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BILAN
BILAN

Le bilan figure parmi les trois «documents comptables de synthèse» (plan comptable général [P.C.G.], 1982), ou «comptes annuels» (Code de commerce), établis obligatoirement à la fin de chaque exercice (année).

Il comprend deux parties – l’actif et le passif –, exposées sous deux présentations: l’une, traditionnelle, en forme de compte (juxtaposée); l’autre, nouvelle, en forme de liste (superposée).

– L’actif rassemble les soldes débiteurs des comptes à report à nouveau (dits aussi de bilan, de patrimoine, cumulés, de situation, à mémoire). Les postes de l’actif correspondant à ces soldes mesurent, à l’instant final de l’exercice, les emplois conservés (transpériodiques), indifférents au découpage du temps en exercices, donc demeurant éventuellement au-delà de l’exercice, convertibles en un autre emploi (un autre actif, ou une charge de période), récupérables par revente (produit d’une période). Ce sont des valeurs positives.

Les actifs sont classés, par grandes rubriques, suivant leur utilisation et, à l’intérieur de chaque rubrique, suivant leur nature.

– Le passif rassemble les soldes créditeurs des comptes à report à nouveau (dits aussi de bilan, de patrimoine, cumulés, de situation, à mémoire). Les postes de passif correspondant à ces soldes mesurent, à l’instant final de l’exercice, les ressources à restituer, transpériodiques, indifférentes au découpage du temps en exercices, donc non prescrites par la fin de l’exercice. Ce sont des valeurs négatives.

Les passifs sont eux aussi classés, par grandes rubriques, suivant leur origine et, à l’intérieur de chaque rubrique, suivant leur nature.

La confrontation de l’actif et du passif décrit la situation patrimoniale de l’entreprise, à la fin de l’exercice. Dans la conception moderne, économique et financière, du patrimoine, les actifs sont les moyens de production et les passifs, les moyens de financement; le patrimoine est la personnalité économique d’une entreprise et non plus la fortune d’une personne.

Bien qu’il soit établi à un instant (l’instant final de la période), le bilan mesure aussi le résultat de la période; en effet, c’est un instrument de statique comparative, dont certains postes sont datés de l’instant initial de la période, d’autres de l’instant final.

Au début de l’exercice, la somme des actifs (valeurs positives) est égale a priori à la somme des passifs (valeurs négatives). Ou, en d’autres termes, la somme algébrique de toutes les valeurs positives et négatives est nulle. Ce sont en effet les mêmes valeurs qui sont classées deux fois, de manières différentes: à l’actif comme des emplois, donc suivant l’utilisation qui en a été faite, et, au passif, comme des ressources, c’est-à-dire suivant leur origine, qui est en même temps leur destination, puisqu’elles devront être restituées.

À la fin de l’exercice, il se produit ordinairement un écart entre actif et passif:

– soit qu’il y ait un excès de l’actif sur le passif; la somme algébrique de toutes les valeurs du patrimoine a augmenté; il y a un résultat positif (bénéfice);

– soit qu’il y ait un excès du passif sur l’actif; la somme algébrique de toutes les valeurs du patrimoine a diminué; il y a un résultat négatif (perte).

Le résultat est la somme algébrique des variations de tous les postes du bilan: composantes positives (augmentations d’actif et diminutions de passif), composantes négatives (diminutions d’actif et augmentations de passif).

Cela est dissimulé, dans la présentation habituelle du bilan; ce serait plus clair dans une présentation qui séparerait dans chaque compte la situation initiale, la variation pendant la période et la situation finale.

Pour rétablir l’équilibre du bilan, on ajoute le résultat de l’exercice du côté du plus faible total, c’est-à-dire le bénéfice au passif et la perte à l’actif. Le P.C.G. 1982 préfère mettre le bénéfice au passif, avec le signe moins, ce qui revient au même.

Les postes du bilan sont des valeurs transpériodiques (emplois conservés et ressources à restituer); au cours du temps, elles se répartissent entre les périodes successives (valeurs intrapériodiques). Les actifs deviennent d’autres emplois conservés, puis des emplois consommés (charges, par exemple, dotations) ou des ressources définitivement acquises (produits par revente). Les passifs deviennent d’autres ressources à restituer, puis disparaissent par retour à l’origine. Le bilan est ainsi un instrument de «stockage», de transport dans le temps et de répartition entre périodes des charges et des produits.

1. Les différentes conceptions du bilan

À partir de cette base formelle, on peut obtenir quatre variétés de bilan tout à fait différentes, en faisant varier le contenu, le classement et les critères d’évaluation des postes. La pratique n’utilise pas ces «types purs», mais elle les combine dans des proportions qui ont varié au cours du temps.

Dans la conception patrimoniale , le bilan est tourné vers le passé, il décrit une situation acquise et montre la limite de la confiance qu’on peut accorder à l’entreprise. L’actif est la capacité de remboursement, mesurée par la valeur vénale des biens possédés par l’entreprise. Le passif est la liste des ayants droit. La comparaison de l’actif et du passif mesure la solvabilité finale de l’entreprise. On ne s’inquiète pas de corriger les effets de la hausse des prix.

Dans la conception financière , la situation actuelle est l’une des conditions de l’activité future, et le bilan commence à envisager l’avenir. Les postes de l’actif sont, en principe, évalués au coût historique, éventuellement diminué jusqu’à la valeur vénale actuelle. Des actifs fictifs apparaissent cependant, qui n’ont pas de valeur vénale, mais une valeur économique d’usage. Les passifs demeurent soumis au principe de nominalisme. On commence à pallier les effets de l’inflation, au moyen d’un indice du niveau général des prix. Les actifs sont classés par ordre de liquidité à la date du bilan; les passifs par ordre d’exigibilité à la date du bilan; leur confrontation montre à la fois la solvabilité finale et la solvabilité immédiate (ou liquidité). Un pareil bilan est utile à un banquier.

Dans la conception fonctionnelle , on accorde plus de place à la valeur d’usage. Les actifs sont classés suivant leur destination au moment de leur acquisition, en actifs immobilisés, qui constituent la structure permanente de l’entreprise, et en actifs circulants, renouvelés par un mouvement cyclique. Les passifs sont classés selon leur provenance au moment de leur apparition, en ressources non renouvelées et en ressources renouvelées par l’activité même de l’entreprise. Leur comparaison fait apparaître les conditions dans lesquelles sont prises les décisions de types et d’horizons différents et leur réalisation financière: installation d’un capital fixe, renouvellement d’un capital circulant.

La conception économique pousse l’évolution jusqu’au bout. Le bilan est entièrement tourné vers l’avenir et destiné à guider les décisions des dirigeants. Il est considéré comme un auxiliaire du compte de résultat, et il ne décrit la situation actuelle que dans la mesure où elle conditionne l’activité et les résultats futurs. Le bilan inclut tout ce qui est utile à l’entreprise, et le critère d’évaluation des postes est leur valeur économique, c’est-à-dire la capitalisation des recettes qu’on peut en attendre, les effets de la hausse des prix étant corrigés pour chaque poste pris individuellement. Les postes du bilan sont classés suivant leur rôle dans l’entreprise et le type de décisions auquel ils correspondent.

L’entreprise n’étant jusqu’ici autorisée à établir qu’un seul bilan, on a utilisé des bilans mixtes pour tâcher de satisfaire les différents usagers, en leur apportant les informations particulières dont ils ont besoin. Le bilan traditionnel était patrimonial; le bilan du plan comptable général de 1957 insistait sur l’aspect financier; celui de 1982 insiste sur l’aspect fonctionnel. Mais de pareils compromis ne sont entièrement satisfaisants pour personne; on en arrivera fatalement à accepter la pluralité de bilans simultanés et différents. Le bilan fonctionnel du plan comptable général de 1982 amorce une évolution dans ce sens; il met à part ce qui provient de l’observation des règles fiscales; l’annexe permet d’établir un bilan financier; le tableau des soldes intermédiaires de gestion du système développé rapproche du bilan économique.

2. Les actifs

Définition

Pour le P.C.G. de 1982, ce sont «des éléments du patrimoine ayant une valeur économique positive pour l’entreprise». Cette formule peut paraître contradictoire et demande explication. Les actifs sont des valeurs positives, indifférentes au découpage du temps en périodes, conservées dans le patrimoine, convertibles, récupérables, dans l’attente d’une affectation ultérieure à une ou plusieurs périodes, sous forme de produits et de charges.

La notion a subi une dérive, qui l’a élargie et a diminué sa précision; aux actifs «vrais», on a assimilé les «quasi-actifs», de nature différente, mais traités par la même technique comptable:

– les actifs vrais sont des biens conservés, ayant une valeur vénale, des créances, ou des liquidités;

– les actifs fictifs (ou techniques, ou quasi-actifs) n’ont pas de valeur de revente et ne devraient pas figurer dans un bilan indicateur de la solvabilité. Ils y sont apparus pour une raison technique. Dans une comptabilité des engagements, une dépense sans acquisition d’un bien pouvant être revendu doit normalement être imputée à l’exercice en cours, donc comptabilisée comme une charge de cet exercice (principe de prudence). Mais, quand elle est durablement utile à l’entreprise et quand son montant est élevé, il est préférable de l’inscrire en actif; cela permet de ne l’en retirer que progressivement et de la répartir entre les charges de plusieurs exercices successifs (principe de continuité). Mais cette raison technique a entraîné une évolution de fond, la juxtaposition de deux critères d’évaluation: le critère juridique de la valeur vénale et le critère économique de la valeur d’usage; le bilan ne mesure plus seulement la solvabilité de l’entreprise, mais aussi son potentiel d’activité.

Analyse

Les actifs sont des emplois , des affectations de valeurs notés positivement: une augmentation par un débit, une diminution par un crédit, le montant instantané par un solde débiteur.

Les actifs sont conservés et non détruits comme les charges; ce sont donc des valeurs positives, dont l’augmentation est un enrichissement et la diminution un appauvrissement. Ils sont transpériodiques (indifférents au découpage du temps en périodes), donc mesurés dans l’instant, par des comptes à report à nouveau (ou de bilan). Ils sont intérieurs au patrimoine, donc diachroniques , transportés dans le temps, dans l’attente d’une future transformation en un autre actif, puis en valeurs intrapériodiques: produits et charges. Ils sont mesurés par des comptes orientés dans le sens direct du patrimoine:

– le solde , nécessairement débiteur-positif, mesure une valeur positive;

– un débit mesure un enrichissement, qui constitue une composante positive du résultat, si le crédit correspondant est porté sur un compte de la période (ou de gestion). Dans ce cas, en effet, il y a une entrée de valeur dans le patrimoine, venant de l’environnement;

– un crédit mesure un appauvrissement, qui constitue une composante négative du résultat, sous les mêmes conditions.

Regroupement

La réunion des postes actifs constitue l’actif, moitié gauche (ou supérieure) du bilan. Les postes de l’actif sont les soldes débiteurs des comptes à report à nouveau; ils indiquent la forme et le montant d’emplois conservés, à l’instant où le bilan est établi.

On peut classer les actifs de plusieurs manières: suivant leur rôle (d’exploitation, et hors exploitation), suivant leur durée (immobilisés et circulants), suivant leur degré de liquidité (plus et moins de un an).

Les actifs immobilisés correspondent au capital fixe des économistes; ils augmentent l’efficacité de la production; ils ne se détruisent pas par le premier usage et participent à plusieurs cycles d’exploitation; l’amortissement mesure leur dépréciation pendant l’exercice qui, avec l’entretien, constitue leur coût d’utilisation et permet de déterminer le résultat et le coût de revient. L’analyse financière leur assimile le stock-outil, minimum de stock incompressible, donc permanent, qui demande le même type de financement que les actifs immobilisés.

Les actifs circulants , ou cycliques, correspondent au capital circulant des économistes. Leur incorporation à la production les détruit dès le premier usage; ils changent donc de forme au cours de l’avancement de la production et reprennent, suivant un rythme cyclique, la forme d’une encaisse monétaire; leur liquidité varie en sens inverse de la durée de ce cycle.

Les comptes de régularisation mesurent les créances de l’exercice en cours sur l’exercice suivant (charges constatées d’avance), ou sur plusieurs exercices postérieurs (charges à répartir); ils servent de relais pour déplacer une charge d’un exercice à un autre, quand elle a été notée prématurément.

Ne figure à l’actif du bilan que ce dont l’entreprise est propriétaire. Ce qu’elle détient à titre de locataire (crédit-bail) n’y figure donc pas. Cela résulte du principe de patrimonialité du bilan, corollaire de son rôle d’indicateur de la solvabilité; mais ce n’est plus entièrement vrai; on trouve maintenant à l’actif des postes fictifs, sans valeur vénale.

3. Les passifs

Définition

Les passifs sont des valeurs négatives, ou ressources indifférentes au découpage du temps en périodes, conservées dans le patrimoine, dans l’attente d’une restitution ultérieure. Elles proviennent de l’apport des associés, des bénéfices, des dotations, des endettements.

Analyse

Ce sont des ressources, c’est-à-dire des origines (provenances) de valeurs, notées négativement: une augmentation par un crédit, une diminution par un débit, le montant instantané par un solde créditeur.

Ces ressources sont conservées: l’obligation de les restituer n’est pas prescrite par la fin de l’exercice, à l’inverse des produits, qui sont acquis définitivement. Ce sont donc des valeurs négatives, dont l’augmentation est un appauvrissement et la diminution un enrichissement. Elles sont transpériodiques (indifférentes au découpage du temps en périodes), donc mesurées dans l’instant par les soldes des comptes à report (ou de bilan). Elles sont également intérieures au patrimoine, donc transportées dans le temps dans l’attente d’une transformation en un autre passif, puis d’une restitution aux créanciers ou aux associés, ou de la compensation d’une perte. On dit que ce sont des ressources réversibles, pour exprimer qu’elles devront retourner à leur point d’origine, ou des ressources à séquelles (mesurées par des comptes orientés dans le sens du patrimoine ): le solde – nécessairement créditeur – mesure une valeur négative; un débit mesure un enrichissement, qui constitue une composante positive du résultat, si le crédit correspondant est porté sur un compte de la période (ou de gestion). Dans ce cas, en effet, il y a une entrée de valeur depuis l’environnement dans le patrimoine. Un crédit mesure un appauvrissement, qui constitue une composante négative du résultat, sous les mêmes conditions.

Regroupement

La réunion des postes passifs constitue le passif, moitié droite (ou inférieure) du bilan. Les postes passifs sont les soldes créditeurs des comptes à report à nouveau; ils indiquent la forme et le montant des ressources à restituer, à l’instant où le bilan est établi. En d’autres termes, les postes du passif indiquent à la fois l’origine passée des valeurs dont dispose l’entreprise et leur destination future.

Les principales rubriques du passif sont les capitaux propres (ou passif interne), les dettes (ou passif externe). Les provisions pour risques et charges ont un statut intermédiaire entre les fonds propres et les dettes.

4. Les éléments fictifs du bilan

L’actif fictif

Dans une conception patrimoniale du bilan, où l’entreprise est considérée comme un objet de propriété et où le bilan a pour fonction de mesurer la solvabilité, les seuls actifs vrais sont ceux qui sont susceptibles d’être revendus et qui ont une valeur vénale. Les éléments fictifs, ou techniques, n’ont pas de valeur vénale et leur inscription à l’actif n’est, à l’origine, que le détournement d’un procédé technique de son but premier. On veut éviter de comptabiliser en charge de l’exercice une dépense dont le montant est important et qui sera utile à plusieurs exercices. Pour cela, on l’inscrit à l’actif et on l’en retire progressivement, en la faisant passer dans les charges de plusieurs exercices. Cependant, un tel actif n’a pas de valeur vénale et la prudence conduit à abréger son maintien dans l’actif et à accélérer son amortissement. Les frais d’établissement, les frais de recherche et de développement, les charges à répartir sur plusieurs exercices en sont des exemples.

Cependant, si ces actifs n’ont pas de valeur vénale, ils ont une valeur économique d’usage, puisqu’ils contribuent à la production et à la réalisation d’un bénéfice: la valeur d’un bien de second rang découle de la valeur des biens de premier rang qu’il contribue à produire. Leur inscription à l’actif montre que l’entreprise n’est plus considérée comme un objet de propriété, mais comme une entité autonome. Le bilan est transformé; il fait coexister deux critères de la valeur: l’un patrimonial et l’autre économique; il devient une anticipation de l’activité future, donc un instrument d’aide à la gestion ; l’actif englobe tous les emplois en attente d’une transformation ultérieure.

Le passif fictif

Le P.C.G. de 1982 définit le passif comme «éléments du patrimoine ayant une valeur économique négative pour l’entreprise. L’ensemble de ces éléments est couramment dénommé passif externe».

Dans une conception patrimoniale du bilan, les seuls passifs vrais sont les dettes , ressources qui devront être restituées à des tiers, quand elles arriveront à leur terme, et dont il faut tenir compte pour mesurer la solvabilité. On peut qualifier les capitaux propres , ou passif interne, d’éléments fictifs du passif; ils ne seront restitués aux associés qu’à la fin de l’entreprise et, dans la mesure où c’est encore possible, après le remboursement intégral des dettes. Les ranger au passif du bilan traduit l’abandon de la conception de l’entreprise objet de propriété et de la conception patrimoniale du bilan, instrument de mesure de la solvabilité. L’entreprise est considérée comme une entité autonome, et le passif du bilan doit comprendre toutes les ressources en attente d’une transformation ultérieure. Le capital et les primes liées, les réserves, le report, le résultat de l’exercice, l’écart de réévaluation, les subventions d’investissement, provisions réglementées en sont des exemples.

5. Unicité du bilan

Afin d’éviter toute fraude ou manœuvre, une entreprise n’a le droit d’établir et de publier pour un exercice donné qu’un seul bilan : on craint qu’elle n’établisse un bilan optimiste pour ses créanciers, un bilan pessimiste pour le Fisc, etc. Mais un bilan unique a plusieurs utilisateurs distincts, qui ont légitimement des points de vue différents sur l’entreprise; ce bilan à tout faire n’est donc entièrement satisfaisant pour aucun d’eux.

En ce qui concerne le compte de résultat , on a remplacé la mesure unique du résultat par toute une série de soldes intermédiaires de gestion. Les entreprises qui ont des établissements dans plusieurs pays peuvent calculer un résultat mondial. Il peut y avoir intégration fiscale du résultat imposable d’un groupe de sociétés. En ce qui concerne le bilan, l’évolution est seulement amorcée vers un assouplissement du principe de l’unicité. Entre le P.C.G. de 1957 et celui de 1982, le modèle du bilan a changé, modifiant le classement des postes et le poids respectif des préoccupations patrimoniale, financière et fonctionnelle. L’annexe indique le biais résultant de l’application des règles fiscales, et un tableau particulier permet le passage du résultat comptable au résultat fiscal. Cependant, les critères d’évaluation des postes du bilan restent les mêmes, et il n’y a toujours pas de bilan véritablement économique.

6. Hauts et bas du bilan

Les postes du bilan étant divisés en quatre groupes, les deux hauts du bilan, actif et passif, et les deux bas du bilan, actif et passif, le fonds de roulement – notion financière importante – est la différence entre les deux hauts du bilan ou entre les deux bas du bilan. Mais la conception du fonds de roulement est liée à celle du bilan, et elle s’est transformée avec elle, la frontière entre les hauts et les bas s’étant déplacée.

Les hauts du bilan sont les premiers postes de l’actif et du passif. Dans un bilan à orientation principalement financière, comme celui du plan comptable général de 1957, les hauts du bilan sont définis par la moindre liquidité des actifs et la moindre exigibilité des passifs au moment où le bilan est établi; le fonds de roulement est alors un indicateur de la solvabilité immédiate de l’entreprise. Dans un bilan à orientation principalement fonctionnelle, comme celui du plan comptable général de 1982, les hauts du bilan sont les postes non liés au cycle d’exploitation au moment de leur apparition: à l’actif, les actifs immobilisés, et au passif, les ressources permanentes. Un tel fonds de roulement est un indicateur de l’harmonie dans l’équilibre financier, qui commande l’aptitude de l’entreprise à assurer sa croissance, à faire face à l’imprévu et à augmenter son endettement.

Les bas du bilan sont les dernières rubriques de l’actif et du passif. Dans un bilan liquidités-exigibilités (ou financier), les bas du bilan sont, à l’instant où le bilan est établi, les actifs les plus proches de la liquidité et les passifs les plus proches de l’exigibilité. Dans un bilan fonctionnel, les bas du bilan sont, à l’instant où ils sont constitués, les postes liés au cycle d’exploitation: actifs circulants et passifs renouvelés. Ici aussi, la définition et la portée du fonds de roulement sont transformées.

7. Réévaluation du bilan

Par prudence, après avoir évalué les actifs à leur coût d’origine (coût historique), on enregistre leurs diminutions de valeur, mais pas les augmentations. Cette manière de faire devient totalement irréaliste, quand une longue durée s’est écoulée depuis l’acquisition d’un actif et quand il y a eu pendant ce temps une importante augmentation des prix. La loi permet alors aux entreprises de procéder à une réévaluation de leur bilan.

Un indice officiel est institué, qui est censé refléter la hausse des prix, année par année. On multiplie le coût d’origine de chaque immobilisation par l’indice de l’année de son acquisition. On multiplie les dotations d’amortissement par les indices des années correspondantes. On soustrait la valeur des amortissements réévalués de la valeur d’origine réévaluée. On obtient ainsi une nouvelle évaluation des actifs immobilisés, plus élevée que l’ancienne et plus réaliste. L’équilibre du bilan est rétabli par l’inscription de la plus-value au passif, sous le nom d’écart, ou de réserve de réévaluation. Suivant les cas, cette plus-value est ou non considérée comme un gain, frappé par l’impôt sur les bénéfices; la portée de la réévaluation en est évidemment changée du tout au tout.

bilan [ bilɑ̃ ] n. m.
• 1578 bilans; it. bilancio « balance »
1Inventaire périodique de tout ce qu'une entreprise possède et de tout ce qu'elle doit. 1. balance, état. Le bilan d'une entreprise donne sa situation active et passive à une certaine date. actif, 2. passif; crédit, débit, 2. solde. Bilan consolidé. Dresser, arrêter un bilan. Bilan positif. Analyse de bilan ( audit) . Spécialt Dépôt de bilan : acte par lequel un commerçant qui se déclare en état de cessation de paiement fait connaître au Tribunal de commerce sa situation active et passive. ⇒ faillite, liquidation. Déposer son bilan.
2Compte des pertes humaines ou matérielles au cours d'un événement public malheureux. Le bilan d'un accident, des incendies de forêt. Le bilan est très lourd.
3Fig. État, résultat global. Faire le bilan de la situation. Le bilan des recherches est positif. Le bilan d'une vie, d'un règne. Faire son bilan.
Bilan de santé : ensemble d'examens médicaux permettant d'apprécier l'état et le fonctionnement des organes. ⇒ check-up.

bilan nom masculin (italien bilancio, de bilanciare, peser) Résumé de la situation financière d'une entreprise. État d'une situation ; résultat d'une action, d'une opération d'ensemble : Le bilan d'une réforme.bilan (difficultés) nom masculin (italien bilancio, de bilanciare, peser) Emploi Bilan (de l'italien bilancio, balance) signifie « état de l'actif et du passif d'une entreprise » et, par extension, « somme des aspects positifs et négatifs de qqch, résultat global » : faire, dresser le bilan d'une situation, d'une action ; le bilan de la journée est excellent. Recommandation Éviter dans l'expression soignée l'emploi au sens de « chiffre », courant dans le style journalistique (le bilan de l'accident est de cent morts). Tourner la phrase autrement (on déplore cent victimes, cent personnes ont trouvé la mort dans l'accident, etc.). ● bilan (expressions) nom masculin (italien bilancio, de bilanciare, peser) Bilan social, document annuel élaboré par le chef d'entreprise, après consultation du comité d'entreprise, qui récapitule les principales données chiffrées reflétant la situation sociale des employés d'une entreprise et leurs conditions de vie et de travail relatives aux trois dernières années. (Il est obligatoire dans toute entreprise employant 300 salariés au minimum.) Bilan de santé, examen médical comportant une série d'investigations cliniques et de laboratoire aussi complètes que possible, pratiqué systématiquement ou occasionnellement, pour apprécier l'état des organes d'un sujet apparemment indemne de toute affection. Bilan énergétique, récapitulation de toutes les formes d'énergie intervenant dans une transformation. Bilan nutritif, comparaison des entrées (ingesta) et des sorties (egesta) dans un organisme vivant, permettant de déterminer l'état de sa nutrition. (Il sert de base à l'établissement de la ration alimentaire.) Bilan thermique, comparaison des quantités de chaleur apportées par le combustible, ou le comburant, avec les quantités de chaleur utilisées et perdues. ● bilan (synonymes) nom masculin (italien bilancio, de bilanciare, peser) État d'une situation ; résultat d'une action, d'une opération d'ensemble
Synonymes :
- conséquences
- effets
Médecine. Bilan de santé
Synonymes :
- check-up

bilan
n. m.
d1./d FIN Document qui précise le solde de tous les comptes d'une entreprise à une date donnée. (V. actif et passif.)
Dépôt de bilan: déclaration, au tribunal de commerce, de cessation de paiements. Passif d'un bilan.
d2./d AGRIC Bilan hydrique: calcul comparatif de la répartition de l'eau absorbée par un sol entre différentes destinations: utilisation par les plantes, évaporation, etc.
d3./d HYDROL Bilan hydrologique: balance entre la quantité d'eau reçue par une région et les pertes dues à l'écoulement, l'évaporation, l'infiltration et l'alimentation des nappes souterraines.
d4./d PHYS Bilan thermique: calcul des différentes quantités de chaleur fournies et reçues par une machine ou par une installation.
d5./d Bilan de santé: ensemble d'examens permettant d'apprécier l'état de santé (d'une personne).
d6./d Fig. Faire le bilan de qqch, en tirer les enseignements qui s'imposent.

⇒BILAN, subst. masc.
A.— COMM., FIN. Inventaire de la situation financière, établi à un moment donné et dressant un état de l'actif et du passif. Bilan d'exploitation; faire un bilan; bilan positif :
1. Je déposai mon bilan et obtins de l'argent de la faillite les premières sommes disponibles pour opérer ce retrait.
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 441.
2. « ... le bilan contiendra l'énumération et l'évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers du débiteur, l'état des dettes actives et passives, le tableau des profits et pertes, le tableau des dépenses. »
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 248.
En partic. [En cas de faillite] Déposer le bilan.
SYNT. Le bilan de la banque, d'une entreprise, d'une opération, d'une succession; le bilan des acquisitions, des denrées; bilan de faillite, de liquidation; bilan consolidé, annulé, définitif, optimiste, sommaire, économique, financier, fiscal; arrêter, déposer, établir, falsifier un bilan.
B.— P. ext.
1. Inventaire général des éléments d'une situation.
Spéc., MÉD. Bilan alimentaire, métabolique, nutritif, urinaire; bilan de santé. ASTRON. Bilan thermique. Quotient de la chaleur qu'une planète reçoit du soleil et de la chaleur qu'elle rayonne.
P. anal. Évaluation chiffrée d'une situation à l'occasion d'un événement. Bilan d'une bataille, d'une guerre, d'une catastrophe, etc.
Rem. D'une manière gén. le sens A tend à être supplanté par le sens B, qui tend lui-même à se définir comme le compte numérique des pertes humaines. Ex. le bilan d'un accident, des inondations : douze morts.
2. P. métaph. Balance positive ou le plus souvent négative d'une situation matérielle, morale, affective, etc. Bilan d'un séjour, d'une existence, d'une amitié; triste bilan :
3. Le chagrin avait employé trois ans à détruire cette douce Allemande [madame Mignon]... le bilan de cette douleur est facile à chiffrer. Deux enfants, morts en bas âge eurent un double ci-gît dans cette âme...
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 26.
4. L'isolement qui se fait autour de moi, le découragement littéraire, le dégoût que m'inspirent mes contemporains, les nerfs qui se tendent trop, la cinquantaine sonnée et les inquiétudes d'avenir, voilà mon bilan.
FLAUBERT, Correspondance, 1872, p. 450.
5. Donc il se mit à faire le bilan de sa passion comme il faisait, chaque année, la balance des amitiés disparues ou nouvelles, des faits et des gens entrés dans son existence.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Étrennes, 1887, p. 1066.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. bilanisme, subst. masc. ,,Préoccupation intense et permanente d'établir le bilan des gains et des pertes organiques, psychiques et matérielles`` (MOOR 1966). [« Bilanisme » ou passion des comptes, des équilibres, des restitutions, des symétries, manie d'ordre, de la ponctualité, de la propreté, glacis de protection (sauvagerie, politesse affectée, hauteur, mutisme, etc.)] (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 137).
PRONONC. :[]. Enq. ://.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1584 (THÉVET, Vies des hommes illustres, 526 v° dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 292); 1798 déposer son bilan (Ac.); 1835 rédiger, dresser un bilan, présenter, donner son bilan (Ac.); 1835 faire son bilan (Ibid.); 1866 fig. (Lar. 19e).
Empr. à l'ital. bilancio, de même sens attesté dep. le XVIe s. (SASSETTI, dans BATT.), lui-même déverbal de bilanciare « peser, mettre en équilibre » corresp. au fr. balancer.
STAT. — Fréq. abs. littér. :261. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 244, b) 174; XXe s. : a) 508, b) 502.
BBG. — Ac. (L') des sc. prend de nouv. décisions relatives au lang. sc. Déf. Lang. fr. 1970, n° 55, p. 28. — HOPE 1971, p. 149, 165. — KUHN 1931, p. 99, 170, 231. — Liste de termes ou expr. à substituer à des mots étr. ou barbares. Déf. Lang. fr. 1970, n° 53, p. 33. — SAR. 1920, p. 41.

bilan [bilɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1584; ital. bilancio « balance », de bilanciare « peser ». → Balancer.
1 Tableau résumé de l'inventaire ou de la comptabilité d'une entreprise. État, tableau. || Le bilan d'une entreprise donne sa situation active et passive à une date donnée. Actif, passif; crédit, débit, solde (débiteur, créditeur). || La balance des comptes d'un bilan. Balance. || La banque de France publie son bilan. || Dresser son bilan de fin d'année. || Établir, arrêter un bilan. || Falsifier un bilan. || Un bilan positif, satisfaisant.Bilan consolidé : bilan synthétique regroupant les bilans et les comptes de résultats des entreprises d'un groupe. || Bilan actualisé. Actualisation.
Dépôt de bilan : acte par lequel un commerçant qui se déclare en état de cessation de paiement fait connaître au tribunal de commerce sa situation active et passive. Faillite, liquidation. || Déposer son bilan. → ci-dessous, par métaphore.
1 (…) il était calme comme un failli, le lendemain du bilan déposé.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 493.
2 Tout failli sera tenu, dans les quinze jours de la cessation de ses payements, d'en faire la déclaration au greffe du tribunal de commerce (…) La déclaration du failli devra être accompagnée du dépôt du bilan (…) Le bilan contiendra l'énumération et l'évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers du débiteur, l'état des dettes actives et passives, le tableau des profits et pertes, le tableau des dépenses.
Code de commerce, art. 438-439.
2 Par ext. Inventaire chiffré (d'un événement). || Bilan de la catastrophe : cent morts, un millier de sinistrés. || Bilan d'une bataille. || Faire le bilan des accidents de la route.
3 Par métaphore ou fig. État, résultat global. || Faire le bilan d'une expérience, de la situation, de son existence.Déposer son bilan : se déclarer vaincu.
3 (…) les fruits secs de l'improbité, les existences en banqueroute, les consciences qui ont déposé leur bilan (…)
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, V, 6.
4 Lui, je lui demandais un rendez-vous pour le lendemain, sans plus : je lui dirais tout, je déposerais mon bilan et lui demanderais de m'aider à mettre fin à ce lien, tant qu'il était temps.
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 207.
4 Loc. a Bilan de santé : expertise médicale permettant d'apprécier l'état et le fonctionnement des organes (peut remplacer check-up [anglicisme]).Bilan alimentaire, nutritif. || Bilan préopératoire. || Bilan neuro-musculaire. || Bilan énergétique (rapport des calories apportées à l'organisme à l'utilisation de cet apport d'énergie).
b Techn. Phys. Inventaire d'éléments. || Bilan radiatif, thermique : rapport de la chaleur reçue et de la chaleur dépensée (ou rayonnée, en astronomie). || Bilan volumique, pondéral.Bilan hydrique, minéral d'une plante : comparaison entre la quantité d'eau, de minéraux fournis à une plante et la quantité absorbée.
Bilan hydrologique : état des ressources en eau d'une région. || Bilan chimique d'une roche. || Bilan d'altération d'un sol (pédologie).
DÉR. Bilanciel, bilanisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.