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tonnerre

tonnerre [ tɔnɛr ] n. m.
• 1560; tuneire 1080; lat. tonitrus
1Bruit de la foudre, accompagnant l'éclair (perçu plus ou moins longtemps après lui, et plus ou moins violent selon l'éloignement du phénomène par rapport à l'observateur). Coup de tonnerre. Le tonnerre retentit. On entend le tonnerre. Grondement, roulement de tonnerre. « Un tonnerre inouï, dont nul fracas terrestre ne saurait donner l'idée, déchira, accabla toutes les oreilles alentour » (Farrère).
2Vx ou littér. Foudre. « Le tonnerre tombe où il veut, et quand il veut. Mais les sommets l'attirent » (R. Rolland).
Faisceau enflammé qui représente la foudre.
3Loc. cour. (1623) COUP DE TONNERRE : événement brutal et imprévu. ⇒ 1. bombe. « Cette vie tranquille fut troublée par un coup de tonnerre : Mina perdit sa mère » (Stendhal).
4 ♦ DE TONNERRE, se dit de bruits semblables au tonnerre. « Un lointain grondement de tonnerre ébranla toute la mine [...] la galerie s'effondrait » (Zola). Une voix de tonnerre. tonitruant, tonnant (cf. Une voix de stentor).
Fam. (loc. employée avec une valeur de superlatif exprimant l'admiration) DU TONNERRE. formidable, terrible (cf. Du feu de Dieu). Une fille du tonnerre. « Il faisait très beau, un soleil du tonnerre » (Zola). Du tonnerre de Dieu. La voiture a marché du (le) tonnerre, très bien, à toute allure.
5Exclam. (en interj. pour exprimer la violence, la menace) « Tonnerre de Dieu, n'allons pas fumer sur le tonneau de poudre, citoyens ! » (Balzac). Tonnerre ! Mille tonnerres ! Tonnerre de Brest (juron de marins, à l'origine).
6Bruit assourdissant. « les laitiers faisaient un tonnerre de fer-blanc sur le pavé » (Aragon). Manifestation bruyante (d'approbation ou de désapprobation). Un tonnerre d'applaudissements, d'acclamations. tempête. « Le discours de Mirabeau fut accueilli d'un tonnerre d'indignation, d'une tempête d'imprécations et d'insultes » (Michelet).
⊗ HOM. Thonaire.

tonnerre nom masculin (latin tonitrus) Bruit de la foudre, c'est-à-dire de la décharge électrique dont l'éclair est la manifestation lumineuse. Littéraire. La foudre elle-même. Manifestation bruyante, grand bruit, grondement qui éclate d'un coup : Un tonnerre d'applaudissements. Partie de l'âme d'une arme à feu située en avant de la chambre et dans laquelle se développent les pressions maximales. ● tonnerre (citations) nom masculin (latin tonitrus) François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Petite pluie abat grand vent : longues beuvettes rompent le tonnoire. Gargantua, 5 beuveries tonnerre Octavio Paz Mexico 1914-Mexico 1998 Le tonnerre proclame les hauts faits de l'éclair. El trueno proclama los hechos del relámpago. Libertad bajo palabra, I, Condición de nubetonnerre (difficultés) nom masculin (latin tonitrus) Emploi Le tonnerre est le bruit de la foudre, c'est-à-dire de la décharge électrique dont l'éclair est la manifestation lumineuse. Remarque On employait autrefois tonnerre au sens de « foudre » : « La chute du tonnerre qui siffle en s'éteignant dans les eaux »(Chateaubriand). Cet emploi est sorti de l'usage. ● tonnerre (expressions) nom masculin (latin tonitrus) Coup de tonnerre, bruit causé par la foudre ; événement imprévu et brutal. Familier. Du tonnerre (de Dieu), formidable, extraordinaire. Tonnerre !, Tonnerre de Dieu !, Mille tonnerres !, Tonnerre de Brest !, jurons qui expriment la fureur, la menace. ● tonnerre (homonymes) nom masculin (latin tonitrus) thonaire nom masculin toner nom masculin tonnèrent forme conjuguée du verbe tonnertonnerre (synonymes) nom masculin (latin tonitrus) Manifestation bruyante, grand bruit, grondement qui éclate d'un coup
Synonymes :

tonnerre
n. m.
d1./d Grondement qui accompagne la foudre. Un roulement de tonnerre.
d2./d Fig. Bruit très violent et prolongé. Un tonnerre d'applaudissements.
d3./d Fig. De tonnerre: qui produit un effet semblable au tonnerre. Un fracas, une voix de tonnerre.

⇒TONNERRE, subst. masc.
A. — 1. Manifestation sonore de la foudre; bruit plus ou moins violent, perçu plus ou moins longtemps après l'éclair selon la distance qui sépare le phénomène du lieu où il est entendu, et intervenant souvent plusieurs fois au cours d'un orage. Tonnerre assourdissant, continu, éloigné, grondant, ininterrompu, lointain, roulant, sourd; bruit, grondement(s), roulement de/du tonnerre; fracas du tonnerre; le tonnerre retentit; avoir peur du tonnerre. En ce moment, un éclair sillonna la nue. Le tonnerre gronda; une grêle furieuse mêlée d'une pluie abondante fondit sur la plaine (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 60). Maintenant le tonnerre ébranlait la vallée (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 131).
♦ [Ce phénomène est envisagé dans une durée] La journée a été orageuse; le tonnerre a grondé pendant deux heures et la foudre a éclaté non loin de la maison (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 212).
Au plur., littér. Une puissance occulte envahissait son âme, Des tonnerres lointains roulaient au fond des cieux (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 201).
Coup de tonnerre, éclat de tonnerre (vieilli). Manifestation ponctuelle de la foudre; bruit sec, violent de la foudre s'accompagnant souvent d'un phénomène de résonance. Un coup de tonnerre éclate. La nature (...) se réveille par des torrents de pluie et des éclats de tonnerre terribles (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 523). D'épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d'un violent coup de tonnerre, et la pluie commença à tomber lourdement (MUSSET, Mouche, 1854, p. 288).
2. P. méton., vieilli. Foudre. Être frappé du tonnerre. Ce jour-là de terribles orages éclatèrent du côté de Paris; la grêle dévasta les campagnes, et le tonnerre tomba en plusieurs lieux (BARANTE, Hist. duc Bourg., t. 4, 1821-24, p. 234).
— Objet représentant la foudre, généralement sous la forme d'une flèche ou d'un faisceau enflammé. Quand Napoléon visita la Chapelle, au monde que portait dans ses serres l'aigle d'Othon on ajouta la foudre que j'ai vue encore aujourd'hui fixée aux deux côtés du globe impérial. Le suisse dévisse ce tonnerre à la demande des curieux (HUGO, Rhin, 1842, p. 74).
Loc., littér. Le maître du tonnerre. Jupiter. Jupiter insulte à sa défaite [de Typhon] par un rire moqueur (...). Le maître du tonnerre retourne au ciel, porté sur son char (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 164). La région, le séjour du tonnerre. Le ciel. Ainsi l'aigle superbe au séjour du tonnerre S'élance (LAMART., Médit., 1820, p. 147). L'oiseau qui porte le tonnerre. L'aigle. Ou tel encore l'oiseau qui porte le tonnerre, Orgueilleux de sa force et dédaignant la terre Plane vers le soleil dans son vol assuré (CHÊNEDOLLÉ, Journal, Append., 1833, p. 182).
Expr. fig. Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre ne tombe pas. Les menaces ne sont pas toujours mises à exécution. (Dict. XIXe et XXe s.).
MINÉR. Pierre de tonnerre. Synon. de céraunie:
... au moyen âge, les chroniqueurs nous ont conservé de naïfs dessins de ces chutes inexpliquées; plusieurs naturalistes les désignaient sous les noms de pierres de foudre, pierres de tonnerre, parce qu'on les regardait comme des matières lancées par la foudre.
FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 687.
3. THÉÂTRE. Machine qui sert à imiter le tonnerre. On dressait alors un véritable théâtre. Il y avait un magasin de décors ad hoc, une rampe, un tonnerre (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 239).
B. — P. anal.
1. a) Bruit violent, assourdissant. Tonnerre des camions, des eaux, des orgues, des roues, d'un train; tonnerre souterrain; dans le tonnerre de qqc.; un tonnerre, des tonnerres d'applaudissements, de bravos, de cris, de rires, de vivats. Le petit commerce du quartier Saint-Roch s'en allait sous une pioche invisible, avec de brusques tonnerres de charrettes qu'on décharge (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 747). Bien des jours encore s'écouleraient avant qu'on entendît de nouveau le tonnerre lointain des grandes chutes (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 238).
Coup de tonnerre. Bruit sec, violent. Les coups de tonnerre à l'intérieur, lorsque les obus éclataient, faisaient briller les hautes fenêtres peintes (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 119).
b) P. méton. Dans l'assourdissement de ce tonnerre rebondi et secoué aux pavés de la rue [un camion chargé de charpentes de fer], on perçut les clameurs affolées du pauvre homme (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 128).
En partic., littér. Canon. Les jeunes princes étaient dès longtemps investis des commandements généraux qui mettaient dans leurs mains tous les tonnerres du mont Calvaire et de Vincennes (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 143).
Expr. C'est un tonnerre. C'est un homme à la voix forte, puissante. (Dict. XIXe et XXe s.).
ARMUR. Partie du canon d'une arme à feu portative où se place la charge et où se produit l'explosion. Les soldats sortirent du cabaret, marchant avec précaution, la main au tonnerre du fusil et regardant au loin sur la route (COPPÉE, Vingt contes nouv., 1883, p. 14).
2. Locutions
a) Loc. adj. De tonnerre. Qui a des caractéristiques rappelant le bruit violent du tonnerre. Nous avions pourtant (...) un bruit de tonnerre sur la route d'Orléans à Paris toute pavée (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 192). Prédicateur à la voix de tonnerre (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 591).
b) Loc. adv. En tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence du tonnerre. Une immense ovation roule en tonnerre, s'élève, retombe (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 440). En coup de tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence, la brutalité d'un coup de tonnerre. [Le grand leit-motiv] monte, il monte avec fureur (...) et il éclate en coup de tonnerre (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 474).
C. — Au fig.
1. Événement violent, qui survient brutalement. Depuis le tonnerre de la révolution (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 211). Ce fut à cette minute, à deux heures moins un quart, que le tonnerre éclata en pleine Bourse: l'Autriche cédait la Vénétie à l'empereur, la guerre était finie (ZOLA, Argent, 1891, p. 210).
Expr. vieillie. Attirer le tonnerre. Attirer le malheur. Malheureux enfants, vous avez tous deux un nom qui attire le tonnerre (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 269).
Coup de tonnerre. Événement étonnant, imprévu; en partic., catastrophe imprévue. Le coup de tonnerre qui tombe sur l'Autriche en 1809, qui la ruine (...):la prise de Vienne par Napoléon (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 68). Le neutron était découvert. Ce fut un coup de tonnerre dans le monde scientifique (LEPRINCE-RINGUET, Atomes et hommes, 1957, p. 29).
2. Colère, puissance de quelqu'un; manifestation, expression de colère, de puissance. Livre qui n'atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 2, 1834, p. 285). Et nous questionnons en vain notre âme pleine De tonnerre et de nuit! (HUGO, Contempl., t. 3, 1856, p. 245).
En partic. Colère, puissance divine. Dans leur démence avide, ils [des bandits] bravaient les tonnerres De Zeus (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 31). Ce monument étant une injure gratuite au Pape, on peut espérer le voir réduit en poudre, au jour de l'achèvement, par le tonnerre de Dieu! (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 125).
D. — [Loc. à valeur superl. ou jurons]
1. Loc. pop., fam.
a) Du tonnerre
) Loc. adj. Formidable, extraordinaire; admirable. Synon. fam. terrible. C'est du tonnerre! Une fille du tonnerre. Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 59).
) Loc. adv. Formidablement. Ça marche du tonnerre (GDEL).
b) Un tonnerre de + subst. [Avec la valeur d'un superl.; exprime l'admiration] Un tonnerre de pays où chacun pouvait prendre ses arpents de terre (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 174).
c) Loc. adv. Le tonnerre. Très bien, très vite; puissamment et violemment. La Reine: J'ai galopé comme une rafale. Pollux allait le tonnerre (COCTEAU, Aigle, 1946, III, 6, p. 398). Jouer le tonnerre (ESN. 1965).
SPORTS. Marcher le tonnerre. ,,Tenir la grande forme`` (PETIOT 1982).
2. [Sert de juron ou entre dans de nombreuses loc. interj. à valeur de jurons] Tonnerre de sort! Tonnerre de tonnerre! Tonnerre de Brest, de Zeus, du diable! Tonnerre et sang! Nom d'un tonnerre! Mille (millions de) tonnerres! Tonnerre! je veux me fâcher bien fort; ma malle n'est pas encore arrivée (STENDHAL, Corresp., t. 1, 1804, p. 83). Sacré tonnerre de nom de nom! Eh bien, me voici dans de beaux draps! (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, II, 8, p. 1213).
— [Dans des formules imprécatoires] (Que) le tonnerre l'emporte, l'enlève! Que le tonnerre écrase cette vieille qui nous fait droguer pour rien! (SUE, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 3).
3. Tonnerre de Dieu. V. ce mot 2e Section II B 3 b et .
Au tonnerre de Dieu/dieu. Très loin. Il y avait des étoiles jusqu'au tonnerre de dieu! (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 188). Je suis à Toul, tu comprends? Toul! Une ville moisie, au tonnerre de Dieu (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 154).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 tuneire « bruit retentissant qui accompagne la foudre » (Roland, éd. J. Bédier, 1424); 2. a) 1552 tonnoirre « grand bruit » (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, p. 267); b) 1553 voix de tonnerre (Bible, R. Olivetan, Apoc., VI, t. 2, f° 96 r°); 3. a) 1623 coup de tonnerre « événement fatal » (VIAU, Œuvres poét., 2e part., p. 46); b) 1646 (MAYNARD, Poésies, p. 57: l'auguste potentat dont l'Espagne craint le tonnerre); 4. a) 1790 jurons triple million de tous les cinq cens milliards de tonnerres de Dieu, Tonnerre de Dieu (Jean Bart, n° 67, p. 6; n° 93, p. 3 ds QUEM. DDL t. 19); b) 1873 (ZOLA, Ventre Paris, p. 725: Il fait un froid du tonnerre de Dieu). Du lat. tonitrus « tonnerre » et « bruit retentissant comme le tonnerre »; la forme régulière tonnoire est att. jusqu'en 1572 (AMYOT ds HUG.), cf. aussi tonnaire ds DUPUYS 1573-NICOT 1606. Fréq. abs. littér.:1 716. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 097, b) 3 175; XXe s.: a) 3 336, b) 1 799. Bbg. GÖHRI (K.). Die Ausdrücke für Blitz und Donner im Galloromanischen. R. de dialectol. rom. 1912, t. 4, p. 45, 140. — QUEM. DDL t. 12, 16, 17, 19, 21, 32.

tonnerre [tɔnɛʀ] n. m.
ÉTYM. 1560; tuneire, 1080; toneire, déb. XIIe; var. tonnoire, tonnare, jusqu'au XVIe; lat. tonitrus. → Tonitruant.
1 Bruit de la foudre, accompagnant l'éclair, perçu plus ou moins longtemps après lui, et plus ou moins violent selon l'éloignement du phénomène par rapport à l'observateur ( Tonner). || Les éclairs, le tonnerre de l'orage. || Coup de tonnerre (→ Bruire, cit. 2; fulgurant, cit. 1). || Éclat (→ Coup, cit. 85; inquiéter, cit. 2), fracas de tonnerre (→ 1. Foudre, cit. 5). || Le tonnerre retentit; assourdit (→ Ouragan, cit. 1), déchire les oreilles (→ Fracas, cit. 4). || Grondement, roulement de tonnerre (→ Assourdir, cit. 3; orage, cit. 1). || Le tonnerre gronde (→ Roulement, cit. 3). || Le tonnerre considéré comme une manifestation de la colère de Dieu. || « Dieu fait gronder (cit. 5) son tonnerre » (Bossuet).
2 Vx ou littér. Foudre (→ Haut, cit. 7). || Champ rasé (cit. 5) par le tonnerre. || Protéger une maison du tonnerre. Paratonnerre. || Le maître du tonnerre : Jupiter. || Jupiter lançant le tonnerre (→ Idolâtre, cit. 3). — ☑ Prov. Le tonnerre ne tombe pas toutes les fois qu'il tonne : toutes les menaces ne se réalisent pas.
1 Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan (…)
Molière, Dom Juan, V, 6 (j. de sc.).
2 Le tonnerre tombe où il veut, et quand il veut. Mais les sommets l'attirent. Certains lieux — certaines âmes — sont des nids d'orages (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, I, p. 381.
Faisceau enflammé qui représente la foudre.Fig. || Les tonnerres que Charlus brandissait étaient en carton (cit. 2).
Techn. (théâtre). Machine servant à produire une imitation du tonnerre.
3 (1644). Fig., cour. Coup de tonnerre : événement inattendu, catastrophe. Cf. Coup de foudre (1. Foudre, cit. 11, vx). Bombe.
3 Cette vie tranquille fut troublée par un coup de tonnerre : Mina perdit sa mère.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Mina de Vanghel ».
4 La mobilisation du 2 août 1914 nous réveilla de notre songe. Ce coup de tonnerre interrompit des milliers de drames particuliers comme le nôtre.
F. Mauriac, la Pharisienne, XVI.
4 (1873, « un froid du tonnerre de Dieu », Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 191). || De tonnerre, se dit de bruits semblables au tonnerre. || Bruit, grondement (→ Éboulement, cit. 1), roulement de tonnerre (→ Plaque, cit. 2). || Une voix de tonnerre. Tonitruant, tonnant.Du tonnerre de Dieu (même sens).
Fam. Du tonnerre. (Loc. employée avec la valeur d'un superlatif, pour exprimer l'admiration). Formidable, terrible (3.). || C'est du tonnerre ! || Une fille du tonnerre. || Du tonnerre de Dieu.
5 Il faisait très beau, un soleil du tonnerre (…)
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 81.
5.1 (…) moi je me marrais, je restais dehors à regarder le feu d'artifice, bam en plein dans le mille, un dépôt de munitions qui saute, la gare pulvérisée, l'usine en miettes, la ville qui flambe, un spectacle du tonnerre.
R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 38.
(1927). Argot (sports). || Marcher le tonnerre : tenir une grande forme. || Rouler, pédaler le tonnerre, très vite.
5 (Exclam.). En interjection pour exprimer la violence, la menace.(1790, in D. D. L.). || Tonnerre de Dieu ! (→ Poudre, cit. 17). Vx. || Tonnerre de foutre ! || Tonnerre ! (→ Bistrot, cit. 3). || Tonnerre ! ça va tourner mal ! (→ Plate-bande, cit. 2). || Mille tonnerres ! || Tonnerre de Brest ! (juron de marins, à l'origine).
5.2 (…) je vous prêche la patience, la modération, mille tonnerres ! et vous ne m'écoutez pas, ventrebleu !
E. Labiche, Embrassons-nous, Folleville, 4.
Tonnerre de Dieu de…, en apposition, pour qualifier ce qui est terrible, ce qu'on maudit.
6 Et, ma foi, je n'ai pas gagné la rente des vices que j'ai contractés dans ce tonnerre de Dieu de pays-là, si toutefois c'est un pays.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 645.
7 (…) Claude, brutalement, rentra chez lui, referma la porte à la volée, en disant très haut :
— Ah ! ces tonnerres de Dieu de femmes !
Zola, l'Œuvre, I.
tableau Principales interjections.
6 (XVIe; tonnoire, v. 1160). Bruit assourdissant. || Le tonnerre roulant des batailles (→ Retrancher, cit. 4). || Une nuit de tonnerre (→ Guerre, cit. 12). || Avec leur tonnerre de locomotive lancée (→ Rafale, cit. 5).Manifestation bruyante d'approbation ou de désapprobation. || Un tonnerre d'acclamations (→ Ovation, cit. 2). Tempête.
8 Le discours de Mirabeau fut accueilli d'un tonnerre d'indignation, d'une tempête d'imprécations et d'insultes.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, III.
9 (…) l'orchestre achevait la pastourelle, avec un tel tonnerre que les trombones semblaient cracher des boulets.
Zola, l'Assommoir, XI, t. II, p. 199.
10 On entendait dans la rue, sous les porches, vider les boîtes à ordures sonores, et les laitiers faisaient un tonnerre de fer-blanc sur le pavé.
Aragon, les Cloches de Bâle, III, II.
7 (1752). Partie du canon d'un fusil où se place la charge et où se produit l'explosion.
COMP. Paratonnerre.

Encyclopédie Universelle. 2012.