tonalité [ tɔnalite ] n. f.
• 1821; de tonal
I ♦ Mus.
1 ♦ Vx Tout système musical défini par l'ordre des intervalles dans l'échelle des sons (modes et tons proprement dits).
2 ♦ Mod. Organisation de l'ensemble des sons musicaux selon une échelle type, où les intervalles (tons et demi-tons) se succèdent dans le même ordre, et où le premier degré de chaque gamme (⇒ 2. tonique) se trouve au centre de deux quintes caractéristiques. La tonalité s'est dégagée à la Renaissance du système modal.
II ♦ Cour.
A ♦
1 ♦ Ensemble des caractères (hauteur, timbre) d'un ensemble de sons, d'une voix. « Des inflexions vocales, une sorte de tonalité chantante » (Duhamel). La bonne tonalité d'un récepteur de radio.
2 ♦ Valeur moyenne, impression générale produite par un ensemble de tons (II), de nuances. La tonalité d'un tableau. « Il n'y a en peinture que la tonalité et la beauté de la pâte » (Goncourt ).
3 ♦ (Abstrait) Impression générale, « coloration » particulière qui distingue un état affectif. La tonalité affective d'un rêve. « L'ivresse [du haschisch] gardera toujours la tonalité particulière de l'individu » (Baudelaire).
B ♦ Son émis par un téléphone avant la composition du numéro d'appel.
● tonalite nom féminin Diorite quartzique à biotite et amphibole.
tonalité
n. f.
rI./r
d1./d Organisation des sons musicaux telle que les intervalles (tons et demi-tons) se succèdent dans le même ordre, chaque gamme ayant pour base une tonique.
d2./d Ton (2, sens II, 2). Tonalité d'un morceau.
d3./d Caractère des sons produits par la voix ou par un instrument. Une tonalité agréable.
|| Spécial. Son continu qu'on entend en décrochant le téléphone et qui signifie qu'on peut composer le numéro d'appel. Avoir la tonalité.
rII./r Couleur dominante; impression qu'elle dégage. Tonalité triste.
— Fig. Un roman d'une tonalité désenchantée.
⇒TONALITÉ, subst. fém.
I. — Domaine acoust. et mus.
A. — MUSIQUE
1. Ensemble des caractères liés au choix d'une tonique déterminée. On complète l'indication de la « tonalité » ainsi définie par celle du mode (majeur ou mineur). Par exemple: le premier chœur de la Passion selon saint Matthieu de Bach est « en mi mineur » (i.e. dans la tonalité de mi et le mode mineur) (CANDÉ 1961). Harmoniquement, le 2e quatuor rappelle le passé, si l'on considère que ses trois premiers mouvements appartiennent à la tonalité de fa dièse mineur, mais il annonce l'avenir si l'on envisage son finale où règne une absolue liberté tonale (SAMUEL, Art mus. contemp., 1962, p 182). V. tonique2 ex. de Arts et litt., 1935, p. 34-14.
2. ,,Ensemble des caractères qui distinguent les modes majeur et mineur de tous les autres modes`` (CANDÉ 1961). À l'instant où paraît la tonalité majeure, Valdemar se prit à marcher dans l'étroite pièce (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 24).
3. Vx. Système des modes et des tons. Il existe (...) des gammes autrement constituées que nos gammes européennes: les modes du plain-chant, les anciennes tonalités grecques, les gammes orientales, les gammes à cinq sons des Bretons, des Écossais, des Chinois, etc. (LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p. 429). Notre musique européenne a deux tonalités: la tonalité religieuse, c'est la tonalité du plain-chant, et la tonalité mondaine. Il en résulte deux systèmes de musique parfaitement distincts et dont chacun a ses règles, ses principes qui lui appartiennent en propre. Il existe encore un autre système de tonalité constitué par la musique orientale (ROUGNON 1935).
B. — Effet dominant d'un ensemble de sons, notamment produits par la voix. Éminent artiste du bien dire, il savait tenir son auditoire attentif et en suspens tout autant par le mouvement de son débit et par la tonalité de sa voix, par l'élégance de son geste que par des hardiesses ou des curiosités de présentation (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 620). Ainsi, chez les adultes, de ces jeux d'éloquence où la colère donne tout au plus quelque tonalité nouvelle à la parole (Jeux et sports, 1967, p. 103).
C. — Son caractéristique obtenu quand on décroche un combiné téléphonique et qui indique qu'on peut composer un numéro. Composez le numéro d'appel permettant d'accéder au service Télétel (...). Dès l'audition de la tonalité aiguë, appuyez sur connexionin (LISTEL, Annuaire des Services Télétel, 202, févr. 1986, p. 4).
D. — PHONÉT. ,,Le terme est employé quelquefois comme synonyme d'intonation; plus habituellement il désigne la hauteur de son caractéristique d'une voyelle dans l'échelle normale des hauteurs: u (= ou) < o < a < e < i`` (MAR. Lex. 1951). Le vocabulaire, la grammaire, la syntaxe, la composition, le style, la métrique, les tonalités d'une langue (MARIN, Ét. ethn., 1954, p. 55).
— Rare. Ensemble des tons dans une langue donnée. Des coins de la salle partent, sur toutes les tonalités chinoises, des injures indistinctes, avec un bruit de meute (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 111).
II. — Domaine des couleurs
A. — Effet dominant qui résulte d'un assemblage de couleurs. Le Morvan s'annonce comme une croupe à peine accentuée en saillie, mais qui contraste par son uniformité, sa tonalité sombre avec le pays calcaire (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 112). Dans les œuvres récentes de Gromaire, la dominante du noir, du clair-obscur s'affirme. Elle a décidément succédé à la tonalité pain brûlé de la première partie de son œuvre (CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 628).
— Au fig. Impression d'ensemble; coloration globale caractéristique. Dans la série des nocturnes et des paysages nébuleux, qui donnent au livre sa tonalité dominante, (...) une image se détache, nette, aux contours durs et marmoréens: celle d'une statue de la Vierge à l'enfant (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 274). Les générations actuellement à l'œuvre sont les premières dans l'histoire de l'humanité pour qui les mots « accession de tous aux œuvres de la culture » peuvent prendre une tonalité réaliste (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 183).
B. — Chacune des nuances. Synon. teinte, ton3:
• Enfin, les sels de fer présentent une telle variété dans leur coloration qu'on peut assurer qu'ils suffiraient à reproduire toutes les tonalités du spectre, depuis le violet, qui est la propre couleur du métal pur, jusqu'au rouge intense qu'il donne à la silice dans les diverses sortes de rubis et de grenats.
FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 134.
— PEINT. [C'est à Seurat et à Signac] qu'est dû le procédé du pointillisme, c'est-à-dire de la répartition des tonalités non plus seulement par des taches (...) mais par des touches très petites (...) affectant la forme sphérique (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 189).
— Tonalité chromatique. ,,Attribut de la sensation qui a suscité des dénominations de couleurs telles que bleu, vert, jaune, rouge, pourpre, etc. Cet attribut est le correspondant psychosensoriel approximatif de la grandeur colorimétrique « longueur d'onde dominante »``(MILL. Vision 1981). Synon. teinte.
REM. 1. Tonaliser, verbe trans., rare. Rendre quelque chose conforme à une certaine tonalité. Jean Wahl peut écrire:Le moutonnement des haies c'est en moi que je l'ai (...). Nous couvrons ainsi l'univers de nos dessins vécus. Ces dessins n'ont pas à être exacts. Il faut seulement qu'ils soient tonalisés sur le mode de notre espace intérieur (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 30). 2. Tonalisation, subst. fém., mus., rare. Ensemble des règles liées à la tonalité. Sans doute les anciens savaient chanter accompagnés d'instruments à l'unisson; mais là se bornaient leurs connaissances; ils ne savaient ni décomposer les sons ni en apprécier les rapports. Ce n'est que depuis le quinzième siècle qu'on a fixé la tonalisation, réglé la marche des accords, et qu'on s'en est aidé pour soutenir la voix et renforcer l'expression des sentiments (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 33).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. 1. 1821 « système musical défini par l'ordre des intervalles dans l'échelle des sons ou gamme » (CASTIL-BLAZE, Dict. de mus. mod., II, p. 329 ds QUEM. DDL t. 21); 2. 1842 « propriété caractéristique d'un ton, qualité d'un morceau écrit dans un ton bien déterminé » (Ac. Compl.); 3. 1842 « ensemble des caractères de hauteur, timbre, d'un ensemble de sons, de voix » (BALZAC, Rabouill., p. 423); 4. 1933 « hauteur de son caractéristique d'une voyelle » (MAR. Lex.); 5. 1967 « son caractéristique qu'on entend au téléphone quand on décroche » (ARAGON, Blanche, Paris, éd. NRF, p. 137); 6. 1972 « qualité d'un poste de radio qui restitue aussi fidèlement que possible les sons » (DAVAU-COHEN). B. 1. 1850 peint. « impression générale produite par un ensemble de tons, de nuances » (DELACROIX, Journal, p. 406); 2. 1860 fig. « impression d'ensemble, coloration particulière qui distingue un état affectif » (BAUDEL., Paradis artif., p. 282). Dér. sav. de ton3; suff. -al, et -(i)té. Fréq. abs. littér.:210. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9, b) 142; XXe s.: a) 671, b) 404. Bbg. QUEM. DDL t. 6, 12. — SCHNEIDERS (H.-W.). Der Frz. Wortschatz zur Bezeichnung von « Schall ». Genève, 1978, p. 82.
tonalité [tɔnalite] n. f.
ÉTYM. 1821, Castil-Blage; de tonal.
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I En parlant des sons.
A Mus.
1 Vx. Système musical défini par l'ordre des intervalles dans l'échelle des sons ou gamme. || La tonalité grecque, du plain-chant (Fétis). || Une tonalité proche du grégorien (cit. 1). — REM. Dans ce sens tonalité englobait aussi bien les systèmes de modes que ceux de tons.
2 Organisation de l'ensemble des sons musicaux selon une échelle type, où les intervalles (tons et demi-tons) se succèdent dans le même ordre, et où le premier degré de chaque gamme (⇒ Tonique) se trouve au centre de deux quintes caractéristiques (sous-dominante et dominante, dans le ton considéré, qui sont aussi les toniques des tons voisins). || La tonalité se dégage à la Renaissance du système modal et régit sans partage la musique occidentale moderne jusqu'au XXe siècle.
3 (Emploi critiqué). Ton (au sens I, C, 4). || La tonalité d'ut, de fa majeur. || L'armature de la clef donne la tonalité principale du morceau. — Caractère expressif propre attribué à un ton déterminé. || Des tonalités gaies, dramatiques.
B Cour.
1 (XIXe). Ensemble des caractères de hauteur, de timbre (d'un ensemble de sons, d'une voix). ⇒ Ton, I., A.
1 Ce chant (…) monte comme une voix de la brise, à laquelle sa tonalité particulière donne une certaine ressemblance.
G. Sand, la Mare au diable, II.
2 Des inflexions vocales, une sorte de tonalité chantante.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, p. 19.
♦ Par anal. || La tonalité d'un récepteur radio.
2 Son caractéristique qu'on entend au téléphone quand on décroche l'appareil, avant de composer un numéro. || Faire le 16 et attendre la tonalité pour obtenir l'interurbain.
3 (…) il n'y a qu'à composer le 10, attendre la tonalité musicale, pi-i-ou-i… pi-i-ou-i, et une voix vous tient compagnie : Ici l'Interurbain — Composez l'indicatif du département (…)
Aragon, Blanche…, I, VIII, p. 137 (1967).
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II
1 (D'abord t. de peinture). Valeur moyenne, impression générale produite par un ensemble de tons (II.), de nuances. ⇒ Coloris, couleur. || La tonalité d'une décoration. Absolt :
4 Il n'y a en peinture que la tonalité et la beauté de la pâte.
Ed et J. de Goncourt, Journal, 3 juil. 1891.
2 (Abstrait). Impression générale, « coloration » particulière qui distingue un état affectif (→ Particulier, cit. 1, Baudelaire). || La tonalité affective du rêve (cit. 10).
Encyclopédie Universelle. 2012.