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suspense

1. suspense [ syspɑ̃s ] n. f.
• 1312 souspense « suspension de droits »; « indécision, délai, suspens » en a. fr.; de suspendre (I)
Dr. can. Censure ecclésiastique par laquelle un clerc, un prêtre est privé de son bénéfice et parfois aussi de ses pouvoirs. suspens (1o). Interdiction et suspense. suspense 2. suspense [ syspɛns ] n. m.
• v. 1955; mot. angl., du fr. suspens
Anglic. Moment ou passage d'un récit, d'un spectacle de nature à faire naître un sentiment d'attente angoissée; caractère de ce qui est susceptible de provoquer ce sentiment. Film, roman à suspense. « J'insistai pour que Sartre introduisît dans son récit un peu du suspense qui nous plaisait dans les romans policiers » (Beauvoir).
Situation d'attente angoissée, dans la vie courante. « Nous avons vécu un fameux suspense » (J. Cau). suspens (3o).

suspense nom féminin (de suspens) Peine ecclésiastique privant un clerc, pour un temps ou pour toujours, de l'exercice du ministère ou de l'office confié. État d'un ecclésiastique frappé par cette censure. ● suspense (expressions) nom féminin (de suspens) Suspense « a divinis », mesure pénale prise par l'autorité ecclésiale et qui interdit à un clerc l'exercice des ordres sacrés reçus. ● suspense nom masculin (anglais suspense, du français suspens) Moment d'un film, d'une œuvre littéraire où l'action tient le spectateur, l'auditeur ou le lecteur dans l'attente angoissée de ce qui va se produire. Situation ou événement dont on attend la suite avec une inquiétude très vive. ● suspense (difficultés) nom masculin (anglais suspense, du français suspens) Prononciation Mot emprunté à l'anglais, que l'on prononce à l'anglaise, soit entièrement : [&ph103;ɶ&ph103;&ph100;ɛ&ph98;&ph103;], le u se prononçant comme dans seul ; soit partiellement : [&ph103;&ph109;&ph103;&ph100;ɛ&ph98;&ph103;], le u étant prononcé à la française, comme dans suce. La seconde prononciation est plus courante. Dans les deux cas, on fait entendre le n et le s final, comme dans Penns(ylvanie). Sens Suspense = moment d'un spectacle, d'un film, d'une œuvre littéraire, où l'action tient le spectateur ou le lecteur dans l'attente angoissée de ce qui va se produire. Hitchcock est le maître du suspense. Ne pas confondre avec suspense, n.f., terme de droit canon désignant l'interdiction faite à un clerc d'exercer ses fonctions : la suspense et l'interdit sont deux sanctions sévères.

suspense
n. m. (Anglicisme) Dans un film, un roman, etc., passage agencé en vue de tenir l'esprit dans une attente anxieuse. Ménager un suspense.
Par ext. Attente anxieuse.

I.
⇒SUSPENSE1, subst. fém.
A. — DR. CANONIQUE. Mesure par laquelle l'autorité ecclésiastique suspend un prêtre de ses fonctions (ou le prive de l'usage de son bénéfice) pendant un temps plus ou moins long; p. méton., état d'un ecclésiastique suspens. Encourir la suspense. Un prêtre qui dit la messe pendant sa suspense devient irrégulier (Ac. 1798-1878). Monseigneur (...) exigea le retour de l'abbé Lejeune à Source (...) lui enjoignit d'aller vivre en retraite à la maison des missionnaires, à Source, jusqu'à ce qu'il eût été définitivement statué sur son compte, et cela sous peine de suspense ipso facto (BILLY, Introïbo, 1939, p. 87).
Suspense a divinis. Mesure qui frappe un ecclésiastique suspendu a divinis; état d'un ecclésiastique suspendu a divinis. La suspense a divinis qui défend tout acte du pouvoir d'ordre (Lar. encyclop.).
B. — HIST. DU DR. Charte de suspense. [Sous l'Ancien Régime] ,,Charte royale en vertu de laquelle tout procès intenté à une personne qui était absente pour le service ou par les ordres du prince demeurait en surséance jusqu'à son retour`` (BOUILLET 1859).
Prononc. et Orth.:[]. Homogr. suspense2. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1312 souspense « arrêt, interdiction » (Ordonnance de Philippe le Bel ds Ordonnances des rois de France, t. 1, p. 507); 1718 spéc. (Ac.: Suspense Subs. fém. Censure par laquelle un Ecclesiastique est declaré suspens [...] Il signifie l'estat où un Ecclesiastique est mis par cette censure); 2. ca 1465 « interruption, délai » (G. CHASTELLAIN, Chron., VI, 18, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 339). Forme fém. subst. de suspens1, peut-être sur le modèle de mots comme défense, dépense, offense.
II.
⇒SUSPENSE2, subst. masc.
A. — Sentiment d'attente angoissée que peut éprouver un lecteur, un spectateur ou un auditeur parvenu à un moment décisif de l'action et tenu en haleine sur le dénouement de celle-ci; p. méton., procédé dramatique utilisé par un cinéaste ou un auteur pour tenir en haleine le lecteur, le spectateur ou l'auditeur; passage (d'une œuvre littéraire, dramatique ou cinématographique) particulièrement haletant. Aimer, ménager le suspense; effet de suspense. Quel roman policier égale en suspense telle authentique histoire d'espionnage, comme, à Ankara, pendant la dernière guerre, « l'affaire Cicero »? (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 249). On retrouve (dans un film) tous les suspenses qui ont tenu haletants les jeunes lecteurs du roman (Paris-Match, 4 mai 1968 ds GILB. 1980).
Loc. adj. À suspense. [En parlant d'une œuvre littér., dram. ou cin.] Qui tient en haleine le lecteur, le spectateur ou l'auditeur. Film, roman à suspense. Nausicaa, cette princesse à marier, première héroïne d'une love-story [histoire d'amour] à suspense, racontée par l'Edgar Schneider de l'époque, Homère (Le Point, 5 sept. 1977, p. 64, col. 3).
B. — P. ext. Vif sentiment d'appréhension ou d'attente impatiente; p. méton., situation qui provoque ce sentiment. Soudain la cabine [du téléphérique] s'immobilisa (...) Stupeur, silence. Suspense à tout casser (DANINOS, Vacances à tout prix, 1958 ds GILB. 1980).
Prononc. et Orth.:[]. Homogr. suspense1. Selon ROB. 1985 pop. []. Étymol. et Hist. 1. 1951 « situation de tension dramatique créée par un climat d'incertitude qui plonge le lecteur, le spectateur ou l'auditeur d'une œuvre romanesque, dramatique ou cinématographique dans l'appréhension » (Cahiers du cinéma, déc., 56a ds HÖFLER Anglic.); 2. 1956 p. ext. « situation d'appréhension ou d'attente impatiente » (Le Monde, 29 mai, 11b, ibid.). Empr. à l'angl. suspense, lui-même empr., notamment dans la loc. in suspense, au fr. suspens et att. dep. 1440 au sens de « état d'incertitude angoissante, d'appréhension », d'où son empl. en appos. pour qualifier des œuvres caractérisées par de telles situations (1952 suspense novels « romans à suspense » ds NED Suppl.2). Bbg. BLOCHW.-RUNK. 1971, p. 291. — QUEM. DDL t. 7.

1. suspense [syspɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1718; souspense « suspension de droits, de pouvoirs », 1312; « indécision, délai, suspens » en anc. franç., v. 1460; de suspendre (I.). → Dépense, de dépendre.
1 Dr. canon. Censure ecclésiastique par laquelle un clerc, un prêtre est privé de son bénéfice et parfois aussi de ses pouvoirs. Suspens. || Interdiction et suspense.
2 Mar. anc. Cordage auquel est suspendue une charge. Suspente.
HOM. 2. Suspense.
————————
2. suspense [syspɛns]; pop. [syspɑ̃s] n. m.
ÉTYM. 1903, répandu v. 1950; angl. suspense, XVe, empr. au franç. suspens.
Anglicisme.
1 Dans un film, et, par ext., un spectacle ou un récit, Moment ou passage de nature à faire naître un sentiment d'attente angoissée; caractère de ce qui est susceptible de provoquer ce sentiment. Suspens (n. m.). || Film où il y a du suspense ou film à suspense. || Film ennuyeux, sans suspense. || Alfred Hitchcock, le « maître du suspense ».
1 Pourquoi ne dirait-on pas en français suspens, comme en suspens qui existe et donnerait bien l'équivalent de suspense au sens propre d'arrêt, de suspension, d'attente avec une nuance d'inquiétude ?
Émile Henriot, Jules Romains et le Suspens, in le Monde, 6 mars 1957.
2 Et nous acclimatons sur les Champs-Élysées
Doucement l'horreur en salle climatisée
De suspense en suspense et d'image en image
Le meurtre grimaçant imprime son grimage
Aragon, le Roman inachevé, p. 166.
3 J'insistai pour que Sartre introduisît dans son récit un peu du suspense qui nous plaisait dans les romans policiers.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 111.
2 (1956). Dans la vie courante, Situation d'attente angoissée.
4 Nous avons vécu un fameux suspense. Match crèverait-il les yeux du Docteur ? Que déciderait celui-ci ?
J. Cau, la Pitié de Dieu, p. 193.
5 Pour éviter que ses ruminations fussent oiseuses, je créai un suspense : à l'aube, donnerait-il, ne donnerait-il pas le signal d'un nouvel attentat ? Toutes les dimensions du temps se trouvaient rassemblées dans cette veillée funèbre (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 558.
3 Sentiment d'attente.
6 Le principe du suspense, chez ces parleurs, consiste en effet à ne jamais achever une phrase sans avoir entamé la suivante.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 144 (1958).
HOM. 1. Suspense.

Encyclopédie Universelle. 2012.