serve → serf
● serf, serve adjectif (latin servus, esclave) Relatif à l'état des serfs : Des hommes de condition serve. Littéraire. Qui fait preuve d'une soumission complète à l'égard d'autrui. ● serf, serve (homonymes) adjectif (latin servus, esclave) cerf nom masculin serre nom féminin serre forme conjuguée du verbe serrer serrent forme conjuguée du verbe serrer serres forme conjuguée du verbe serrer sers forme conjuguée du verbe servir sert forme conjuguée du verbe servir serve serve forme conjuguée du verbe servir servent forme conjuguée du verbe servir serves forme conjuguée du verbe servir ● serf, serve (synonymes) adjectif (latin servus, esclave) Relatif à l'état des serfs
Synonymes :
- esclave
- servile
Littéraire. Qui fait preuve d'une soumission complète à l'égard d'autrui.
Synonymes :
- obséquieux
- plat
- rampant
● serf, serve
nom et adjectif
Dans la société féodale, personne attachée à une terre et dépendant d'un seigneur.
● serf, serve (difficultés)
nom et adjectif
Prononciation
Serf. Le masculin se prononce [&ph103;ɛʀ&ph90;], en faisant entendre le f, ou [&ph103;ɛʀ], comme (il) serre. Les deux prononciations sont correctes, mais celle avec f permet d'éviter l'homonymie avec cerf (= animal).
● serf, serve (homonymes)
nom et adjectif
cerf
nom masculin
serre
nom féminin
serre
forme conjuguée du verbe serrer
serrent
forme conjuguée du verbe serrer
serres
forme conjuguée du verbe serrer
sers
forme conjuguée du verbe servir
sert
forme conjuguée du verbe servir
serf, serve
n. FEOD Personne attachée à une terre et vivant dans la dépendance d'un seigneur.
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serve
n. f. V. serf.
⇒SERF, SERVE, subst. et adj.
I. — Substantif
A. — HIST. DU MOY. ÂGE. Personne attachée à une terre, dont les biens et le travail appartiennent au propriétaire de cette terre (seigneur, roi, communauté religieuse) envers qui elle a des obligations. Il y a quelque analogie entre le client des époques antiques et le serf du moyen âge. (...) pour le client et pour le serf la subordination est la même; l'un est lié à son patron comme l'autre l'est à son seigneur; le client ne peut pas plus quitter la gens que le serf la glèbe (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 333):
• Quand l'esclavage fut amendé en servage, il y eut complication de la propriété. Les rapports du maître à l'esclave étaient d'une simplicité brutale. Puis au Moyen-Âge, lorsque le serf a une famille, un patrimoine, le maître n'en dispose plus aussi aisément. La propriété individuelle du maître sur le serf est moins aisée à définir, moins simple que la propriété individuelle du maître sur l'esclave.
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 155.
— Empl. adj. [Charlotte] avait souffert cruellement de la conduite du tsarévitch, qui vivait alors publiquement avec une fille serve, d'origine finnoise (MÉRIMÉE, Hist. règne Pierre le Gd ds Journal des Savants, 1864, p. 545).
— P. métaph. L'ouvrier est un serf de la féodalité industrielle! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 490).
B. — P. ext.
1. Personne qui dépend économiquement de quelqu'un ou de quelque chose pour vivre. Le paysan, devenant le serf de l'usurier, ne serait pas misérable seulement, il baisserait de cœur (MICHELET, Peuple, 1846, p. 64). Ces patrons (...) doivent amener avec eux cinquante personnes, au moins; ceux qui composent leur suite ne sont pas libres: ce sont des serfs, des vassaux de la compagnie; ils se groupent autour de leur chef (MORAND, New-York, 1930, p. 11).
2. Personne soumise, qui a abandonné toute velléité d'indépendance. Le pauvre fou Jacques Féray, objet de sa pitié, subit son ascendant, se voue à elle et devient son serf et sa chose (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 27). C'était toute une armée, ce troupeau de femmes, affaiblies par une éducation déprimante, terrorisées par la peur de l'enfer, devenues des serves sous la haine et la dureté du prêtre (ZOLA, Vérité, 1902, p. 288).
C. — P. anal. ou au fig. [Avec un compl. prép. exprimé ou s.-ent.] Ce, celui, celle qui est asservi(e) à quelque chose ou à quelqu'un. La prière, ou, pour mieux dire, la spéculation rationnelle, est le but du monde; le travail matériel est le serf du travail spirituel. Tout doit aider celui qui prie, c'est-à-dire qui pense (RENAN, Drames philos., Eau Jouvence, 1881, IV, 1, p. 489). Philologues historiens, serfs de l'écrit, et professeurs de langues vivantes (Arts et litt., 1935, p. 50-4).
II. — Adjectif
A. — [Corresp. à supra I A] Qui appartient au(x) serf(s), qui est relatif au servage. Condition, terre serve. P. ext. Qui n'est pas libre, n'a pas d'indépendance. Dans l'instruction qu'il laissa en mourant à son fils Charles VIII, il [Louis XI] lui dit: « Quand les rois ou les princes n'ont regard à la loi, en ce faisant, ils font leur peuple serf, et perdent le nom de roi (...) » (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 22).
B. — P. ext. Qui n'est pas libre, n'a pas d'indépendance. Qu'elle [La France] dût être, désormais, serve, honteuse, bafouée, tout ce qui comptait sur la terre tenait le fait pour acquis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 74).
C. — Au fig. Qui est soumis, assujetti. Les manières serves de Racadot lui agréaient (BARRÈS, Déracinés, 1897, p. 404). Serf des conditions naturelles, l'homme était-il en mesure de les modifier? (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 30).
Prononc. et Orth.:[], [], fém. []. Homon. cerf et formes de servir. Gén. [] pour éviter la confusion avec cerf []; mais ROB. 1985 et MARTINET-WALTER 1973 [], []; hésitation au plur.; selon LITTRÉ: ,,La plupart font entendre l'f; cependant quelques-uns le prononcent sêr comme cerfs``. Restauration des cons. finales, v. G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n ° 1 1981, pp. 237-244. Étymol. et Hist. 1. 2e moit. Xe s. serw « serviteur » (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 180) — fin XVe s. (EUSTACHE DESCHAMPS, Rondeaux et Virelays, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 4, p. 43: cerf); 2. ca 1100 subst. féod. (Roland, éd. J. Bédier, 3737); ca 1220 adj. (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, éd. A.-G. van Hamel, LXII, 6, p. 34); spéc. 1541 relig. adj. serf « déterminé à l'avance » (CALVIN, Institution de la religion chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre II, chap. II, p. 32: Que dirons-nous mesmes qu'en un autre lieu il semble qu'il se vueille moquer de ce mot en disant qu'il y a bien libéral-arbitre en l'homme mais non pas à délivre et qu'il est libre de justice et serf de péché); 1849 subst. serf du capital (PROUDHON, Confess. révol., p. 251); 3. ca 1485 subst. « esclave » (Myst. Vieil Test., éd. J. de Rothschild, 28769); 1559 (AMYOT, Demosthène, éd. L. Clément, p. 50); rare. Du lat. servus, -i « esclave » et adj. « d'esclave », également att. en b. lat. « serviteur de Dieu » déb. IIIe s. ds BLAISE Lat. chrét.; v. aussi HOLLYMAN, pp. 65-72. Fréq. abs. littér.:319.. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 617, b) 444; XXe s.: a) 459, b) 314. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 418. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p. 306.
ÉTYM. 1050, saint Alexis; serv, fin Xe; du lat. servus « esclave ».
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1 N. Hist. Sous la féodalité, Homme ou femme qui n'avait pas de liberté personnelle complète, était attaché à une terre (⇒ Glèbe, spécialt), frappé de diverses incapacités et assujetti à des obligations. ⇒ Corvée (cit. 1), formariage (cit.), mainmorte ou mortaille; capitation, redevance… || À la différence des esclaves antiques, les serfs avaient la personnalité et leur famille était reconnue. ⇒ Servage, servile. || Serfs de corps et de poursuite, qui pouvaient être revendiqués par le seigneur en cas de fuite (droit de poursuite). || Serfs d'héritage, qui redevenaient libres en abandonnant leur tenure (déguerpissement). || Rendre un serf libre. ⇒ Affranchir, affranchissement, émancipation, manumission. || Droits payés par les serfs (capitation, etc. ⇒ Redevance). || Serfs taillables et corvéables à merci.
1 Le serf végète entre eux deux (le seigneur et le prêtre), une moitié dans un enfer, une moitié dans l'autre. Il a sous ses pieds nus la fatalité qui pour lui s'appelle la glèbe (…) Il est terre à demi. Il rampe, traîne, pousse, porte, geint, obéit, pleure. Il est vêtu d'une loque, il a une corde autour des reins qui, à la moindre infraction, lui monte au cou; son maître ne le rencontre qu'à coups de bâton; ses enfants sont des petits, sa femme, hideuse d'infortune, est à peine une femelle (…)
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, L'Esprit, Promontorium somnii, III.
♦ (Dans d'autres sociétés féodales plus récentes). || Les serfs russes (→ Gouvernement, cit. 18), japonais…
♦ Fig., littér. Esclave, serviteur (→ Estomac, cit. 17). || Il est serf des engagements qu'il doit prendre (→ Gage, cit. 22). || La serve de votre Seigneurie (→ Honorer, cit. 31).
2 Adj. ⇒ Servile. || Condition serve. || Terres serves. Fig. || Travail libre et travail serf (→ Pire, cit. 7). — (1561). Vx. || Serf arbitre : volonté déterminée (opposé à libre arbitre. ⇒ 2. Arbitre).
2 Le territoire fut racheté, les âmes ne l'ont pas été. Je les vois serves toujours, serves de cupidité et de basses passions, serves d'idées, ne gardant de cette histoire sanglante que l'adoration de la force et de la victoire, — de la force qui fut faible, et de la victoire vaincue.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, IX.
3 Cet homme régnait sur cent kilomètres carrés de neige. Les paysans retrouvaient, à sa vue, des peurs serves. Il ne battait pas monnaie, ni ne levait d'impôt, mais réquisitionnait à l'occasion et savait toujours terrifier, par les imprévus de sa rudesse démente, des civils qui ne dépendaient nullement de lui et les soldats livrés à sa merci.
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 11.
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CONTR. Bourgeois, noble, seigneur. — Indépendant, libre.
DÉR. (Du lat. servus) Servage, servile, servir, servitude.
HOM. Cerf.
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serve [sɛʀv] adj. et n. f. ⇒ Serf.
Encyclopédie Universelle. 2012.