous les armes, au service militaire (→ Sous les drapeaux). ☑ Appeler aux armes; courir aux armes; prendre les armes; mettre les armes à la main : s'apprêter au combat, à la guerre. ☑ Aux armes !, appel au combat. || « Aux armes, citoyens Formez vos bataillons (…) » (la Marseillaise). ☑ Un peuple en armes, sur le pied de guerre, prêt à combattre. ☑ Mourir les armes à la main, en combattant.
3 Ils n'étaient plus apprentis à manier les armes.
Vaugelas, Quinte-Curce, 552.
4 Chacun dit : « Il est vrai. Sus ! Sus ! courons aux armes ».
La Fontaine, Appendice aux fables, II, 29.
5 Le peuple aussitôt sort en armes.
La Fontaine, Fables, X, 13.
6 (…) un homme à qui on dispute son droit et qui le défend les armes et la force à la main.
Pascal, Pensées, t. II, VI, 388.
7 Citoyens capables de porter les armes,
8 Porsenna prit les armes contre Rome.
9 (Télémaque) qui n'a jamais porté les armes contre les Troyens.
Fénelon, Télémaque, I.
10 (…) il avait longtemps porté les armes, et souvent il se vantait d'avoir vu le feu.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, V.
♦ ☑ Loc. Prise d'armes : cérémonie militaire au cours de laquelle une troupe est en armes.
♦ ☑ Passe d'armes (→ 1. Passe, cit. 4). — Figuré :
10.1 Mais le publiciste auvergnat, pendant cette rapide passe d'armes, et toujours debout, n'avait fait que présenter tour à tour, à chacun des interlocuteurs, son front blême, ainsi qu'une bête acculée.
Bernanos, l'Imposture, in Œ. roman., Pl., p. 402.
♦ ☑ Abandonner, déposer, poser, rendre les armes. ☑ Mettre, jeter bas les armes. — ☑ Loc. Avec armes et bagages (infra cit. 2). || Se rendre, capituler avec armes et bagages. ⇒ Capituler. || Faire tomber les armes des mains de l'ennemi.
11 La croyance répandue partout que rien ne leur résistait, faisait tomber les armes des mains à leurs ennemis.
12 Ils mirent bas les armes pour les regarder.
Fénelon, Télémaque, XV.
13 C'était une règle inviolable des premiers Romains que quiconque avait abandonné son poste, ou laissé ses armes dans le combat, était puni de mort.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XVIII.
14 Une seconde lettre du roi (Xerxès) ne contenait que ces mots : « Rends-moi tes armes. » Léonidas écrivit au-dessous : « Viens les prendre ».
Abbé Barthélémy, Anacharsis, Introd., II, 2.
♦ ☑ Loc. (1586). Passer par les armes. ⇒ Fusiller, passer (cit. 123). → Maraudeur, cit. 1.
4 Homme d'armes : cavalier armé de toutes pièces, au moyen âge. — Anciennt. || Des gens d'arme. ⇒ Gendarme. — Héraut d'armes. ⇒ Héraut.
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II Par ext.
1 (Au sens de « troupe, armée »). Littér. || Le succès de nos armes. ⇒ Armée.
♦ Place d'armes : place où les troupes se rassemblent, sont passées en revue, dans une ville.
♦ Commandant d'armes : officier du grade le plus élevé, dans une garnison.
♦ Capitaine d'armes : sous-officier de marine qui a la garde des menues armes du vaisseau et la charge de la police à bord.
2 Un des corps de l'armée. || L'arme de la cavalerie, de l'infanterie, de l'artillerie, du génie, de l'aéronautique, du train. || Les différentes armes.
15 L'arme où l'on sert est le moule où l'on jette son caractère (…)
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, I, 3.
3 (V. 1170). Littér. || Les armes (au plur.) : le métier militaire; le combat, la guerre. || La carrière, le métier des armes. || Compagnons, frères d'armes. || Fraternité d'armes. — Vx. || Blanchi sous les armes (→ Sous le harnais). || L'Adieu aux armes, titre français d'un roman de Hemingway.
16 Et comme un vieux guerrier blanchi dessous (sous) les armes.
Mathurin Régnier, Épîtres, 2.
17 Je me suis acquis dans les armes l'honneur de six ans de services (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 12.
18 Il est très bien né; il sort d'une maison pauvre, mais antique, connue dans la poésie et dans les armes.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 4.
18.1 (…) dans ces encouragements, il mit à la fois la tendresse d'une épouse anxieuse et la rude injonction d'un compagnon d'armes.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 18.
♦ ☑ Faire ses premières armes, sa première campagne. — Fig. Débuter dans une carrière. ⇒ Apprentissage (cit. 5). — Régler un différend par les armes. || La force des armes. ⇒ Combat, guerre. || Cliquetis des armes. || Conquérir un pays par les armes. ⇒ Force. — Fait d'armes. || Le sort des armes. — ☑ Loc. prov. (Vieilli). Les armes sont journalières : on est tantôt vainqueur, tantôt vaincu; ou, au fig. : un jour on réussit, et l'autre on échoue. — La gloire des armes.
19 La gloire des armes est un vain bruit.
Massillon, Oraison funèbre de M. le prince de Conti.
20 Un empire fondé par les armes a besoin de se soutenir par les armes.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XVIII.
♦ Suspension d'armes : cessation des hostilités. ⇒ Armistice.
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III
1 Par anal. Moyen d'attaque ou de défense. || Les armes naturelles de l'homme : les poings, les pieds, etc. || Les armes des animaux : les cornes, défenses, griffes, etc.
2 (1560). Fig. Ce qui peut servir à attaquer, faire du mal, agir contre un adversaire. ⇒ Argument, moyen (d'action, de pression, etc.), ressource. || Cette loi est une arme terrible entre les mains du pouvoir (Académie). || L'arme redoutable de la calomnie.
21 Et, mettant en nos mains, par un juste retour,
Les armes dont se sert sa vengeance sévère.
La Fontaine, Fables, XI, 7.
22 (…) son lâche orgueil (…)
Se fait de vos bontés des armes contre vous ?
Molière, Tartuffe, V, 2.
23 Si j'avais su qu'en main il a de telles armes,
Molière, Tartuffe, V, 3.
24 Contre un pareil malheur ma constance est sans armes (…)
Molière, Psyché, I, 1.
25 (…) les seules armes de l'Évangile, qui sont la douceur, la patience et la charité.
Fléchier, Panégyrique, II, p. 367.
26 Triomphe de la faiblesse ! c'est une arme que les femmes sont expertes à manier.
R. Rolland, l'Âme enchantée, t. II, p. 180.
27 Quand on est en péril de mort toutes les armes sont bonnes pour se défendre.
Claudel, Feuilles de saints, p. 73.
♦ ☑ Loc. Faire arme de tout : user de tout moyen pour atteindre son but.
28 Je fis armes de tout, afin de me venger.
Corneille, la Place royale, IV, 7.
29 Eusèbe qui fait arme de tout, eût cité ce passage avec emphase.
Voltaire, Philosophie, III, 53.
♦ ☑ Une arme à double tranchant : un argument, un moyen qui peut avoir deux effets opposés, se retourner contre celui qui l'emploie.
30 Nos diplomates avaient-ils tort de préférer doter leur pays d'une arme à double tranchant, plutôt que de le laisser désarmé ?
Martin du Gard, les Thibault, VII, 41.
♦ ☑ Donner, fournir des armes contre soi-même. ⇒ Verge (donner des verges pour se faire fouetter).
31 Plus d'armes nous donnons à qui nous veut trahir.
Corneille, Cinna, I, 2.
32 Je ne fais contre moi que vous donner des armes.
Racine, Andromaque, III, 7.
33 L'honneur de contredire a pour lui tant de charmes,
Qu'il prend contre lui-même assez souvent les armes (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
♦ ☑ Rendre les armes : cesser de combattre, de se défendre, s'avouer vaincu.
34 On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre, par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait honneur, et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir.
Molière, Dom Juan, I, 2.
35 À prudence endormie il faut rendre les armes.
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
♦ ☑ Fam. et vx. Elle est sous les armes, se dit d'une femme qui emploie tous ses moyens pour plaire (Académie).
36 Les travées de la tribune étaient remplies de toutes les dames de la cour en déshabillé, mais sous les armes.
♦ ☑ Vx. Faire tomber les armes des mains de qqn. ⇒ Adoucir, apaiser, fléchir.
37 Les destins sont vaincus, et le flux de mes larmes
De leur main insolente a fait tomber les armes (…)
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IV (1670). Spécialt. || Les armes : l'épée, le fleuret, le sabre. ⇒ Escrime. || Faire des armes.
38 (…) la science de tirer des armes est la plus belle et la plus nécessaire de toutes les sciences.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
39 (…) tout le secret des armes ne consiste qu'en deux choses, à donner et à ne point recevoir (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 2.
40 On voyait dans la salle d'armes, entre des étendards et des mufles de bêtes fauves, des armes de tous les temps et de toutes les nations, depuis les frondes des Amalécites et les javelots des Garamantes jusqu'aux braquemarts des Sarrasins et aux cottes de mailles des Normands.
Flaubert, la Légende de saint Julien l'Hospitalier, I.
40.1 Comme tous les grands seigneurs de cette époque, il montait à cheval et faisait des armes dans la perfection.
Dumas, les Trois Mousquetaires, t. I, p. 334.
40.2 Grand, les épaules larges, la poitrine pleine, il avait pris du ventre comme un ancien lutteur, bien qu'il continuât à faire des armes tous les jours et à monter à cheval avec assiduité.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 5.
♦ Armes courtoises : armes à pointe et tranchant émoussés dont on se servait dans les tournois. || Combattre à armes courtoises.
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V (V. 1170, Chrétien de Troyes). Au plur. Signes héraldiques (d'une famille, etc.). ⇒ Armoiries. || Les armes d'une famille, d'une ville, d'un peuple. || Les armes de France. || Les armes de l'Empire français étaient un aigle tenant un foudre dans ses serres. ⇒ Aigle. || Cachet d'armes. || Armes parlantes, dont la pièce principale rappelle le nom de la famille à qui elles appartiennent. || Armes fausses ou armes à enquerre : armes qui ne sont pas selon les règles du blason. || Armes assomptives.
41 (…) qu'avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme ?
Croyez-vous qu'il suffise d'en porter le nom et les armes (…)
Molière, Dom Juan, IV, 4.
42 Dans un coffret, scellé des armes de mon maître.
Molière, Amphitryon, I, 2.
43 Les armes de Grignan sont sur la porte.
Mme de Sévigné, 1386, 9 sept. 1694.
44 Puissant souverain, en vérité, que celui dont les armes sont un aigle à deux têtes, tenant un sceptre et un globe, qu'entourent les écussons de Novgorod, de Waldimir, de Kiev, de Kazan, d'Astrakhan, de Sibérie, et qu'enveloppe le collier de l'ordre de Saint-André, surmonté d'une couronne royale !
J. Verne, Michel Strogoff, p. 55.
♦ ☑ Prov. Que les armes le cèdent à la toge (lat. Cedant arma togae).
Encyclopédie Universelle. 2012.