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soutirer

soutirer [ sutire ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1721; de sous- et tirer
1Transvaser doucement (le vin, le cidre) d'un récipient à un autre, de façon à éliminer les dépôts qui doivent rester dans le premier. clarifier.
2(1773) Soutirer qqch. à qqn, obtenir de lui sans violence, mais par des moyens peu délicats, une chose qu'il ne céderait pas spontanément. ⇒ arracher, escroquer, extorquer. Soutirer de l'argent à qqn. « Il ne leur avait soutiré aucune commission » (Romains). « Une intrigue montée pour te soutirer des promesses » (Sand).

soutirer verbe transitif (de sous- et tirer) Transvaser une boisson d'un récipient dans un autre afin d'en éliminer les impuretés. Obtenir quelque chose de quelqu'un par une adroite insistance : Soutirer de l'argent à ses parents. Procéder au soutirage.

soutirer
v. tr.
d1./d Transvaser un liquide, un fluide d'un récipient dans un autre de manière à éliminer les dépôts.
d2./d Fig. Soutirer qqch à qqn, l'obtenir par tromperie, en usant d'artifices. Syn. extorquer.

⇒SOUTIRER, verbe trans.
A. — [L'obj. désigne un liquide] Pratiquer le soutirage.
1. ŒNOL. Transvaser un vin, un cidre d'un récipient à un autre lors de sa fermentation pour le séparer des dépôts et de la lie qui restent au fond du premier; tirer le vin à la base de la cuve à l'aide d'un siphon pour le transvaser après fermentation. Synon. partiels clarifier, décanter. Dans la fermentation haute, à température plus élevée (...), la levure vient surnager à la surface du liquide et on obtient une bière de type du nord, qui est soutirée (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 81). V. baril ex. 2.
Absol. On ne gagne pas à garder son vin. Ça fraye trop. On soutire, on remplit (HAMP, Champagne, 1909, p. 120). V. embouteiller ex. 1, facilité ex. 3.
P. métaph., empl. pronom. réfl. indir. [Jacques] se soutire des pintes de bon sang, et sans rire. Il s'épuise, la gueule ouverte (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 160).
2. P. anal. Extraire un liquide en le faisant couler; séparer un liquide des matières en suspension, des dépôts, en le prélevant à la base du récipient. Quelques sapins, que l'entaille destinée à leur soutirer la résine rendait semblables à des spectres d'arbres assassinés, étalaient leurs plaies rougeâtres sur le bord d'un chemin sablonneux (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 70). On arrête l'arrivée de vapeur et on laisse déposer. La partie claire de la chaudière [le jus de canne] est soutirée et le dépôt du fond est envoyé aux filtres-presses (ROUBERTY, Sucr., 1922, p. 80). V. crémière ex. de Pouriau.
3. PÉTROCHIM. Procéder au soutirage d'un produit pétrolier. Soutirer du gas-oil. On retire les fractions les plus légères, sous forme de vapeur, de la partie supérieure de la colonne. Les autres fractions sont soutirées, à l'état liquide, des divers plateaux au moyen de pompes rotatives (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 82).
B. — P. ext. [L'obj. désigne un fluide, en partic. l'énergie électrique] Extraire, prélever jusqu'à épuisement. Là vient aboutir le fil du paratonnerre qui, partant de la pointe de la prodigieuse flèche, soutire et précipite en bas des torrents de fluide électrique (MICHELET, Journal, 1842, p. 420). [Dans un résonateur radioélectrique à quartz] le cristal vibrant énergiquement soutire de l'énergie électrique au circuit oscillant (J. MERCIER, Radio-électr., t. 1, 1937, p. 303).
P. métaph. ou au fig. Ce milieu me soutire mon entrain, ma verve, mon électricité (AMIEL, Journal, 1866, p. 536). Il la pompait et la dégorgeait dans son roman. Elle était loin et elle se croyait à l'abri. Mais de loin il lui soutirait ses fluides et la dépersonnalisait, par son art, comme elle lui avait soutiré ses fluides et l'avait dépersonnalisé, par la puissance d'ennui qui émanait d'elle (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1365).
C. — Au fig. Soutirer qqc. à/de qqn. Obtenir de quelqu'un par insistance, par des pressions ou des moyens détournés (chantage, ruse, séduction) ce qu'il n'aurait pas accordé facilement de son plein gré. Synon. extorquer. Soutirer de l'argent, des informations, des promesses à qqn. Ces ateliers d'essais, où l'on ne fit jamais d'autre expérience que celle de soutirer du prince de gros appointements (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 95). Armand se refusait à y croire, mais il avait des doutes, il essaya de soutirer la vérité à sa mère sans y parvenir (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 59).
Prononc. et Orth.: [], (il) soutire [-]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1721 « transvaser du vin, etc. d'un tonneau dans un autre, de manière que la lie reste dans le premier » (Nouv. maison rustique t. 2, p. 419); 2. 1773 « tirer adroitement quelque chose de quelqu'un » (BEAUMARCHAIS, Mém. s. aff. Goëzman, p. 27 ds ROB.). Dér. de tirer; préf. sous-. 2 en raison de la valeur expr. du mot, plus que comme fig. du précédent. Fréq. abs. littér.:105.
DÉR. Soutireuse, subst. fém., technol. Machine permettant de transvaser une boisson (alcoolisée ou non, gazeuse ou non) d'une cuve aux récipients dans lesquels elle est commercialisée (boîtes, bouteilles, tonnelets). Soutireuse automatique. Actuellement, lavage et soutirage s'effectuent mécaniquement; une soutireuse de 16 à 40 becs remplit ainsi de 1500 à 8000 bouteilles à l'heure (Industr. fr. brass., 1955, p. 9). V. soutirage ex. de Boullanger. — []. — 1re attest. 1934 (BOULLANGER, Malt., brass., p. 525); de soutirer, suff. -euse (-eur2), cf. anciennement soutireur (1880 d'apr. ROB. 1985).
BBG. — GOHIN 1903, p. 350.

soutirer [sutiʀe] v. tr.
ÉTYM. 1723; soustirer « tirer un peu », XIIe; de sous, et tirer.
———
I
1 Transvaser doucement (le vin, le cidre…) d'un récipient à un autre de façon à éliminer les lies et dépôts qui doivent rester dans le premier. Clarifier, élier.
2 (XXe). Techn. Prélever une partie (d'un distillat, d'un fluide sous pression).
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II (1773, Beaumarchais; en raison de la valeur expressive du mot, plus que comme figuré). || Soutirer qqch. à qqn : obtenir de lui sans violence, mais par des moyens peu délicats (ruse, pression, etc.), une chose qu'il ne céderait pas spontanément. Arracher, escroquer, extorquer. || Soutirer à qqn de l'argent, une commission (cit. 4), une compensation (cit. 2). → aussi Pourvoyeur, cit. 2.
1 On envoie chercher le libraire et sa femme; on commence par leur soutirer la minute de la fausse déclaration, parce qu'elle est de la main de ce magistrat; on leur reproche ensuite aigrement leur inconstance.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 27.
2 (…) j'ai tout lieu de craindre qu'il n'y ait là une intrigue montée pour te soutirer des promesses et te causer de la honte et de l'embarras (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXVIII.
DÉR. (Du I.) Soutirage, soutireur, soutireuse.

Encyclopédie Universelle. 2012.