PANIQUE
PANIQUE
Le terme de panique, dans son acception traditionnelle, est une peur collective, irraisonnée, ressentie simultanément par tous les individus d’une même collectivité ou d’un même groupe.
L’étude de la panique doit s’intégrer dans le concept le plus vaste des manifestations collectives face à une ambiance agressive (ou supposée telle); en effet, dans une telle situation, trois réactions comportementales peuvent s’observer: l’adaptation, la fuite ou la lutte, réactions qui doivent, pour être efficaces, obéir aux règles de la coordination et de l’ajustement à la nature du danger.
La panique est donc un comportement collectif inefficace parce que inadapté au danger (réel ou supposé); elle se caractérise par la régression des mentalités à un niveau archaïque et grégaire, elle aboutit à des réactions primitives de fuite éperdue, d’agitation désordonnée, de violences physiques et, d’une façon générale, à des actes d’auto- ou d’hétéro-agressivité; les réactions de panique relèvent des caractères de l’âme collective avec altération des perceptions et du jugement, alignement sur les comportements les plus frustes, suggestibilité, participation à la violence sans notion de responsabilité individuelle.
De ce fait, la panique est dangereuse pour la population qu’elle atteint; elle majore le nombre de victimes résultant d’un accident en raison des réactions de fuites inappropriées, elle peut même être la seule responsable des morts et des blessés; à chaque fois, ce sont les mêmes scénarios: actes de fureur aveugle, piétinement, écrasement...
Les circonstances de survenue de la panique sont variables et les facteurs prédisposants, conjoncturels ou déclenchants sont multiples :
survenue, le plus souvent brutale, d’un danger physique ou de sa menace (réelle ou supposée);
existence d’un groupe de sujets, groupe homogène ou hétérogène (sur le plan social, professionnel, religieux...) plus ou moins vulnérable par la présence en son sein de sujets fragiles, par l’absence d’encadrement);
concentration humaine suivant une topographie particulière; panique limitée dans des lieux obscurs aux issues étroites (station de métro Couronnes, Paris, 10 août 1903: 40 morts); panique étendue aux dimensions d’une salle (bazar de la Charité, Paris, 4 mai 1897: 124 morts); d’un stade (coupe de football de Lima, 25 mai 1964: 400 morts; incidents du stade du Heysel, Bruxelles, 29 mai 1985: 39 morts); d’une place (couronnement du tsar Nicolas II, Moscou, 18 mai 1896: 3 000 morts); d’une ville (accident chimique à Bhopal, 3 décembre 1984 avec la fuite de 10 000 personnes); et enfin d’une région entière (panique après une émission radiophonique sur l’arrivée des «Martiens», New Jersey, États-Unis, 30 octobre 1938, touchant plus d’un million de personnes).
La panique est généralement brève, de quelques minutes à une heure; après une phase de préparation, on décrit une phase de choc, puis de réaction et enfin une dernière phase de résolution qui correspond à l’extinction du phénomène de panique et qui est due beaucoup plus à des facteurs internes qu’à l’éloignement réel du danger.
Jusqu’à une période encore récente, on se contentait de décrire la panique comme un élément dangereux et déstructurant; les études psycho-sociologiques fondées sur l’analyse de paniques «historiques », en particulier celles liées aux circonstances topographiques, ont permis de déterminer les règles de prévention et de traitement.
La prévention est plus facile par une gestion de la phase d’alerte de l’événement agressif, avec la mise en place de dispositifs d’information, d’encadrement et d’évacuation que la prise en charge une fois la panique déclenchée.
Dans la plupart des cas, quand la prise en charge rapide n’a pu se faire, faute de moyens, les secours n’arriveront sur le site qu’au moment de son extinction; il conviendra de conforter ce processus en rassurant les populations, en réorganisant les groupes et surtout en repérant et en neutralisant les sujets fragiles, «germes de panique », capables de la relancer et de la propager dans des populations jusque-là protégées (prise en charge psychologique, sédation pharmacologique).
La panique collective ainsi décrite et traitée n’apparaît pas seulement dans les catastrophes majeures, mais également dans les catastrophes à effets limités ou tout simplement au cours des urgences collectives.
Dans ces dernières circonstances, elle est cependant moins fréquente que les réactions de panique individuelle qui se manifestent chez les sujets rescapés, apparemment indemnes et pour lesquels il est invoqué la notion de traumatismes psychiques. Ce sont les impliqués, nouvelle catégorie de victimes, particulièrement vulnérables lors des événements sociaux (attentats, prises d’otages, détournement d’aéronefs).
panique [ panik ] adj. et n. f.
• terreur panice 1534; lat. panicus, de Pan, dieu qui passait pour troubler, effrayer les esprits
1 ♦ Qui trouble subitement et violemment l'esprit (en parlant d'un sentiment de peur). Peur, terreur panique. — Littér. « Fièvre panique » (Colette). « on voyait passer, criant de peur, des oiseaux de mer emportés par un souffle panique » (Tournier).
2 ♦ N. f. (1835) Terreur extrême et soudaine, souvent collective, devant un danger réel ou seulement possible. ⇒ effroi, épouvante; affolement. Être pris de panique. Un vent de panique. Jeter, semer la panique dans les rangs de l'ennemi. ⇒ déroute, désordre; fuite, sauve-qui-peut. « Cette panique, qui fait prendre la fuite à des régiments tout entiers » (Barbey). Pas de panique ! prenez les sorties de secours.
♢ Méd. Crise d'angoisse paroxystique. Attaque de panique.
⊗ HOM. Panic.
● panique nom féminin (grec panikos, du nom de Pan, dieu qui passait pour effrayer) Terreur soudaine et irraisonnée, souvent collective : Semer la panique dans les rangs des adversaires. ● panique (citations) nom féminin (grec panikos, du nom de Pan, dieu qui passait pour effrayer) Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 La vie, c'est une panique dans un théâtre en feu. Nekrassov Gallimard ● panique (homonymes) nom féminin (grec panikos, du nom de Pan, dieu qui passait pour effrayer) panic nom masculin ● panique (synonymes) nom féminin (grec panikos, du nom de Pan, dieu qui passait pour effrayer) Terreur soudaine et irraisonnée, souvent collective
Synonymes :
- effroi
- épouvante
● panique
adjectif
Terreur, peur panique, terreur, peur soudaine, irraisonnée.
● panique (expressions)
adjectif
Terreur, peur panique, terreur, peur soudaine, irraisonnée.
panique
adj. et n. f.
d1./d adj. Peur, terreur panique: peur incontrôlable et soudaine, souvent injustifiée.
d2./d n. f. Frayeur subite et irraisonnée, de caractère souvent collectif.
⇒PANIQUE, adj. et subst. fém.
I. —Adjectif
A. —Vieilli ou littér. Relatif au dieu Pan, inspiré par les forces invisibles et mystérieuses de la nature. Partout une divine plénitude et un gonflement mystérieux faisaient deviner l'effort panique et sacré de la sève en travail (...). La grande harmonie diffuse s'épanouissait (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.448). Ces gestes profonds qui font bondir au coeur comme un sentiment panique de la permanence de la vie (GRACQ, Syrtes, 1951, p.76). L'énorme joie panique dans laquelle passe la joie de l'univers (GREEN, Journal, 1957, p.292).
B. —Peur, terreur panique. Peur, terreur qui survient de manière subite et violente en troublant l'esprit et le comportement. L'armée, victorieuse jusqu'au soir, a été, dit-on, prise subitement, vers les huit heures, d'une terreur panique (...). Chacun tremble, on croit tout perdu! (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.12):
• ♦ Et la pantomime éternelle de la terreur panique a si peu changé, que ce vieux monsieur à qui il arrivait une aventure désagréable dans un salon parisien, répétait à son insu les quelques attitudes schématiques dans lesquelles la sculpture grecque des premiers âges stylisait l'épouvante des nymphes poursuivies par le Dieu Pan.
PROUST, Prisonn., 1922, p.317.
— Littér. [Qualifiant un autre sentiment ou son expression] Qui traduit, est en proie à ce sentiment de peur. La mine panique de Bonaventure qui froissait un chapelet dans ses mains (BOREL, Champavert, 1833, p.134). L'immense et panique horreur de Zola pour la mort (BLOY, Journal, 1902, p.120).
II. —Subst. fém. Vive terreur, soudaine et irraisonnée, souvent dénuée de fondement qui affecte le plus souvent un groupe ou une foule et provoque de grands désordres. Synon. affolement, épouvante. Effroyable panique; panique collective; atmosphère, scène, vent de panique; état, frisson, mouvement de panique; jeter, semer la panique; être gagné par la panique, pris de panique. Flots de curieux qui, après s'être groupés et pressés sur un point, se précipitaient et s'écrasaient, emportés par une soudaine panique (SAND, Hist. vie, 1855, t.4, p.112). Par les violents orages une panique désordonnée s'emparait de ces animaux fous de terreur (VERNE, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.106). Je faisais que des conneries... j'avais la panique... je me trompais tout le temps (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.171).
— Fam. [Pour (se) rassurer] Pas de panique! Au Plazza Athénée, même histoire. On entre sans regarder le planton (ça fait louche), sans regarder le personnel non plus (ça fait qui ne sait pas où aller). Pas de panique: ici comme dans tous les grands hôtels, trois pas suffisent pour tomber sur la précieuse flèche qui vous oriente vers «Dames» ou «Messieurs» (Paris mon amour, Le Guide des fous de Paris, [1983], p.7).
— [À propos de la Bourse] Je vends ma rente, la nouvelle se répand, il y a panique, je ne vends plus, je donne (DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.90). La crise de la fin 1929 n'avait pas de causes économiques profondes; ce ne fut qu'une immense panique collective de Wall Street (MORAND, New-York, 1930, p.61).
Prononc. et Orth.:[panik]. Homon. panic. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) 1534 terreur Panice (RABELAIS, Gargantua, XLII, 69, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.249); b) 1828-29 panique subst. (VIDOCQ, Mém., t.1, p.299); 2. 1546 «relatif au dieu Pan» (RABELAIS, Tiers Livre, XXXVIII, 121, éd. M. A. Screech, p.265: fol panicque), empl. isolé; 1866 (HUGO, loc. cit.). Empr. au gr. adj. «de Pan», employé surtout avec un subst. signifiant «terreur», le dieu Pan passant pour produire les bruits entendus dans les montagnes et les vallées. Fréq. abs. littér.:599. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 174, b) 547; XXes.: a) 1031, b) 1484.
DÉR. Paniquard, -arde, adj. et subst., fam. (Celui, celle) qui se laisse gagner par la panique. Bonvalot, parlant du prince Henri [Henri d'Orléans, cousin du duc d'Orléans], dit: «Il est un peu paniquard, il court tantôt en avant, tantôt en arrière, comme ce peuple-ci...» (BARRÈS, Cahiers, t.1, 1897, p.244). Les paniquards tiraient comme des enragés et comme nous étions en pointe (...), c'est nous qui écopions de ces milliers et milliers de balles (CENDRARS, Main coupée, 1946, p.64). — [], fém. [-]. ARNOUX, Solde, 1958, p.270: panicards. — 1res attest. a) 1897 adj. (BARRÈS, loc. cit.), b) 1925 subst. (Trad.: M. EASTMAN, Depuis la mort de Lénine, 187 ds QUEM. DDL t.26); de panique, suff. -ard.
1. panique [panik] adj.
ÉTYM. 1534, terreur panice; lat. panicus, du grec panikos, de Pan, dieu qui passait pour troubler, effrayer les esprits.
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1 Qui trouble subitement et violemment l'esprit, en parlant d'un sentiment de peur. || Peur, terreur panique.
REM. On n'emploie guère, dans le langage courant, que les expressions terreur, peur panique, mais on trouve dans la langue littéraire : || « fièvre panique » (Colette, Belles saisons, p. 11), || « scrupules paniques » (Aragon, les Beaux Quartiers, p. 409), etc.
1 Renvoyez, dit quelqu'un, les ânes qui sont lourds,
Et les lièvres, sujets à des terreurs paniques.
La Fontaine, Fables, V, 19.
2 Foin de ces terreurs paniques qui n'ont pas le sens commun !
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, II.
3 Cet invisible (le dieu Pan) faisait peur : partout pressenti, à l'on ne savait quel signe avant-coureur d'une monstrueuse apparition, une fièvre panique s'emparait des hommes et des bêtes, elles-mêmes soudain précipitées en fuites, en cavalcades éperdues.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 180.
2 Littér. ou didact. Relatif au dieu Pan, à certains aspects lyriques de la nature. || « Le grand appel panique » (Claudel, Partage de Midi, p. 146).
4 (…) Hugo trouve satisfaction de son délire verbal à se perdre dans une confusion panique, Goethe, même dans ses effusions les plus lyriques, tend à nous ramener au pratique.
Gide, Attendu que…, p. 107.
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2. panique [panik] n. f.
ÉTYM. 1828, avoir la panique, Mémoires de Vidocq; admis Académie 1835; de peur panique (1. panique).
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1 Terreur extrême et soudaine, généralement irraisonnée, et souvent de caractère collectif. ⇒ Effroi, épouvante; affolement. || Être gagné (cit. 67) par la panique, de panique (→ Inondation, cit. 8), pris de panique (→ Essuyer, cit. 9). || Un vent de panique. || Une sorte de panique les prenait (→ Maîtrise, cit. 3), s'emparait d'eux. || Mater (1. mater, cit. 5) une panique intérieure. || Foule prise de panique. || Jeter, semer la panique dans les rangs de l'ennemi. || Panique dans les rangs d'une armée (⇒ Déroute, désordre, fuite, sauve-qui-peut). || Panique à la Bourse.
1 Ils (les gens de la cour, les prêtres) nous ont perdus (…) disaient ces marchands furieux; qu'ils meurent maintenant ! Nul doute aussi que la panique n'ait été pour beaucoup dans leur fureur. Le tocsin leur troubla l'esprit (…) Ruinés, désespérés, ivres de rage et de peur, ils se jetèrent sur l'ennemi (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., VII, V.
2 Ce que j'éprouvai, ce fut positivement cette sensation qui doit rendre le cœur aussi pâle que la face; ce fut cette panique qui fait prendre la fuite à des régiments tout entiers.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le rideau cramoisi », p. 70.
2 Fam. Affolement. || Allons, pas de panique ! || On va être en retard à la gare, c'est la panique. ⇒ Paniquer.
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DÉR. Paniquard, paniquer.
HOM. Panic.
Encyclopédie Universelle. 2012.