suborneur, euse [ sybɔrnɶr, øz ] adj. et n.
1 ♦ Vx ou littér. Qui détourne du devoir; qui trompe.
2 ♦ N. m. (1538) Vieilli Celui qui a séduit une jeune fille, une femme. ⇒ séducteur. « S'il peut rester dans l'âme d'un suborneur quelque sentiment d'honneur et d'humanité » (Rousseau). — Mod., plais. Vil suborneur !
● suborneur nom masculin Littéraire. Homme qui séduit une femme, abuse de sa naïveté. ● suborneur, suborneuse adjectif et nom Littéraire. Qui suborne.
⇒SUBORNEUR, -EUSE, adj. et subst.
Littér., vieilli
I. — Adj. et subst. (Personne) qui suborne quelqu'un, qui détourne quelqu'un de son devoir. Synon. corrupteur. Mais enfin, las de voir des prêtres suborneurs À de vils animaux transporter ses honneurs, Dieu se leva, s'arma de son glaive terrible (DELILLE, Paradis perdu, t. 1, 1804, p. 195). Qu'est-ce que ce Jésus suborneur des plus vils d'entre les Juifs, et qui n'est connu que depuis trois cents ans? (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 2, 1831, p. 120).
♦ P. métaph. Paris, ce grand et héroïque suborneur de la révolution (LAMART., Confid., 1849, p. 293).
— En partic., subst. masc.
♦ Celui qui a suborné, séduit une femme, une jeune fille. Synon. séducteur. L'indigne suborneur de ma fille me doit tout, son éducation, sa fortune, et même la vie (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 305). Lepailleur menait un scandale effroyable de la fuite de Thérèse (...) voulant qu'on ramenât la coupable enchaînée avec son suborneur (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 649).
♦ Le suborneur. Le serpent, le démon, celui qui a causé la chute de nos premiers parents. C'était un monde impie, où, grâce au Suborneur, La femme séduisit les Anges du Seigneur (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 266). Notre intelligence est épaisse et commune, notre crédulité sans fin, et le suborneur subtil, avec sa langue dorée... Sur ses lèvres, les mots familiers prennent le sens qu'il lui plaît, et les plus beaux nous égarent mieux (...) L'incomparable raisonneur, dédaigneux de contredire, s'amuse à tirer de ses victimes leur propre sentence de mort (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 307).
II. — Adj. [En parlant d'une chose] Qui suborne, détourne du droit chemin, du devoir. Synon. trompeur. Discours, conseils suborneurs. Ce n'est qu'un voyageur par un guide égaré, Qui dans le droit chemin sera bientôt rentré. (...) Les sentiers suborneurs bientôt sont délaissés; Les faux guides bientôt punis ou repoussés (LAYA, Ami Loix, 1793, I, 1, p. 12). De mes brillants honneurs, Plus ferme j'affrontai les charmes suborneurs (MORÉAS, Iphigénie, 1900, IV, 4, p. 135).
Prononc. et Orth.:[], fém. [ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694, 1718 au masc.). Étymol. et Hist. 1. Subst. a) XVe s.-XVIe s. « trompeur » (P. DESREY, Mer des Chroniques d'apr. DG); b) 1495 « celui qui pousse quelqu'un à une mauvaise action » (A.N. Y 62, f° 65 r° ds GDF. Compl.); c) 1538 « celui qui séduit une femme » (EST., s.v. expugnator); 2. adj. 1636 « qui suborne » (CORNEILLE, Cid, I, 6). Dér. de suborner; suff. -eur2. Fréq. abs. littér.:23.
suborneur, euse [sybɔʀnœʀ, øz] n. et adj.
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I N.
1 Littér. ou vieilli. Personne qui suborne, détourne (qqn) du devoir. ⇒ Corrupteur. || Les suborneurs de la jeunesse. — (1538). Spécialt. N. m. Celui qui suborne, séduit (une jeune fille, une femme). ⇒ Séducteur (→ Incitation, cit. 2). — Mod. (Par plais.). || C'est un vil suborneur. || Suborneur !
1 S'il peut rester dans l'âme d'un suborneur quelque sentiment d'honneur et d'humanité, répondez à ce billet d'une malheureuse dont vous avez corrompu le cœur (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, X.
2 — (…) Enfin ! (…) je le tiens ! Ah ! gredin ! lâche (…) suborneur !
— (…) Plus haut ! sa femme est là !
E. Labiche, le Clou aux maris, 9.
3 Raison de plus. Il ferait beau voir qu'elle sache qu'elle demandait à quelqu'un de l'embrasser. Mais, ah, cela ! monsieur, seriez-vous un hypocrite, un intrigant, un suborneur ? Est-ce que je vais devoir vous apprendre, en vous tirant les oreilles, ce que c'est que l'honneur d'une jeune fille ? Déjà, je vous ai vu, mon gaillard, avec la petite femme de chambre que nous avions ici avant. Ne niez pas ! je vous dis que je vous ai vu.
J. Anouilh, Ardèle ou la Marguerite, p. 175.
2 Dr. Rare. Personne qui s'est rendue coupable de subornation de témoin. || « On l'a condamnée comme suborneuse » (Académie).
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II Adj.
1 (1636). Vx (langue class.). Qui détourne du devoir; qui suborne.
4 Et je pourrai souffrir qu'un amour suborneur
Sous un lâche silence étouffe mon bonheur !
Corneille, le Cid, III, 3.
2 Vx ou littér. Qui trompe.
Encyclopédie Universelle. 2012.