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JUSQUIAME
JUSQUIAME

JUSQUIAME

Dans le trio des grandes «solanacées vireuses», la jusquiame (Hyoscyamus niger L.) vient en troisième position pour la toxicité, après la stramoine et la belladone. C’est cependant une plante très vénéneuse, renfermant, comme ses parentes, les trois alcaloïdes: atropine, hyoscine et surtout hyoscyamine. Si l’empoisonnement par la belladone se traduit fréquemment par un délire furieux, il apparaît plutôt ici de l’assoupissement avec hallucinations, ces dernières parfois terrifiantes et conduisant aussi à l’agitation. La sensation de légèreté, voire de lévitation, caractérise l’intoxication par la jusquiame, qui n’était pas étrangère aux «voyages» aériens des sorcières médiévales (c’est l’une des «herbes maudites» de la sorcellerie européenne). Déjà connue des Babyloniens et des Égyptiens du \JUSQUIAME XVIe siècle, la plante devra attendre les travaux du toxicologue autrichien A. Stoerck (1762) pour trouver sa vraie place dans la matière médicale. Les indications sont très proches de celles de la belladone. Antispasmodique puissant, sédatif du système nerveux, narcotique, la jusquiame s’adresse aux tremblements (chorée, parkinsonisme, etc.), aux maladies mentales avec agitation, au délire éthylique, à la manie, aux névroses avec insomnie, aux convulsions, aux névralgies (trijumeau en particulier), aux spasmes de l’appareil digestif, aux dysménorrhées, à la toux spasmodique, etc. Elle figure au tableau A des substances toxiques, d’où la surveillance médicale indispensable pendant l’utilisation éventuelle de cette plante.

La jusquiame blanche méditerranéenne (Hyoscyamus albus L.) est vraisemblablement bien plus toxique que la jusquiame noire, puisqu’elle a un taux d’alcaloïdes presque dix fois plus élevé.

jusquiame [ ʒyskjam ] n. f.
XIIIe; bas lat. jusquiamus, gr. huoskuamos, de hûs « porc » et kuamos « fève »
Plante herbacée (solanacées) à fleurs jaunes rayées de pourpre, à propriétés narcotiques et toxiques. Jusquiame noire, utilisée en médecine comme calmant, appelée aussi herbe des chevaux, herbe aux poules.

jusquiame nom féminin (bas latin jusquiamus, du grec huoskuamos, fève de porc) Plante des décombres, à feuilles visqueuses et à fleurs jaunâtres rayées de pourpre, très toxique.

jusquiame
n. f. Plante herbacée toxique (Fam. solanacées) des régions chaudes et tempérées.

⇒JUSQUIAME, subst. fém.
A. — BOT. Plante (famille des Solanacées) dont les variétés principales sont la jusquiame blanche, dorée et noire, cette dernière étant utilisée en médecine pour ses feuilles et ses graines à propriétés calmantes, narcotiques. On passera à des cataplasmes un peu plus résolutifs, avec les feuilles de jusquiame cuites dans du vinaigre (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 291). La jusquiame affreuse entr'ouvre ses corolles (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 210). Cueillir, sans peur, un soir, la jusquiame velue (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 206).
B. — P. méton. Substance vénéneuse, médicinale, extraite de cette plante. Ton oncle vers moi, (...) Se glissa lentement, muni de jusquiame, Poison sûr qui passa de ma lèvre à mon âme! (DUMAS père, Hamlet, 1848, I, 2, p. 186). Les plus dangereux étaient les buveurs de jusquiame; dans leurs crises ils se croyaient des bêtes féroces et sautaient sur les passants qu'ils déchiraient (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 85). Médicaments agissant sur le système nerveux, tels que la belladone, la jusquiame (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p. 187).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. XIIIe s. (Simples medicines, ms. Ste-Geneviève, f° 36b ds GDF. Compl.). Empr. au b. lat. jusquiamos, jusquiamus, du lat. hyoscyamos, hyoscyamum, gr. de même sens, littéralement « fève de porc », v. aussi ANDRÉ Bot. Fréq. abs. littér. : 13.

jusquiame [ʒyskjam] n. f.
ÉTYM. XIIIe, bas lat. jusquiamus; du lat. hyoscamos, grec huoskuamos, de hûs « porc », et kuamos « fève », littéralt « fève de cochon ».
1 Plante dicotylédone herbacée (Solanacées), à fleurs jaunes rayées de pourpre, scientifiquement appelée Hyoscyamus, qui doit à l'hyoscyamine qu'elle contient ses propriétés narcotiques et toxiques. || Jusquiame noire, utilisée en médecine comme calmant.Syn. : herbe des chevaux, herbe aux poules, herbe à la teigne. || Jusquiame du Pérou (Datura Stramoine).
1 Alfandri fut le premier à s'apercevoir que les brûlures du garçon avaient besoin de soins. Il y alla d'une demi-once de baume à la jusquiame, et d'un pansement à la charpie habilement noué.
Herbert Le Porrier, le Luthier de Crémone, p. 36.
tableau Noms de plantes médicinales.
2 Extrait vénéneux de cette plante, à effet hallucinatoire.
2 Des hommes qui portaient, en signe de désespoir, des manteaux faits de haillons ramassés, s'établirent au coin des carrefours (…) Les plus dangereux étaient les buveurs de jusquiame; dans leurs crises ils se croyaient des bêtes féroces et sautaient sur les passants qu'ils déchiraient.
Flaubert, Salammbô, Pl., t. I, p. 958.

Encyclopédie Universelle. 2012.