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gaffe

1. gaffe [ gaf ] n. f.
XIVe; a. provenç. gaf « crochet, perche », de gaffar « saisir », d'o. got.
Perche munie d'un croc et d'une pointe, ou de deux crocs, et servant à la manœuvre d'une embarcation, à accrocher le poisson, etc. « Tantôt on rame, tantôt on se sert de la gaffe » (Maupassant). gaffe 2. gaffe [ gaf ] n. f.
• 1872; probablt de 1. gaffer
Fam. Action, parole intempestive ou maladroite. bévue, boulette, bourde, impair. Faire une gaffe monumentale. gaffe 3. gaffe [ gaf ] n. f.
• déb. XIXe arg. porter gaffe « faire sentinelle »; de 3. gaffer
Fam. FAIRE GAFFE : faire attention. ⇒ 3. gaffer.

gaffe nom féminin (ancien provençal gaf, croc, de gafar, saisir, du gotique gaffôn) Perche munie d'un croc et d'une pointe, servant à accrocher quelque chose, à accoster, etc. Crochet métallique avec lequel on pique le poisson pour le sortir de l'eau. ● gaffe nom féminin (argot gaffer, surveiller, peut-être de gaffer) Familier. Faire gaffe, être attentif à un danger possible, être sur ses gardes, se méfier, se surveiller : Fais gaffe, voilà le surveillant ; faire attention à quelque chose, à quelqu'un : Fais gaffe à toi, à tes affaires.gaffe nom féminin (de gaffer) Familier. Acte, parole particulièrement inadaptés à une situation ; maladresse, impair : Faire, commettre, réparer une gaffe.gaffe (expressions) nom féminin (argot gaffer, surveiller, peut-être de gaffer) Familier. Faire gaffe, être attentif à un danger possible, être sur ses gardes, se méfier, se surveiller : Fais gaffe, voilà le surveillant ; faire attention à quelque chose, à quelqu'un : Fais gaffe à toi, à tes affaires.gaffe (citations) nom féminin (de gaffer) Jules Supervielle Montevideo, Uruguay, 1884-Paris 1960 Quand on est riche, toutes les gaffes sont permises ; elles sont même recommandées si l'on veut avoir le sentiment de sa puissance. Le Voleur d'enfants Gallimardgaffe (difficultés) nom féminin (de gaffer) Registre 1. Faire une gaffe (= commettre une bévue, un impair) est admis dans l'expression orale familière. 2. Faire gaffe (= prendre garde, faire attention) appartient à l'expression relâchée. ● gaffe (synonymes) nom féminin (de gaffer) Familier. Acte, parole particulièrement inadaptés à une situation ; maladresse, impair
Synonymes :
- bêtise
- bévue
- boulette (familier)
- bourde (familier)
- erreur
- impair
- maladresse

gaffe
n. f.
d1./d MAR Perche munie d'un croc à une extrémité, utilisée pour accrocher, attirer à soi, repousser, etc.
d2./d Fam. Lourde maladresse. Faire une gaffe.
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gaffe
n. f. Fam. Faire gaffe: faire attention.

I.
⇒GAFFE1, subst. fém.
A. — Instrument formé d'une perche munie à son extrémité d'une pointe et d'un croc ou de crocs et servant à manœuvrer une embarcation, à accrocher quelque chose, etc. Gaffe à croc de cuivre; manœuvrer un bateau à la gaffe. Ils reconnurent que c'était bien un corps. Avec la gaffe ils sondèrent la rivière et le ramenèrent enfin dans le bateau (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 339). Il piquait les billots avec la gaffe, les retirait au bout de son harpon, d'un effort athlétique des bras et des reins (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 32) :
Au même moment une barque rejoignit celle de Pierre. Montée par deux tireurs de sable, elle était si chargée que le bordage plat rasait l'eau. Les reins ceints de flanelle rouge, ils la dirigeaient au milieu des remous, avec une lourde gaffe en croc qu'ils plongeaient alternativement à droite et à gauche, solidement plantés sur leurs jambes écartées.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 215.
Locutions
1. Accoster, se tenir à longueur de gaffe. Accoster à une certaine distance. Un canot portant pavillon national (...) accoste à longueur de gaffe (DU CAMP, Nil, 1854, p. 6).
Voir la terre au bout d'une gaffe. Rester à bord au mouillage. (Dict. du XIXe et du XXe s.).
Au fig. Tenir qqn à longueur de gaffe. Tenir quelqu'un à distance, témoigner à quelqu'un de la méfiance, du mépris. Ce n'étaient que princes, soi-disant amoureux fous, qui n'osent toucher le bout du doigt de leurs princesses, lorsqu'ils les tiennent à longueur de gaffe (MÉRIMÉE, Jacquerie, 1828, p. 318). Emploi pronom. réfl. Il me semble que si j'avais à recommencer ma carrière avec l'expérience que j'ai acquise [sur les lorettes] je me tiendrais toujours à longueur de gaffe de ces demoiselles (MÉRIMÉE, Lettres Delessert, 1870, p. 68).
2. Au fig., arg. des marins, vieilli. Avaler sa gaffe. Mourir. Bah, faut jouir de la vie (...) d'un jour à l'autre on peut avaler sa gaffe (SUE, Atar Gull, 1831, p. 3).
B. — En partic. Crochet métallique pointu servant à tirer de l'eau les gros poissons. Les pêcheurs ont (...) des gaffes à très longs manches pour haler ou tirer leur poisson à terre (BONN.-PARIS 1859). Les gaffes peuvent être télescopiques, comme les épuisettes (POLLET 1970).
Prononc. et Orth. : [gaf]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. : [1393 ds BL.-W.1-5]; 1455 « perche munie d'un croc » (A.N. J.J. 183, pièce 61 ds GDF. Compl. : ung baston, nommé gaffe, ayant ung crocq de fer au bout). Empr. à l'a. prov. gaf « crochet, perche » (XIVe s. ds LEVY (E.) Prov.), dér. de gafar « saisir » (s.v. gaffer1). Bbg. ESNAULT (G.).Avaler sa gaffe. Vie Lang. 1955, pp. 307-310. - LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 167, 333. - QUEM. DDL t. 13. - SAIN. Arg. 1972 [1907], pp. 199-200. - SCHUCHARDT (H.). Trouver. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 42.
II.
⇒GAFFE2, subst. fém.
Fam. Action, parole maladroite ou intempestive liée à une méconnaissance ou à un oubli de la situation. Une belle gaffe; commettre, faire, réparer une gaffe. Synon. bévue. Son habitude [de Saint-Loup], quand il avait commis une indiscrétion, fait une gaffe, et qu'on aurait pu les lui reprocher, de les proclamer en disant que c'était exprès (PROUST, Temps retr., 1922, p. 738). — Espèce d'idiot, souffla Élisabeth, vous ne manquez jamais une gaffe. Vous ne pouvez pas parler sans crier. Vous voulez donc que maman entende? (COCTEAU, Enf. terr., 1929, 2e part., p. 28). « Vous me prenez peut-être pour la Gestapo? » me fit-il goguenard (...) j'avais visiblement fait une gaffe et blessé cet homme (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 368) :
... puisque la « gaffe » est justement l'intervention hors de saison, la méconnaissance du moment « psychologique », le tact à son tour se définira souvent comme une divination de l'à-propos. Il y a en effet une malchance temporelle et une maladresse temporelle qui engendrent les bévues temporelles, (...) c'est-à-dire les erreurs pneumatiques sur le « quand » : le gaffeur rate sa tangence ponctuelle avec le présent, arrive trop tôt ou trop tard; cet échec, qui nous met en deçà ou au-delà du « point » occasionnel, est la gaffe elle-même, péché d'anachronisme ou d'intempestivité.
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 129.
Rem. L'emploi de gaffe implique gén. l'idée d'une erreur ou d'une maladresse sans grande conséquence, sans gravité extrême.
Prononc. et Orth. : [gaf]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1872 faire une gaffe « commettre une maladresse » (Lar. 19e). Prob. de gaffe1. Le sens de « maladresse, bévue, impair » semble s'être développé dans la langue des marins, peut-être p. allus. aux brimades auxquelles sont soumis les débutants ou les mousses.
III.
⇒GAFFE3, subst.
Argotique
A. — Subst. masc. Sentinelle, guetteur. Les gaffes (...) sont placés à leur poste (A. HUMBERT, Mon bagne, 1880, chap. II, f. 115).
En partic. Gardien de prison. C'est en moi qu'il me boucle et c'est jusqu'à perpète Ce gâfe de vingt ans! Un seul geste son œil, ses cheveux dans les dents : Mon cœur s'ouvre et le gâfe avec un cri de fête M'empoisonne dedans (GENÊT, Poèmes, 1948, p. 33).
B. — Subst. masc. ou fém. [Dans des loc.] Être en gaffe, faire le gaffe, monter la gaffe. Être en sentinelle, faire le guet. Nous étions restés en gaffe, afin de donner l'éveil en cas d'alerte (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 101).
Loc. pop. Faire gaffe. Faire attention. Avec le môme j'ai fait gafe! j'ai été extrêmement prudent, j'ai pas raconté d'histoires, je voulais me tenir à carreau (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 200). Fais gaffe (...) planque-toi bien : ils ont des jumelles (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 182) :
— La grande brune un peu mûre qui couchait avec Dani?
— Oui. Tu la reconnaîtras?
— Certainement.
— Elle m'attend, en ce moment, au coin de la rue du Four et du boulevard Saint-Germain. Je ne suis pas tout à fait sûr d'elle. Vas-y. Inspecte les lieux. Fais gaffe qu'il n'y ait rien de suspect.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 23.
P. ell. Gaffe! Attention! Je me dis « gafe! Toto! vingt contre un, que c'est les adieux! » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936p. 325).
Prononc. et Orth. : [gaf] (DUB., v. aussi DUPRÉ 1972). Formes gafe ds CÉLINE, loc. cit. et gâfe ds GENÊT, loc. cit. Étymol. et Hist. 1. 1455 gaffre « sergent » (Le Procès des Coquillards ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 96), attest. isolée, de nouv. 1798, nov. rester en gaffre « faire sentinelle » (ORGÈRES, II-1-267, v° 37 Aveux Ringette); 1799, avr. être en gaffe (ID., I-24-63, r° 1, Aveux Tolly); 2. 1927 faire gaffe (DUSSORT, Preuves exist., dép. par G. Esnault, 1938, p. 71). Les formes actuelles du mot sont à considérer soit comme une continuation de l'anc. gaffre du XVe s. qui est dér. du m. h. all. kapfen, gaffen « regarder bouche bée, badauder » (LEXER); soit comme un empr. à l'all. Gaffer « badaud », de même origine.
STAT. Gaffe1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. : 200. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4, b) 55; XXe s. : a) 487, b) 527.

1. gaffe [gaf] n. f.
ÉTYM. 1393; anc. provençal gaf, de gafar, soit « saisir » (lat. médiéval gaffare, du gotique gaffôn, même sens), soit, selon Guiraud (le sens premier étant « perche pour passer le gué en bateau ») « passer à gué » d'où aussi « patauger dans la boue du gué » (→ 2. Gaffe), de gaf « gué ».
1 Perche munie d'un croc et d'une pointe, ou de deux crocs, et servant à la manœuvre d'une embarcation (→ Drome, cit. 1). || Se servir d'une gaffe pour l'accostage (cit. 1).Par ext. || Gaffe à poissons, servant à accrocher le poisson.
1 Et, ma foi, sans un pêcheur qui l'accrocha avec sa gaffe, mon pauvre Alphonse à coup sûr, buvait le bouillon de onze heures.
F. Mistral, Mes origines, Mémoires et récits, p. 278.
2 Tantôt on rame, tantôt on se sert de la gaffe pour glisser sur l'eau qui court, rapide, entre deux berges couvertes de fleurs jaunes (…)
Maupassant, la Vie errante, La Sicile.
3 Le courant de l'Irtyche, brisé en amont par une longue pointe de la rive, formait un remous que le bac traversa facilement. Les deux bateliers poussaient avec de longues gaffes qu'ils maniaient très adroitement; mais, à mesure qu'ils gagnaient le large, le fond du lit du fleuve s'abaissant, il ne leur resta bientôt presque plus de bout pour y appuyer leur épaule. L'extrémité des gaffes ne dépassait pas d'un pied la surface des eaux, — ce qui en rendait l'emploi pénible et insuffisant.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 193.
2 Loc. fig. Vx. Tenir qqn à longueur de gaffe, à distance (Mérimée, in T. L. F.). — ☑ (1833, in D. D. L.). Avaler sa gaffe : mourir.
DÉR. 1. Gaffer.
HOM. 2. Gaffe, 3. gaffe; formes des v. 1. gaffer, 2. gaffer, 3. gaffer.
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2. gaffe [gaf] n. f.
ÉTYM. 1872; déverbal métaphorique de 1. gaffer « accrocher » ou (selon Guiraud) du provençal gaf (→ 1. Gaffe) dans l'acception seconde « maladresse du piéton qui patauge dans le gué ».
Fam. Action, parole intempestive ou maladroite. Balourdise (cit. 3), bourde, bévue, impair, maladresse; pas (de clerc). || Commettre, faire une gaffe. 2. Gaffer; gaffeur, maladroit; → Mettre les pieds dans le plat. || S'efforcer de réparer une gaffe. || Une lourde gaffe.
1 Dans l'argot des marins, Faire une gaffe, Faire une sottise.
Dict. univ. du xixe siècle (Pierre Larousse), art. Gaffe (1872).
2 (…) la peur d'avoir fait une gaffe (…)
Courteline, Boubouroche, Nouvelles, II.
3 (…) son habitude, quand il avait commis une indiscrétion, fait une gaffe, et qu'on aurait pu les lui reprocher, de les proclamer en disant que c'était exprès.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 738.
4 (…) au milieu du désarroi que la gaffe qu'il avait faite venait de jeter dans ses idées, il s'était jeté sur la plus voisine, qui était précisément celle qui ne devait pas paraître dans l'entretien (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 153.
5 C'était la gaffe, qu'il venait de commettre en parlant de ça devant moi. Sa femme lui écrasa le pied sous la table. Il ne comprenait pas pourquoi.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 236.
6 (…) craignant d'avoir blessé cet homme, il s'était mis l'esprit à l'alambic pour réparer sa gaffe (…)
Montherlant, les Célibataires, I, V.
7 (…) elle fonce à l'aveugle, tête baissée, tarabuste les gens, piétine lourdement, met les pieds dans tous les plats, fait toutes les gaffes (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 25.
Par ext. Démarche, action maladroite (en politique, etc.).
DÉR. 2. Gaffer.
HOM. 1. Gaffe, 3. gaffe; formes des v. 1. gaffer, 2. gaffer, 3. gaffer.
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3. gaffe [gɑf; gaf] n. f. et m.
ÉTYM. Déb. XIXe, argot porter gaffe « faire sentinelle » (→ Emballer, cit. 2, Hugo); déverbal de 3. gaffer.
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I N. f.Fam. Faire gaffe (à…) : faire attention. || T'as pas fait gaffe à ce qu'il disait ?(Sans compl.). || Il fallait faire gaffe, mon petit vieux.Ellipt. || Gaffe ! : attention !
1 — D'accord ! mais ne te gourre pas, répliqua le tenancier. Fais gaffe. Un gars de sa trempe ne se laisse pas cravater sans preuves.
Francis Carco, les Belles Manières, VIII.
2 — Fais gaffe… Planque-toi bien : ils ont des jumelles.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 182.
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II N. m. (1880, « guetteur »). Argot. Gardien (de prison). Maton.
3 Chut, le gaffe nous regarde.
Henri Charrière, Papillon, p. 19.
HOM. 1. Gaffe, 2. gaffe; formes des v. 1. gaffer, 2. gaffer, 3. gaffer.

Encyclopédie Universelle. 2012.