GYMNASTIQUE
GYMNASTIQUE
Il y a gymnastique et gymnastique. La discipline d’enseignement pratiquée à l’école, et devenue depuis quelques décennies dans les établissements français l’éducation physique et sportive, n’a plus de rapport réel avec une pratique compétitive parfaitement spécifique, caractérisée par une virtuosité répétitive qu’ont seuls permise les horaires de l’entraînement moderne pratiqué depuis le plus jeune âge par les athlètes de cette spécialité. Après avoir connu une ébauche avec les prouesses des jeunes Prussiens réunis au début du XIXe siècle par Ludwig Jahn pour forger non seulement des corps, mais une résistance à l’occupant napoléonien, le point de départ pourtant fut bien la mise en place de systèmes aux visées formatrices et éducatives, dont les tonalités varièrent selon les pays. Pestalozzi ou Clias (Suisse), Ling (Suède), le colonel d’origine espagnole Francisco Amoros pour la France, suivi notamment de Philippe Tissié, qui introduit à partir de 1890 les principes de gymnastique suédoise formulés par Ling, et de Georges Hébert, qui élabore en 1910 une méthode d’«exercices naturels» à partir de l’observation des peuples primitifs, ont été les «inventeurs» des diverses méthodes nationales. Et s’ils s’adressaient inévitablement à des individus, leur pensée fondamentale traitait la question en termes d’évolution de masses. C’est bien là ce qui caractérise le mouvement gymnique tel qu’il se développa dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les défilés à travers la ville, en casquette et uniformes rehaussés de couleurs variées, l’apparat quasi militaire impressionnent. La IIIe République conforte, avec ces fêtes patriotiques, ses forces naissantes. Les fêtes et les concours — organisés dès 1861 à Guebwiller (Alsace), qui compte aujourd’hui la société la plus ancienne parmi celles existant chez nous, alors que la première association fondée semble bien l’avoir été à Lyon, vingt ans plus tôt —, s’ils impliquent certaines démonstrations individuelles brillantes, privilégient les évolutions d’ensemble. L’Union des sociétés de gymnastique de France, créée en 1873 — la première du genre dans notre pays —, aura pour devise «Patrie, Courage, Moralité».
Selon un mouvement inéluctable, les prouesses individuelles vont peu à peu s’installer sur le devant de la scène. Les programmes proposés au début du siècle mêlaient les exercices gymniques et des performances athlétiques, comme par exemple le grimper à la corde lisse, le saut à la perche, le lever de la «gueuse» de pierre le plus souvent possible. Progressivement, les compétitions vont se circonscrire à un nombre limité d’exercices, tous pratiqués — sauf un — aux agrès, dérivés de certains des appareils inventés par les pionniers du genre. Les classements par équipes gardent leur importance, de même que le concours général. Mais il s’agit désormais de l’addition des notes obtenues pour chacun des exercices, qui exigent une spécialisation de plus en plus poussée et donnent droit à leurs propres médailles.
On a donc six épreuves pour les hommes: exercices au sol (sans musique), cheval d’arçons, saut de cheval (en longueur), anneaux, barres parallèles, barre fixe; quatre pour les femmes: exercices au sol (avec musique), barres asymétriques, poutre, saut de cheval (en travers). À la gymnastique «en puissance» d’autrefois a succédé une recherche de dynamisme et de souplesse toujours intensifiée. Diverses écoles ont successivement dominé, l’Europe de l’Ouest le cédant à l’Asie et aux nations de l’Est. Chez les femmes, les jeunes Roumaines sont venues disputer leur suprématie aux Soviétiques. La grâce de Nadia Comaneci resta inoubliable pour les spectateurs des jeux Olympiques de Montréal (1976): elle lui valut les premiers «10» décernés par les juges internationaux dans ce sport de notation où la perfection se trouve toujours repoussée plus loin. Mais la priorité donnée à une formation très précoce n’a-t-elle pas conduit à des excès de sélection et de préparation préjudiciables au bon équilibre des pratiquantes et pratiquants?
En 1599, Archangelo Tuccaro dédiait au roi de France ses Trois Dialogues de l’art de sauter illustrés de fort belles planches gravées. En voyant de nos jours un gymnaste réussir de plain-pied et sans aucun artifice un triple saut périlleux, croirait-il à autre chose qu’à un tour... de ses sens abusés ou de son imagination? Jusqu’où pourront aller dans l’avenir recherches et accomplissements?
gymnastique [ ʒimnastik ] adj. et n. f.
1 ♦ Rare Qui a rapport aux exercices du corps. Entraînement gymnastique. ⇒ athlétique. — Vieilli Pas gymnastique (cf. ci-dessous pas de gymnastique).
2 ♦ N. f. LA GYMNASTIQUE : art d'assouplir et de fortifier le corps par des exercices convenables; ces exercices (cf. Culture physique, éducation physique). Appareils et instruments de gymnastique (agrès, barre, anneaux, trapèze, home-trainer, etc.). Gymnastique au sol. Gymnastique douce. ⇒ stretching. Gymnastique rythmique. ⇒ aérobic. Gymnastique en plein air. ⇒ hébertisme. Gymnastique culturiste. ⇒ culturisme, musculation. Gymnastique acrobatique. ⇒ voltige. Gymnastique chinoise. ⇒ taï chi. Professeur de gymnastique.
♢ Par anal. Gymnastique corrective. ⇒ rééducation; kinésithérapie. — Gymnastique oculaire. ⇒ orthoptique. — Loc. Pas de gymnastique : pas de course cadencé.
3 ♦ Série de mouvements plus ou moins acrobatiques, exécutés sans méthode, imposés par une situation. ⇒ acrobatie. Il faut en faire une gymnastique pour sortir de cette voiture ! « Pour apporter les plats, les garçons se livraient à des gymnastiques étranges » (Gautier).
4 ♦ Fig. Exercices qui permettent de développer une faculté intellectuelle. Gymnastique de l'esprit, de la pensée.
● gymnastique nom féminin (latin gymnasticus, du grec gumnastikê) Ensemble des exercices physiques, pratiqués avec ou sans agrès et engins légers, et destinés à assouplir, développer ou rééduquer le corps. Sport de compétition comportant des mouvements libres et imposés aux épreuves avec agrès (anneaux, barres asymétriques, barre fixe, poutre, cheval d'arçons) ou sans agrès (au sol). Ensemble de mouvements plus ou moins acrobatiques imposés par une situation : Je dois me livrer à toute une gymnastique pour attraper ce dossier. Action de tirer parti au maximum de toutes ses facultés intellectuelles pour faire face à une situation ; exercice imposé dans cette situation : Ce jeu oblige à une gymnastique de l'esprit. ● gymnastique (expressions) nom féminin (latin gymnasticus, du grec gumnastikê) Gymnastique oculaire, exercices des muscles de l'œil destinés à améliorer leur fonctionnement ou à corriger certaines imperfections. Gymnastique orthopédique, gymnastique médicale s'adressant aux déviations qui ne sont pas immédiatement réductibles par suite de la raideur des articulations vertébrales et de la rétraction de certains muscles (scolioses, cyphoses dorsales et lordoses lombaires, par exemple). [Le promoteur de ces techniques gymniques a été le Suédois Ling (1776-1839).] Gymnastique rythmique (G.R.), discipline (olympique depuis 1984) essentiellement féminine, se pratiquant avec accompagnement musical et utilisant des engins légers tels que ballons, cerceaux, cordes, massues, rubans. Pas (de) gymnastique, pas de course régulier et cadencé. ● gymnastique (synonymes) nom féminin (latin gymnasticus, du grec gumnastikê) Ensemble des exercices physiques, pratiqués avec ou sans agrès et...
Synonymes :
- éducation physique
- gymnique
gymnastique
adj. et n. f.
d1./d adj. Pas gymnastique: pas de course cadencé.
d2./d n. f. Discipline de compétition qui comprend, pour les hommes, des exercices au sol, aux barres parallèles, à la barre fixe, aux anneaux, au cheval d'arçon, et, pour les femmes, des exercices au sol, aux barres inégales, à la barre fixe, à la poutre d'équilibre.
|| éducation physique. Moniteur de gymnastique.
— Gymnastique corrective, exercée sous contrôle médical et destinée à corriger un maintien défectueux.
|| Fig. Gymnastique intellectuelle.
⇒GYMNASTIQUE, adj. et subst. fém.
I. — Adjectif
A. — Relatif aux exercices du corps. Méthode gymnastique :
• 1. Quant à Mme Daudet, c'est un emballement sans critique pour l'Angleterre; il n'y a que les femmes qu'elle trouve filamenteuses et d'une maigreur homasse, maigreur qu'elle attribue à la fatigue des exercices gymnastiques.
GONCOURT, Journal, 1895, p. 797.
B. — Qui permet la pratique de ces exercices. Il peut procéder logiquement à l'accomplissement de la même opération au moyen d'une échelle, d'une perche, d'une corde à nœuds ou de tout autre appareil gymnastique (COURTELINE, Article 330, 1900, p. 286).
C. — Obtenu par cette pratique. Aristophane promet au jeune homme qui suivra ses bons conseils la belle santé et la beauté gymnastique (TAINE, Philos., t. 2, 1865, p. 162).
♦ (Au) pas (de) gymnastique. (Au) pas de course cadencé. Morrel marchait au pas gymnastique, et le pauvre Barrois le suivait de son mieux (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 296). Souffrir d'avoir à se promener ainsi au pas de gymnastique (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 291).
P. ext. Très vite. Trois et quatre fois les samedis je m'appuyais les livraisons de la place des Vosges, rue Royale, au pas de gymnastique encore! La peine en ce temps-là on en parlait pas (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 48).
II. — Subst. Art d'exercer, de fortifier et de développer le corps par un certain nombre d'exercices physiques appropriés (aux agrès ou au sol); p. méton., les exercices eux-mêmes. Cours, leçon, mouvement, séance de gymnastique; professeur de gymnastique; appareil de gymnastique; salle de gymnastique; championnat de gymnastique aux J.O.; faire de la gymnastique :
• 2. La compagnie s'est efforcée d'encourager parmi son personnel l'organisation de sociétés sportives. Sous son patronage, se sont constituées de nombreuses sociétés de gymnastique. Des salles munies de tous les agrès nécessaires, des terrains de football sont mis à la disposition des différents groupements.
BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 233.
♦ Gymnastique corrective. ,,Ensemble de pratiques méthodiques destinées à améliorer ou guérir les anomalies de stature`` (LAFON 1969). La gymnastique corrective s'adresse aux enfants atteints de déviation réductible (Pratique médico-chir., 1953, p. 824).
♦ Gymnastique médicale. ,,Gymnastique pratiquée à des fins médicales et notamment orthopédiques`` (Méd. Biol. t. 2 1971).
♦ Gymnastique suédoise.
— P. anal. Efforts acrobatiques :
• 3. ... j'ai eu tant de gymnastique à faire pour visiter les châteaux gothiques des Vosges, que, le soir, il ne me restait plus de force pour prendre une plume.
MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, t. 1, 1850, p. 311.
♦ Au fig., dans le domaine intellectuel, spirituel, moral Le langage mathématique oblige à une gymnastique intellectuelle extrêmement poussée (Gds cour. pensée math., 1948, p. 341). Péj. Virtuosité intellectuelle :
• 4. Toute l'œuvre écrite ou parlée de ce poète [T. Gautier] a été une gymnastique étourdissante sur le terrain du paradoxe.
ZOLA, Doc. littér., Gautier, 1881, p. 110.
REM. 1. Gym, subst. fém., fam. Abrév. de gymnastique. J'ai fait du chahut à la gym (MONTHERL., Ville prince, 1951, I, 5, p. 877). 2. Gymnastiquer, verbe trans., rare. Entraîner par des exercices appropriés. Pour les cadres moyens et supérieurs, au contraire, il faudrait que de très nombreux exercices à double action sur la carte puissent les gymnastiquer aux formules intermédiaires (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 150).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1382 adj. Travaillemens gymnastiques (ORESME ds MEUNIER); 2. id. subst. fém. gymnastique, maniere de luite pour exerciter son corps en force ou en vitesce (ibid.); 1779 fig. « exercice pour développer une faculté intellectuelle » (DIDEROT, Claude et Néron, I, 1 ds LITTRÉ). 1 empr. au lat. class. gymnasticus « gymnastique », gr. « qui concerne les exercices du corps »; 2 empr. au gr. « l'art de la gymnastique ». Fréq. abs. littér. : 418. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 179, b) 587; XXe s. : a) 664, b) 910.
gymnastique [ʒimnastik] adj. et n. f.
ÉTYM. V. 1361, adj. et n. f.; lat. d'orig. grecque gymnasticus, grec gumnastikos, adj., au fém. substantivé gumnastikê, de gumnazein « dénuder ». → Gymnase, gymno-.
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I Adj.
1 (Rare). Qui a rapport aux exercices du corps (→ Élancé, cit. 2). || Éducation, entraînement gymnastique.
1 Il s'était souvent mêlé à nos récréations gymnastiques, à mes frères et à moi, et il avait déployé devant nous une vigueur et une souplesse qui tenaient du prodige.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… », III.
2 Elle inventa également pour eux toute une série d'exercices gymnastiques alors inconnus : les exercices des poulies, des hottes, les lits de bois, les souliers de plomb (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 oct. 1850, t. III, p. 31.
3 (…) et, si aujourd'hui, oubliant nos corps mal venus ou gâtés de plébéiens ou de penseurs, nous voulons retrouver quelque ébauche de la forme parfaite, c'est dans ces statues, monuments de la vie gymnastique, oisive et noble, que nous allons chercher nos enseignements.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 74.
2 ☑ Loc. (1872). Pas gymnastique : pas de course cadencé (environ 180 pas à la minute, pour une enjambée de 80 cm) [→ Escouade, cit. 2] → ci-dessous pas de gymnastique (plus cour.).
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II N. f.
1 La gymnastique : art d'assouplir et de fortifier le corps par des exercices convenables. ⇒ Culture (physique), éducation (physique); entraînement (II.), sport. || La gymnastique chez les Grecs. ⇒ Agonistique, athlétique, gymnique, orchestique, palestrique, sphéristique. || Exercices de gymnastique. ⇒ Blocage, estrapade, rétablissement, saut, traction (→ Gymnaste, cit. 1). || Exercices au sol, en gymnastique. ⇒ Bascule, pirouette, rondade, roue, roulade, saut. || S'échauffer avant une séance de gymnastique. || Mouvements de gymnastique. || Pas de gymnastique (→ cit. 9 et 10 et, ci-dessus, Pas gymnastique). || Moniteur, professeur de gymnastique. || École, société, stade de gymnastique. || Salle, halle (régional) de gymnastique. ⇒ Gymnase. || Tapis de gymnastique (tapis de sol); praticable de gymnastique. || Tenue de gymnastique (maillot, maillot académique, justaucorps, collant, jambières, chaussettes, chaussons, etc.; cf. anglic. body [maillot collant]). || Tenue d'entraînement, d'échauffement pour la gymnastique (short, tricot, sweater, survêtement, sweat-shirt, training, etc.; chaussures : baskets, tennis, trainings). || Appareils et instruments de gymnastique. ⇒ Agrès, 2., appareil, II., 1. (et engin); anneau (anneaux), barre (fixe, barres parallèles, barres asymétriques), cheval (d'arçons, de saut), corde (à grimper), échelle, espalier, portique, poutre, sautoir, trampoline, trapèze, tremplin, vindas; bâton, canne, exerciseur, extenseur, haltère, médecine-ball, 3. mil, xylofer. — (Qualifié). || Gymnastique acrobatique. ⇒ Voltige. || Gymnastique corrective, médicale, musculative. || Gymnastique suédoise. || Gymnastique féminine; gymnastique volontaire. || Gymnastique harmonique; gymnastique moderne. || Gymnastique rythmique (ou, n. f., la rythmique). || Gymnastique rythmique et sportive. || Gymnastique éducative, pratiquée en plein air. ⇒ Hébertisme. || Gymnastique d'entretien, pratiquée en musique. ⇒ Aérobic (anglic.). || Gymnastique culturiste. ⇒ Body-building (anglic.), culturisme, musculation. || Gymnastique sportive : la gymnastique compétitive (syn. : sports gymniques; s'oppose à sports athlétiques, ⇒ Athlétisme). || Figures libres, exercices imposés en gymnastique. || Les concours olympiques de gymnastique. — (1721). Exercices de gymnastique. || Faire de la gymnastique respiratoire, abdominale. || Faire sa gymnastique tous les matins. ⇒ Gym (fam.).
4 Il (l'État) lui enseignait la gymnastique, parce que le corps de l'homme était une arme pour la cité, et qu'il fallait que cette arme fût aussi forte et aussi maniable que possible.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 267.
5 À côté de l'orchestrique il y avait en Grèce une institution plus nationale encore, et qui était la seconde partie de l'éducation, la gymnastique.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 183.
6 (…) ce que l'on voyait dans les façons, le geste et la pose du Grec, ce n'était pas l'homme de cour, c'était l'homme de la palestre (…) tel que la gymnastique héréditaire dans une race choisie l'avait formé (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 196.
6.1 Satisfaits de leur régime, ils voulurent s'améliorer le tempérament par de la gymnastique.
Et ayant pris le manuel d'Amoros, ils en parcoururent l'atlas.
Tous ces jeunes garçons, accroupis, renversés, debout, pliant les jambes, écartant les bras, montrant le poing, soulevant des fardeaux, chevauchant des poutres, grimpant à des échelles, cabriolant sur des trapèzes, un tel déploiement de force et d'agilité excita leur envie.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Folio, p. 273.
7 La vraie gymnastique, comme les Grecs l'avaient compris, c'est l'empire de la droite raison sur les mouvements du corps.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 12.
8 (…) il consacra plus de quinze minutes à la gymnastique suédoise.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, VIII.
9 C'est tout pour aujourd'hui, les gars. À la douche et au pas de gymnastique.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 251.
10 Roberte m'a tellement pressé que j'ai pris le pas de gymnastique pour venir chez vous.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 12.
♦ Par anal. Exercices musculaires intéressant une partie du corps, destinés à corriger certaines imperfections (⇒ Rééducation). || Gymnastique oculaire. || Gymnastique orthopédique, corrigeant les déviations de la colonne vertébrale.
2 Série de mouvements plus ou moins acrobatiques, mais exécutés sans méthode et à des fins autres que l'éducation physique. || Il faut en faire, une gymnastique, pour monter dans cette voiture !
11 Pour apporter les plats, les garçons se livraient à des gymnastiques étranges; ils avaient l'air de saltimbanques tenant des chaises en équilibre sur le bout du nez.
Th. Gautier, Voyage en Russie, V, p. 61.
12 Alignés derrière lui en longues files régulières, d'autres burnous répondent, s'inclinent, s'agenouillent, frappent leur front contre la terre, se redressent, chantent, psalmodient, jamais lassés, semble-t-il, de leur sainte gymnastique.
Jérôme et Jean Tharaud, Rabat, III, p. 56.
12.1 Heureusement pour lui, la gare n'avait ni portes ni barrières. Il s'élança donc sur la voie, sauta sur le marchepied de la dernière voiture, et tomba essoufflé sur une des banquettes du wagon.
Passepartout, qui avait suivi avec émotion les incidents de cette gymnastique, vint contempler ce retardataire (…)
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 242.
3 (1778). Fig. Exercices qui permettent de développer une faculté intellectuelle. ⇒ Exercice, travail (→ Émeute, cit. 4). || Gymnastique de l'esprit, de la pensée (→ Escrime, cit. 7; faussaire, cit. 8). — Exercice de virtuosité intellectuelle. || Se livrer à une gymnastique intellectuelle (→ Approfondir, cit. 12).
13 La déclamation était une espèce d'apprentissage de l'éloquence appliquée à des sujets anciens ou fictifs, une gymnastique où l'athlète essayait des forces qu'il devait employer dans la suite aux choses publiques (…)
Diderot, Claude et Néron, I, 1.
14 Il existe en effet, concède-t-il (…) une critique indifférente « qui ne voit dans la gymnastique littéraire qu'une distraction pour son oisiveté » (…)
G. Matoré, Introd. à la Préface à Mlle de Maupin de Th. Gautier, p. LV.
15 (…) Lucien avait étudié les plaisanteries et les articles des petits journaux. Sûr d'être au moins l'égal des plus spirituels rédacteurs, il s'essaya secrètement à cette gymnastique de la pensée (…).
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 664.
16 (…) dans la description des divers exercices, manège, chasse, lutte, natation, Rabelais s'amuse : ces tours de force de maître Gymnaste deviennent, sous sa plume, des tours de force de la langue. La prose française fait là aussi sa gymnastique, et le style s'y montre prodigieux pour l'abondance, la liberté, la souplesse, la propriété à la fois et la verve. Jamais la langue, jusque-là, ne s'était trouvée à pareille fête.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 7 oct. 1850, t. III, p. 11.
16.1 M. Lentz, selon le programme du docteur, dans lequel l'enseignement religieux n'était pas oublié, avait fondé plusieurs écoles primaires où les soins du maître tendaient à développer l'esprit de l'enfant en le soumettant à une gymnastique intellectuelle, calculée de manière à suivre l'évolution naturelle de ses facultés.
J. Verne, les Cinq Cents Millions de la Bégum, éd. Hetzel, p. 185.
17 Dans la souffrance et la dissimulation, elle (la femme) s'exerce et s'assouplit, comme à une gymnastique quotidienne pleine de risques (…)
Colette, la Vagabonde, p. 36.
18 (…) en ce moment, rien; les vagues de mon cœur sont immobiles. J'ai l'anesthésie d'un assommé. Impossible de prier, impossible de pleurer, impossible de lire. Je vous écris donc, puisqu'une âme livrée à son propre néant n'a d'autre ressource que l'imbécile gymnastique littéraire de la formule.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 9.
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DÉR. Gymnastiquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.