semblant [ sɑ̃blɑ̃ ] n. m.
• 1080; de sembler
1 ♦ Vx Apparence (opposé à réel). « Voilà donc la pensée qu'ils nous cachent sous tant de beaux semblants » (Gautier ). — Mod. et littér. ⇒ faux-semblant.
♢ Un semblant de... : qqch. qui n'a que l'apparence de..., qui n'est pas réellement (ce qu'on le nomme). ⇒ manière, simulacre. Un semblant de vérité. « Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur » (Musset). « Un semblant de jardinet longeait le mur » (Duhamel).
2 ♦ Cour. Loc. verb. FAIRE SEMBLANT DE (et inf.) :se donner l'apparence de, faire comme si. ⇒ feindre. « Il croyait que j'avais fait semblant d'oublier » (F. Mauriac). « Il faisait semblant de dormir, fermait à demi les yeux » (Tournier). Ellipt Il ne dort pas, il fait semblant. — (Ne) faire semblant de rien : feindre l'ignorance ou l'indifférence.
● semblant nom masculin (de sembler) Une apparence, un petit peu de quelque chose : Il y a un semblant de vérité dans cette histoire. ● semblant (difficultés) nom masculin (de sembler) Construction 1. Faire semblant de (+ infinitif) est la construction courante : ils font semblant de dormir ; il fait semblant d'être fâché. 2. Faire semblant que (+ indicatif), courant à l'époque classique, est aujourd'hui sorti de l'usage : « Profitons de la leçon, si nous pouvons, sans faire semblant qu'on parle à nous »(Molière). Emploi Ne faire semblant de rien (= feindre l'ignorance ou l'indifférence) s'emploie avec ne dans l'expression soignée : c'est un garçon qui ne fait semblant de rien, mais qui observe tout. L'omission de ne est habituelle dans la langue parlée : elle est revenue après trois jours, en faisant semblant de rien. - Sans faire semblant de rien (= en ne faisant semblant de rien) : elle est revenue sans faire semblant de rien. ● semblant (expressions) nom masculin (de sembler) Faire semblant de, feindre, simuler : Faire semblant de dormir. Ne faire semblant de rien, feindre l'indifférence, l'ignorance ou l'inattention. ● semblant (synonymes) nom masculin (de sembler) Une apparence, un petit peu de quelque chose
Synonymes :
- façade
- masque
- teinte
- vernis
Faire semblant de
Synonymes :
- affecter de
- simuler
semblant
n. m.
d1./d Apparence. Un semblant de vérité.
— Un faux-semblant: une apparence trompeuse.
d2./d Loc. Faire semblant de: feindre de.
— Ellipt. Il fait semblant.
— Ne faire semblant de rien: feindre l'indifférence.
⇒SEMBLANT, subst. masc.
A. — Au sing. Apparence extérieure.
1. Rare. [Hors loc.] Observe-t-on que (...) le peintre a donné à cet espace si étonnamment suggéré, une forme exactement cubique qui s'emboîte dans le quadrilatère du cadre et le multiplie dans la profondeur? Ce volume imaginaire, si on le dépouille de son semblant, n'est plus qu'une rêverie rigoureuse de géomètre (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 79).
2. Locutions
a) [Avec faire]
) Faire beau semblant (vieilli). Se présenter sous une belle apparence. Quoique Gilles fasse bonne contenance et beau semblant, cependant il n'oublie jamais que la patte qu'il tient a de terribles griffes (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 19).
) Faire le semblant (+ compl.) (vieilli). Prendre l'apparence de, donner l'impression de.
— [Suivi de de + subst. ou pron. de rappel] Je veux ménager les patriotes, et même tous ceux qui en font le semblant (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 229). Ce qu'on peut souhaiter, c'est un poète qui supplante et élimine le metteur en scène, qui reprenne en main tout le métier. Non pas un homme de métier (...) qui fasse le semblant du poète (Arts et litt., 1936, p. 64-5).
— [Suivi de de + inf.] Les gens à côté d'elle, qui ne faisaient pas le semblant de la mépriser (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 199).
— [P. ell. du compl.] Antoine et Frédéric apprenaient leurs leçons ou faisaient le semblant (AYMÉ, Jument, 1933, p. 116).
) Faire semblant (+ compl.) (usuel). [Le suj. désigne gén. un animé] Donner l'impression de, feindre.
— [Suivi de de + pron. indéf. ou pron. de rappel] L'horreur du militaire pour tout ce qui pense ou qui en fait semblant (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 72). Notre temps si totalement journaliste ignore le sentir comme le raisonner, et, en général, se passe de toute profondeur. Il fait semblant de tout (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 61).
♦ Ne faire semblant de rien (vieilli). Feindre d'être indifférent, de ne pas savoir ou de ne pas entendre quelque chose. Quand on devenait obscène et grossier, quand mon pauvre frère lui-même (...) devenait brutal et méchant, je me faisais sourde, et, dès que je le pouvais, je rentrais, sans faire semblant de rien, dans ma petite chambre (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 52):
• 1. Denise, qui était dans le fond de la maison à donner le sein à sa petite, avait tout entendu aussi; elle ne fit semblant de rien, mais ça lui tourna son lait tellement que nous fûmes obligés de faire nourrir la petite par une de nos chèvres.
LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 39.
— [Suivi de de + inf.] Je faisais semblant d'écrire, pour le tromper, car il m'épiait lui aussi (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1120). Dis-moi que tu seras jalouse quand je ferai semblant d'aimer Elsa (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 108).
[Le suj. désigne un inanimé] Des gens ont bu; l'endroit fait semblant d'être gai (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 217).
— [P. ell. du compl.] Hélène a dormi ou fait semblant. Je ne sais pourquoi je me crus bêtement obligé de faire mine d'adorateur pendant ce temps (DELACROIX, Journal, 1824, p. 81):
• 2. La Rhénanie réoccupée (...). On m'a demandé de dire quelque chose à la radio à propos de Minuit. Comme si à l'heure actuelle cela avait la moindre importance! Mais il faut continuer de « faire semblant »...
GREEN, Journal, 1936, p. 54.
— [Suivi de que + ind.] Lorsque Antoine trouve une pièce bien, ça le gêne qu'on soit trop de son avis. Il fait semblant que ça le gêne (RENARD, Journal, 1905, p. 1005). Je la trouvai causant avec lui sur le « carré » de l'escalier de service, dont la porte était ouverte, procédé qui avait l'avantage de permettre, si l'un de nous arrivait, de faire semblant qu'on allait se quitter (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 330).
b) Donner à qqn/qqc. le semblant de + subst. (rare, vieilli). Faire en sorte que quelqu'un ou quelque chose semble avoir telle ou telle caractéristique. À force de travail et d'émotion, il [Rousseau] a assoupli son organe et a su donner à ce style savant et difficile la mollesse et le semblant d'un premier jet (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1850, p. 85). Ne pouvant parler, parfois elle ne pouvait résister à se donner le semblant de la parole, à construire avec des lèvres et une langue aphones des phrases qu'elle ne s'entendait pas, mais se sentait dire (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 216).
c) Sous le semblant de + compl. (vieilli). Sous l'apparence ou le prétexte de
♦ + subst. [La cabaretière] augurait-elle bien de l'avenir d'un individu [désargenté], sous le semblant de l'amitié, elle lâchait le verre de consolation (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 180). [Les seigneurs qui avaient battu le duc de Valentinois] se laissèrent conduire, sous le semblant d'une hospitalité élégante, dans un palais que le duc habitait (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 179).
♦ + inf. Il était nécessaire que l'armée florentine s'avançât, aussi forte que possible, jusqu'aux bords de l'Arbia, sous le semblant de porter secours aux guelfes de Montalcino (FRANCE, Clio, 1900, p. 118).
B. — Au sing. ou au plur.
1. Gén. vieilli ou littér. [Avec ou sans compl.] Caractère extérieur apparent, manifestation apparente.
a) [Hors loc. subst.]
) [Renvoie à des caractères physiques] La partie inférieure de son visage lui donnait tous les semblants de la jeunesse par la tranquillité des lignes et par la mollesse des contours (BALZAC, Gambara, 1837, p. 50). Ce Xerxès vêtu de fumée Garde encor d'orgueilleux semblants Quand il est devant ses armées: Mais ses cheveux deviennent blancs (ROSTAND, Vol Marseill., 1918, p. 139).
) [Renvoie à un comportement, à un fait] Comportement, état, fait qui n'est qu'apparent, feint. Mme Debée, qui ne voulait pas marier sa fille, malgré tous ses semblants (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 219). Tout le monde donnait, tout le monde recevait, et, semblait-il, avec une équivalence parfaite. Ce semblant suffisait pour éloigner l'idée fâcheuse de vainqueurs et de vaincus ou de gagnants et d'évincés (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 96).
[Avec compl. subst. limitant le domaine de comportement] Les semblants de l'amour ne sont-ils pas devenus, pour presque tous, préférables à l'amour même? (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 341).
♦ Sous les/des semblants de + subst. [Mme Krüdner] va (...) laisser échapper son orgueil, son ivresse de sainte, sous les semblants de l'humilité (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 3, 1849, p. 306). Sous des semblants de réussite le garçon est un déveinard (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 204).
) [Gén. avec compl. subst.] Ce qui constitue une imitation de quelque chose, ce qui a l'apparence de quelque chose.
♦ [Objet] Ni la perception extérieure, ni les autres prises de connaissance ne sont des actions simples qui s'appliquent et se terminent à des objets différents d'elles-mêmes. Ce sont des simulacres, des fantômes ou semblants de ces objets (TAINE, Intellig., t. 2, 1870, p. 14). Un jour, quelqu'un nomma Chlodomir Desneux à un romancier célèbre (...). Ce Mérovingien est une créature de Dulaurier (...) qui (...) l'instruisit à devenir le semblant de quelque chose (BLOY, Désesp., 1886, p. 272).
[Sans compl.] Est-ce que, par convenance pour votre femme, vous ne pourriez pas remplacer cela [le modèle] par un semblant, un cartonnage (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 169).
♦ [Fait, état] Et dans cette glaçante bouffonnerie et dans toutes les autres, l'habit noir râpé, la toute récente livrée du clown anglais, apporte quelque chose de mortuairement funambulesque, un semblant macabre de la goguette d'agiles croquemorts (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 125). [Le christianisme] n'est qu'un semblant de la vie, une image grossière, une étrange combinaison d'infini déraisonnable et de vie assez malade (PÉGUY, Grippe II, 1900, p. 29).
Rare. [Avec de + inf.] La mauvaise humeur que lui causa ma demande de me présenter au prince détermina chez elle un silence, qu'elle eut la naïveté de croire un semblant de n'avoir pas entendu ce que j'avais dit (PROUST, Sodome, 1922, p. 652).
) [Sans compl., avec art. déf., au sing. à valeur gén.] Tout ce qui a l'apparence d'une réalité sans l'être, l'artificiel, l'imitation. Vivre de sa plume, n'est-ce pas créer? créer aujourd'hui, demain, toujours... ou avoir l'air de créer; or, le semblant coûte aussi cher que le réel! (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 181). Mais les intellectuels français (...) vécurent cloîtrés à l'intérieur d'un ancien couvent (...). Un lieu idéal pour déployer des variations fabuleuses, rhétoriques ou incantatoires sur un thème où s'entendent les harmoniques du désarroi contemporain: le semblant (Le Nouvel Observateur, 9 févr. 1981, p. 72, col. 1).
b) Loc. subst. Caractéristique extérieure ou manifestation apparente généralement séduisante, mais trompeuse.
) Beau semblant (vieilli). Prouver qu'avec de beaux semblants d'honnêteté, l'on pouvait rendre intéressant un vice qui n'est que trop séduisant par lui-même (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 331). Le maréchal [de Matignon], coupant court aux beaux semblants [du baron de Vaillac], lui dit que s'il n'obéissait sur l'heure (...) il le ferait pendre haut et court à la vue du château même (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 255).
) Faux(-)semblant
— [Sans compl.] L'incapacité des gens du monde à porter un jugement valable sur les choses de l'esprit et leur propension à s'attacher dans cet ordre à de faux-semblants (PROUST, Fugit., 1922, p. 607):
• 3. Mais son vol n'est qu'un faux semblant:
Sa sérénade n'est pas vraie.
L'Espérance est un merle blanc
Dont nous sommes la triste haie.
ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 41.
— [Avec compl. subst.]
♦ [désignant la pers. caractérisée par ce comportement] La poésie (...) rend au temps qui ronge ce qu'une hébétude vaniteuse lui arrache, dissipe les faux semblants d'un monde rangé (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 224).
♦ [spécifiant le domaine ou désignant ce qui est imité] Ils savaient bien qu'ils tenaient l'Infidélité même dans leurs bras (...); elle ne les trompait pas par un faux semblant de constance; elle ne se condamnait pas à les suivre,lassée de leur tendresse ou de la sienne (CHATEAUBR., Litt. angl., t. 2, 1836, p. 314). Le mal qu'est en elles [les choses illusoirement connues] le temps, qui les domine de haut, les brise, les nie, est l'inconnaissable même qui, à chaque succession d'instant, s'ouvre en elles, comme il s'ouvre en nous qui le vivrions si nous ne nous efforcions de le fuir en de faux semblants de connaissance (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 211).
[Objet] Ces deux mots ont pour effet magique de donner tout à coup à cette petite ville d'Islam un faux semblant de garnison française (THARAUD, Passant Éthiopie, 1936, p. 200).
2. Un semblant de + subst. sing. sans art./des semblants de + subst. plur. sans art. Quelque chose qui ressemble à (ce que désigne le compl.). Cette légère teinte de corruption répandue sur des sentiments parfaitement candides me donna comme un semblant d'effronterie (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 95). Sauvegarder, malgré tous les obstacles, avec ceux mêmes qui leur sont le plus proches, quelques pauvres semblants de rapports (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 43).
♦ [Plus rare à propos d'êtres ou d'objets] Du Tillet alla se mettre au jeu, où Claparon était déjà par son ordre: il avait pensé que, sous le garde-vue d'un flambeau de bouillotte, son semblant de banquier échapperait à tout examen (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 214). Tout juste issus de la nature si vigoureuse et si proche, ils n'étaient vêtus que d'un semblant de brève culotte kaki (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 189).
— [Parfois] Un semblant de + subst. plur. sans art. Vous me supposiez un domicile conjecturable, un semblant de subsides intermittents (BLOY, Désesp., 1886, p. 12). Je savais, par des caresses nouvelles et plus aiguës, ranimer pour un instant ses membres brisés, leur redonner un semblant de forces (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 144).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. « par beaucoup de signes, d'apparences, de preuves » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 450); 2. ca 1100 « traits physiques » (Roland, éd. J. Bédier, 270); 1636 un semblant de « ce qui n'a que l'apparence de » (MONET); 3. ca 1145 faire semblant de « faire voir, laisser apparaître » (WACE, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 962); 1160-74 faire semblant de « feindre de » (ID., Rou, éd. A. J. Holden, II, 162); 4. 1471-77 sans faire semblan de riens « en prenant un air indifférent pour tromper » (Perceforest, éd. G. Roussineau, t. 3, 48/105). Part. prés. subst. de sembler. Fréq. abs. littér.:1 395. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 171, b) 1 873; XXe s.: a) 2 219, b) 2 595. Bbg. RENSON (J.). Les Dénom. du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp. 436-441.
semblant [sɑ̃blɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1080; en anc. franç. « ressemblance; apparence extérieure, mine, manière d'être; avis, pensée »; de sembler.
❖
1 Vx. Apparence (opposé au réel). || La pensée qu'ils nous cachent (cit. 22) sous tant de beaux semblants (→ aussi Feindre, cit. 6; hypocrite, cit. 24). || « Et votre cœur, paré de beaux semblants d'amour… » (→ Promettre, cit. 18, Molière). || « Discerner (cit. 4) le mal qui se cache sous un tel semblant de bien ». ⇒ Manteau. — Mod. || Faux-semblant : apparence trompeuse. — Absolt. || Le semblant coûte aussi cher que le réel (→ Plume, cit. 19).
1 Les mensonges que j'étais sans cesse obligée de faire, mon imagination les colora bientôt des semblants d'un silence qu'il convenait de garder sur une nécessité inéluctable.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 148.
♦ (1636). || Un semblant de… : quelque chose qui n'a que l'apparence de… (se dit en parlant de ce qui n'est pas réellement ce qu'on le nomme). ⇒ Manière, simulacre. || Donner à qqn un semblant de satisfaction. || Un semblant de renommée (→ Coterie, cit. 2), de triomphe (→ Parcelle, cit. 4). — Fam. (en parlant de choses concrètes). || Un semblant de vieille vinasse (→ Mélanger, cit. 2).
2 Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre,
Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de mai ».
3 On nous marie, vous savez de quelle manière (…) Et pourtant ce semblant de ménage à l'européenne (…) représente déjà un progrès qui nous flatte.
Loti, les Désenchantées, II, VII.
4 Un semblant de jardinet longeait le mur (…)
G. Duhamel, Salavin, VI, IV.
2 ☑ (V. 1155). Loc. verb. (cour.). Faire semblant (« montrer, laisser voir », en anc. franç.). || Faire semblant de… : se donner l'apparence de…, faire comme si… ⇒ Affecter, feindre. || Faire semblant de rire (→ Amuser, cit. 16), d'y croire (→ Pactiser, cit. 1), de comprendre (cit. 13)…, de ne pas prendre garde (cit. 41)… Ellipt. || Il ne dort pas, il fait semblant. — (Avec déplacement de la négation). || « Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir » (La Bruyère, IX, 50). || « Je ne fis pas semblant de m'en apercevoir » (Lesage, Gil Blas, XI, VII).
5 Eh quoi ! tu fais semblant de ne me pas connaître ?
Corneille, Mélite, III, 4.
6 Il fait semblant d'écrire en chiffre, à peu près comme un acteur fait semblant de manger ou de boire; et peut-être le fait-il pour se donner la sensation d'être de connivence avec soi-même (…)
Valéry, Variété, Études littéraires, t. I, Pl., p. 568.
7 Son mari, lui, resta muet; mais il me regarda d'un air dur; il croyait que j'avais fait semblant d'oublier.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XVIII.
♦ Vx. Avoir l'air de… — REM. Littré, qui ne signale que ce sens, cite pourtant des textes où l'expression a le sens de « feindre », sens qui est aujourd'hui le seul vivant.
♦ Vx. || Ne faire aucun semblant de rien. — ☑ Mod. Ne faire semblant de rien : feindre l'ignorance ou l'indifférence, s'abstenir de toute réaction afin de dissimuler ses projets (→ Mine de rien).
8 — Quoi ? vous laisser battre de la sorte ! — Mon Dieu, je n'ai pas voulu faire semblant de rien; car je suis violent, et je me serais emporté.
Molière, les Précieuses ridicules, 14.
9 (…) il se donnait des peines infinies pour m'apprendre, sans faire semblant de rien, qu'il avait des chevaux (…)
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 260.
Encyclopédie Universelle. 2012.