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SOLANACÉES
SOLANACÉES

Les Solanacées constituent une famille homogène composée de plantes dicotylédones gamopétales, isostémones, superovariées. Longtemps classée parmi les Tubiflorales, ensemble maintenant démembré, cette famille englobe environ deux mille espèces groupées en près de quatre-vingt-dix genres, qui, bien que largement répandus dans les régions chaudes et tempérées du globe, sont surtout représentés en Amérique tropicale (40 à 50 genres). L’intérêt des Solanacées tient à l’importance et à la diversité des produits qu’elles fournissent (pomme de terre, tomate, tabac, piments...).

Appareil végétatif

Les Solanacées sont des herbes annuelles ou vivaces, des arbustes, des lianes ou des épiphytes (Markaea ). Des espèces sont épineuses; d’autres ont un port de bruyère (Fabiana imbricata ). Les feuilles sont alternes, sans stipules, simples et entières (tabac) ou plus ou moins découpées et même composées pennées (tomate). Plusieurs genres forment des tubercules.

Des particularités anatomiques sont à noter, dont l’existence constante de liber interne (ce qui les distingue des Scrophulariacées), la présence d’oxalate de calcium dans les parenchymes, celle de fibres péricycliques et médullaires, l’absence de tissu sécréteur interne, la fréquence de poils tecteurs et glanduleux qui communiquent aux plantes qui les portent une odeur vireuse.

Appareil floral

Les fleurs gamopétales sont solitaires ou réunies en inflorescences cymeuses, dont les structures sont troublées par des déplacements de feuilles et de fleurs et des avortements de rameaux. Ainsi chez la belladone, les feuilles sont géminées sur les axes florifères du fait de la migration de la feuille du nœud inférieur. Dans plusieurs cas, les cymes multiflores bipares deviennent pauciflores unipares. À la suite de concaulescences, elles sont internodales (Solanum nigrum ) ou oppositifoliées (S. macrocarpon ).

La fleur répond à la formule: 5S + 5P + 5E + 2C. L’actinomorphie est incomplète, l’axe de symétrie étant oblique; cette tendance à la zygomorphie s’accuse chez les Salpiglossidées. Le calice, souvent gamosépale, est persistant ou même accrescent, enveloppant alors le fruit (Physalis ). Sur la corolle, plus ou moins tubuleuse, s’insèrent cinq étamines égales, dont la postérieure se raccourcit (Nicotiana, Petunia ), puis avorte (Salpiglossis ); il ne subsiste que deux étamines fertiles chez Schizanthus. La déhiscence des anthères est longitudinale ou poricide (Solanum ). La pollinisation est entomogame ou ornithogame; l’auto-stérilité est fréquente.

Les carpelles, au nombre de deux, exceptionnellement de cinq (Nicandra ), sont insérés sur un disque intrastaminal, hypogyne, et placés obliquement par rapport au plan antéro-postérieur de la fleur; leur multiplication par le développement de fausses cloisons ou par pléiomérie n’est pas rare. L’ovaire renferme de nombreux ovules insérés sur de volumineux placentas. Les fruits sont des baies polyspermes (tomate) ou des capsules septicides (tabac), septifrages (datura) ou pyxidaires (jusquiame). Les graines sont petites (11 000 dans un gramme pour le tabac) et albuminées.

Affinités et classification

La famille des Solanacées, existant dès l’Éocène inférieur, est très proche des Convolvulacées et des Polémoniacées. Elle est apparentée aux Scrophulariacées par l’intermédiaire des Salpiglossis et des Schizanthus , genres qui lui ont été incorporés à cause de leur liber interne.

Les Solanacées ont été réparties en deux sous-familles et six tribus:

– les Curvembryées ou Solanoïdées ont un embryon fortement recourbé et cinq étamines fertiles; le fruit est une baie (Atropées), une capsule septifrage (Daturées), ou une pyxide (Hyoscyamées);

– les Rectembryées ou Cestroïdées ont un embryon droit ou à peine courbé; les étamines sont toutes fertiles, et le fruit est soit une capsule septicide (Nicotianées), soit une baie (Cestrées); il se peut encore que seules quatre ou deux étamines soient fertiles et que les fleurs soient zygomorphes (Salpiglossidées).

Intérêt biologique et économique

Les Solanacées constituent un matériel d’étude apprécié en biologie végétale, notamment dans les recherches de cytologie, de virologie (le premier acide nucléique cristallisé fut isolé du virus de la mosaïque du tabac), de génétique (l’étude des premiers polyploïdes artificiels a été réalisée à partir de chimères expérimentales entre tomate et morelle; la polyploïdie a joué d’ailleurs un rôle évolutif important au sein de la famille), d’embryologie (développement de plantes haploïdes par gynogenèse, à partir du noyau femelle, ou par androgenèse, à partir du noyau paternel) [cf. PHYTOGÉNÉTIQUE].

De nombreuses espèces ont un intérêt ornemental, médicinal et alimentaire. La plupart des plantes décoratives viennent d’Amérique: Petunia aux nombreux cultivars, Datura, Cestrum, Schizanthus, Brunfelsia (souvent connu sous le nom horticole de Franciscea ), Physalis .

Beaucoup de Solanacées contiennent dans leurs parties vertes des substances vénéneuses, souvent des alcaloïdes, qui fournissent à l’industrie pharmaceutique des matières premières de grand intérêt (cf. ALCALOÏDES, MÉDICAMENTS, PHARMACOLOGIE). La belladone (Atropa belladona ), la jusquiame (Hyoscyamus niger ), la mandragore (Mandragora officinalis ) élaborent de l’hyoscyamine et, en outre, chez la belladone, de l’atropine (racémique de l’hyoscyamine), chez les deux autres de la scopolamine. Les tabacs cultivés (Nicotiana tabacum et N. rustica ), tous deux à quarante-huit chromosomes, originaires d’Amérique tropicale, sont des allopolyploïdes dérivant d’espèces à vingt-quatre chromosomes. Ils synthétisent la nicotine dans leurs racines et l’accumulent dans leurs feuilles.

Parmi les espèces alimentaires, la pomme de terre (Solanum tuberosum ), originaire du Nouveau Monde, a été introduite voici quatre cents ans en Europe. Espèce tétraploïde (2n = 48) issue d’un croisement entre deux espèces sauvages, elle fait l’objet d’importants travaux de sélection visant à améliorer les propriétés des tubercules [cf. PHYTOGÉNÉTIQUE]. Les parties vertes, ainsi que les tubercules verdis, contiennent de la solanine. D’autres Solanum ont des fruits comestibles, en particulier les aubergines (S. melongena, S. gilo, S. macrocarpon , etc.) nées dans l’Ancien Monde. La tomate (Lycopersicum esculentum ) venue d’Amérique du Sud est inconnue à l’état sauvage, mais aurait pour ancêtre L. pimpinellifolium ; les baies sont riches en vitamine C; les cultivars, nombreux et adaptés à des conditions écologiques variées, offrent une large gamme de polyploïdie (2n = 12, 24, 36, 48). Au genre Capsicum appartiennent les piments doux (C. annuum ), plantes annuelles des régions tempérées chaudes qui fournissent le paprika et les poivrons, et les piments enragés dits de Cayenne ou chillies (C. frutescens ), plantes pluriannuelles, subligneuses, dispersées dans les régions tropicales. Condiments appréciés, les piments ont de multiples usages culinaires (curry, goulasch, pickles).

solanacées [ sɔlanase ] n. f. pl.
• 1874; solanée 1787; du lat. solanum « morelle »
Bot. Famille de plantes dicotylédones annuelles ou vivaces des régions tempérées et tropicales (ex. aubergine, belladone, pétunia, piment, pomme de terre, tabac, tomate...). Au sing. Une solanacée.

solanacées
n. f. pl. BOT Grande famille de plantes dicotylédones gamopétales des régions tempérées et tropicales. (Certaines solanacées produisent des légumes: tomate, aubergine, pomme de terre, piment; d'autres contiennent des alcaloïdes toxiques: tabac, datura.)
Sing. Une solanacée.

⇒SOLANÉE(S), SOLANACÉES, (SOLANÉE, SOLANÉES)subst. fém. (plur.)
BOT. Famille de plantes phanérogames angiospermes, classe des Dicotylédones gamopétales, comprenant notamment la belladone, le pétunia, le tabac. Une solanée somnifère et vénéneuse, comme un grand nombre de ses congénères, dont les propriétés narcotiques, anodines, réfrigérantes et hypnotiques étaient déjà connues du temps d'Hippocrate (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 182). Pomme de terre (...) Solanacées-solanées (Codex, 1884, p. 53, 64). Maladie de la mosaïque, infectieuse non seulement pour le tabac, mais pour un grand nombre de plantes de la famille des solanées (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 190).
Prononc. et Orth.:[], [-nase]. Ac. dep. 1835: solanées (id. ds LITTRÉ). Lar. Lang. fr.: solanacées. Étymol. et Hist. 1. 1787 solanée « chacune des plantes appartenant à la famille des solanées » (Journ. Phys. ds BRUNOT t. 6, p. 629); 1789 solanées « famille des plantes dicotylédones comprenant la pomme de terre, la tomate, le tabac, la belladone » (JUSSIEU, p. 124 : Solaneae, Les Solanées); 2. 1884 solanacées « id. » (Codex, p. 40). Dér. sav. de solanum; 1 suff. -ée(s) (), 2 suff. -acées.

solanacées [sɔlanase] n. f. pl.
ÉTYM. 1834, dict. de Jourdan; solanées, 1787; dér. sav. du lat. solanum « morelle », et suff. -acées, employé en lat. bot. (1542).
Bot. Famille de plantes phanérogames angiospermes (Dicotylédones Gamopétales), herbes annuelles ou vivaces des régions tempérées et surtout tropicales. || Principales solanacées. Aubergine, belladone, coqueret, datura, jusquiame, lyciet, mandragore, morelle, pétunia, piment, pomme de terre, solandra, tabac, tomate.Au sing. || Une solanacée.

Encyclopédie Universelle. 2012.