insidieux, ieuse [ ɛ̃sidjø, jøz ] adj.
• 1420, rare jusqu'au XVIIe; lat. insidiosus, de insidiæ « embûches »
♦ Qui a le caractère d'une embûche, d'un piège. ⇒ trompeur. « Une manière de procéder insidieuse et perfide » (Rousseau). Une question insidieuse. Sophisme insidieux. ⇒ captieux.
♢ (1765) Fièvre, maladie insidieuse, dont l'apparence bénigne masque au début la gravité réelle. ⇒ sournois. — Fig. « une forme insidieuse de désespérance » (Romains).
● insidieux, insidieuse adjectif (latin insidiosus, de insidiae, embûches) Qui constitue un piège, qui cherche à tromper : Question insidieuse. Qui se répand insensiblement, sournoisement : Un poison insidieux. Se dit d'une maladie grave malgré sa bénignité apparente au début. ● insidieux, insidieuse (synonymes) adjectif (latin insidiosus, de insidiae, embûches) Qui constitue un piège, qui cherche à tromper
Synonymes :
- captieux
- trompeur
Contraires :
- franc
Qui se répand insensiblement, sournoisement
Synonymes :
- sournois
- traître
insidieux, euse
adj.
d1./d Qui tend un piège. Poser une question insidieuse.
d2./d MED Plus grave qu'il ne paraît d'abord. Fièvre insidieuse.
⇒INSIDIEUX, -EUSE, adj.
A. — [En parlant d'une pers.] Vx ou littér. Qui cherche à induire en erreur, à faire tomber dans un piège. Espion, sophiste insidieux. Il me prenait par l'orgueil. Trois jours après, il devenait plus insidieux encore : « Quand ils t'auront mise à la porte, je t'emmènerai peut-être en Italie » (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1058) :
• 1. ... l'insidieux marquis (...) démontra qu'en ce temps d'épreuve, la noblesse n'avait de chances de salut qu'en se créant des alliances au-dessous d'elle. Il joua vis-à-vis de sa fille le rôle que le malin Des Tournelles avait joué, quelques mois auparavant, vis-à-vis de lui.
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 274.
— [P. méton.] Transformant à son gré son front insidieux, Lakmi la contemplait [l'amante infortunée], sans dire une parole (LAMART., Chute, 1838, p. 1039). La bonne foi évidente (...) de Beauvivier faisait enfin ce que son insidieuse malice n'avait pu faire (BLOY, Désesp., 1886, p. 289).
— Emploi subst. [En parlant du diable] (C'était une tentation du démon, bien évidemment : j'y succombai.) Et victime de l'Insidieux, je me demandai naïvement à quelle âme de choix, je devais aller faire part de ces vers pour sa moralisation, son rachat et son réconfort (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1866, p. 82).
B. — [En parlant d'un inanimé]
1. Qui constitue ou dissimule un piège ou une embûche. Argument, raisonnement insidieux; promesse insidieuse. Le juge d'instruction (...) dont les questions insidieuses et pressantes, les détours patients et habiles triomphent des accusés les plus déterminés à se taire et les forcent à se livrer (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 274). Sa dialectique, tantôt abrupte et tantôt insidieuse, ne manquait jamais de désarçonner l'adversaire et de convaincre l'auditoire (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXXX).
2. P. anal. Qui agit ou se manifeste insensiblement, de façon trompeuse. Odeur insidieuse, parfum insidieux :
• 2. Quelque chose de la pénombre en pleine lumière du théâtre pénètre dans les lieux de plaisir avec cet éclairage insidieux, qui prête pour un instant, même à une beauté vulgaire, un halo, un accent, une profondeur.
GRACQ, Beau tén., 1945, p. 88.
— Spécialement
♦ ART MILIT. [En parlant d'un gaz de combat] Dont l'action est perçue trop tard pour que l'on puisse le combattre efficacement. L'arme chimique a beaucoup progressé; il existe des gaz dix fois plus toxiques que ceux connus pendant la deuxième guerre mondiale (...). Certains sont insidieux et inodores, très difficilement détectables (BILLOTTE, Consid. strat., 1957, p. 4015).
♦ MÉD. [En parlant d'une affection] Dont les débuts bénins en apparence cachent une réelle gravité. Synon. sournois. Fièvre insidieuse. La brusque détresse du malade dont le mal est réputé insidieux (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 227). Le début de la myasthénie peut être insidieux ou brutal (QUILLET Méd. 1965, p. 372).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1420 traictiez insidieux (Complainte des bons Fr., 145, Héron ds DELB. Notes mss): 2. 1765 en parlant d'une maladie (Encyclop.); 3. 1785 « qui dresse des embûches » (BEAUMARCHAIS, Mariage de Figaro, III, 5). Empr. au lat. insidiosus « qui dresse des embûches, traître; plein d'embûches, insidieux ». Fréq. abs. littér. : 162.
DÉR. Insidieusement, adv. D'une manière insidieuse, qui tend à surprendre. a) [Correspond à insidieux B] Synon. sournoisement, traîtreusement, trompeusement. Il périra dans les traquenards de l'instruction. Le juge rédige un procès-verbal très sec, (...) mais de ses discours insidieusement paternels, de ses remontrances captieuses (...), rien n'en reste (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 449). Augustin fit insidieusement rebondir la conversation aux idées générales (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 225). b) [Correspond à insidieux B 2] P. anal. Synon. lentement, imperceptiblement, insensiblement. Alors commença ce lent désenchantement qui devait s'étendre sur tout un hiver et tout un printemps, jusqu'au mois de mai fatidique. Cela se fit insidieusement, par petites touches insensibles (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 17). Méd. La maladie débute insidieusement (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 138). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. 1549 (J. LE MAIRE DE BELGES, Cour. margaritique, éd. J. Stecher, Œuvres, t. 4, p. 28 : tantost atteint insidieusement d'un raillon [en parlant d'un cerf]); de insidieux, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 56.
insidieux, euse [ɛ̃sidjø, øz] adj.
ÉTYM. 1420; rare jusqu'au XVIIe; lat. insidiosus, de insidiæ « embûche », de insidere, de in-, et sedere « siéger, se tenir (quelque part) ».
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♦ Littéraire ou style soutenu.
1 Qui a le caractère d'une embûche, d'un piège. ⇒ Trompeur. || Une manière de procéder insidieuse et perfide (Rousseau). || Question insidieuse. || Flatteries, promesses insidieuses. ⇒ Fallacieux (→ 1. Bas, cit. 36). || Sophisme insidieux. ⇒ Captieux.
1 Non, de tous les amants les regards, les soupirs,
Ne sont point des pièges perfides (…)
Toujours la feinte mensongère
Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs,
Une insidieuse prière.
André Chénier, Odes, II, III.
2 Qui se développe progressivement (en parlant d'un mal). a (1765). Méd. || Fièvre, maladie insidieuse, dont l'apparence bénigne masque au début la gravité réelle. ⇒ Sournois. — Par anal. || Un danger insidieux.
2 (…) le docteur, aussitôt appelé, déclara « préférer » la « sévérité », la « virulence » de la poussée fébrile qui accompagnait ma congestion pulmonaire et ne serait « qu'un feu de paille » à des formes plus « insidieuses » et « larvées ».
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 86.
3 Une fois dehors, il sentit à certains signes qu'il allait être envahi par une forme insidieuse de désespérance, dont il savait la puissance d'amertume (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 180.
♦ (XXe). Sans effet nuisible. Qui se développe, se manifeste insensiblement, de manière à surprendre. || Un éclairage insidieux. || Odeur insidieuse, qui se répand insensiblement et comme subrepticement.
4 L'odeur insidieuse du poireau se répandait, soudain plus hardie, dans les chambres et l'escalier (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, I.
3 (1784). Littér. (Personnes). Qui tend des pièges, dresse des embûches. ⇒ Rusé. || Un espion insidieux.
5 Essayez de me donner le change en feignant de le prendre, insidieux valet !…
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5.
6 L'ambition, serpent insidieux,
Arbre impur que déguise une brillante écorce.
André Chénier, Odes, I, XV.
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DÉR. Insidieusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.