tension [ tɑ̃sjɔ̃ ] n. f.
• 1490; lat. tensio
I ♦ (Concret)
1 ♦ Physiol. État d'un tissu, d'un organe distendu. — Résistance opposée par une paroi organique aux liquides, aux gaz contenus dans la cavité qu'elle limite. Tension de la paroi abdominale.
2 ♦ (1680) État d'une substance souple ou élastique tendue. Tension d'un élastique, d'une courroie. Régler la tension d'une corde de violon. Corde de tension (d'une scie).
♢ État des muscles contractés. ⇒ contraction . — Phonét. Effort des muscles, lors de l'émission d'un phonème. — Première phase de l'articulation d'un phonème.
3 ♦ Phys. Force qui agit de manière à écarter, à séparer les parties constitutives d'un corps (opposé à pression). — Tension superficielle : force due aux interactions moléculaires, qui s'exerce à la surface d'un liquide au contact d'un autre fluide. C'est par la tension superficielle que les liquides ont tendance à présenter une surface sphérique (formation des gouttes, ménisques).
♢ Mécan. Force interne ou contrainte qui agit dans un corps en équilibre (⇒ tensoriel).
4 ♦ (1821) Phys. Pression. Tension de vapeur : pression à une température donnée à laquelle la phase solide ou liquide est en équilibre thermodynamique avec la phase vapeur. Mesure des tensions à l'aide d'un manomètre. — Tension osmotique.
♢ (1859) Cour. Tension artérielle, veineuse : pression du sang. Prendre la tension de qqn au sphygmomanomètre. « Tu sors ton appareil à tension et ton stéthoscope. Je te tends le bras droit, tu me passes le brassard, tu visses la molette et tu te mets à gonfler. Ça serre » (M. Winckler). Tension supérieure (⇒ hypertension) , inférieure (⇒ hypotension) à la normale. — Absolt Hypertension. Avoir de la tension.
5 ♦ (1864; dès 1802 en it.) Électr. Différence de potentiel. Haute tension (H. T.) : tension élevée, de plusieurs milliers de volts. Très haute tension (T. H. T.) : tension très élevée utilisée pour l'alimentation des tubes électroniques. Basse tension (B. T.). — Par métaph. « Un courant de haute tension la faisait frémir [la foule] » (Martin du Gard ).
II ♦ (Abstrait)
1 ♦ (1690) Effort intellectuel; application soutenue. ⇒ 1. contention, concentration. Tension d'esprit. « Il en faut de la volonté et de la tension pour ne jamais être distrait ! » (Camus).
2 ♦ (1836) État de ce qui menace de rompre. Tension des relations. ⇒ crispation. Tension au Proche-Orient. Tensions raciales, interethniques.
♢ Écon. Pression, à la limite du seuil de rupture d'équilibre. Fortes tensions inflationnistes.
3 ♦ État psychique où le besoin d'une détente se fait sentir. Un sentiment « est une tension de l'âme » (Sartre). Pulsions et tension. « On connaît la tension prodigieuse de la vie moderne pour les hommes de travail » (Michelet). Tension nerveuse, énervement. ⇒ stress.
4 ♦ (de 1. tendre) Didact. Le fait de se diriger vers, de tendre à... « Cette foi, qui n'était qu'une pure tension vers le royaume à venir » (Camus).
⊗ CONTR. Laxité, relâchement. Abandon, détente.
● tension nom féminin (latin tensio, de tendere, tendre) État d'un tissu, d'une substance souple, élastique qui est tendu : Régler la tension d'une courroie. État de quelqu'un qui est tendu, contracté, nerveux. (On dit aussi tension nerveuse.) Situation tendue entre deux groupes, deux personnes, deux États : Tension diplomatique. Beaux-arts Dynamisme contenu. Électricité Grandeur scalaire égale à la circulation d'un champ électrique d'un point A à un point B, le long d'un parcours donné. Matériaux État d'un élément sollicité à la traction dans une structure. État des contraintes dans un corps sollicité, et plus particulièrement composante normale de celles-ci. Mécanique Force exercée pour tendre un fil. Phonétique Phase initiale de l'articulation d'un phonème, pendant laquelle les organes articulateurs prennent la position requise pour son émission. Physiologie État musculaire de préparation à une action, dans lequel un certain nombre de muscles spécifiques sont légèrement contractés. Cet état musculaire généralisé ou ses conséquences observables dans le comportement d'un individu. ● tension (difficultés) nom féminin (latin tensio, de tendere, tendre) Emploi Avoir de la tension. Dans le registre non surveillé, avoir de la tension est souvent employé au sens de « avoir de l'hypertension, avoir une tension artérielle trop élevée ». Cet emploi est abusif en médecine : la tension, ou pression exercée par le sang sur les artères, est un phénomène normal ; il n'est pathologique que lorsque la valeur de la pression est trop élevée. Recommandation Dans l'expression soignée, préférer avoir de l'hypertension, avoir trop de tension. ● tension (expressions) nom féminin (latin tensio, de tendere, tendre) Familier. Avoir, faire de la tension, être hypertendu. Tension d'esprit, effort intense et soutenu de l'esprit. Tension cavitaire, pression exercée par les parois élastiques d'un organe creux (aorte, vessie) sur le liquide qui remplit cet organe (et vice versa) lorsque ce liquide dilate les parois et en étire les fibres. Tension de décomposition, différence de potentiel minimale nécessaire pour que les ions se déchargent sur les électrodes d'un électrolyseur. Tension d'une électrode, différence de potentiel électrique entre cette électrode et l'électrolyte adjacent. Creux de tension, baisse brutale et temporaire de la tension en un point du réseau. Haute tension (H.T.), tension d'alimentation des tubes électroniques. Tension de chauffage, tension appliquée aux bornes du filament de chauffage d'une cathode. Tension de commande, tension aux bornes de l'enroulement de commande d'un transducteur. Tension de coupure, dans un tube électronique, tension d'une électrode pour laquelle une grandeur qui en dépend, généralement un courant, atteint une valeur spécifiée pratiquement négligeable. Tension de grille, tension entre la grille et un point spécifié de la cathode. Tension artérielle ou vasculaire, ensemble des forces de contrainte internes auxquelles sont soumises les parois des artères et des vaisseaux sous l'influence de la pression des liquides qu'ils contiennent. (La tension artérielle équilibre rigoureusement la pression du sang dans les artères.) Tension oculaire, synonyme de pression oculaire. Tension interne, synonyme de contrainte latente. Tension de vapeur d'eau, pression partielle de vapeur contenue dans l'air. Tension de vapeur, pression de vapeur saturante. ● tension (homonymes) nom féminin (latin tensio, de tendere, tendre) tançions forme conjuguée du verbe tancer ● tension (synonymes) nom féminin (latin tensio, de tendere, tendre) Électricité. Grandeur scalaire égale à la circulation d'un champ électrique d'un...
Synonymes :
- différence de potentiel
Métallurgie. Tension interne
Synonymes :
tension
n. f.
rI./r
d1./d Action de tendre; état de ce qui est tendu. Tension des muscles.
d2./d PHYSIOL Résistance opposée par une paroi aux liquides ou aux gaz contenus dans la cavité ou le conduit qu'elle limite. Tension vasculaire (artérielle ou veineuse).
|| Absol. Pression du sang, équilibrée par la tension vasculaire.
— Cour. Avoir de la tension, une pression sanguine trop élevée.
d3./d ELECTR Différence de potentiel. Une tension de trois mille volts. Haute, moyenne, basse tension.
d4./d PHYS Force expansive, pression d'une vapeur, d'un gaz. Tension de vapeur saturante: pression maximale à laquelle un liquide se vaporise, à une température donnée.
|| Tension superficielle: résultante des forces de cohésion intermoléculaires qui s'exercent au voisinage des interfaces liquide-gaz, liquide-solide ou solide-gaz, perpendiculairement à celles-ci.
rII./r (Abstrait)
d1./d Forte concentration de l'esprit appliqué à un seul objet. Tension d'esprit.
|| Tension nerveuse: nervosité.
d2./d Hostilité entre des personnes, des groupes, des états. Tension diplomatique.
⇒TENSION, subst. fém.
I. — [Dans l'ordre matériel]
A. — MÉD., PHYSIOL. État portant atteinte à un tissu, à un organe qui ne doit pas être (trop) tendu, en provoquant une sensation pénible de raideur. Synon. ballonnement, distension; anton. relâchement. À ces premiers symptômes succèdent la fièvre, les anxiétés, les suffocations, la douleur et la tension de tout le ventre (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 504).
B. — État d'un objet, d'une matière souple ou élastique, d'une réalité qui peut, doit être plus ou moins tendu(e); fait de communiquer cet état à cet objet, à cette matière, à cette réalité. Synon. allongement; anton. détente. Tension d'un fil, d'un nerf, d'un ressort; tension musculaire. Il y a peut-être bien certains corps (...) privilégiés, réalisant si naturellement notre idéal que, même sans génie, rien qu'en copiant le mouvement d'une épaule, la tension d'un cou, nous ferions un chef-d'œuvre (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 851). V. pression ex. 2:
• ... ne peut-on pas dire, de lui aussi [du primitif], que « son activité quotidienne implique une parfaite confiance dans l'invariabilité des lois naturelles »? Sans elle, il ne compterait pas (...) sur la tension de son arc pour lancer sa flèche...
BERGSON, Deux sources, 1932, p. 151.
— PHONÉT. ,,Première phase de l'articulation d'un phonème, pendant laquelle les organes prennent la position qui convient à l'émission de ce phonème. (...) effort musculaire qui pendant l'émission agit en particulier sur les cordes vocales, et dont dépend la hauteur du son. (...) effort total des muscles intéressés à l'articulation d'un phonème`` (MAR.. Lex. 1951). Le travail phonique des cordes vocales nécessite leur mise en tension passive, réalisée par les contractions de la musculature du larynx, et leur mise en tension active, réalisée par la contraction des muscles propres des cordes vocales (Arts et litt., 1935, p. 36-4).
— P. anal., BALIST. Tension d'une trajectoire. ,,Rapport de la courbe décrite par cette trajectoire avec la flèche de la même courbe`` (Lar. 19e-Lar. encyclop.). Les services techniques (...) avaient recherché une solution permettant de parer aux inconvénients que présentait la tension de la trajectoire du 85 pour battre les angles morts et les objectifs fortement défilés (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 69).
Rem. Tension peut désigner aussi, p. métaph., l'étendue du registre d'un instrument: Par la tension considérable de son registre chantant le cor est (...) ténor aigu (haute-contre) dans la partie supérieure de son échelle (GEVAERT, Orchestr., 1885, p. 108).
C. — [Empl. ressortissant aux sc. de la matière et de la vie]
1. Force agissant à la manière d'une pression sur une surface, sur ou par une paroi, dans un espace fermé ou non. Tension dynamique. Comme la tension atmosphérique diminue sensiblement dans ces hautes altitudes, la combinaison de l'oxygène de l'air avec les globules du sang s'opère plus lentement dans les poumons (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 109).
— PHYS. DU SOLIDE. Tension interne ou moléculaire. Contrainte de traction ou de compression apparaissant dans un corps quelconque en équilibre, notamment à la suite d'un traitement mécanique ou thermique (d'apr. PEYROUX Techn. Métiers 1985). V. interne I B 1 ex. de Catal. instrum. lab. (Prolabo).
— MÉD., PHYSIOL. Tension (artérielle, vasculaire, veineuse). Tension que subissent les parois des artères et des vaisseaux et qui correspond exactement à la pression sous laquelle y circule le sang. Synon. pression artérielle. Descaves fait monter le Dr Crepel, qui (...) me prend, avec l'appareil enregistreur dont s'est déjà servi Renault, la tension de mes artères. Il trouve 16 et demi: ce n'est pas l'hypertension (RENARD, Journal, 1910, p. 1265).
♦ P. exagér., usuel. Hypertension. Avoir, faire de la tension. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975, ROB. 1985).
♦ Tension (intra)oculaire. Pression exercée sur les parois de l'œil par les formations solides et liquides qu'il contient (d'apr. Lar. Méd. t. 3 1972).
— PHYS., CHIM.
♦ Tension interfaciale. ,,Tension superficielle qui existe entre deux liquides non miscibles`` (Méd. Biol. t. 3 1972) ou qui se manifeste à la surface de séparation d'un solide et d'un liquide (d'apr. PLAIS.-CAILL. 1958). V. interfacial rem. 2 s.v. interface ex. de Chartrou.
♦ Tension osmotique.
♦ Tension superficielle. Force apparaissant à la surface de séparation de deux liquides non miscibles ou d'un liquide et d'un gaz, et qui fait que, sous l'effet de la cohésion existant entre molécules voisines, les différentes parties de ces fluides ont tendance à se séparer les unes des autres (d'apr. BADER-TH. 1962).
♦ Tension de vapeur. Pression exercée, dans un espace saturé, par la vapeur à laquelle a donné naissance un corps liquide (ou solide), à une température telle que les phases liquide (ou solide) et vapeur sont en équilibre thermodynamique (d'apr. Hydrol. 1978).
MÉTÉOR. Tension de vapeur d'eau. ,,Pression partielle de vapeur contenue dans l'air`` (Lar. encyclop.).
— P. métaph. Comprendre une affaire, son métier. C'est saisir un principe et son travail, c'est le répéter sur l'instrument de son esprit, c'est «penser», c'est-à-dire apprécier de chaque chose le poids et la tension (CLAUDEL, Art poét., 1907, p. 181).
— P. anal. Tension sonore. Phénomène acoustique se manifestant avec intensité. [Varèse] écrivait (...) intégrales pour deux flûtes, deux clarinettes, deux trompettes (...), partition au primitivisme sauvage et insolite, remarquable par son étude de timbres et l'extrême tension sonore qui approche la limite physique de l'audibilité (SAMUEL, Art mus. contemp., 1962, p. 616).
2. ÉLECTR., ÉLECTROCINÉT.
a) Vieilli. ,,Manifestation de l'électricité statique, caractérisée par un effet répulsif et attractif de corps légers chargés d'électricité`` (LITTRÉ); ,,force avec laquelle l'électricité accumulée sur une partie d'un corps tend à surmonter la pression atmosphérique pour s'échapper`` (DG); ,,force répulsive exercée par une surface électrisée sur l'unité d'électricité placée sur cette surface; intensité des courants`` (Lar. 19e Suppl. 1890).
b) Différence de potentiel existant entre les deux pôles d'un ensemble et se mesurant en volts; p. ext., ,,potentiel auquel est porté un conducteur électrique par rapport à la terre`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Dénivellation électronique se manifestant par une tendance au retour à l'équilibre par un écoulement compensateur (d'apr. Électron. 1960). Chute, creux de tension; mise hors/sous tension d'un circuit; courant (à) basse/(très) haute tension; ligne (à) haute tension; tension constante. [Le transformateur] élève à volonté la tension du courant, le rendant susceptible ainsi d'effectuer tous les parcours. Et cela avec le moins de perte d'énergie possible (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 191).
♦ Tension d'accélération (du faisceau). ,,Différence de potentiel existant entre la cathode et l'anode et servant à créer un champ électrique destiné à accélérer les électrons`` (Industries 1986). V. ionisation A ex. de Leprince-Ringuet.
♦ Tension alternative. V. diode ex. de J. Mercier. Tension de balayage. Tension induite. V. induit ex. de J. Mercier.
♦ Tension nominale. Tension figurant dans la désignation d'une machine ou d'un appareil et d'après laquelle sont déterminées les conditions d'essai et les tensions limites d'utilisation de cette machine ou de cet appareil (d'apr. Industries 1986).
♦ Crête de tension.
♦ Montage en tension. Synon. montage en série. Comme avec les piles on adopte généralement [pour les plaques] le montage en tension, c'est-à-dire que l'on relie le positif d'un élément au négatif de l'autre et ainsi de suite (SOULIER, Gdes applic. électr., 1916, p. 181).
♦ P. ell. Courant à haute tension. V. pression B ex. de Caillère, Hénin.
♦ P. métaph. Cette mince jeune femme dont chaque atome semblait chargé d'un courant de haute tension spirituelle (LEVINSON, Visages danse, 1933, p. 27).
II. — Domaine abstr.
A. — Effort d'ordre moral, qui se caractérise par sa grande continuité. Synon. application; anton. abandon, dépression, détente, laisser-aller, relâche, relâchement. Tension d'esprit, de l'esprit; tension des facultés, de tout l'être d'une personne; tension douloureuse. J'ai des inquiétudes sur la santé de ma nièce, Caro. Cette tension de la volonté contre le sort l'a bien fatiguée (FLAUB., Corresp., 1880, p. 317).
— Dans le domaine de la litt., des Beaux-Arts. Effort de style auquel s'astreint un écrivain et qui ne manque pas d'être perçu par ses lecteurs; dynamisme qu'un artiste parvient à maîtriser. Tension dramatique. Un dessin simple et tendu (...), le contraste des plans selon des arêtes dures, assurent à ces ouvrages La Cène (...), le Joueur de cornemuse (...) une tension austère qui n'est pas sans beauté (DORIVAL, Peintres XXe s., 1957, p. 63).
— Dans le domaine de la psychol. Tension psychologique. ,,Organisation et concentration des forces de la conscience vers le réel, capacité de synthèse unifiant le Moi et le Monde`` (MUCCH. Psychol. 1969). Les longues spéculations intellectuelles sans nécessité d'agir se déroulent sous une basse tension psychologique (Lar. Méd. t. 3 1972).
— LING. Évaluation du discours d'un locuteur dans son rapport à autrui et au monde, qui est pratiquée dans l'étude de l'énonciation (d'apr. D. D. L. 1976). Les verbes être et avoir caractérisent l'absence de tension, pendant que les factitifs et les désidératifs (faire, pouvoir, vouloir, etc.) marquent un énoncé plus ou moins tendu (Ling. 1972).
B. — Situation d'équilibre précaire, de désaccord dans des relations entre personnes, entre groupes de personnes, entre collectivités, entraînant des risques de conflit, de crise, de rupture. Synon. antagonisme; anton. collaboration, coopération, détente. Tension diplomatique, internationale, politique; tensions sociales. Repousse-t-elle [l'Allemagne] l'idée d'une conférence à quatre, parce qu'elle sait d'avance, étant donné la tension des rapports austro-italiens, que, à ce tribunal, l'Autriche serait infailliblement condamnée par trois voix contre une? (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 358).
— Dans le domaine écon. Le retour à la paix, loin d'être marqué par les tensions déflationnistes prévues, connaît une expansion remarquable de la production civile, avec des tensions monétaires inverses: un « défoulement » de l'inflation fait autant monter les prix en 2 ans (...) qu'en 5 ans de guerre (Univers écon. et soc., 1960, p. 32-10).
C. — État psychique entraînant le besoin d'une détente; pulsion ou tendance qui a besoin d'être satisfaite. La tension de nos sentiments atteignit alors à son paroxysme et, sans que jamais un geste ou un mot de violence en manifestât l'exaspération, nous savions, l'un et l'autre, qu'un choc pouvait nous porter à la démesure (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 143).
— PATHOL., PSYCHOPATHOL. Tension nerveuse ou psychologique excessive. État d'exaspération durable et intense, accompagné de ruminations mentales pénibles, de désirs agressifs et d'angoisse, qui peut rester longtemps intérieur, malgré le besoin ressenti par le sujet de se libérer (d'apr. Lar. Méd. t. 3 1972).
D. — Fait de tendre à quelque chose, de s'approcher de plus en plus d'un absolu. Les muscles du bas-ventre, et sur-tout les muscles droits (...) empêchent cette courbure [de l'épine vers le bas], par leur tension à en produire une contraire (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 482). La tension intérieure des esprits vers Dieu peut paraître négligeable à ceux qui cherchent à supputer la quantité d'énergie accumulée dans la masse humaine (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 167).
Rem. On relève dans la docum. le sens « action de tendre quelque chose »: Je vivais avec les premiers aïeuls de notre race, encore inexpérimenté dans la tension de mes embûches (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 325).
REM. 1. Tensio-, élém. formant tiré du subst. fr. tension (supra I C 1), entrant dans la constr. de termes relevant essentiellement des domaines de la phys., de la chim., de la méd., de la physiologie. V. tensiomètre et aussi: a) Méd., physiol. ) Tensiographe, subst. masc. ,,Appareil permettant d'obtenir graphiquement les différentes valeurs de la pression artérielle: maximale, moyenne et minimale`` (Méd. Biol., t. 3 1972). ) Tensiophone, subst. masc. ,,Appareil servant à mesurer la pression sanguine, qui associe les méthodes auscultatoire et palpatoire`` (Méd. Biol., t. 3 1972). ) Tensiorécepteur, subst. masc. ,,Récepteur sensoriel viscéral (...) stimulé par les variations de tension du viscère`` (QUILLET Suppl. 1971). b) Phys., chim. ) Tensioactif, tensio-actif, -ive, adj. et subst. masc. (Produit, substance) qui modifie la tension superficielle du liquide dans lequel il/elle est dissous/dissoute. Synon. mouillant. Ces copolymères ont trouvé des applications particulièrement intéressantes dans le domaine des agents tensioactifs, notamment des détergents, des émulsifiants et des solubilisants (CHAMPETIER, Chim. macromol., 1957, p. 77). Les tensio-actifs gênent l'action des micro-organismes (COLAS-CAB. 1968). ) Tensioactivité, tensio-activité, subst. fém. Aptitude d'une substance à modifier la tension superficielle d'un solvant. (Dict. XXe s.). ) Tensiogramme, subst. masc. Dispositif présentant une surface de mercure et donnant des informations sur les propriétés des substances dont il permet l'analyse (d'apr. NEYRON 1970). 2. Tensionner, verbe trans. Donner à la denture d'un ruban de scie la tension interne nécessaire pour qu'elle ne dévie pas au moment de la coupe (d'apr. MÉTRO 1975). Les disques de scie circulaire d'un certain diamètre doivent aussi, mais pour des raisons différentes, être tensionnées (GDEL).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1490 « état de ce qui est tendu » (Le Guidon en francois, K 5a cité par VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 171: les signes commun du spasme sont difficulte de mouvement des nombres, tencion et contraction); b) 1520 « état de raideur qui se manifeste dans certaines parties du corps » tention de coldes (N. FALCON, Le Guidon en françois, f° 183 ds SIGURS, p. 451); 2. 1680 « état d'une substance souple ou élastique tendue » (RICH. t. 2: tension des cordes des instruments de musique); spéc. 1910 phonét. (L. ROUDET, Éléments de phonét. gén., Paris, H. Welter, p. 78); 3. a) 1846 phys. « pression » (BESCH.); b) 1859 méd. tension artérielle (Journal de méd. et de chir. prat., t. 30, p. 280); 4. 1862 tension électrique (HUGO, Misér., t. 2, p. 146); 1868 électricité à haute tension (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, p. 237). B. 1. 1690 « grande application; effort continu » (FUR.); 2. 1836 « état de ce qui menace de rompre » (QUINET, All. et Ital., p. 149: tension extrême de tous les ressorts de l'État); spéc. 1904 « désaccord dans les rapports entre États » (Nouv. Lar. ill.); 3. 1862 tension nerveuse (GONCOURT, Journal, p. 1115); 1903 tension psychologique (JANET, Obsess. psychasth., t. 1, p. 495). Empr. au lat. de l'époque impériale tensio « tension »; « manière de tendre (les tentes) »; en méd. « contraction des nerfs », dér. de tensum, supin de tendre « tendre ». Fréq. abs. littér.:864. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 313, b) 635; XXe s.: a) 819, b) 2 573. Bbg. DUBUC (R.). Attention aux tensions. Meta. 1970, t. 15, n° 1, pp. 35-36. — PARENT (N.). Le Synthétiseur... Néol. Marche. 1980, n° 19, pp. 65-66. — QUEM. DDL t. 8, 21, 27.
tension [tɑ̃sjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1490; lat. tensio, de tensum, supin de tendere « tendre ». → 1. Tendre.
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I Concret.
1 Méd., physiol. a Anciennt (seul sens au XVIe). État d'un organe, d'un tissu qui est tendu, raidi ou étiré; sensation plus ou moins pénible de raideur, de contraction (⇒ Ténesme).
b Mod. État d'un tissu, d'un organe distendu (augmentation de volume). ⇒ Ballonnement, distension. || Tension due à un spasme tonique. — Résistance opposée par une paroi organique aux liquides ou aux gaz contenus dans la cavité qu'elle limite. || Tension de la paroi abdominale dans le météorisme. || Tension vasculaire : résistance de la paroi des vaisseaux à la pression sanguine (ou tension au sens 4 ci-dessous).
2 (XVIIe). État d'une substance souple ou élastique tendue (⇒ 1. Tendre, I., 1.); effort appliqué à une telle substance pour la tendre. || La tension d'un élastique (⇒ Allongement), d'une courroie, d'un fil de fer (⇒ Tendeur). || Régler la tension d'une corde. || Corde de tension (d'une scie…). || Ressort de tension.
0.1 (…) au point de vue de l'effet utile, la trajectoire décrite par le boulet doit être aussi tendue que possible, et cette tension ne peut s'obtenir qu'à la condition que le projectile soit animé d'une très grande vitesse initiale.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 664.
♦ Rare. Le fait de tendre (1. Tendre, I., 2.) une partie du corps; le fait d'être tendu. || La tension des bras (→ Étagère, cit. 2).
♦ Anc. méd. || Tension des muscles, des nerfs, qu'on croyait agir comme des cordes tendues (Encyclopédie, 1765). — Mod. État des muscles contractés. ⇒ Contraction. || Tension nerveuse, des nerfs (d'abord compris comme une métaphore de l'anc. sens physiologique, puis au sens psychologique. → ci-dessous, II.). — Phonét. Effort des muscles, lors de l'émission d'un phonème. Spécialt. Effort sur les cordes vocales pendant l'émission d'un son. Par ext. « Première phase de l'articulation d'un phonème pendant laquelle les organes prennent la position qui convient à l'émission de ce phonème » (Marouzeau).
1 Nous étions à bout de force, à bout de volonté, à bout de tension nerveuse (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 17 août 1862, t. II, p. 37.
3 Phys. Force qui agit de manière à écarter, à séparer les éléments, les parties constitutives d'un corps (par oppos. à pression). — Spécialt. || Tension superficielle : force, due aux interactions moléculaires, qui s'exerce à la surface d'un liquide au contact d'un autre fluide (exprimée en newtons par mètre). ⇒ Tensiomètre, tensiométrie. || Modification de la tension superficielle par les corps tensio-actifs. || C'est par la tension superficielle que les liquides ont tendance à présenter une surface sphérique (formation des gouttes, ménisques… ⇒ Capillarité).
♦ Mécan. Force interne ou contrainte qui agit dans un corps en équilibre. || Étude des tensions. ⇒ Tenseur, tensoriel.
2 (…) dans un corps quelconque en équilibre se développent, en chaque point de la masse, sous l'action des forces appliquées à ce corps, des efforts intérieurs qui reçoivent souvent le nom de tensions. La tension est dite positive si elle tend à séparer deux éléments contigus : elle est négative dans le cas contraire, et devient alors une pression. Dans ces conditions, le mot tension est synonyme de force élastique.
4 (1846, Bescherelle). Phys. Pression. || Tension de vapeur : pression à une température donnée à laquelle la phase solide (ou liquide) est en équilibre thermodynamique avec la phase vapeur. || Tension de dissociation : pression d'équilibre d'un gaz ou d'une vapeur (par ex. : dans la dissociation d'un solide donnant lieu à la formation d'un autre solide en même temps que du gaz ou de la vapeur). || Mesure des tensions. ⇒ Manomètre. — Tension osmotique. → Rein, cit. 4 (⇒ Hypotonie, isotonie).
♦ (1859). Méd. et cour. || Tension artérielle, veineuse : pression du sang. || Tension maxima (au moment de la systole), minima (au moment de la diastole); différentielle (différence entre les tensions maxima et minima). || Accroissement local de la tension due à une congestion. || Mesure de la tension au sphygmomanomètre. || Tension supérieure (⇒ Hypertension), inférieure à la normale (⇒ Hypotension). — Cour. Hypertension. || Avoir de la tension.
5 (1864; 1802, en ital., la tensione ellettrica, Volta). Électr. Différence de potentiel. — (1903, in D. D. L.). || Haute tension : tension élevée (plusieurs milliers de volts). || Basse tension. || Tension simple (entre un fil de phase et un fil neutre), tension composée (entre deux fils de phase), dans une distribution triphasée. || Tension de saturation. || Tension réelle, mesurée expérimentalement; tension théorique, calculée (leur différence est appelée surtension, en électrochimie). Par métaphore. || Un courant de haute tension faisait frémir (cit. 16) la foule.
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II Abstrait.
1 (XVIIe). Effort intellectuel; application soutenue. ⇒ Attention, contention, concentration, éréthisme (→ Chargement, cit.; distance, cit. 14; efficacité, cit. 3). || Tension d'esprit, de l'esprit (→ Jeunesse, cit. 20), de la pensée (→ Reconstituer, cit. 3), des facultés d'analyse (→ Modulation, cit. 4).
3 (…) il en faut de la volonté et de la tension pour ne jamais être distrait !
Camus, la Peste, p. 274.
2 (1907). Par métaphore de I., 2. État de ce qui menace de rompre. ⇒ Tendu. || Tension des relations, d'une situation (→ aussi Passionnel, cit. 1). Spécialt. || Atmosphère de tension internationale. ⇒ Crise.
♦ (1963). Sociol. || Tension raciale : situation de conflit entre deux groupes raciaux.
3 (Par métaphore de I., 2., spécialt; et avec infl. du sens II du v. tendre). Tout état psychique où le besoin d'une détente se fait sentir; force psychique considérée comme menant à une modification, en l'absence d'empêchement. ⇒ 1. Tendre (II.); tendance. || Un sentiment (cit. 14) est une tension de l'âme. || Tension de la mémoire (→ Brouiller, cit. 11, Bergson). || Tension, élasticité (cit. 8), et dépression (→ Humeur, cit. 16). — Cour. || Tension nerveuse : énervement.
♦ Didact. || Tension psychologique : unification des éléments, dans la synthèse mentale; « nombre, masse des états psychologiques qui doivent faire partie de cette synthèse » (Janet). — Psychol. de la forme. « Force engendrée par une rupture d'équilibre entre les excitations (ou les processus psychiques correspondants) » (Guillaume, in Vocabulaire de psychologie). — Psychan. || Pulsions (2. Pulsion, cit. 1) et tensions. || La réduction des tensions (→ Refoulement, cit. 3). — Mus., poés. || La dialectique des tensions et des détentes.
4 (De 1. tendre, II.). Didact. Le fait de se diriger vers, de tendre à… || La foi, pure tension vers le royaume à venir (→ Parousie, cit.).
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CONTR. Assouplissement, laxité. — Abandon, détente, distraction, relâche, relâchement.
DÉR. et COMP. Tensionner. Bitension, hypertension, hypotension, sous-tension, surtension. V. Tensio-actif, tensiomètre, tensiométrie.
Encyclopédie Universelle. 2012.