1. gueuse [ gøz ] n. f.
• 1543; bas all. Göse « morceaux informes de fer fondu », plur. de Gos, proprt « oie »
♦ Techn.
1 ♦ Masse de fonte, telle qu'elle sort du haut fourneau. Couler une gueuse. — Lingot de fonte.
2 ♦ Moule de sable dans lequel on verse le métal en fusion.
gueuse 2. gueuse → gueux
gueuse gueuze ou gueuse [ gøz ] n. f.
• 1901, -1866; du moy. néerl. guit « coquin » → gueux
♦ Bière belge, forte et aigre, faite avec du malt et du froment non germé, par fermentation spontanée. ⇒ faro. On y buvait « de la gueuse brune comme à Anvers » (Hugo). Gueuze lambic.
● gueuse nom féminin (bas allemand göse, pluriel de gos, oie) Lingot de fonte de première fusion. ● gueuse (homonymes) nom féminin (bas allemand göse, pluriel de gos, oie) gueuze nom féminin ● gueuse nom féminin Vieux Prostituée. ● gueuse (expressions) nom féminin Vieux Courir la gueuse, courtiser les femmes. La Gueuse, nom donné à la République par les royalistes. ● gueuse (homonymes) nom féminin Vieux gueuze nom féminin ● gueux, gueuse nom et adjectif (moyen néerlandais guit, coquin) Littéraire Personne qui vit dans la misère, qui est réduite à la mendicité. Être méprisable ; coquin. ● gueux, gueuse (citations) nom et adjectif (moyen néerlandais guit, coquin) Littéraire Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Il est dur d'être gueux, tandis qu'il y a tant de sots opulents aux dépens desquels on peut vivre. Le Neveu de Rameau Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Tous les gueux se réconcilient à la gamelle. Le Neveu de Rameau Antoine Godeau Dreux 1605-Vence 1672 Académie française, 1634 La Provence est fort pauvre. Il ne lui reste plus que des jasmins et des orangers. On peut l'appeler une gueuse parfumée. Cité in Menagiana Charles Péguy Orléans 1873-Villeroy, Seine-et-Marne, 1914 Les patries sont toujours défendues par les gueux, livrées par les riches. Notre patrie Gallimard ● gueux, gueuse (homonymes) nom et adjectif (moyen néerlandais guit, coquin) Littéraire gueuze nom féminin ● gueux, gueuse (synonymes) nom et adjectif (moyen néerlandais guit, coquin) Littéraire Personne qui vit dans la misère, qui est réduite à...
Synonymes :
- chemineau (vieux)
- clochard
- crève - la - faim (familier)
- mendiant
- mendigot (vieux)
- meurt - de - faim (vieux)
- misérable
- miséreux
- miteux (familier)
- paria
- vagabond
gueux, gueuse
n.
d1./d Vx Mendiant, pauvre.
d2./d n. f. Courir la gueuse: mener une vie de débauche.
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gueuse ou gueuze
n. f. Bière belge au goût aigre, d'origine bruxelloise.
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gueuse
n. f. METALL Lingot de fonte brute.
⇒GUEUSE, subst. fém.
Lingot de fonte de première fusion, coulé dans du sable et utilisé comme lest dans les navires ou comme contrepoids sur des appareils de levage. Couler la gueuse; lourdes gueuses de fonte. Les lourds espars, (...) quelques tonnes de gueuses qui formaient le lest, furent reportés à l'arrière [du brick], pour faciliter de leur poids le dégagement de l'étrave (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 52). La fonte d'un haut fourneau (...) est moulée directement en gueuses (GUILLET, Métall. gén., 1923, p. 313).
— P. méton. Moule servant à couler cette fonte (cf. LITTRÉ, DG, Lar. Lang. fr.).
— Spéc. Masse de métal utilisée dans les sports pour les exercices de force (cf. Ac. 1932, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [gø:z]. Ac. 1694-1932. Homon. gueuse (fém. de gueux). Étymol. et Hist. 1. 1543 « masse de fer fondu, telle qu'on la coule dans le sable au sortir du four » (ISAMBERT, Recueil général des anciennes lois françaises, t. 12, p. 811); 2. 1694 « moule de sable dans lequel on verse le métal en fusion » (CORNEILLE); 3. 1783 « lingot de fonte » (BUFFON, Hist. nat., Minéraux, t. 2, p. 356). Empr. au b. all. göse, plur. de gos proprement « oie »; cf. all. Gans « oie »; d'où p. anal. de forme « morceaux de fer fondu ». Ce mot a été introduit en France par les mineurs du Harz, appelés en France au XVIe s. pour organiser l'industrie minière. Bbg. COLOMB. 1952/53, pp. 342-343. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 164; t. 2 1972 [1925], p. 294; t. 3 1972 [1930], p. 317.
gueux, gueuse [gø, gøz] n.
ÉTYM. 1452; du moy. néerl. guit « coquin, fripon, fourbe ». Selon P. Guiraud, même orig. que 1. queux « cuisinier », d'après le sens « importuner » du lat. coquere « cuire » et le sémantisme « importun » attaché au mendiant.
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1 N. m. Vx. Personne qui vit d'aumônes, est réduit à mendier pour vivre. ⇒ Mendiant, claque-faim, clochard, indigent, miséreux, nécessiteux, pouilleux, traîne-misère, vagabond, va-nu-pieds. || Mener une vie de gueux. || Gueux qui demande l'aumône (cit. 7). || Gueux qui passe subitement de la misère à l'opulence (cit. 1). || Bande, troupe de gueux. ⇒ Gueusaille. — La Chanson des gueux, recueil de poèmes de J. Richepin (1876).
1 Un quartier comme celui-ci, où il n'y a que des gueux.
Racine, Lettres, 6, 26 janv. 1661.
2 Enfin, quoi qu'on puisse penser de ces infortunés, si l'on ne doit rien au gueux qui mendie, au moins se doit-on à soi-même de rendre honneur à l'humanité souffrante ou à son image, et de ne point s'endurcir le cœur à l'aspect de ses misères.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, V, II.
3 (…) des mendiants en loques, des gueux d'hôpital tendent vers lui leurs mains suppliantes (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 227-228.
4 Le soldat (…) couche comme un gueux sur la paille.
France, le Petit Pierre, XXII, p. 155.
♦ (Au XVIe, attesté, plus tard). Hist. Nom que se donnèrent les Républicains de Hollande, huguenots ligués contre Philippe II.
♦ (1545). Par ext. ⇒ Pauvre.
5 (…) l'avare (…) vit en gueux.
La Fontaine, Fables, IV, 20.
♦ ☑ Loc. Herbe aux gueux : clématite.
2 Adj. (1654). Vieilli. Pauvre (→ Arpent, cit. 1; assigner, cit. 14; bâtir, cit. 51). || Il est gueux comme un rat.
6 Montchevreuil était (…) sans esprit aucun, et gueux comme un rat d'église.
Saint-Simon, Mémoires, I, III.
7 Qu'y a-t-il de plus ridicule qu'un grand seigneur devenu gueux, qui porte dans sa misère les préjugés de sa naissance ?
Rousseau, Émile, III.
3 N. et adj. Vx. Être vil, méprisable. ⇒ Bélître (cit. 1), coquin, fripon, malandrin. || Un gueux, une gueuse.
8 (…) et, quand l'autre viendra, prends ta règle et donne-lui une raclée en lui disant qu'il est un gueux, qu'il voulait se servir de toi, que tu révoqueras ta procuration, et que tu lui rendras son argent la semaine des trois jeudis.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 204.
8.1 Ce que je n'avais pas prévu, mon cher, c'est que cette femme que je croyais riche comme la reine de Saba, mourrait sans me laisser un sou, la gueuse ! (…)
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 65.
♦ Adj. Méprisable.
4 N. f. (1655). || Gueuse : femme de mauvaise vie. — ☑ Loc. mod. (1808). Courir la gueuse, les gueuses : se débaucher.
9 (…) une fille coureuse,
De qui le noble emploi n'est qu'un métier de gueuse ?
Molière, l'Étourdi, IV, III.
10 Eh mais, peut-être bien, infâme saligaud, que tu voudrais courir la gueuse ! (…) pour revenir ici avec la gale, n'est-ce pas ? ou quelque chose de mieux encore, et en empoisonner tout mon escadron ?
Courteline, le Train de 8 h 47, V.
♦ (Dans le vocabulaire de l'extrême-droite française, à la fin du XIXe siècle). || La gueuse, terme d'injure pour désigner la République.
11 (…) légitimistes et orléanistes n'avaient pas (après 1871) contre les républicains la rancune que nourrissaient les bonapartistes. La « gueuse » n'était pas de leur vocabulaire.
J. Bainville, la Troisième République, p. 69.
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II N. m. (1830). Vx. Pot de grès percé de trous dans lequel on plaçait des braises.
12 Une vieille fille lui apporta un peu de poussier, afin qu'elle renouvelât les cendres de son gueux.
Balzac, Zéro, in Œ. diverses, t. II, p. 187.
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III N. f. || Gueuse.
1 (1669). Vx. Variété de dentelle. (1723). Étoffe de peu de valeur, fabriquée en Flandres.
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DÉR. Gueusaille, gueusard, gueusement, gueuser, gueuserie.
HOM. (Du fém.) 1. Gueuse, 3. gueuse ou gueuze.
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♦ Bière belge (bruxelloise), forte et aigre, faite avec du malt et du froment non germé, par fermentation spontanée, à partir du lambic. ⇒ Faro. || Boire une bouteille, un verre de gueuze, de gueuse.
REM. On emploie aussi gueuze-lambic, gueuse-lambic.
0 Il y avait alors à Saint-Malo une petite hôtellerie sur le port qu'on appelait l'Auberge Jean (…) il y avait des raffinements de boissons locales étrangères pour les marins dépaysés (…). On y buvait du stout comme à Greenwich et de la gueuse brune comme à Anvers.
Hugo, les Travailleurs de la mer, V, I.
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1. gueuse [gøz] n. f.
ÉTYM. 1543; bas all. Göse (plur. de Gos, proprt « oie »; cf. all. Gans), terme utilisé par les fondeurs allemands pour désigner les morceaux informes de fer fondu. P. Guiraud suggère un dér. du lat. coquere « cuire, fondre » par l'intermédiaire d'un p. passé coxus, coxa (cf. moy. franç. cueux, cueuse).
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1 Techn. Masse de fer fondu, telle qu'elle sort du haut fourneau. ⇒ Fonderie. || Couler une gueuse; une gueuse d'une tonne.
♦ (1783). Lingot de fonte.
0 Ordinairement on fait, au bout de douze heures, ouverture au creuset (du haut fourneau) la fonte coule comme un ruisseau de feu dans un long et large sillon où elle se consolide en un lingot ou gueuse de quinze cents à deux mille livres de poids (…)
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Du fer.
2 Techn. Moule de sable dans lequel on verse le métal en fusion.
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2. gueuse [gøz] adj. et n. f. ⇒ Gueux, adj. et n.
Encyclopédie Universelle. 2012.