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ÎLES
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Le Dictionnaire de la géographie , paru sous la direction de Pierre George aux Presses universitaires de France, définit le mot île de la manière suivante: « terre isolée de tous côtés par les eaux ». L’accent est donc mis sur l’isolement lié à l’encerclement de l’espace exondé par les eaux. Les îles ont diverses origines. Deux grandes catégories doivent être distinguées, les îles continentales et les îles océaniques.

Les îles continentales

Relèvent de la catégorie des îles continentales les îles dont les liens sont étroits avec le continent voisin. La Grande-Bretagne et l’Irlande constituent un bon exemple d’îles appartenant au continent européen, dont elles ont été séparées récemment par des mouvements d’affaissement et par la transgression marine, liée à la fonte des glaciers quaternaires. La plate-forme sous-marine qui porte ces îles a les caractères d’une surface continentale récemment submergée, sillonnée de vallées d’origine fluviale.

La solidarité entre le continent et le monde insulaire apparaît très clairement sur quelques types de littoraux. Les îles de la côte dalmate (Adriatique, Yougoslavie) résultent de la submersion d’un relief plissé parallèle à la direction générale du rivage. S’opposent à cette côte à structure parallèle au rivage et bordée d’îles les îles littorales liées à des structures perpendiculaires au rivage: de profondes rades (Brest, Douarnenez) correspondent aux bandes de terrains tendres, alors que les îles prolongent en mer les alignements de roches dures (Ouessant, île de Sein). Les côtes à skjär, c’est-à-dire à écueils, sont dues à des roches moutonnées d’origine glaciaire ennoyées. Archipels d’îles et d’îlots correspondent à l’occupation par la mer d’une côte de plaine d’érosion glaciaire (Finlande, Norvège, Suède).

Les îles océaniques

Deux grands types d’îles constituent l’essentiel de la famille des îles océaniques: les îles volcaniques et les îles madréporiques ou coralliennes.

Les îles océaniques volcaniques

L’accumulation de matériaux, liée à l’activité volcanique, peut donner naissance à une île. C’est ainsi que des îles volcaniques accompagnent les dorsales sous-marines, qui sont des chaînes de montagne submergées. Au milieu de l’océan Atlantique s’étire du nord au sud une dorsale en forme d’S: elle porte les Açores, Ascension et Sainte-Hélène. Dans le Pacifique, les îles Hawaii aussi sont situées sur une dorsale.

Les structures en arc sont également favorables à la formation d’îles volcaniques: guirlandes insulaires des Antilles, des Kouriles, des Aléoutiennes, des îles de la Sonde... L’arc des Petites Antilles a connu ou connaît une activité volcanique. L’arc externe relève d’un volcanisme ancien, et des recouvrements sédimentaires peuvent oblitérer les dépôts volcaniques; par contre, l’arc interne est formé de volcans récents, dont plusieurs sont toujours en activité (la Soufrière en Guadeloupe, la montagne Pelée en Martinique).

Certaines de ces îles volcaniques sont de petite dimension et sont de simples volcans (fig. 1). C’est le cas du Stromboli, de Kao et Tofua dans l’archipel Tonga, de Santorin, de l’île Saint-Paul. Mais il est plus fréquent de rencontrer des îles formées par la juxtaposition ou l’emboîtement de plusieurs générations de volcans. Telles sont la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, l’Islande, les Açores, les Hawaii, les Canaries ou les Kerguelen.

Les îles océaniques coralliennes

Les îles volcaniques se rencontrent sous toutes les latitudes et dans toutes les mers. Il en va autrement des îles coralliennes, qui forment l’autre grand groupe des îles océaniques, et qui ne sont situées que dans les régions tropicales. Les coraux, agents constructeurs de ces îles, ont en effet des exigences écologiques précises. Ils ne vivent que dans les eaux chaudes (entre 23 et 28 0C de préférence), des eaux agitées, pures, traversées par la lumière (donc à faible profondeur: moins de 40 m). Diverses algues, des mollusques, des vers jouent un rôle important dans l’édification et la consolidation des récifs coralliens.

En bordure des continents et des grandes îles tropicales, on rencontre soit des récifs frangeants, soit des récifs-barrières séparés du rivage par un lagon. Mais l’île corallienne typique est l’atoll: il s’agit d’un anneau de coraux de diamètre très variable, coupé de passes, entourant un lagon qui peut avoir plus de 30 mètres de profondeur (fig. 2).

E. H. Bryan a dressé une liste d’environ 400 atolls: les trois quarts se trouvent en Océanie, d’où l’intérêt particulier offert par le Pacifique pour leur étude. Certains atolls sont complètement isolés, mais la plupart se groupent en archipels: les Tuamotu comprennent 75 atolls (909 km2 de terres émergées).

L’origine des atolls est toujours très discutée. Darwin avait émis l’hypothèse de l’affaissement lent d’un volcan entouré de récifs coralliens. Le récif frangeant se transforme progressivement en récif-barrière et devient un atoll lorsque le volcan s’est enfoncé sous l’océan. Grâce à leurs constructions, les polypes se maintiennent toujours près de la surface. Des recherches récentes ont confirmé l’hypothèse de Darwin, mais, à côté des mouvements d’affaissement du sol, il faut faire intervenir les variations récentes et beaucoup plus rapides du niveau de la mer, liées aux glaciations quaternaires.

Les atolls présentent une grande diversité. D’abord, par leur taille: certains n’ont que quelques kilomètres de périmètre, tandis que d’autres sont très vastes. Autre source de diversité: leur forme. Les atolls circulaires sont rares et généralement de petite taille. Les atolls de grande taille ont des formes variées: allongées, triangulaires, quadrangulaires, formant un polygone complexe. Les atolls se distinguent aussi par l’étendue des terres émergées constituant les îles coralliennes. Entre les îles et les îlots, les passes sont balayées par les tempêtes et par les vagues de marée haute. La largeur de la couronne récifale excède très exceptionnellement 2 kilomètres et se situe le plus souvent entre 300 et 500 mètres. Le nombre des passes mettant en communication le lagon et l’océan définit aussi les caractères différents des atolls. On distingue les passes peu profondes, dites « passes pour pirogues », et les « passes profondes », accessibles aux navires de haute mer. Les passes se localisent généralement sur le côté sous le vent de l’atoll. Enfin, on peut prendre en compte la profondeur du lagon pour définir la diversité des atolls. En général, cette profondeur ne dépasse pas quelques dizaines de mètres.

La structure d’un atoll typique permet d’en définir les principaux éléments constitutifs. Quatre unités peuvent être distinguées: le « tombant vers le large » correspond à la bordure externe du récif; il est relayé, vers l’intérieur, par la plate-forme récifale, encore atteinte par les vagues à marée haute et pendant les tempêtes; le troisième élément est l’île émergée formée de débris d’origines variées, de sables, de coquilles, de fragments de récifs; le dernier élément, enfin, est le lagon. Chaque lagon présente des caractéristiques originales, notamment en ce qui concerne les différents éléments qui en constituent le fond: pâtés ou « patates » de corail, vases et boues calcaires, barres de mollusques comprenant huîtres perlières et grands bénitiers (fig. 3). Si les atolls véritables constituent la très large majorité des îles coralliennes, il faut néanmoins faire une place aux atolls et récifs submergés ainsi qu’aux atolls et récifs soulevés.

La diversité du monde insulaire

Entre les petites îles océaniques et les grandes îles continentales, les différences de superficie peuvent être considérables. Ainsi en est-il entre le Groenland (2 200 000 km2), la Nouvelle-Guinée (786 000 km2), Kalimantan (735 000 km2), Madagascar (585 000 km2), la Terre de Baffin (467 000 km2) et Sumatra (410 000 km2). Dans la catégorie des superficies situées entre 100 000 kilomètres carrés et plus de 200 000 kilomètres carrés, citons la Nouvelle-Zélande (265 000 km2 pour les deux îles associées), Honshu, au Japon (230 202 km2), la Grande-Bretagne (229 840 km2), Sulawesi (170 000 km2), Java (126 000 km2), Cuba (114 000 km2), Terre-Neuve (110 680 km2), l’Islande (102 820 km2). Puis viennent des îles comme Hispaniola (Haïti, république Dominicaine) avec 77 250 kilomètres carrés et Sri Lanka (65 610 km2). François Doumenge a attiré l’attention sur une classe que l’on pourrait appeler celle des « grandes terres » où l’on peut regrouper les îles de 4 000 à 20 000 kilomètres carrés, autour d’une moyenne de 10 000 kilomètres carrés. Toutes les autres îles, c’est-à-dire la quasi-totalité du domaine insulaire tropical, n’atteignent pas une surface unitaire de 3 000 kilomètres carrés, et parmi elles toute une poussière d’îles ne dépassent pas quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres carrés.

Le même auteur a affiné la notion d’insularité en utilisant l’« indice côtier ». L’île se caractérise d’abord par son rivage, lequel peut être rapporté à la surface émergée. Pour qu’il y ait véritablement « insularité », il faut que la superficie de l’île ne soit pas trop importante. L’île la plus maritime est celle où les terres émergées se répartissent autour d’un lagon, ce qui est le cas des atolls. Si l’on considère un lagon de 20 kilomètres de diamètre, il y aura 133 kilomètres de rivages (63 km de rivages internes et 70 km de rivages externes). Si la formation émergée a une largeur moyenne de 1 kilomètre, cela donne une terre de 70 kilomètres carrés, soit un rapport voisin de 2. En réalité, l’indice côtier est souvent beaucoup plus élevé, car les parties émergées du bourrelet de l’atoll sont fragmentées en multiples îlots. Plus les dimensions des îles augmentent, plus l’indice côtier baisse. Avec 400 kilomètres carrés (20 km 憐 20 km), l’indice tombe à un cinquième (1 km de côtes pour 5 km2). La disposition du relief doit être prise en considération: pour une même surface, une île longue et étroite a un indice côtier supérieur à celui d’une île massive. Dès que le rapport tombe à un vingt-cinquième (1 km de côtes pour 25 km2), la continentalité s’affirme.

L’indice côtier doit être complété par un « indice d’isolement » fondé sur le rapport existant entre la surface émergée d’une île et la « zone économique exclusive » des 200 miles. S’il n’existe pas d’autre terre à moins de 360 kilomètres de la ligne de rivage, une île de 1 kilomètre carré de surface émergée permet le contrôle d’une zone maritime de 380 000 kilomètres carrés. C’est le cas de Clipperton (au large de la côte occidentale du Mexique) ou de la Nouvelle-Amsterdam (partie méridionale de l’océan Indien). L’isolement est total. Plus les îles se rapprochent et plus l’indice d’isolement diminue. Au-dessous de l’indice 100, il n’existe plus d’isolement insulaire.

Les climats insulaires

Il est bien difficile de dégager des traits climatiques communs aux îles, tant leur variété est grande. La latitude et la situation géographique jouent un rôle prépondérant pour définir les types de climats: polaire, froid, océanique, désertique, tropical, etc. Si les Kerguelen n’ont pas été colonisées de manière permanente, alors qu’elles ont une superficie de 7 000 kilomètres carrés, c’est largement à cause de leur climat froid (température moyenne annuelle voisine de + 3 0C, mois les plus chauds + 6,5 0C).

Les îles du Cap-Vert sont bien différentes; elles sont situées au large de l’Afrique sahélienne (Saint-Louis, Sénégal). L’archipel est tout entier compris dans la région des faibles précipitations et des pluies irrégulières. Sur la plus grande partie des plaines et bas plateaux, la tranche d’eau reçue est d’environ 250 millimètres par an.

Indépendamment de la situation géographique des îles en latitude, l’attention doit porter sur l’importance du relief. Les îles basses sont en général peu arrosées et ont un déficit hydrique non négligeable. Celui-ci est renforcé par la nature des sols, graviers et sables étant les plus communs.

Dans la zone des alizés, les îles montagneuses offrent une grande diversité de climats. Le fait majeur est l’exposition par rapport au vent d’est dominant: la côte tournée vers l’est est dite « côte au vent ». Elle reçoit de plein fouet l’alizé, et les terres hautes sont copieusement arrosées sous l’effet du phénomène de détente adiabatique qui contraint les masses d’air d’alizé, chaudes et humides, à donner de fortes précipitations. Inversement, le versant ouest, qui tourne le dos à l’alizé, appelé « versant sous le vent », est une zone peu arrosée par suite du phénomène de fœhn qui éloigne les masses nuageuses ayant franchi les crêtes de leur point de saturation (fig. 4).

Ces îles montagneuses à climat d’alizé offrent donc, sur une superficie modeste, une grande diversité de climats et de formations végétales. En règle générale, la température moyenne s’abaisse de 0,5 0C à 0,6 0C par 100 mètres d’élévation.

Du point de vue des paysages végétaux, le contraste est grand entre let forêts hygrophiles de type équatorial, les « savanes » d’altitude, les sphaignes sommitales des hauts massifs volcaniques, les halliers xérophiles des stations sèches, les paysages à cactées que l’on rencontre dans les îles les plus sèches, comme en Désirade ou à Saint-Barthélemy, dans l’archipel guadeloupéen (fig. 5).

Par-delà cette grande diversité des climats insulaires, il est un fait général à mentionner: l’influence océanique se traduit par l’atténuation des amplitudes thermiques, par la pureté de l’atmosphère, par la permanence des vents et des brises. D’où le caractère attractif des îles comme lieux de tourisme et de villégiature.

L’endémisme biologique

L’étude des peuplements végétaux et animaux des milieux insulaires révèle l’importance des phénomènes d’endémisme. La réduction des effectifs de chaque population et la diminution du nombre des espèces sont révélateurs de l’appauvrissement dû à l’isolement, d’autant plus que la superficie de l’île est plus restreinte et que son éloignement par rapport au continent est plus grand. L’appauvrissement en espèces s’accompagne d’une grande fragilité des associations.

À l’origine, les îles océaniques isolées ne portaient aucun être vivant. Leur peuplement s’est fait par apports progressifs dus au vent, aux oiseaux, aux épaves flottantes, etc. La pauvreté générale de la flore et de la faune, l’endémisme des espèces en sont les caractéristiques essentielles.

Quant aux archipels, entrent en compte le nombre d’îles, la configuration de chaque île et les distances qui les séparent. Dans l’ensemble, la richesse des peuplements est beaucoup plus grande que dans une île isolée. Néanmoins, ici comme dans le cas précédent, on note une pauvreté générale, spécialement en ce qui concerne le nombre de taxons d’ordre supérieur.

La disparition de certaines espèces a, en contrepartie, favorisé le maintien de formes éliminées par la compétition sur les continents voisins; d’où la persistance de peuplements reliques que l’on qualifie de « paléo-endémiques », par opposition aux espèces « néo-endémiques », qui ont évolué dans les îles à partir des formes du continent.

Parmi les animaux paléo-endémiques recensés dans les îles, on peut citer: les tortues terrestres géantes des Galapagos, le varan géant au Komodo, les oiseaux aptères comme le dronte de l’île Maurice (qui n’a disparu que récemment), les ratites géants comme l’Aepyornis à Madagascar, les lémuriens géants de Madagascar...

Plus une île comporte de formes de vie endémiques, et plus elle est fragile dès que les hommes s’y installent. De très nombreuses îles ont perdu une grande partie des caractères originaux de leur peuplement animal ou végétal soit par suite d’une prédation abusive concernant les oiseaux et les reptiles, soit à la suite de l’introduction d’espèces végétales ou animales ayant bouleversé les équilibres fragiles de l’écosystème insulaire. L’installation de populations colonisatrices (défrichements, plantations, activités commerciales et industrielles) a eu des conséquences néfastes: les Petites Antilles, les Mascareignes, les îles polynésiennes ont presque toutes perdu les éléments originaux de leurs peuplements naturels. Le cas extrême est celui de l’île de Pâques.

Le peuplement humain des îles

Aubert de La Rüe fait remarquer que les îles ont toujours exercé une certaine fascination sur les hommes, et qu’elles ont été très tôt colonisées par les habitants du continent. Très nombreuses sont les îles qui furent occupées dès la préhistoire. Dès le Paléolithique la Sicile fut peuplée par les Sicanes. Les Grecs fondèrent leurs premières colonies en Sicile vers le VIIIe siècle avant J.-C. Puis vint le tour des Phéniciens, des Carthaginois, suivis par les Romains. Presque toutes les îles méditerranéennes présentent une histoire comparable.

Bien différent est le peuplement des îles du Pacifique. Les grandes distances séparant îles et archipels, et l’isolement des terres au milieu des vastes étendues océaniques, confèrent des caractères spécifiques au peuplement de l’Océanie qui couvre 35 p. 100 de la surface de la Terre.

Le peuplement de l’Océanie se compose d’aborigènes australiens, de Mélanésiens et de Polynésiens. L’Australie étant un continent et non une île, il n’est pas nécessaire de s’attarder sur son peuplement. Rappelons seulement que le nombre des aborigènes était estimé à 300 000 individus avant l’arrivée des Blancs, et qu’ils n’étaient plus qu’une cinquantaine de milliers dans les années soixante, qui marquent le bas de la courbe.

Mélanésiens et Papous sont installés dans les îles constituant la Mélanésie, ou îles des Noirs. On distingue parmi eux les Négritos, les Mélanésiens proprement dits et les Papous. Les Négritos sont des Pygmées vivant dans certaines régions de la Nouvelle-Guinée, des îles Salomon, des Philippines et de Malaisie. Ils constituent un peuplement très ancien. Les Mélanésiens proprement dits sont de type apparenté aux australoïdes. Ils sont dolichocéphales et ont des cheveux crépus, alors que les Papous sont moins dolichocéphales et ont des cheveux frisés. Ces derniers ont des affinités indonésiennes. Ils vivent en Nouvelle-Guinée (mêlés à de nombreux Mélanésiens stricto sensu) et au Vanuatu. Le mélange des types et le puzzle de la répartition sont caractéristiques de ces populations mélanésiennes.

Le troisième grand groupe est celui des Polynésiens. Ils ont la peau beaucoup plus claire que les Mélanésiens et ont des cheveux soit frisés, soit plats. Du point de vue somatique, les Polynésiens sont fort divers. Les habitants de la Micronésie (îles Mariannes, Marshall, Carolines, Gilbert) sont des Polynésiens foncés, aux traits assez négroïdes, qui se rapprochent des Mélanésiens. Les habitants des Tuamotu sont plus foncés que les Tahitiens et ont souvent les cheveux crépus. Il est certain que les Mélanésiens se sont mêlés aux Polynésiens. Mais la spécificité raciale de ces derniers ne fait aucun doute, ainsi que leur originalité linguistique. La langue polynésienne, parlée de Wallis aux Tuamotu et des Hawaii à la Nouvelle-Zélande, fait partie du groupe malayo-polynésien, répandu de l’île de Pâques à Madagascar.

Ce sont les Polynésiens qui ont colonisé le secteur central et oriental du Pacifique sud. Les datations au carbone 14 placent cette occupation des îles entre 漣 2 500 et 漣 500 ans de notre ère. À l’arrivée des Européens, pratiquement tous les archipels et les îles de quelque importance étaient peuplés. La navigation pré-européenne dans le Pacifique avait atteint un rare degré de perfection, puisque ces navigateurs ont pu coloniser des îles séparées par plusieurs milliers de kilomètres: 3 200 kilomètres des Samoa à Tahiti, 4 000 kilomètres des Marquises à l’île de Pâques, minuscule point dans l’océan Pacifique.

Après cette grande phase d’expansion, les groupes connurent une longue période de consolidation dans les îles et archipels où ils s’étaient installés. Les horizons se rétrécirent aux limites de ces terres insulaires, chacune évoluant isolément. Mais c’est évidemment en Mélanésie, plus anciennement occupée, que l’endémisme est le plus évident, allant jusqu’à un émiettement linguistique et sociologique étonnant. On compte plusieurs centaines de langues en Nouvelle-Guinée et plus de quarante en Nouvelle-Calédonie!

La colonisation européenne, dans une première phase, a entraîné un recul démographique des populations indigènes. Massacres et guerres ont fait de nombreux morts parmi les insulaires. Mais les maladies importées par les Européens ont été beaucoup plus redoutables encore (rougeole, variole, coqueluche, choléra, grippe...). En outre, le contact avec les Européens s’est souvent accompagné d’un ébranlement psychologique se traduisant par un mal de vivre ou un refus de procréer. Enfin, la dernière cause importante de chute démographique des populations indigènes fut le travail forcé ou sous contrat auquel furent astreints les hommes. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l’effondrement démographique était spectaculaire. Les Nouvelles-Hébrides et les Salomon étaient passées de 180 000 habitants vers 1860 à moins de 100 000 habitants vers 1925. Les Marquises étaient tombées de 25 000 à 30 000 habitants vers 1840 à 2 255 au recensement de 1926. Depuis lors, la situation s’est bien redressée. Le renversement de tendance s’est produit à partir de 1910-1920. Dans certaines îles, on peut même parler de véritable explosion démographique. L’exemple des Samoa occidentales est tout à fait éloquent: 36 343 habitants en 1921 et 146 626 en 1971!

Autre exemple insulaire: l’archipel antillais. Ces îles étaient occupées par une race amérindienne, les Caraïbes, qui avaient conquis les îles sur les premiers occupants, les Arawaks. Ils avaient massacré les hommes et réduit les femmes en esclavage.

Les Arawaks, comme d’ailleurs les Caraïbes, étaient originaires des pays de l’Orénoque, dans le Venezuela actuel. Les innombrables îles de l’archipel antillais bénéficièrent, pour leur peuplement, de la relative proximité du continent sud-américain. Arawaks et Caraïbes progressèrent aisément d’île en île.

Les Canaries offrent un autre exemple de peuple décimé par la colonisation. Un gentilhomme normand travaillant pour le roi d’Espagne, Jean de Béthancourt, découvrit l’archipel des Canaries en 1402-1404. Il y trouva une population apparentée aux Berbères d’Afrique du Nord, les Guanches, depuis très longtemps installés dans ces îles. Les Guanches vivaient dans les grottes, et leur niveau technique n’était guère supérieur à celui des hommes de Cro-Magnon. Ils utilisaient le javelot de bois et la hache de pierre. Ils ignoraient l’usage des métaux et la charrue. Les premiers colons espagnols du début du XVe siècle eurent tôt fait de les massacrer.

Enfin, il convient de rappeler qu’un certain nombre d’îles isolées dans les immensités océaniques étaient inhabitées lorsqu’elles furent découvertes par les Européens. Les navigateurs portugais qui abordèrent à Madère en 1419, puis aux Açores en 1427, ne trouvèrent que des îles vides. « Madeira » était, comme l’indique son nom, un pays couvert de forêts. Dans l’océan Indien, la Réunion, l’île Maurice et les Seychelles étaient également désertes.

Les effets démographiques de la colonisation européenne dans les îles tropicales

Ces milieux insulaires ont été des lieux privilégiés de colonisation blanche, car ils étaient beaucoup plus faciles à contrôler que les continents tropicaux.

Les colonisateurs blancs relevaient de catégories sociales différentes. Les missionnaires ont partout joué un rôle important, plus encore dans le Pacifique qu’ailleurs, étant donné la vigueur de l’affrontement entre catholiques et protestants. Le planteur devint un personnage essentiel dans les « isles à sucre ». En Océanie, l’intérêt porté par les Européens à l’agriculture a profondément affecté la vie rurale indigène, qui a mal supporté l’élimination foncière sur de vastes espaces et le contrôle exercé par les Blancs sur les activités commerciales. L’histoire du peuplement blanc offre une grande diversité de situations: les « engagés » jouèrent un rôle important dans les Antilles. La colonisation pénale tint également un rôle non négligeable, notamment en Nouvelle-Calédonie.

Après l’abolition de l’esclavage, les planteurs demandèrent l’introduction de travailleurs sous contrat. Dans le Pacifique, la recherche de main-d’œuvre devint aussi impérative. On se tourna alors vers les sources de main-d’œuvre asiatiques: l’Inde (Antilles, Fidji, Maurice), la Chine (Hawaii, Tahiti, Samoa), le Tonkin, Java, le Japon... La pénétration européenne a donc eu pour effet de transformer de nombreuses îles en véritables kaléidoscopes de races, de langues et de religions.

La très grande diversité des situations démographiques insulaires rend difficile toute généralisation, que ce soit dans le domaine des densités ou dans celui de l’évolution numérique de la population. Aux 560 habitants par kilomètre carré de la Barbade s’opposent les 7 habitants par kilomètre carré de la Papouasie - Nouvelle-Guinée ou de la Nouvelle-Calédonie.

Pendant plusieurs décennies (1910-1950), la population insulaire s’accrut très rapidement. Le contrôle des naissances, dans de nombreuses îles, réduisit les excédents démographiques. L’émigration a aussi été une solution pour les îles bénéficiant de pays d’accueil soit en raison d’une proximité géographique, soit en raison de liens constitutionnels: forte émigration des Portoricains aux États-Unis, émigration des Antillais des anciennes colonies britanniques vers la Grande-Bretagne, accueil des Antillais français en métropole...

L’évolution économique des îles

Primitivement vouées à l’agriculture vivrière et à la pêche, les îles ont diversifié leur économie depuis la colonisation. L’Océanie offre encore d’excellents exemples d’agriculture traditionnelle reposant sur les rhizomes, les racines et tubercules, et sur le cocotier (fig. 6). Mais les puissances coloniales accaparèrent des terres – et souvent les meilleures – pour développer les cultures d’exportation et l’élevage. Cette nouvelle économie privilégia le cocotier dans l’ensemble des atolls et des îles basses, la canne à sucre aux Fidji, le caféier en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti, etc. Mais c’est évidemment dans les « isles à sucre » des Antilles et de l’océan Indien (Réunion, Maurice) que la mutation fut la plus importante, par suite de la mise en place de la grande propriété et de l’arrivée massive d’esclaves noirs.

Quelques îles ont connu l’exploitation minière, telle l’exploitation des phosphates dans un certain nombre d’îles coralliennes. En Nouvelle-Calédonie, l’extraction du minerai de nickel a bouleversé les anciens équilibres économiques et sociaux.

Beaucoup plus spécifique du monde insulaire, surtout méditerranéen et tropical, est le succès du tourisme. Ainsi les Hawaii, en dépit de leur isolement, ont accueilli dans les années 1985-1988 plus de 5 millions de touristes par an, qui ont dépensé 5 milliards de dollars. En 1959, lorsque l’archipel des Hawaii devenait le cinquante-neuvième État américain, il n’y avait eu que 243 216 visiteurs, vingt fois moins qu’à la fin des années 1980.

Les premières îles atteintes par le grand tourisme ont été les îles méditerranéennes ou atlantiques proches: Baléares, Corse, Sardaigne, Canaries, Madère. Pour mettre en valeur les « gisements touristiques » insulaires tropicaux, les opérateurs multinationaux et les grandes chaînes hôtelières sont intervenus massivement pour équiper les riviéras d’hôtels de luxe et mettre à la disposition des touristes le maximum de confort. L’archipel antillais est un excellent exemple des changements opérés par le tourisme international pourvoyeur de devises. En tête se place Porto Rico, qui bénéficie de son appartenance américaine. Parmi les autres « forteresses touristiques » antillaises, citons les Bahamas, la Jamaïque, la république Dominicaine et la Barbade. Les Antilles françaises, Aruba, Curaçao, Sainte-Lucie, Trinidad, Haïti reçoivent à leur tour un nombre grandisssant de touristes. Le tourisme international a même atteint l’océan Indien (Seychelles, Maurice) et le Pacifique sud (Polynésie française et Fidji en particulier). Le tourisme s’inscrit dans l’ensemble des activités tertiaires créatrices d’emplois et permettent d’élever le niveau de vie des populations des petits États insulaires.

La difficulté de l’étude des relations hommes-milieu insulaire tient à la diversité des îles. Les nombreux paramètres caractéristiques de l’insularité – superficie, éloignement du continent, isolement dans d’immenses océans, appartenance politique à un ensemble économiquement développé ou indépendance proche de l’abandon, économie de plantation bien vivante ou vie rurale traditionnelle stagnante, rôle plus ou moins important du tourisme et des services, etc. –, ces divers paramètres sont tellement nombreux que la seule réalité géographique se trouve dans la connaissance approfondie des caractères originaux de chaque île ou archipel. Quoi de commun entre l’« île » de Grande-Bretagne ou l’archipel japonais et l’île de la Dominique ou l’archipel des Comores?

Une île a les meilleures chances d’offrir de bons caractères d’insularité si elle a moins de 20 000 kilomètres carrés. Les petites îles sont les plus caractéristiques (moins de 1 000 à 5 000 km2). Autre remarque: ce sont les îles et archipels tropicaux qui répondent le mieux aux critères de l’insularité. Les îles de hautes latitudes arctiques ou australes constituent un monde à part, ne serait-ce que par leur très faible peuplement. Quant aux îles tempérées océaniques ou méditerranéennes, elles ont été depuis si longtemps colonisées par les grandes puissances continentales voisines qu’elles ont perdu l’essentiel de leurs caractères spécifiques.

La valorisation géopolitique des petites îles tient à l’extension des eaux territoriales à 200 miles. Elle tient aussi à l’attitude des instances internationales qui ont assoupli leur position à l’égard des petits États. En 1920, la Société des Nations s’était prononcée contre l’adhésion, en qualité de membres à part entière, des petits États, qualifiés de « lilliputiens ». Dans les années 1960, l’O.N.U. accepta de fixer à 1 million d’habitants le minimum requis pour inscrire sur ses listes de nouveaux États indépendants. En 1983, un groupe d’experts retint comme critère pour les petits pays en développement une population de l’ordre de 400 000 habitants et une superficie au moins égale à 700 kilomètres carrés. Une telle ouverture pose de nombreux problèmes aux organisations internationales. L’Annuaire démographique des Nations unies a dénombré 49 territoires de statut politique différent ayant une population inférieure à 200 000 habitants et 64 territoires ayant une superficie inférieure à 5 000 kilomètres carrés. Parmi ces derniers, tous, sauf neuf, sont des États insulaires. Le grand problème qui se pose à ces petits pays est d’assurer leur viabilité, c’est-à-dire un développement économique suffisant pour permettre aux habitants de vivre sans quitter leur île.

La géographie des îles se laisse donc mal réduire à des lois générales. Les îles sont ce qu’en ont fait le génie des hommes qui y habitent ou qui les gouvernent. Leur diversité tient davantage au rôle de l’histoire (peuplement, colonisation, statut politique) et aux faits de civilisation qu’au fait insulaire lui-même.

îles nom féminin pluriel Les Îles, Autrefois, les Antilles. Bois des îles, bois des essences précieuses tropicales utilisées en ébénisterie, comme l'ébène, le citronnier, etc. ● îles (expressions) nom féminin pluriel Les Îles, Autrefois, les Antilles. Bois des îles, bois des essences précieuses tropicales utilisées en ébénisterie, comme l'ébène, le citronnier, etc.

⇒ILES, subst. masc. plur.
ANAT. HUM. ,,Parties latérales et inférieures du bas-ventre`` (Ac.). La femme ne porte point son fruit entre les os des iles, mais dans son ventre (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 330).
Prononc. et Orth. : [il]. Att. ds Ac. dep. 1762, îles (1762, 1798), v. aussi LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, puis i-. Étymol. et Hist. XIVe s. [ms.] anat. « parties latérales inférieures du bas-ventre » illes (Bible, Lévit., III, 4, Richel. 1 ds GDF.), attest. isolée; 1562 iles (PARÉ, Le premier livre de l'anatomie, chap. 1 ds Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 114). Empr. au lat. imp. ilia neutre plur. « flancs, ventre; entrailles ». Fréq. abs. littér. : 39.

iles [il] n. m. pl.
ÉTYM. 1562; illes, XIIIe; lat. ilia « flancs, entrailles ».
Anat. Parties latérales et inférieures du bas-ventre. Ilion, flanc, hanche. || Des iles. Iliaque.
HOM. Hile, il, île.

Encyclopédie Universelle. 2012.