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inouï

inouï, ïe [ inwi ] adj.
• déb. XVIe inoye; de 1. in- et ouï ouïr
1Vx ou littér. Qu'on n'a jamais entendu. Accents, accords inouïs. « Sauts d'harmonie inouïs » (Rimbaud).
2Vieilli Dont on n'a jamais entendu parler. inconnu, nouveau. « Des honneurs jusque-là inouïs » (Massillon).
3Mod. et cour. Qui est extraordinaire. énorme, étonnant, étrange, extraordinaire, 1. fort, incroyable, prodigieux. Avec une violence inouïe. « lui-même, chose inouïe, il venait d'être bon » (Hugo). Fam. Qui dépasse la mesure. Il a un culot inouï. formidable, fou, invraisemblable. Tu es inouï ! trop. C'est vraiment inouï. inconcevable.
⊗ CONTR. Commun, ordinaire.

inouï, inouïe adjectif (de ouïr) Qui est sans exemple, incroyable, extraordinaire : Force inouïe. Qui dépasse la mesure et qui irrite : C'est inouï, on ne me laisse jamais parler !inouï, inouïe (synonymes) adjectif (de ouïr) Qui est sans exemple, incroyable, extraordinaire
Synonymes :
- admirable
- fabuleux
- fantastique
- incomparable
- incroyable
- prodigieux
- sensationnel

inouï, ïe
adj. Extraordinaire, sans précédent. Prodige inouï.

⇒INOUÏ, -ÏE, adj.
A. — Vx ou littér.
1. Qu'on n'a jamais entendu auparavant. Bruit inouï : musique inouïe; accents, accords inouïs. Une modulation (...) certainement inouïe à cette époque (D'INDY, Compos. mus., t. 2, 1, 1897-1900, p. 227) :
1. ... et devançant les beaux travaux de linguistique, nous nous frayons nos voies nouvelles jusqu'à ces locutions inouïes, où l'aspiration recule au-delà des voyelles...
SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 277.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'œil sourcille et l'oreille s'étonne; on ne peut ouïr l'inouï (NERVAL, Sec. Faust, 1840, p. 195).
2. Dont on n'a jamais entendu parler auparavant, qui est inconnu, sans précédent. On vit, chose inouïe jusque-là, une littérature moderne appliquer le goût le plus exquis à ses plus nobles chefs-d'œuvre (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 170). L'important projet que je médite est inouï dans ma famille (MUSSET, Fantasio, 1834, I, 3, p. 200) :
2. Le curé de ceux-d'en-bas ose parler aux riches et les condamner. Du moins il s'en vante. Cela doit être inouï dans le diocèse.
BLOY, Journal, 1900, p. 32.
B. — Qui est extraordinaire, surprenant, hors du commun. L'orage éclatait avec une violence inouïe (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 17). Il eut la chance inouïe de ne tuer personne (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 132) :
3. Et je vis, étonnée, aveuglée, éblouie,
Sachant bien que pourtant la détresse inouïe
A depuis mon enfance exalté tous mes jours,
Que je l'appelle ardeur, que je l'appelle amour...
NOAILLES, Éblouiss., 1907, p. 341.
SYNT. Événement, bonheur, courage, drame, effort, luxe, prodige, scandale, spectable inouï; ardeur, audace, brutalité, circonstance, complexité, cruauté, délicatesse, douleur, force, insolence, joie, monstruosité, profondeur, puissance, rage, rapidité inouïe; épreuves, difficultés, paroles inouïes; malheurs, maux inouïs.
C'est inouï (ce que). C'est incroyable, ahurissant. C'est inouï ce qu'elle pouvait inventer pour rester dehors une heure de plus (CHARDONNE, Épithal. 1921, p. 58).
[Le suj. désigne une pers.] Être inouï. Être extraordinaire, déroutant. Non, mais vous êtes inouïe, ma parole! De quoi vous mêlez-vous? (MAURIAC, Asmodée, 1938, II, 4, p. 71).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le prince resta assis, hébété par l'inouï et l'inattendu de cette accusation (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 299).
REM. Inouïsme, subst. masc., rare. Caractère de ce qui est inouï; étrangeté. C'était avant le Romantisme, Aux poètes étincelants Dont les vers sont tous ruisselants De fantaisie et d'inouïsme (MARTEAU, Satires, 1861, p. 265). Ça me paraît d'un inouïsme tout à fait renversant (GONCOURT, Journal, 1889, p. 918).
Prononc. et Orth. : [inwi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Début XVIe s. inoye (FOSSETIER, Cron. Marg., ms. Bruxelles, 10509, f° 236 r° ds GDF. Compl.). Dér. de ouï, part. passé de ouïr; préf. in-1; cf. lat. inauditus (composé de in privatif et du supin de audire « entendre ») « qui n'a pas été entendu, sans exemple, inouï ». Fréq. abs. littér. : 1 326. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 749, b) 2 651; XXe s. : a) 2 120, b) 1 450. Bbg. QUEM. DDL t. 17 (s.v. inouïsme).

inouï, ïe [inwi] adj.
ÉTYM. Déb. XVIe, inoye; de 1. in-, et ouï, p. p. de ouïr. → Ouïr.
1 Vx ou littér. (Archaïsme). Qu'on n'a jamais ouï, entendu. || Accents, accords inouïs; musique inouïe. || « Sauts d'harmonie inouïs » (Rimbaud, les Illuminations, 30). || « Murmure aux inflexions inouïes » (→ Ineffable, cit. 2, Villiers de l'Isle-Adam). || « Une modulation (…) certainement inouïe à cette époque » (Vincent d'Indy, in T. L. F.).
1 Cette façon de parler (…) est inouïe à la cour, et même il ne me souvient pas de l'avoir ouï dire dans les villes.
Vaugelas, Remarques sur la langue française, t. II, p. 663, in Pougens.
2 Heureux, devriez-vous penser au contraire, les poètes, naissant au temps d'une nouvelle aurore, qui doivent tendre à neuf les cordes sonores pour des accords jusqu'alors inouïs !
Gide, Attendu que…, p. 146.
2 Vieilli ou littér. Dont on n'a jamais entendu parler. Inconnu, nouveau. || Des événements, des faits inouïs. || « Des honneurs jusque-là inouïs » (Massillon).Il est inouï que…; il n'est pas inouï de… (→ Extraordinaire, cit. 5, Montesquieu).
3 (…) que, lorsqu'il n'y avait point d'exemple de quelque chose, il en fallait faire; que ce qui était inouï ne le serait plus quand il serait fait.
Guez de Balzac, De la Cour, 7e disc., in Littré.
4 Est-ce donc un prodige inouï parmi vous ?
Racine, Phèdre, IV, 6.
3 (1669). Mod. Cour. Qui est « si extraordinaire que jusque-là, on n'avait ouï parler de rien de semblable » (Littré). Étonnant, étrange, extraordinaire, 1. fort, incroyable, prodigieux. || Popularité, vogue inouïe (→ Apologiste, cit. 4; 1. fort, cit. 38). || Infortunes (cit. 3), tourments, catastrophes, ruines inouïes (→ Augmenter, cit. 18; balle, cit. 6). || Des indignités inouïes (→ Fange, cit. 5). || Brutalité, force, violence inouïe (→ Broyer, cit. 3; effort, cit. 4). || Cruautés inouïes (→ Emporter, cit. 27).REM. L'antéposition de l'épithète est rare et stylistique (→ ci-dessous, cit. 5).
4.1 Il était forcé de reconnaître que la bonté existait. Ce forçat avait été bon. Et lui-même, chose inouïe, il venait d'être bon.
Hugo, les Misérables, Jean Valjean, IV, p. 176.
5 (…) je serais volontiers tombé aux pieds de ce joueur généreux, pour le remercier de son inouïe munificence.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XXIX.
6 Si vous venez de voir un chef-d'œuvre ou un ivrogne en train de vomir dans le ruisseau, dites : joli, ou tout à fait joli, ou très beau, ou inouï, ou absolument inouï; et quelle que soit l'expression employée, vous êtes sûr de vous faire entendre de vos interlocuteurs.
M. Aymé, le Confort intellectuel, p. 51.
N. m. || L'inouï : ce qui est inouï.
(Personnes). || Un type inouï, remarquable, extraordinaire.
Péj. Fam. || Il a un culot inouï. Formidable, invraisemblable. || Il est inouï, il exagère. || Mais vous êtes inouï !
REM. Ce sens ayant éliminé les précédents dans l'usage spontané, on rappelle parfois la valeur étymologique du mot, pour lui redonner le sens 1 ou le sens 2.
7 Oui, cette complicité du Parlement et de la presse pour couvrir d'un épais silence l'écroulement d'une œuvre séculaire, apparaît scandaleuse et, à la lettre, inouïe.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 289.
CONTR. Commun, ordinaire.
DÉR. Inouïsme.

Encyclopédie Universelle. 2012.