TERRE-NEUVE
Terre-Neuve (Newfoundland), la dixième province du Canada, est constituée par l’île de Terre-Neuve et la côte du Labrador rattachée à l’île en 1927. C’est donc la plus orientale des provinces atlantiques; s’étendant sur 405 720 kilomètres carrés, elle comptait 568 474 habitants au recensement de 1991. Elle se caractérise par une géographie bien particulière, un peuplement ancien et principalement côtier, une population homogène et une économie sousdéveloppée.
Histoire
Vraisemblablement découverte par les Vikings vers l’an mille, redécouverte par Jean Cabot en 1497, l’île de Terre-Neuve est annexée par la Grande-Bretagne en 1583 lors de la proclamation ad hoc de sir Humphrey Gilbert dans le port de Saint-Jean. Elle constitue la première possession britannique en Amérique du Nord et reçoit ses premiers habitants en 1610, quand John Guy fonde, dans la baie de la Conception, une colonie de 41 personnes. Par la suite, d’autres colons s’installent dans la péninsule d’Avalon.
Les premiers arrivants rencontrent de nombreuses difficultés. Ils sont aux prises avec les amiraux et les pêcheurs, anglais entre autres, les corsaires, les indigènes et les Français. Ces derniers prennent possession de Plaisance dans la péninsule d’Avalon en 1662 et font la guerre aux Anglais jusqu’en 1713, date à laquelle le traité d’Utrecht reconnaît la souveraineté britannique sur l’île. Grâce à une paix relative, la population décuple au cours du siècle suivant et atteint environ 20 000 habitants au début du XIXe siècle. La pêche reste toujours l’activité dominante.
À partir de 1729 se succèdent de nombreux gouverneurs maritimes, qui ne résident dans l’île que l’été; Terre-Neuve obtient son premier gouverneur permanent en 1817, à l’époque de l’immigration irlandaise. En 1832, l’Angleterre accorde un gouvernement représentatif à sa colonie et, en 1855, un gouvernement responsable. Mais l’administration se trouve en butte à la contestation. Les élections donnent lieu à des émeutes, notamment en 1861.
Terre-Neuve a participé à trois séries de négociations avant d’entrer dans la Confédération canadienne en 1949. En 1864 et 1869, elle juge insuffisantes les conditions financières qui lui sont offertes. En 1895, face à une débâcle économique, Terre-Neuve se tourne de nouveau vers le Canada, mais la question de la dette publique de l’île fait échouer les discussions. Après quinze ans de tutelle administrative instituée à la suite de sa banqueroute en 1933, Terre-Neuve accepte finalement les propositions du Canada lors d’un référendum en 1948.
Cadre physique et population
L’île de Terre-Neuve marque la fin des Appalaches. Elle forme un plateau onduleux, orienté vers le nord-est et incliné vers le sud-est. À l’ouest, le Gros Morne, qui s’élève à 806 m, domine l’île rocheuse. La forêt couvre environ 40 p. 100 de la surface, le reste comprenant de la roche nue, des fondrières et des lacs. Le Labrador s’étend sur près de 300 000 km2 et forme la bordure relevée du bouclier canadien sur l’Atlantique. C’est un pays de rochers, de conifères et d’eau; la côte est dénudée, découpée et montagneuse. La région des monts Torngat est entaillée de fjords profonds et dépasse 1 700 m d’altitude. Un fleuve long de 300 km, le Churchill, dont les chutes sont célèbres, structure le Labrador. Le climat, plus rigoureux qu’à Terre-Neuve, est froid avec du vent et du brouillard.
Au recensement de 1874, la population de l’île se chiffrait à 160 000 habitants, dont 45 p. 100 dépendaient de la pêche; Terre-Neuve comptait alors un millier de cultivateurs. Au recensement de 1945, la population avait doublé et 98,5 p. 100 des habitants étaient nés dans l’île; 60 p. 100 étaient d’origine anglaise, 25 p. 100 d’origine irlandaise, 6 p. 100 d’origine écossaise et française. Neuf habitants sur dix vivaient au bord de la mer. Depuis cette époque, le taux d’accroissement naturel de Terre-Neuve a toujours été le plus fort du Canada. Mais l’émigration sévit de plus en plus et le solde de la balance migratoire est négatif, la province ayant perdu 40 000 personnes de 1956 à 1966. Cette situation reflète la faiblesse de l’économie.
Économie
Terre-Neuve ne contribue que pour 1,4 p. 100 à la production canadienne, apport qui provient du secteur primaire autant que secondaire. L’exploitation minière domine l’économie avec plus de 30 p. 100 de la production; la construction et l’industrie manufacturière représentent respectivement 30 et 20 p. 100. La pêche, l’électricité fournissent le reste.
Terre-Neuve exporte du minerai de fer, depuis 1895, à partir de Wabana dans l’île Bell, située dans la baie de la Conception. Les ressources y sont considérables, mais la production est restée faible et varie en fonction des besoins du marché. La mine a fermé ses portes en 1966, ne pouvant soutenir la concurrence des nouveaux producteurs du Labrador. Depuis 1962, en effet, les complexes miniers de Labrador City et de Wabush sont en plein essor. Leur production a dépassé 16 millions de tonnes de boulettes de minerai de fer en 1968, quantité qui doit doubler assez rapidement. Ces villes minières de 15 000 habitants, la construction de la centrale hydroélectrique de Churchill (1972-1976), de plus de cinq millions de kW, ont transformé le Labrador, qui ne comptait que 5 525 habitants en 1945, dont 700 Esquimaux et 275 Indiens. Le cuivre, le zinc, le plomb, le spath fluor et l’amiante font également partie de la production minière de Terre-Neuve.
Depuis 1945, le nombre des pêcheurs est tombé de 30 000 à 20 000 en même temps que s’effectuait la révolution des méthodes de pêche en faveur des chalutiers. Les prises ont toutefois doublé depuis 1955 pour atteindre près de 500 000 tonnes en 1969, comprenant surtout de la morue (40 p. 100) et du hareng (33 p. 100). Leur valeur représente 15 p. 100 du produit de la pêche canadienne.
Saint John’s (Saint-Jean), la capitale, qui compte 95 770 habitants en 1991, dans une agglomération de 171 859 habitants, assure le tiers de l’industrie manufacturière de Terre-Neuve. Corner Brook et Grand Falls sont des villes consacrées essentiellement à l’industrie du papier. Un peu plus de la moitié de la population vit dans des centres urbains d’un millier d’habitants environ, ce qui reflète bien le sous-développement de l’infrastructure industrielle.
terre-neuve [ tɛrnɶv ] n. m. inv.
• 1837; de (chien de) Terre-Neuve
♦ Gros chien à tête large, à longs poils, dont la race est originaire de Terre-Neuve. Des terre-neuve.
● terre-neuve nom masculin invariable (de Terre Neuve, nom propre) Chien de sauvetage en mer, de forte taille, au poil long, noir, donnant l'impression d'être huilé. Personne dévouée, toujours prête à aider son prochain. ● terre-neuve (difficultés) nom masculin invariable (de Terre Neuve, nom propre) Orthographe Terre-neuve (= chien) s'écrit avec des minuscules et avec un trait d'union. - Plur. : des terre-neuve (invariable).
Terre-Neuve
(en anglais Newfoundland) province orientale du Canada, comprenant l' île de Terre-Neuve (112 300 km²) et le N.-E. du Labrador; 404 517 km²; 568 470 hab. (pour la plupart dans l'île de Terre-Neuve), moins de 0,5 % de francophones; capitale Saint-Jean (en anglais Saint-John's).
— L'île de Terre-Neuve ferme le golfe Saint-Laurent; elle est séparée du Labrador, à l'E., par le détroit de Belle-Isle et de l'île du Cap-Breton (Nouvelle-écosse), au S., par le détroit de Cabot. Son relief est celui d'une pénéplaine marquée par les glaciations. Les côtes N. sont très découpées. La pop. se concentre sur le littoral. Le climat est rude: l'île subit le courant glacial du Labrador. La végétation, pauvre dans l'ensemble (toundra, tourbières), comprend des zones forestières, exploitées (usines de papier). La pêche est très importante. Les ressources minières (fer surtout) et hydroélectriques du Labrador, immenses, sont en voie d'exploitation. Hist. En 1497, Jean Cabot découvrit l'île de Terre-Neuve, dont Verrazano prit possession en 1524 au nom du roi de France. Dès lors, ses eaux poissonneuses attirèrent les pêcheurs français et anglais. Les Français occupèrent le S.-E. de l'île, notam. la baie de Plaisance (face à l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon); les Anglais s'installèrent dans l'E., où à la fin du XVIe s. ils fondèrent Saint-John's, que le Français Le Moyne d'Iberville prit en 1696. En 1713, le traité d'Utrecht donna l'Acadie et Terre-Neuve à l'Angleterre, la France gardant des privilèges (monopole de la pêche sur la côte N.), abolis en 1904 lors de l'Entente cordiale franco-anglaise. Dominion en 1917, Terre-Neuve reçut le N.-E. du Labrador en 1927 et devint après référendum (1948) la dixième province du Canada en 1949.
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Terre-Neuve
n. m. inv. Gros chien, à la tête forte et large, au pelage noir, dont la race est originaire de Terre-Neuve. On dresse les terre-neuve au sauvetage.
⇒TERRE-NEUVE, subst. masc. inv.
A. — Chien de grande taille, à longs poils, originaire de Terre-Neuve, réputé pour sa disposition à se jeter à l'eau pour sauver les personnes en difficulté. Synon. terre-neuvien (v. ce mot B), terre-neuvier (v. ce mot rem.). Jamais un sculpteur de talent n'essaiera un terre-neuve, animal tout voilé et tout embarrassé dans ses poils frisés (GONCOURT, Journal, 1856, p. 283). Mouton, le chien de M. Courcelles l'épicier, Mouton, un terre-neuve (...) n'aurait fait de Caire qu'une bouchée (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 209).
♦ En appos. Pas un batelier, pas un chien Terr'-Neuve (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 164).
♦ Au fém. À la porte d'un café une grosse terreneuve si affectueuse qu'elle se laissait choir tout entière du côté de la caresse (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 33).
— [P. réf. à l'affection, au dévouement caractéristiques de cet animal] Mon cœur si simple s'abreuve De vos vilaines rigueurs, Avec le regard bon d'un terre-neuve (LAFORGUE, Imit. Lune, 1886, p. 232). Millière était un homme sage, au poil et au cœur de terre-neuve (VIALAR, Clos Trois Mais., 1946, p. 17).
— P. anal., fam. Personne toujours prête à se dévouer, à porter secours aux autres. À supposer que le petit infirme se fût trouvé en danger, Philip aurait mis tout en œuvre pour sauver cette misérable existence. Et Rigaud pareillement (...). Tous, tous... Partout où il reste une parcelle de vie, le devoir est indiscutable. Race de terre-neuve (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1123). Je lui demandai, un soir: — As-tu réfléchi à ce que tu risquais? Il haussa les épaules: — Je n'ai jamais trouvé de pépin sans savoir où aller le prendre... Et puis, occupe-toi donc d'apprendre à nager, mon vieux. Après, tu feras le terre-neuve! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 92).
B. — MAR., PÊCHE, rare. Bateau pour la pêche à la morue. Synon. terre-neuvas (v. ce mot A). — (...) Je n'ai pas pu fermer l'œil avec cette damnée sirène. Puis, la brume, je n'aime pas dormir quand on marche à cette allure sans voir devant (...). — Et si nous tombons sur quelque chose, un terre-neuve, qu'est-ce qu'il en restera? (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 141).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. ROB. 1985: ,,On disait aussi terre-neuvien, terre-neuvier``. (Voir LITTRÉ: ,,On dit aussi chien terre-neuvier et terre-neuvier``; sous la forme terreneuvien, v. terre-neuvien ex. de Reybaud). Plur. des terre-neuve (Ac., ROB. 1985), des terre-neuves (FEUILLET, Journal femme, 1878, p. 40). Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p. 274 : terreneuve, plur. des terreneuves. Forme soudée supra A ex. de Giraudoux. Étymol. et Hist. 1. 1837 désigne un chien (J. LECOMTE, Les Let. de Van Engelgom, p. 64 ds QUEM. DDL t. 15); d'où 2. 1881 « personne très dévouée » (VALLÈS, Le Bachelier, p. 215, ibid., t. 14). De Terre-Neuve, île d'Amérique du Nord, près de l'embouchure du Saint-Laurent, d'où ce chien est originaire; cf. angl. newfound « récemment inventé ou découvert » (att. dep. ca 1496, v. NED), épith. de land « terre » pour désigner les contrées récemment découvertes en partic. en Amérique (dep. 1509) d'où Newfoundland comme nom propre de cette île (dep. 1626); newfoundland est att. comme adj. s'appliquant à des poissons pêchés dans la proximité de Terre-Neuve (dep. 1611) et à une espèce de chiens originaires de cette région, réputés pour leurs qualités de bons nageurs et leur force physique (dep. 1824), d'où, p. ell. newfoundland désignant le chien (dep. 1845, ibid.). Fréq. abs. littér.:32. Bbg. QUEM. DDL t. 15, 25.
terre-neuve [tɛʀnœv] n. m. invar.
ÉTYM. 1837; ellipse de chien de Terre-Neuve, île d'Amérique du Nord, à l'embouchure du Saint-Laurent.
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1 Gros chien à tête large, à longs poils, dont la race est originaire de Terre-Neuve. On disait aussi terre-neuvien, terre-neuvier. || Des terre-neuve.
1 Je ne vois, dit-il, aucun inconvénient à ce que j'aie trois terre-neuve.
Rodolphe Töpffer, Premiers voyages en zig-zag, p. 170.
2 (1881). Fig., par plais. (« par allusion à la proposition qu'on avait faite d'employer les chiens de Terre-Neuve pour repêcher les hommes tombés dans la Seine », Littré). Personne très dévouée, toujours prête à aider, à sauver les autres (⇒ Sauveteur). || C'est un vrai terre-neuve. || Un dévouement de terre-neuve.
2 Parbleu ! (À part.) Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre-neuve.
E. Labiche, le Voyage de M. Perrichon, III, 7.
Encyclopédie Universelle. 2012.