simulacre [ simylakr ] n. m.
• fin XIIe; lat. simulacrum
1 ♦ Vx Image, idole.
2 ♦ (1552) Littér. Apparence sensible qui se donne pour une réalité. ⇒ fantôme, illusion, semblant. Un simulacre de procès. ⇒ parodie. « Ce combat n'est plus que comme un simulacre de bataille » (A. Gide).
3 ♦ Objet qui en imite un autre. Des « simulacres d'œufs en toutes sortes de matières sucrées » (Butor).
● simulacre nom masculin (latin simulacrum, représentation figurée) Ce qui n'a que l'apparence de ce qu'il prétend être : On nous propose un simulacre de concertation. ● simulacre (synonymes) nom masculin (latin simulacrum, représentation figurée) Ce qui n'a que l'apparence de ce qu'il prétend être
Synonymes :
- copie
- représentation
- semblant
simulacre
n. m.
d1./d Apparence qui se donne pour une réalité.
— Spécial. Illusion, apparence dérisoire. Un simulacre de justice.
d2./d Objet qui imite un autre objet.
d3./d Action simulée. Un simulacre de combat.
⇒SIMULACRE, subst. masc.
A. — 1. Image ou représentation figurée d'une chose concrète. On avait dressé les panoplies gothiques (...) sur des simulacres de chevaux caparaçonnés (HUGO, Choses vues, 1885, p. 136). Il fut un temps que le simulacre d'un homme ou d'un animal, quoiqu'on l'eût vu sortir des mains de l'ouvrier, était considéré (...) à l'égal des vivants (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 155).
2. En partic., vieilli ou littér., gén. au plur. Représentation d'une divinité, statue. Adorer, briser les simulacres. Garde toi (...) d'adorer de vaines idoles. Ne demande pas à des simulacres de marbre les paroles d'espérance (...) Il n'y a qu'un Dieu (FRANCE, Balth., Lacta acilia, 1889, p. 107). Il avait dénaturé les attributs des simulacres divins (...) il avait mis la figure de Périclès sur le bouclier d'Athéna (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 69).
3. Vx ou poét. Apparition, fantôme, vision sans réalité. De vains simulacres. Les simulacres noirs flottant sous les ramées Des bois insidieux (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 559).
B. — Apparence qui se donne pour une réalité.
1. Objet factice qui en imite un autre. Les serviettes étaient pliées sur les assiettes en forme d'oiseau et ces blancs simulacres me charmèrent comme si les colombes d'Aphrodite eussent déjà volé dans mes rêves (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 368).
2. Simulacre de. Action par laquelle on feint d'exécuter quelque chose. Simulacre de défense. Son père (...) citait le cas d'un simulacre d'exécution (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1241). Le simulacre d'enfoncer une alliance... (Traduisez: « madame »). Trois ou quatre crochets de l'index droit... (Traduisez: « vous demande ») (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 93).
— Loc. verb. Faire le simulacre de. Faire semblant de, feindre d'exécuter quelque chose. Synon. simuler. Faire le simulacre de dormir, d'écrire. Ce qu'il y a de plus propre en moi, c'est justement cette loyauté dans le doute... C'est d'attacher une si grande importance à tout acte de foi, que je ne peux plus en faire le simulacre par complaisance (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 270). Il fit le simulacre d'enfoncer son chapeau (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 237).
3. Ce qui est exécuté pour faire semblant, sans conviction. J'effectuais une fois de plus les deux ou trois menus simulacres professionnels qu'on attendait (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 345).
♦ Loc. adv. En simulacre. Pour faire semblant, sans conviction. Ces fins lutteurs qui semblent lutter en simulacre parce qu'ils jugent la prise et ne l'essaient point témérairement (ALAIN, Propos, 1936, p. 498).
— En partic. Fausse apparence, illusion. Synon. fantôme, faux-semblant. Un simulacre de gouvernement, de jugement, de paix, de pouvoir. Un simulacre de guerre imaginé par un chef gâteux qui ne peut plus se passer de son petit secteur (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 225). C'était cela, cette défense? Cette comédie grotesque et sinistre? (...) Il n'acceptait pas qu'un tel simulacre de justice ne fût pas une farce (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 94).
Prononc. et Orth.:[]. MARTINET-WALTER 1973 [-], [-]. LITTRÉ: ,,Au XVIIe siècle l'a était long``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 simulachre « statue, représentation » (Rois, éd. E. R. Curtius, III, XIV, 13, p. 152); mil. XIIIe s. simulacre (St Jacques le Majeur, 51 ds T.-L.); b) 1674 « apparition, fantôme, vision » (LA FONTAINE, Daphné, act. IV, sc. 2, 628 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 7, p. 229); 2. a) 1552 « ce qui, ayant l'apparence d'une chose qu'il n'est pas, en tient lieu » sans santé ... la vie n'est que simulachre de mort (RABELAIS, Quart Livre, Prologue, éd. R. Marichal, p. 15, ligne 79); b) 1660 « semblant, apparence, vaine représentation d'une chose » un vain simulacre de la pieté chrétienne (BOSS., Panég. St André, 3 ds LITTRÉ); c) av. 1778 « action par laquelle on feint d'exécuter quelque chose » le simulacre d'un grand combat naval (VOLT.[AIRE] ds Lar. 19e); d) 1834 « ce qui est exécuté sans conviction, pour faire semblant » (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, p. 37). Empr. au lat. class. simulacrum « représentation figurée de quelque chose » d'où « image, portrait, statue »; « fantôme, ombre »; « apparence », dér. de simulare, v. simuler. Fréq. abs. littér.: 267. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 294, b) 293; XXe s.: a) 537, b) 404.
simulacre [simylakʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1170; lat. simulacrum « représentation, image », de simulare « simuler ».
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1 Vx. Image, représentation figurée (→ Momie, cit. 2). — Statue, idole païenne. || Adorer, briser les simulacres. — REM. Le mot, qualifié de vieux par Furetière, Trévoux (1740, 1771) est encore employé aux XVIIIe et XIXe siècles.
1 Chère amie, ouvrez-moi votre maison sans crainte; elle est pour moi le temple de la vertu; partout j'y vois son simulacre auguste, et ne puis servir qu'elle auprès de vous.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, VII.
♦ Par métaphore, vieilli et poét. Image, évocation au moyen d'images.
2 N'importunons point la mythologie; n'ennuyons point les apparences; ayons un profond respect pour les simulacres.
Hugo, l'Homme qui rit, II, III, IX.
2 (1552). Littér. Apparence sensible qui se donne pour une réalité. ⇒ Fantôme (fig.). → Image, cit. 52; objet, cit. 3. — Spécialt. Fausse apparence, illusion. ⇒ Mensonge (infra cit. 14), ombre (supra cit. 45). || Le bonheur est un simulacre. || Le simulacre d'une charge supposée (→ Marquis, cit. 1), un simulacre d'autonomie (→ Réserve, cit. 18). ⇒ Semblant.
3 (…) ce combat n'est plus que comme un simulacre de bataille; la défaite est déjà consommée en son cœur.
Gide, Saül, V, 1.
4 (…) alors que toutes les vitrines des confiseurs se garnissaient de simulacres d'œufs en toutes sortes de matières sucrées, en prévision de ce dimanche de Pâques (…)
Michel Butor, l'Emploi du temps, p. 243.
4.1 Quel sens prêter à cela : un homme forme de cire et de couleurs le simulacre d'une femme, la pare de toutes les ressemblances, l'oblige à vivre (…)
Yves Bonnefoy, l'Anti-Platon, Poèmes p. 13.
4.2 Un simulacre peut être copie exacte, ou schème abstrait et déjà conventionnel. L'image qu'il rend actuelle peut être simple reviviscence, ou rappel, évocation, invocation du fait fixé en elle. Le simulacre est souvent devenu rite, c'est-à-dire intention de susciter réellement l'événement représenté.
Henri Wallon, l'Évolution psychologique de l'enfant, p. 153.
b (Mil. XVIIIe). Action simulée. || Faire le simulacre de… ⇒ Feindre; frime, simulation. || Habile simulacre. ⇒ Imitation.
5 Il se prit la tête à deux mains et fit le futile simulacre de se la vouloir arracher.
R. Queneau, Zazie dans le métro, II.
Encyclopédie Universelle. 2012.