● chienne nom féminin Femelle du chien. Terme d'injure. ● chien, chienne adjectif et nom Familier. Avare, âpre en affaires. ● chien, chienne (expressions) adjectif et nom De chien, précédé d'un nom, ou chien, chienne de, suivi d'un nom, se dit par dépréciation, mépris, etc. ; très mauvais. ● chien, chienne (synonymes) adjectif et nom Familier. Avare, âpre en affaires.
Synonymes :
- avare
- coriace
- ladre (littéraire)
- pingre (familier)
- radin (familier)
- rapiat (familier)
- rat (familier)
Contraires :
- doux
- généreux
- humain
- large
- libéral
- prodigue
chien, chienne
n.
rI./r
d1./d Quadrupède domestique (Canis familiaris, Fam. canidés). Chien qui aboie, qui hurle, qui jappe.
— Chien savant: chien dressé à faire des tours; par ext., fig., péjor. personne (souvent un enfant) qui répète ce qu'elle a appris à la seule fin de plaire.
— (Québec) Péjor. Chien de poche: enfant qui suit toujours ses parents, ou ses frères et soeurs; personne qui fait tout ce que veut un autre.
d2./d Loc. fig. Mourir comme un chien: mourir dans l'abandon.
— Mener une vie de chien, une vie misérable.
— Entre chien et loup: moment du crépuscule où l'on commence à ne plus reconnaître les objets.
— Prov. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage: on trouve toujours un prétexte quand on veut se débarrasser de qqn, de qqch.
— (Québec) Fam. Son chien est mort: il a raté son coup et il ne peut se reprendre.
d3./d Fig., Fam. (En parlant des choses ou des personnes, par dénigrement.) Un temps de chien. Quelle chienne de vie!
|| Terme injurieux. Chien d'Untel!
d4./d Interj., juron Fam. Nom d'un chien!
d5./d Elle a du chien: elle a de l'allure, elle plaît par son piquant.
— (Québec) Fam. Avoir du chien dans le corps: avoir beaucoup d'énergie, de détermination.
d6./d ASTRO Le Grand Chien, le Petit Chien: constellations australes.
|| n. m. pl. (France rég.) Mèche de cheveux retombant sur le front.
rII./r n. m.
d1./d Pièce d'une arme à feu portative, qui assure la percussion de l'amorce de la cartouche. Le chien d'un pistolet.
|| (Par anal. de forme avec le chien d'un fusil.) être couché en chien de fusil, ramassé sur soi-même, les jambes repliées.
d2./d Chien de prairie: petit rongeur d'Amérique du Nord, ainsi nommé en raison de son cri.
Encycl. Les nombreuses races de chiens auraient pour origine commune le loup. On les classe ainsi: chiens de garde et d'utilité: chiens de berger, dogues, saint-bernard, etc.; chiens de chasse: terriers, chiens courants, chiens d'arrêt, lévriers, etc.; chiens de luxe et d'agrément: caniches, pékinois, etc.
chien, chienne [ʃjɛ̃, ʃjɛn] n.
ÉTYM. 1080, chen; du lat. canis.
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1 Mammifère domestique (Carnivores; Canidés), d'une espèce dont il existe de nombreuses races (→ ci-dessous) élevées pour remplir certaines fonctions auprès de l'homme; individu et, spécialt, mâle (opposé à chienne) et adulte (opposé à chiot, petit) de cette espèce. ⇒ Canin, et préf. cyn(o)-. || Un chien, une chienne. ⇒ fam. Cabot, chienchien, toutou; clébard, clebs. || Chien de race; chien bâtard. || Chiens perdus sans collier (par métaphore, titre d'un roman de G. Cesbron). || Un grand chien, un petit chien. || Un jeune chien. || Un vieux chien. || Chien errant, trouvé. || Chien savant, dressé. || Chien méchant. — N. m. (Collectif). || Le chien, ami, compagnon fidèle de l'homme. — REM. On emploie le masc., un chien, chaque fois que le sexe n'est pas pertinent ou qu'on l'ignore. Dans les syntagmes (chien de garde, de chasse, d'agrément…), le fém. semble rare.
1 Cependant l'Exaudiat avançait toujours chemin, lorsque dix ou douze chiens, qui suivaient une chienne de mauvaise vie, vinrent à la suite de leur maîtresse se mêler parmi les jambes des musiciens (…)
Scarron, le Roman comique, I, XV.
2 Le chien est le seul animal dont la fidélité soit à l'épreuve; le seul qui entende son nom et qui reconnaisse la voix domestique.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le chien.
3 Le Chien meurt en léchant le maître qu'il chérit.
Voltaire, Discours en vers sur l'homme, IV.
4 Les plus zélés partisans du chien doivent confesser que cet animal a de l'audace dans les yeux; que plusieurs sont hargneux; qu'ils mordent quelquefois des inconnus en les prenant pour des ennemis de leurs maîtres (…) Ce sont là probablement les raisons qui ont rendu l'épithète de chien une injure (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Chien.
5 On dit que, lorsqu'on rencontre un chien furieux, si on a le courage de marcher gravement, sans se retourner, et d'une manière régulière, le chien se contente de vous suivre pendant un certain temps en grommelant entre ses dents; tandis que, si on laisse échapper un geste de terreur, si on fait un pas trop vite, il se jette sur vous et vous dévore; car, une fois la première morsure faite, il n'y a plus moyen de lui échapper.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, II.
6 Le chien (…) est un animal religieux. Sauvage, il adore la lune et les clartés flottantes sur les eaux. Ce sont ses dieux, et il leur adresse, la nuit, de longs hurlements. Domestique, il se rend favorables, par ses caresses, les génies puissants qui disposent des biens de la vie, les hommes.
France, l'Anneau d'améthyste, VI, Œ., t. XII, p. 102.
7 On y est accueilli par de braves chiens aux yeux de reconnaissance tendre, d'humbles chiens de rue (…)
Loti, Suprêmes visions d'Orient, I, p. 18.
♦ Relatif au chien. ⇒ Canin. || Exposition de chiens. || Généalogie d'un chien. ⇒ Pedigree. || Accouplement du chien et de la chienne. ⇒ Chaleur (être en chaleur), chasse (être en chasse); chienner. || Croiser des chiens. ⇒ Mâtiner. || Petit du chien. ⇒ Chiot. || Une portée de petits chiens. || Cri du chien. ⇒ Aboyer (cit. 1), clabauder, clatir, glapir, gronder, hurler (à la lune, à la mort), japper. || Chien qui fait le beau, happe le morceau qu'on lui jette, lèche. || Le chien lape sa soupe. || Odorat, flair du chien. — Art de chasser avec des chiens. ⇒ Cynégétique, vénerie.
8 Le chien ne perd pas l'objet de sa poursuite; il voit, de l'odorat, tous les détours du labyrinthe, toutes les fausses routes où on a voulu l'égarer.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le chien.
9 Les hommes en général ressemblent aux chiens qui hurlent quand ils entendent de loin d'autres chiens hurler.
Voltaire, Fragments historiques, III.
10 Les chiens au chenil aboyèrent tous, et l'éclat de leurs voix retentissait sans qu'il parût personne.
Flaubert, Mme Bovary, III, VIII.
♦ Robe, soie, poil long ou ras d'un chien. || Couleur du dos d'un chien. ⇒ Mantelure. || Chien truité, marqueté, tacheté. || Gueule, museau du chien. || Canines, crocs du chien. ⇒ Dentée, morsure. || Oreilles droites ou tombantes d'un chien. || Nez du chien. ⇒ Truffe. || Queue de chien en balai, en trompette, en fouet. || Chien puni qui se sauve la queue entre les jambes, la queue basse, l'oreille basse. || Chien dont on a coupé la queue et les oreilles. ⇒ Courtaud; essoriller. || Pattes du chien. || Chien à jambe droite, à jambe torse. || Chien à grosses pattes. ⇒ Pataud, pattu. || Ergot du chien. ⇒ Éperon. || Chien épointé, dont l'os de la cuisse est cassé. || Jarret du chien.
11 (…) un petit chien tout parfumé, d'une beauté extraordinaire, des oreilles, des soies, une haleine douce, petit comme Sylphide, blondin comme un blondin (…)
Mme de Sévigné, 467, 13 nov. 1675.
12 (…) puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation », p. 10.
13 C'était un grand chien des hautes terres, à longs poils, avec des crocs durs et un air de franchise au combat qui rassurait.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 162.
♦ Dressage, élevage, traitement du chien, des chiens. || Chien attaché (⇒ Accouple, chaîne, harde, laisse; collier, muselière). || Les chiens sont muselés (cit. 1). || Logement du chien. ⇒ Chenil, loge, niche. || Mettre un chien à la fourrière. || Museler, démuseler un chien. || Siffler un chien pour le faire venir. || Faire coucher un chien. || Donner la soupe, la pâtée à un chien. || Le chien ronge son os. || Pains de chiens. ⇒ Creton. || Épucer, essoriller, tondre un chien. || Tondeur de chiens. || Caresser un chien.
14 Comment ! disait-il en son âme,
Ce chien, parce qu'il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec monsieur, avec madame,
Et j'aurai des coups de bâton ?
La Fontaine, Fables, IV, 5.
15 Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire.
Molière, les Femmes savantes, I, 3.
16 Il en usa comme les dresseurs de chiens : il employa la faim, la bastonnade (…)
Saint-Simon, Mémoires, 231, 87.
17 (…) les bons chiens qu'on était habitué à voir rôder partout, inoffensifs et courtois, toujours si touchés de la moindre caresse.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, I, p. 20.
♦ N. m. || Chien de chasse, sélectionné et éventuellement dressé pour la chasse. || Femelle du chien de chasse. ⇒ 3. Lice. || Action du chien à la chasse. ⇒ Arrêter, barrer, bourrer, brailler, 1. briller, chasser, curée, flairer, halener, piller, quêter, quoailler, rabattre. — Ameuter, coupler, découpler, harder, déharder, relayer les chiens. || Rompre les chiens (→ ci-dessous, fig.). || Appuyer, effiler, exciter, rebaudir les chiens. || Valet de chiens. ⇒ Piqueur; → Piqueux, cit. || Voiture pour transporter les chiens de chasse. ⇒ Dog-cart. || Meute, harde, houraillis de chiens. — Chien couchant, chien d'arrêt, qui lève le gibier en plaine et le ramène quand il est abattu. || Chien qui chasse à vue, par l'odorat. || Chien qui va le nez au vent. ⇒ Flairer. || Chien courant, qui donne de la voix quand il est sur la piste du gibier. → Piste, cit. 2. — Chien ratier. — Vx. || Chiens dévorants.
18 Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
Racine, Athalie, II, 5.
19 Le caractère naturel du Français est composé des qualités du singe et du chien couchant. Drôle et gambadant comme le singe, et dans le fond très malfaisant comme lui; il est, comme le chien de chasse, né bas, caressant, léchant son maître qui le frappe, se laissant mettre à la chaîne, puis bondissant de joie quand on le délie pour aller à la chasse.
Chamfort, Maximes et pensées, III, p. 87.
20 Gondran passe sa bêche dans la courroie du carnier et se charge. Au bas des escaliers, il siffle son chien. Labri, qui dormait sous un rosier, sort, s'étire, bâille, renifle la besace, suit, et Gondran écoute joyeusement le grignotis des petites pattes onglées, derrière lui.
J. Giono, Colline, p. 45.
21 Une heure plus tard il est seul dans le bois, bien seul, suivant Acteur (le chien) qui mène, la truffe au ras des feuilles mortes. Le chien, à cinq mètres devant, raidit à plein collier la longue laisse de cuir; et Daguet (le piqueur), cependant, un peu incliné en arrière, le maintient d'une poigne tranquille, tandis que derrière lui, bien en vue, il espace les brisées.
M. Genevoix, Forêt voisine, IX, p. 116.
♦ Chien d'agrément. || Chien d'appartement. || Chien de manchon : très petit chien, que les femmes pouvaient abriter dans leur manchon — Chien de garde (→ Paisible, cit. 9). || Le chien de garde veille (⇒ Cerbère). || Lâcher les chiens. || Chien guidant un aveugle. || Chien d'aveugle. || Chien policier. || Chiens de surveillance. || Chiens de l'armée. || Chiens militaires. — Maître de chien, chargé du dressage et de l'emploi d'un chien. ⇒ Maître-chien. — Chien sanitaire. || Chien de trait, qu'on attelle au traîneau. || Chiens groenlandais, esquimaux. || Chien de berger surveillant son troupeau.
22 Il était un berger, son chien et son troupeau.
Quelqu'un lui demanda ce qu'il prétendait faire
D'un dogue de qui l'ordinaire
Était un pain entier (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 18.
23 Mais le plus touchant encore ce sont les chiens, ces braves chiens de berger, tout affairés après leurs bêtes et ne voyant qu'elles dans le mas.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation », p. 11.
♦ Maladies du chien. ⇒ Hydrophobie, rage; gale, rouvieux, tique. || Blessures du chien. ⇒ Aggravée, butture, décousure. || Un chien pelé, galeux.
24 Un vieux chien, galeux, infirme, qui pataugeait dans les flaques de cambouis (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 255.
♦ Races, types de chiens. ⇒ Airedale, barbet, basset, beagle, berger, bichon, bleu (d'Auvergne), bouledogue, 2. boxer, braque, 3. briquet, bull-terrier, caniche, carlin, chou-pille, chow-chow, clabaud, cocker, colley, corniaud, dalmatien, danois, doberman, dogue, épagneul, fox-hound, fox-terrier, griffon, havanais, houret, king-charles, levrette, lévrier, limier, loulou, malinois, mastiff, mâtin, pékinois, pointer, poitevin, ratier, retriever, roquet, saint-bernard, setter, shetland, skye-terrier, sloughi, teckel, terre-neuve, terrier, vautre.
REM. La nomenclature des races de chiens est plus abondante, elle comprend de nombreux emprunts (notamment des anglicismes) et des syntagmes formés avec chien ou avec le nom d'une race (berger, lévrier…). On classe les chiens en groupes : chiens de berger, chiens de garde et de protection, chiens de trait, terriers, teckels, chiens courants, chiens de chasse et chiens d'arrêt, chiens d'agrément et de compagnie, lévriers. — Les chiens de chasse (au sens large) se divisent en chiens d'arrêt, chiens courants, chiens d'équipage, chiens quêteurs, chiens rapporteurs et chiens de terrier.
2 Tout animal de l'espèce des Canidés. || Chien, chienne sauvage. ⇒ Dingo, otocyon.
➪ tableau Noms de mammifères.
B (Emplois fig.). N. m. (sauf au sens 4., où chienne est possible).
25 (…) l'habit bleu lui donnait beaucoup de chien.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, XXXVI, p. 135.
25.1 La jeune personne à laquelle je pense est d'une bonne et ancienne maison de l'Artois (…) Brune, belle, et même mieux que belle : elle a du chien.
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 284.
2 ☑ (1883). À la chien. || Coiffure, cheveux à la chien, avec une frange lisse disposée sur le front. || Se coiffer à la chien.
25.2 La femme du jeune notaire d'X… n'avait pas froid aux yeux. Elle se permettait les décisions brusques et gamines d'une femme qui copiait les robes de « ces dames du château », chantait en s'accompagnant elle-même et portait les cheveux à la chien.
Colette, la Maison de Claudine, p. 105.
25.3 Nous avions treize, quatorze ans, l'âge du chignon prématuré, de la ceinture de cuir bouclée au dernier cran, du soulier qui blesse, des cheveux à la chien qu'on a coupés (…) à l'école, pendant la leçon de couture, d'un coup de ciseaux à broder.
Colette, la Maison de Claudine, Ybanez est mort, éd. L. de Poche, p. 111-112.
♦ ☑ Loc. Vx. Oreilles (cit. 41) de chien (mèches plates).
3 Loc. || De chien. ☑ Avoir, éprouver un mal de chien : rencontrer bien des difficultés. ☑ Un métier, un travail de chien, très pénible. — ☑ Vie de chien, misérable, difficile. ☑ Temps de chien : très mauvais temps, temps détestable. — ☑ Loc. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, un temps exécrable. — Quel chien de temps ! ⇒ Sale. ☑ Chienne de vie !
26 Et il me faut reconnaître, sinon par expérience personnelle, du moins par raisonnement, que cette chienne de vie (le mot est de Madame de Sévigné) a quelquefois du bon, bien que je ne m'en sois pas aperçu.
France, la Vie en fleur, XXVIII, p. 319.
27 Travellini sortit de la pluie avec sa gravité habituelle, et, sans manifester le moindre étonnement de nous rencontrer, par ce temps de chien, dans ces lieux de désolation, il nous parla (…)
H. Bosco, Un rameau de la nuit, II, p. 54.
27.1 Père Ubu : Ah ! le chien de temps, il gèle à pierre fendre et la personne du Maître des Finances s'en trouve fort endommagée.
A. Jarry, Ubu roi, IV, 5 (1896).
27.2 Il (…) se posait en homme dangereux (…) disait qu'il fallait guillotiner la moitié de ces gredins (les hommes politiques) et déporter l'autre moitié « au prochain coup de chien ».
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 95.
4 Péj. (et terme d'injure). Vx, littér. ou allus. hist. Personne méprisable. ⇒ Canaille. || Ah, le chien, la chienne ! ⇒ Chienne, II., 1.
28 Je suis un chien, un traître, un bourreau détestable (…)
Molière, l'Étourdi, V, 6.
♦ Chien de… || Chiens de chrétiens ! (formule prêtée aux musulmans). || Fils de chien !
29 Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé.
Molière, le Mariage forcé, 5.
30 (…) ce chien de tailleur-là (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
31 Il en sort tous les jours de nouveaux, de ces chiens d'Allemands, de leur damnée forteresse.
A. de Musset, Lorenzaccio, I, 2.
31.1 Si je n'avais pas fait l'enfant tout à l'heure (…) j'aurais encore deux coups à tirer, alors qu'il ne m'en reste qu'un, se dit-il (…) désormais je ne peux tirer qu'un seul de ces chiens.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 103.
♦ (En emploi adjectif). Mod. Dur, méchant; avare. || C'est un bon bougre, il n'est pas trop chien. — Rare. || Elle est un peu chienne. ☑ « Prendre sa tête la plus chienne », dure, revêche (Goncourt, in T. L. F.).
31.2 Ah ! non, pour sûr, ces rapiats n'étaient pas larges des épaules, et toutes ces manigances venaient de leur rage à vouloir paraître pauvres. Eh bien ! On leur donnerait une leçon, on leur prouverait qu'on n'était pas chien.
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 258.
31.3 Comme le garçon avait l'air d'hésiter, la chanteuse dit :
Oui, allez, ce n'est pas pour la boîte, ça. C'est moi qui paie.
Et elle ajouta :
Ce qu'ils peuvent être chiens, ici !
M. Druon, les Grandes Familles, II, IV, p. 63.
♦ ☑ Loc. mod. Chien de quartier : adjudant (⇒ Cabot). — ☑ Le chien du commissaire : le secrétaire du commissaire de police.
♦ ☑ Traiter (qqn) comme un chien, très mal, sans égard ni pitié.
32 Pour ses employés, pour ses domestiques, et ils sont nombreux, il les traite comme des chiens et les décourage toujours.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, V, p. 332.
♦ ☑ Tuer qqn comme un chien, de sang-froid, sans aucune pitié.
33 Cet homme a été mon ami; aujourd'hui je ne me ferais aucun scrupule de le tuer comme un chien.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, V.
♦ ☑ Mourir comme un chien, sans soin, sans secours, abandonné. ☑ Enterrer qqn comme un chien, sans aucune cérémonie.
33.1 Alors, stupide, il s'arrêta (…) Une grande lâcheté l'envahissait (…) À cette heure, il était seul, il pouvait crever, sur le pavé, comme un chien perdu.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 50.
♦ Fig. (argot hippique). Cheval de course de très mauvaise qualité, sans valeur. → Veau, II., 2.
♦ ☑ Loc. fig. et fam. C'est (ce sera) le chien pour… : on a (on aura) du mal à…
33.2 Mais c'est plutôt le chien pour trouver un coin tranquille. Partout si fréquenté de nos jours.
Aragon, Blanche…, I, I, p. 14.
5 ☑ Loc. fig. Garder à qqn un chien de sa chienne, lui garder rancune et se promettre de se venger de lui. — ☑ Leurs chiens ne chassent pas ensemble. → Chasser.
♦ ☑ Recevoir qqn comme un chien dans un jeu de quilles, le recevoir très mal. ☑ Arriver, venir comme un chien dans un jeu de quilles, mal à propos.
34 J'ai maintes fois remarqué que vous aviez un fâcheux penchant à vous jeter étourdiment dans les entretiens sérieux comme un chien dans un jeu de quilles.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 17.
♦ ☑ Se regarder en chiens de faïence, se considérer avec méfiance.
34.1 Chacun s'était assis avec les siens, en deux groupes séparés, les guérilleros d'un côté, les militants de la ville de l'autre (…) On commençait à se regarder en chiens de faïence.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 269.
♦ ☑ Rompre les chiens : interrompre un entretien mal engagé.
35 (…) craignant des questions plus précises (…) il rompit délibérément les chiens.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 188.
♦ ☑ S'entendre, vivre comme chien et chat, en se disputant constamment (→ Chat).
36 Bien ensemble, maman et la Bonne-Mère ? (…) Comme chien et chat, oui !…
Loti, Ramuntcho, I, VII, p. 85.
♦ ☑ Ne pas être bon à jeter aux chiens : ne pas valoir grand-chose. ☑ On dit dans le même sens, ne pas valoir les quatre fers d'un chien : ne rien valoir (les chiens n'ayant pas de fers, à la différence des chevaux). — ☑ Vx. Agir comme un chien fouetté, de fort mauvaise grâce. — ☑ Jeter, donner sa langue au chien (cf. Donner sa langue au chat, plus cour.). — ☑ Avoir du crédit comme un chien à la boucherie : n'avoir aucun crédit. ☑ Cela n'est pas fait pour les chiens, on peut, on doit s'en servir, l'utiliser.
36.1 J'oubliais un détail typique : la fruitière de madame la capitaine vint donner cette note de morale : — C'est le devoir de tous les honnêtes gens de prévenir le mari quand il est ridicule : le divorce n'est pas fait pour les chiens !
Goron, l'Amour à Paris, t. I, p. 48.
♦ ☑ Être comme un chien à l'attache : n'avoir aucune liberté.
♦ ☑ Faire le chien couchant : être flatteur, obséquieux, lâche, veule.
37 On se trompait; on en fut pour les frais de courage : on avait compté sur ma platitude, sur mes pleurnicheries, sur mon ambition de chien couchant, sur mon empressement à me déclarer moi-même coupable, à faire le pied de grue auprès de ceux qui m'avaient chassé : c'était mal me connaître.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, IX.
38 (…) pourquoi ne se rebiffe-t-il pas davantage, au lieu de prendre ces airs de chien couchant ?
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 113.
♦ ☑ Faire le jeune chien; être bête comme un jeune chien, être étourdi, folâtre, par analogie avec les mouvements désordonnés des jeunes chiens. || Faire le chien fou, le chien enragé.
♦ ☑ Le chien-chien à sa mémère (allus. au langage bêtifiant adressé aux chiens).
♦ ☑ Avoir un caractère de chien, un mauvais caractère.
39 Il a un caractère de chien, mais les autres n'ont pas de caractère du tout.
A. Maurois, Terre promise, XXII, p. 147.
♦ ☑ C'est un chien qui aboie à la lune, en parlant d'une personne présomptueuse. ☑ Les chiens aboient, la caravane passe. ☑ Faire comme le chien du jardinier qui ne mange pas de choux et ne laisse pas les autres en manger : empêcher autrui d'utiliser ce qui lui rendrait service, mais dont on ne veut pas.
♦ ☑ Entre chien et loup : au crépuscule, quand la nuit commence à tomber et que l'on ne saurait distinguer un chien d'un loup. Cf. la féminisation (emploi d'auteur) : Entre chienne et louve, titre d'un ouvrage de M. Perrein.
40 Je crains l'entre chien et loup quand on ne cause point (…)
Mme de Sévigné, 467, 13 nov. 1675.
40.1 Le Point-du-jour : quartier au nom qui pourrait susciter l'image plutôt riante de l'approche de l'aurore, mais auquel le mépris qu'avaient en ce temps-là les gens d'Auteuil pour ce quartier plus pauvre que le leur contribuait à donner une allure indécise d'entre chien et loup, une teinte de grisaille légèrement patibulaire.
Michel Leiris, Biffures, p. 33.
♦ ☑ Littér. Entre loup et chien : à l'aube.
40.2 On atteignait l'heure entre loup et chien où les gens sensibles se confient, où les criminels avouent, où les plus silencieux eux-mêmes luttent contre le sommeil à coup d'histoires ou de souvenirs.
M. Yourcenar, le Coup de grâce, p. 135.
♦ Interj. || Nom d'un chien ! juron familier. → Nom, cit. 26.
40.3 Oh ! nom d'un chien de nom d'un chien ! y va s'étaler dans le fromage (…)
Courteline, les Gaîtés de l'escadron, p. 75.
♦ ☑ Merci, mon chien ! (se dit à un enfant qui dit « merci » sans appellatif, pour l'inciter à en ajouter un plus convenable).
6 (Chien, au sens 1.). ☑ Prov. Bon chien chasse de race, il est bon chasseur de naissance (→ Chasser). ☑ Chien en vie vaut mieux que lion mort : il vaut mieux vivre misérablement que d'être mort après avoir été puissant.
41 Car pour l'homme qui est parmi les vivants, il y a de l'espérance; mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort.
Bible (Crampon), l'Ecclésiaste, IX, 4.
♦ ☑ Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage : tout prétexte est bon quand on veut se débarrasser de qqn ou de qqch.; on invente des torts à ceux qu'on veut sanctionner.
42 Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
Molière, les Femmes savantes, II, 5.
♦ ☑ Autant vaut être mordu d'un chien que d'une chienne : il est inutile de fuir un mal pour en rencontrer un autre qui n'est pas moindre. ☑ Tous les chiens qui aboient ne mordent pas : les personnes qui crient le plus ne sont pas le plus à craindre. ☑ Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée : le querelleur ne se retire jamais indemne. — ☑ Un chien regarde bien un évêque : nul ne doit se fâcher d'être regardé; la différence de rang autorise cependant les relations. — ☑ Qui m'aime aime mon chien.
♦ ☑ Allus. hist. C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle, en parlant d'une personne qui se dérobe quand on a besoin d'elle. — ☑ C'est Saint Roch et son chien, se dit de deux personnes qui ne se quittent jamais.
7 ☑ Loc. fig. Les chiens écrasés : les faits divers de peu d'importance, en journalisme. || Il fait les chiens écrasés.
———
II Seulement n. m.
2 (Fin XVIe). Pièce coudée de certaines armes à feu qui portait le silex et de nos jours guide le percuteur. || Chien d'un fusil de chasse. (1585, in D. D. L.). || Abattre le chien.
43 C'était un fusil à piston. Je le pris et fis jouer le chien, la gâchette. Comme il y avait encore une capsule, je retins le déclic et le chien se reposa doucement.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 59.
♦ ☑ Par anal. Être couché en chien de fusil, les genoux ramenés sur le corps. || Ramassé en chien de fusil : le corps courbé sur les genoux.
44 Antoine, ramassé derrière elle en chien de fusil, se redressa (…) et s'accouda confortablement.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 21.
45 Elle se tourna, en chien de fusil, le front contre le mur. Mais elle ne retrouva pas son agréable demi-somme (…)
Colette, Julie de Carneilhan, p. 75.
4 Jeux. Talon du jeu, au tarot. || Faire le chien. || Il y a six cartes dans le chien.
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DÉR. Chenet, chenil. — Chiénage, chienchien, chiennaille. — Chiennée, chienner, chiennerie. — Cf. aussi les dér. du lat. canis (cagne, canaille, caniche, canidés, canin) et du grec kunos (préf. cyn- : cynégétique, cynique, cynisme, cynocéphale, cynodrome, cynoglosse; cyon).
COMP. Chien-assis, chiendent, chien-loup, tue-chien (V. Colchique).
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chienne [ʃjɛn] n. f.
ÉTYM. Fém. de chien.
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II Fig.
1 (Au sens B., 4. de chien). Rare. Terme d'injure à l'égard d'une femme. — Adj. Elle est chienne. || « Madame me l'avait donné, Madame n'est pas chienne comme vous » (Zola, in T. L. F.).
2 Plus cour. (par compar. ou fig.). Femme lubrique. || C'est une chienne, une chienne en chaleur.
0 Vous savez, je ne suis pas une chienne. Je ne me mets pas les pattes en l'air quand on siffle !
Zola, l'Assommoir, Pl., t. II, p. 681.
Encyclopédie Universelle. 2012.