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HAUTE-CONTRE
HAUTE-CONTRE

HAUTE-CONTRE

En musique vocale, la haute-contre est la voix masculine dont la tessiture est plus aiguë que celle de ténor. Il ne s’agit en aucun cas d’une voix de castrat, ni d’une voix de fausset. Il arrive souvent que la voix de femme appelée contralto chante la partie de haute-contre. Jean-Jacques Rousseau dans son Dictionnaire de musique estime que la «haute-contre en voix d’homme n’est point naturelle» et qu’«il faut la forcer pour la porter à ce diapason», que, «quoi qu’on fasse, elle a toujours de l’aigreur, et rarement de la justesse». Une telle opinion est assurément exagérée. Après avoir disparu au XIXe siècle, cette voix retrouva sa place grâce à Alfred Deller (1912-1979) et à son Deller Consort, puis à ses émules (son fils Mark Deller, James Bowman, René Jacobs, Gérard Lesne...). Au XXe siècle, de nombreux compositeurs écrivirent pour elle, au premier rang desquels Benjamin Britten. On emploie aussi pour désigner cette voix le vocable anglais countertenor (contre-ténor), qui dérive du latin contratenor altus . Aux XVIe et XVIIe siècles, cette tessiture eut beaucoup de succès en Angleterre et elle est la principale voix d’homme dans l’opéra français de Lully à Rameau.

haute-contre [ 'otkɔ̃tr ] n. f. et m.
• 1553; haut-contre 1511; de haut et contre; cf. contralto
1 N. f. Voix d'homme aiguë, plus étendue dans le haut que celle de ténor. contre-ténor.
2 N. m. et adj. Chanteur qui a cette voix. Des ténors hautes-contre.

haute-contre
n. MUS
d1./d n. f. Voix masculine, la plus aiguë des voix de ténor.
d2./d n. m. ou f. Celui qui a cette voix. Des hautes-contre.

⇒HAUTE-CONTRE, subst.
MUS., vieilli
A. — Subst. fém.
1. Voix masculine de poitrine et de tête dans le registre aigu, peu fréquente, montant plus haut que la voix de ténor. Synon. ténor léger, contralto; anton. basse, basse-contre. Une voix de haute-contre (Ac. 1835-1935). La voix du tabellion était une haute-contre; il en donnait parfois l'échantillon dans les coins, ou sur la terrasse (BALZAC, Paysans, 1844, p. 276). Aux voix de contralto (...) on substitua à Paris [dans l'Orphée de Glück] les voix criardes de haute-contre (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 114) :
Et qu'il a, l'hérétique, critiqué la distribution du concert planétaire où Saturne et Jupiter seraient la basse; Mars, la taille; Vénus et la Terre, la haute-contre; Mercure, le dessus.
ARNOUX, Rossignol napol., 1937, p. 31.
2. P. méton. Partie de chant que la haute-contre exécute. Chanter la haute-contre (Ac. 1835-1935). Le livret (...) nous avertit que tout ce que dit Dieu le Père (...) est récité ou chanté en trois voix, à cause de la Trinité : à savoir : un haut-dessus, une haute-contre, et une basse-contre, le tout allant d'accord et avec harmonie (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 3, 1862, p. 388).
B. — P. méton. (de A), subst. masc. Chanteur qui a cette voix. La partie supérieure [de l'harmonisation vocale], confiée à des hautes-contre, atteint à de grandes hauteurs (GASTOUÉ, Prim. mus. fr., 1922, p. 88).
Rem. L'usage est hésitant entre le masc. et le fém. (cf. COLIN 1971).
Emploi adj. Chanteur, ténor haute-contre.
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1486 « baryton » (JEAN MICHEL, Le Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, p. 26 : en troys voyx : c'est asçavoir ung hault dessus [ténor], une haulte contre [baryton] et une basse contre [basse] bien accordées), attest. isolée; 2. a) 1553 « partie, voix entre le dessus et le ténor » (cité dans DELB. Rec. ds DG); b) 1671 « chanteur qui a la voix de haute contre » (POMEY). Composé de haut1 et de contre; v. aussi contralto.

haute-contre ['otkɔ̃tʀ] n.
ÉTYM. 1553; haut-contre, déb. XVIe; haulte contre « baryton », 1486; de haut, adj., et contre. → Contralto.
N. f. Mus. anc. Voix masculine aiguë, plus étendue dans le haut que celle de ténor, et exigeant en général une technique vocale particulière. Contre-ténor.
N. m. ou f. (1690, Furetière). Chanteur qui a cette voix. || Des hautes-contre. || Haute-contre chantant en voix de fausset (dit falsettiste).
1 Il vous faudra trois voix : un dessus, une haute-contre, et une basse (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 1.
2 Il existe encore des représentants d'une catégorie de ténors nommés hautes-contre, dont le registre atteint facilement des notes fort aiguës, grâce à une émission vocale faite d'un mélange de voix de poitrine et de tête combinées.
Initiation à la musique, p. 134.
Appos. || Un ténor haute-contre.
CONTR. Basse, basse-contre.

Encyclopédie Universelle. 2012.