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GAUCHERIE
GAUCHERIE

Il est étrange que la gaucherie suscite encore tant d’émotion, même si cela peut s’expliquer par le fait qu’on reste sensible à son caractère minoritaire, voire exceptionnel. Elle s’est trouvée attirée, au XIXe siècle, dans la sphère médicale par l’intérêt qu’elle offrait pour les travaux sur l’aphasie et sur la pathologie lésionnelle cérébrale. Il était tentant, à partir de là, soit de faire de la gaucherie le signe même d’une perturbation fonctionnelle (voire lésionnelle), soit d’y déceler la source de troubles très divers: on a même soutenu qu’elle était à l’origine non seulement du bégaiement, de l’énurésie, de la dyslexie, du strabisme, mais aussi de perturbations profondes de la personnalité allant de l’arriération à la schizophrénie.

On peut s’interroger sur ces tentatives de justification médicale et scientifique d’un statut malfaisant de la gaucherie qui remonte effectivement à l’Antiquité, ainsi que sur l’inquiétude et l’hostilité qu’elle suscite depuis si longtemps. À son sujet, les productions fantasmatiques ont toujours été florissantes; et tout progrès de la connaissance vient curieusement les renforcer.

Disposition perverse ou affaire bénigne?

La gaucherie est inscrite dans les catégories de l’incongru, de l’anormal et du suspect. Le mot «gauche», qui en français a remplacé senestre et en a conservé les connotations, a d’abord voulu dire «qui est de travers», «tordu», «funeste». L’italien, encore plus brutal, nomme le gaucher manco (le manchot), ce qui évoque une infirmité corporelle, un manque, une blessure. Mais, comme l’ont souligné certains auteurs, rien n’autorise à affirmer que l’opposition des termes droite/gauche ait eu d’abord un sens exclusivement corporel. Elle aurait plutôt exprimé, avant d’avoir ce sens, le contraste entre ce qui va droit à son but par des voies normales et sûres et ce qui est tortueux, oblique et manqué. Cette opposition, souvent rattachée à celle du divin et du démoniaque, trouve à s’incarner dans toute dualité corporelle et, de façon privilégiée, dans la dualité droite/gauche. L’antique lien entre la gauche, l’inférieur, le féminin, le profane et le funeste n’a pas perdu de son actualité: la main gauche est toujours la main du parjure, de la trahison et de la fraude; la main droite, celle de la légitimité – on ne prête serment que de la dextre. La puissance de la main gauche a donc toujours quelque chose d’occulte et de suspect, et l’on a pu dire que les sentiments qu’inspire un gaucher ne sont pas très éloignés de ceux qu’inspire un non-circoncis dans les sociétés où la circoncision fait loi. Une main gauche trop bien douée risque de devenir le signe d’une nature contraire à l’ordre, d’une disposition perverse et démoniaque. Un gaucher peut apparaître ici ou là comme un sorcier possible et il faut, en conséquence, lui opposer quelque forme de conjuration. De plus, la gaucherie étant réputée héréditaire (selon des lois qui sont d’ailleurs fort mal précisées), on est porté, quand elle survient chez un enfant, à remonter à l’un des ascendants, à quelque chaînon connu ou inconnu dans la lignée. Et l’entourage, perplexe, se demande de quoi la gaucherie vient signaler la récurrence, de quelle autre subversion la famille aurait été affectée. Un enfant gaucher, en effet, vient mettre à l’épreuve les positions intimes des adultes quant à la loi et à la transgression, à l’héritage et à la filiation, à la puissance et à l’impuissance.

Si la gaucherie prend ainsi l’apparence d’un symptôme hérétique, si elle semble subvertir l’ordre domestique et social, comment ne pas tout tenter pour la faire disparaître? L’enfant gaucher était autrefois fort malmené: il fallait lui attacher la main dans le dos, lui faire honte et le ramener à des pratiques honnêtes; on lui imposait une véritable mutilation fonctionnelle; on lui faisait une réputation d’impuissance et d’infirmité. Toutes ces attitudes montrent à quel point le gaucher était ressenti comme menaçant. Mais que faire si la gaucherie est reçue comme un arrêt du destin venant témoigner de l’existence de quelque manquement dans la lignée? Comment lutter contre cette fatalité sans entraîner les pires catastrophes? Et l’on va se demander si, quand on ne prend pas avec lui d’infinies précautions, ce cerveau gauchi qui fonctionne à l’envers ne va pas subir les ravages les plus irréversibles. Le gaucher court alors le risque d’être traité comme porteur intouchable d’un mal sacré, et il devra renoncer à se servir de la main droite, qui se trouvera paradoxalement proscrite, quelles que soient ses aptitudes.

La gaucherie et les gauchers

Plutôt que de se demander si la gaucherie mérite sa mauvaise réputation ou si elle est quelque chose de tout à fait bénin, il vaut mieux chercher à savoir en quoi elle consiste. Mais ce n’est pas si facile. Selon les critères retenus, les gauchers peuvent être légion ou constituer des exceptions: leurs effectifs varient de 30 p. 100 à 1 p. 100 des populations considérées. Être gaucher, n’est-ce pourtant pas faire de la main gauche tout ce que les autres font habituellement de la main droite?

Mais il est plutôt rare que la gaucherie soit chose aussi simple, qu’elle soit la parfaite symétrie d’un modèle habituel des droitiers qui, lui, apparaît souvent comme une organisation psychomotrice bien plus cohérente, voire plus totalisante. On est bien moins souvent «complètement gaucher» ou «gaucher pour tout» que tout à fait droitier. On est aussi moins fréquemment gaucher d’emblée. Il arrive, au cours du développement, que la prévalence de la gauche hésite et fluctue avant de s’affirmer nettement ou de s’effacer en faveur d’une prévalence de la droite. Il arrive aussi bien souvent que la gaucherie n’intéresse pas tout le corps, et tel qui frappe de la main gauche a bien pu viser de l’œil droit. Et il est bien rare, par ailleurs, que l’usage prévalent de la main gauche soit tout à fait exclusif de celui de la main droite (il est vrai que nombre d’objets et d’instruments conçus pour les droitiers orientent et infléchissent l’usage manuel). On a souvent souligné que l’organisation latérale gauchère est rarement rigide et qu’elle présente une certaine plasticité, plasticité qui se retrouverait dans l’organisation cérébrale des gauchers, dont la spécialisation hémisphérique serait moins poussée que celle des droitiers.

En bref, la qualité de gaucher paraît plus difficile à définir que celle de droitier. C’est finalement l’usage de la main gauche, dans certaines activités, et non pas dans toutes, qui désigne le gaucher. Et, parmi ces activités, c’est l’écriture qui tient une place de choix. C’est au moment de l’apprentissage de l’écriture que l’usage spontané de la main gauche est mis en lumière et suscite de l’émotion, alors qu’il n’avait pas été auparavant valorisé. À ce moment, la famille se demande si l’écriture de la main gauche est valide et légitime, s’il ne serait pas meilleur que l’enfant écrive avec la main droite. Car l’écriture, dès ce stade, revêt une valeur d’acte social: elle doit être entourée de légitimité et pouvoir être mise à l’épreuve de tous les regards.

On peut cependant s’interroger sur le fait qu’il y a un nombre élevé de gauchers parmi les enfants qui ont des difficultés en écriture et que, parmi les dysgraphiques, il y a plus de gauchers que de droitiers, de même que parmi ceux qui consultent en pédiatrie ou en neuro-psychiatrie infantile pour les motifs les plus variés. Mais la gaucherie, réelle ou supposée, est alors dans l’esprit des familles, des pédagogues et souvent des spécialistes, mise en relation avec le trouble, quel qu’il soit, comme facteur étiologique ou comme élément aggravant. La même difficulté n’aurait peut-être pas été perçue comme une perturbation si l’enfant avait été droitier. Par ailleurs, on constate, à l’examen, que bien peu de ces enfants réputés gauchers le sont effectivement. On se sert souvent d’une telle étiquette pour souligner mainte difficulté, transitoire ou plus durable, mainte organisation indécise, voire chaotique, de la dominance fonctionnelle.

Il semble donc que cette désignation même de gaucher comporte une ambiguïté. On règle trop rapidement la question en qualifiant de gaucher un enfant qui, certes, se sert de sa main gauche, mais seulement d’une manière un peu moins malhabile que de la droite, alors qu’il est pris dans un ensemble de maladresse générale et de latéralisation ambiguë et complexe. On range d’ailleurs dans le même sac de la gaucherie tous les ambidextres maladroits. De plus, on peut être un gaucher tout à fait harmonieux et habile, parfaitement apte à se confronter à toutes les expériences; il existe même des gauchers qui, diaboliquement adroits, sont de redoutables adversaires dans les jeux sportifs. Il convient donc d’être attentif surtout aux enfants qui sont réputés gauchers mais qui ne sont que des sujets maladroits, encore anarchiques ou immatures dans leurs fonctions motrices ou leur latéralité, leur appréhension de l’espace et de la temporalité. Il faut les aider à orienter leur initiative dans le sens de la meilleure cohérence psychomotrice, à la lumière d’une évaluation très fouillée de leur organisation actuelle.

Mais l’apprentissage de l’écriture, affaire délicate entre toutes, demande une adaptation particulière aux problèmes des gauchers, quelle que soit leur habileté – et cela d’autant que la pédagogie de l’écriture n’a guère été envisagée qu’en fonction de la main droite. L’enseignant se trouve souvent, devant l’enfant gaucher, aussi désemparé que la mère droitière qui veut apprendre à tricoter à sa fille gauchère. L’écriture, notre écriture cursive, est plus facile à tracer de la main droite; l’enfant gaucher doit alors chercher une formule qui lui permette un déroulement aisé de son graphisme. Il devra inventer des aménagements afin d’éviter que ne s’installent et ne persistent des formules enfantines figées, entraînant l’apparition de difficultés de toutes sortes: crampe, lenteur, maladresse graphique...

De toute façon, les démarches prioritaires consistent à exorciser les démons et à clarifier les fantasmes. L’évolution des idées, sur ce point, a déjà permis à beaucoup d’envisager les choses avec plus de sérénité. Mais il ne faut pas croire non plus que le libre usage de la main gauche peut devenir le garant d’un fonctionnement heureux, d’un avenir sans histoire. Cette démarche conjuratoire ne résout pas le problème. Il importe surtout de donner à chacun les moyens de trouver son mode de faire et d’être. La gaucherie ne peut être considérée comme une entité à laquelle tout viendrait se subordonner. Il n’y a pas une gaucherie univoque; il y a des gauchers, dont l’organisation est très différente selon les cas. Le danger serait alors de se laisser aveugler par la gaucherie et d’oublier l’enfant.

gaucherie [ goʃri ] n. f.
• 1762; de gauche (I)
1Manque d'adresse, d'aisance, de grâce. Une gaucherie d'adolescent. embarras, timidité. Gaucherie dans l'expression. lourdeur, maladresse.
2Acte, geste gauche, faute qui dénote de la maladresse. Gaucherie commise par ignorance. balourdise. « Des gaucheries, des oublis, des inadvertances » (Sainte-Beuve).
3(v. 1950) Physiol. Prédominance fonctionnelle de la main gauche ou de l'œil gauche.
⊗ CONTR. 2. Adresse, dextérité; aisance, grâce.

gaucherie nom féminin Manque d'aisance ; allure embarrassée de quelqu'un ; timidité. Caractère de ce qui est dit ou fait de façon gauche, maladroite. Prévalence manuelle gauche que présentent les gauchers. ● gaucherie (synonymes) nom féminin Manque d'aisance ; allure embarrassée de quelqu'un ; timidité.
Synonymes :
- embarras
- gêne
- timidité
Contraires :
- aisance
- désinvolture
- élégance
Caractère de ce qui est dit ou fait de façon...
Synonymes :
- inhabileté
- maladresse
Contraires :
- habileté

gaucherie
n. f.
d1./d Manque d'aisance ou d'adresse.
d2./d Action, parole maladroite.

I.
⇒GAUCHERIE1, subst. fém.
PHYSIOL. Caractère, qualité de celui (celle) qui est gaucher (-ère). La gaucherie provient d'une inversion du centre de la parole de sorte que des relations complexes doivent s'établir entre les deux hémisphères cérébraux à travers le corps calleux (Actualités soc. hebdomadaires, 1958, n° 143, p. 4). La dyslatéralité (gaucherie franche, plus souvent mauvaise latéralisation) existe (...) chez près d'un tiers des dyslexiques (Encyclop. univ. t. 5, 1968, p. 857). Qu'est-ce que la latéralité? Rien de plus simple et de plus obscur... On veut sous le terme de latéralité désigner le fait que nous soyons droitiers ou gauchers. Il s'agit donc de droiterie et de gaucherie (A. TOMATIS, L'Oreille et le lang., Paris, éd. du Seuil, 1978, p. 149).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1858 (N. CIRIER, Fables nouv., 216 ds QUEM. DDL t. 12). Dér. de gauche1; suff. -erie.
II.
⇒GAUCHERIE2, subst. fém.
A. — Au sing. [Gén. avec l'art. déf.] Caractère, qualité de celui (de ce) qui est gauche (v. gauche2 B), caractère gauche de quelque chose (ou de quelqu'un).
1. [En parlant d'une pers.] Manque d'aisance, d'assurance; maladresse. Elle s'aperçut qu'il était timide jusqu'à la gaucherie (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 300). Toute sa personne, qui gardait la gaucherie de l'innocence, avait je ne sais quoi de brave et de bon (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 366) :
1. A-t-on idée de prêter si maladroitement le flanc aux sarcasmes, de toucher à des questions aussi graves avec tant de gaucherie et de légèreté?
SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 131.
SYNT. Gaucherie attendrissante, charmante, enfantine, fraîche, innocente, naïve, touchante; gaucherie affectée, compassée, empruntée, feinte, insurmontable, ridicule, rigide, solennelle; gaucherie provinciale. Gaucherie de l'enfance, de l'innocence; gaucherie d'une attitude, d'un geste, d'un mouvement.
P. anal. La gaucherie élancée des dindes (RENARD, Journal, 1898, p. 496).
2. [En parlant des manifestations de l'activité intellectuelle ou artistique] Lourdeur, manque d'élégance. Gaucherie d'un procédé, d'un stratagème, d'une exécution, d'une question. La gaucherie du passage Jean, XI, 1-2, montre bien que Lazare a moins de corps dans la tradition que Marie et que Marthe (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 354). Une recherche d'archaïsme allant jusqu'à l'affectation de la gaucherie (DORIVAL, Peintres XXe s., 1957, p. 20) :
2. Cette transposition du réel en cocasse ou pittoresque [par Bonnard] est toujours à fond de malice et de naïveté. Non pas la naïveté de facture, celle des virtuoses de la gaucherie volontaire, mais la naïveté due à la virginité de la vision.
Arts et litt., t. 2, 1936, p. 1807.
B. — P. méton., au sing. ou au plur. Manifestation(s) de gaucherie. Synon. maladresse(s), balourdise(s), gaffe(s) (fam.).
1. [En parlant d'une pers.] (Des) gaucherie(s) de geste(s), d'attitude, de maintien; commettre, réparer une (des) gaucherie(s). Les gaucheries et les énormités qu'il disait et faisait en matière d'étiquette et de savoir-vivre (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 60). J'ai vu Delacroix travailler à cet ouvrage (...) sa main puissante avait des gaucheries d'enfant (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 37) :
3. D'avoir été élevé par ma mère m'avait donné des manières douces, une finesse de geste et de voix, un soin méticuleux de ma personne qui sauvaient mes gaucheries et mes ignorances.
BOURGET, Disciple, 1889, p. 129.
Loc. vieillie. Avoir la gaucherie de. Commettre l'imprudence de. Ce terrible bureau [de santé] impose des quarantaines (...) à tout ce qui arrive par mer (...). Le port [de Marseille] (...) sert de prison aux malheureux voyageurs qui ont la gaucherie d'arriver par mer à Marseille (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 397).
2. [En parlant des manifestations de l'activité intellectuelle ou artistique] Maladresses d'expression. Ganderax sur mes épreuves note les gaucheries, les fautes (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1897, p. 156) :
4. Lorsque nous voyons aujourd'hui des films muets de la belle époque, nous sommes évidemment choqués par certaines gaucheries de pantomime dont nous avons perdu l'habitude.
Arts et litt., t. 1, 1935, p. 78-7.
REM. Gaucheté, subst. fém., synon. rare. J'aurais renoncé à tout le reste du Salon [de peinture], je serais resté jusqu'à midi devant les rectangles bleus de la rivière. Dureté, ciel, calme. Et la gaucheté de la Couronne (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 26).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1739 « action gauche » (R. L. DE VOYER DE PAULMY D'ARGENSON, Mém. II, 69 ds DELB. Notes mss). Dér. de gauche2; suff. -erie.
STAT. — Gaucherie1 et 2. Fréq. abs. littér. : 305. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 468, b) 222; XXe s. : a) 417, b) 527.

gaucherie [goʃʀi] n. f.
ÉTYM. 1750, sens 2.; de gauche (I.).
———
I
1 (La gaucherie). Manque d'adresse, d'aisance, d'assurance, de grâce. Gauche (I., 2.). || La gaucherie de son maintien. || Il y a de la gaucherie dans sa démarche, elle a l'air de marcher sur des œufs. || Gaucherie d'adolescent. Embarras (cit. 17), timidité; → Enfantin, cit. 2. || Gaucherie dans l'expression. Inhabileté, lourdeur, maladresse. || Il a eu la gaucherie de… || Avec gaucherie. Gauchement.
1 (…) Jeanne parut, essoufflée, rouge comme une pivoine, les yeux grands ouverts, les bras ballants, charmante dans sa gaucherie naïve.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 409.
2 Il se gardait bien de montrer un siège, sachant par expérience que, debout devant lui, les bras ballants, la gaucherie du pauvre prêtre doublait sa timidité naturelle, le tenait mieux à sa merci.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, 3.
2.1 La gaucherie est signe de mauvaise conscience et présage d'insuccès, c'est à la fois la maladresse (…)
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 51.
2.2 La gaucherie devant une action difficile produit une agitation déréglée presque toujours excessive, sensible dans les mouvements des extrémités et aboutit enfin à un désespoir de soi-même.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 50.
2 (Une, des gaucheries). Acte, geste gauche, faute qui dénote de l'inhabileté, de la maladresse. || Les gaucheries de son maintien (→ Éclater, cit. 31). || Une gaucherie si spirituelle (→ Réapplaudir, cit.).Action maladroite. Balourdise. || Gaucherie commise par ignorance, par manque de perspicacité. || Les gaucheries d'un provincial.
3 On eût dit, à toutes mes balourdises, que j'allais excitant à plaisir la haine d'une femme aimable et puissante, à laquelle, dans le vrai, je m'attachais davantage de jour en jour, et dont j'étais bien éloigné de vouloir m'attirer la disgrâce quoique je fisse, à force de gaucheries, tout ce qu'il fallait pour cela.
Rousseau, les Confessions, X.
4 Par moments, des gaucheries, des oublis, des inadvertances comme il en arriverait au grand Corneille (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 91.
5 (…) vous ne trouverez jamais, chez Hugo, la moindre impropriété de langage, une erreur de grammaire, une défaillance de syntaxe, une faiblesse de vocabulaire, une gaucherie.
Gide, Attendu que…, IV.
———
II (V. 1950; gauchisme, 1858, in D. D. L.; de gauche, II.). Didact. (physiol.). Prédominance fonctionnelle de la main gauche ( Manualité), ou de l'œil gauche ( Ocularité) [opposé à droiterie]. || Gaucherie manuelle et oculaire sont indépendantes l'une de l'autre. || Gaucherie et latéralité.
CONTR. Adresse, agilité, dextérité; aisance, grâce.

Encyclopédie Universelle. 2012.