saint, sainte [ sɛ̃, sɛ̃t ] adj. et n. I ♦ Adj. A ♦ (Personnes)
1 ♦ (S'emploie devant le nom d'un saint, d'une sainte de la relig. chrét.; cf. ci-dessous, II) REM. Dans ce sens, saint s'écrit avec une minuscule et sans trait d'union, et on fait la liaison : saint Antoine [ sɛ̃tɑ̃twan ] ; les saints Innocents [ sɛ̃zinɔsɑ̃ ] . La châsse de sainte Geneviève. L'Évangile selon saint Jean. Coiffer sainte Catherine (⇒ catherinette) . Les saints Apôtres. Votre saint patron. La sainte Famille : Jésus, Joseph et Marie. — Les saintes femmes : les femmes qui accompagnaient le Christ et suivaient son enseignement. — (Avec une majuscule) La Sainte Vierge.
♢ (Par ellipse du mot fête, avec une majuscule et un trait d'union) La Saint-Charlemagne : fête célébrée par les collèges et les lycées, en l'honneur de Charlemagne, fondateur des écoles. Les feux de la Saint-Jean. L'été de la Saint-Martin. Loc. prov. Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. La Saint-Nicolas, fête à l'occasion de laquelle on offre des jouets et des friandises aux enfants. — La Saint-Sylvestre : le 31 décembre. — Fam. Vieilli La sainte-paye, la sainte-touche : le jour de la paye. « Les jours de sainte-touche, elle ne lui regardait plus les mains, quand il rentrait » (Zola). À la saint-glinglin. ⇒ saint-glinglin.
♢ (Dans la désignation d'une église, d'un lieu, ou dans une expr. où le mot n'a plus qu'un rapport indirect avec un saint; avec une majuscule et un trait d'union) L'église Saint-Eustache. Ellipt Aller à la messe à Saint-Séverin. — La ville de Saint-Étienne. L'île de Sainte-Hélène. Le Mont-Saint-Michel. Boulevard Saint-Michel. Faubourg Saint-Germain. — Coquille Saint-Jacques.
2 ♦ Qui est souverainement pur et parfait, en parlant de Dieu. La Sainte-Trinité, le Saint-Esprit ou l'Esprit saint.
3 ♦ Qui mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion. « C'est un saint homme, qui pourrait devenir un Saint, s'il le voulait » (Bosco). — Une âme sainte.
B ♦ (Choses)
1 ♦ Qui a un caractère sacré, religieux; qui appartient à la religion (judéo-chrétienne), à l'Église. ⇒ consacré, 1. sacré. Rendre saint. ⇒ sanctifier. Le saint nom, la sainte volonté de Dieu. La sainte messe. Le saint sacrement. La sainte table. La sainte Croix. Images saintes. Les Saintes Écritures. La sainte Bible, l'histoire sainte. La sainte Église catholique, apostolique et romaine. Pèlerinage aux lieux saints. Terre Sainte. Guerre sainte, de religion (⇒ djihad) . Jeudi, Vendredi, Samedi saint. ⇒ semaine (sainte). Année sainte, pour laquelle le pape proclame un jubilé. — (Autres religions) Médine, La Mecque et Jérusalem, les villes saintes de l'Islam. — Hist. Le Saint-Empire romain germanique.
♢ La sainte Russie.
♢ La Sainte-Alliance : alliance signée en 1815 par le tsar, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse pour maintenir l'équilibre européen à leur profit.
♢ Loc. fam. Toute la sainte journée : pendant toute la journée, sans arrêt. « Il se demande ce qu'elle peut bien foutre de toute la sainte journée » (Queneau).
2 ♦ Qui est inspiré par la piété, qui est conforme aux préceptes de la morale religieuse. Une vie sainte. Œuvre sainte. — Une sainte colère : colère éminemment morale (comme celle de Jésus chassant les marchands du temple). Être saisi d'une sainte indignation. J'en ai une sainte horreur.
3 ♦ Qui doit inspirer de la vénération. ⇒ 1. auguste, 1. sacré, sacro-saint, vénérable. « Les œuvres où l'on bafoue les choses les plus saintes, la famille, la propriété, le mariage » (Flaubert).
II ♦ N.
1 ♦ Dans la religion catholique, Personne qui est après sa mort l'objet, de la part de l'Église, d'un culte public et universel (dit culte de dulie), en raison du très haut degré de perfection chrétienne qu'elle a atteint durant sa vie. Mettre au nombre des saints (⇒ canoniser) . Les saints, intercesseurs et patrons. Le chœur des saints dans le ciel. ⇒ élu; glorieux. Les vénérables, les bienheureux et les saints. Récit de la vie d'un saint. ⇒ hagiographie, légende (dorée). Catalogue des saints. Tous les saints du calendrier. — Commémoraison, fête, jour natal d'un saint. Fête de tous les saints. ⇒ toussaint. — Châsse, reliques d'un saint. « Un secrétaire du roi d'Angleterre disait tout haut en revenant [du supplice de Jeanne d'Arc] :“Nous sommes perdus; nous avons brûlé une sainte !” » (Michelet).
♢ Loc. Les saints de glace : période qui correspond aux fêtes de saint Mamert, de saint Pancrace et de saint Servais (11, 12 et 13 mai) pendant laquelle on observe souvent un abaissement de la température. — Prêcher pour son saint. — Ne (plus) savoir à quel saint se vouer : ne plus savoir comment se tirer d'affaire. — Ce n'est pas un saint : il n'est pas parfait. — Fam. UN PETIT SAINT : un personnage vertueux et inoffensif. L'apostat, « qui n'avait fait guillotiner ni mitrailler personne, apparaîtrait presque comme un petit saint » (Madelin). Ce n'est pas un petit saint : il n'est pas naïf, innocent, honnête (cf. Enfant de chœur). « On n'est pourtant pas des modèles de vertu, des petits saints » (Sarraute). Faire le petit saint, se faire passer pour un petit saint. — Prov. Comme on connaît ses saints on les honore : on agit envers chacun selon le caractère qu'on lui connaît, selon les mérites qu'on lui attribue. — Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints : il vaut mieux s'adresser au chef, au supérieur plutôt qu'aux subordonnés.
♢ (Dans d'autres relig. ou sectes) Les marabouts, saints de l'Islam. Les saints du bouddhisme, de l'hindouisme.
2 ♦ Image, statue religieuse qui représente un saint. « Les saints de bois étaient guillotinés » (Michelet).
3 ♦ Personne d'une vertu, d'une bonté, d'une patience exemplaires. Cette femme, mais c'est une sainte ! Un saint laïque : expression appliquée par Pasteur à Littré.
4 ♦ N. m. Archéol. Le Saint : espace qui s'étendait devant la partie la plus sacrée du Temple. — Le Saint des Saints : l'enceinte du Temple la plus sacrée, celle dans laquelle l'Arche d'Alliance était déposée. ⇒ sanctuaire. — Fig. cour. La partie la plus secrète et la plus importante (qui doit demeurer interdite et cachée au profane).
⊗ HOM. Sain, sein, seing; cinq.
● saint nom masculin Espace qui, dans le Temple de Jérusalem, précédait la partie la plus sacrée de l'édifice consacré à Yahvé. ● saint (expressions) nom masculin Saint des saints, partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem ; la partie de quelque chose qui est la plus secrète, la plus importante, cachée aux yeux du public. ● saint, sainte adjectif (latin sanctus, sacré) Se dit de Dieu en tant qu'il est souverainement pur, parfait. Se dit d'une personne élue de Dieu et reconnue par l'Église : La Sainte Vierge. L'Évangile selon saint Jean. Entre dans la formation de noms propres qui désignent en particulier une fête (avec l'article la), une église, etc. (avec majuscule) : Aller à la messe à Saint-Roch. Qui vit selon la loi de Dieu, qui mène une vie exemplaire sur le plan moral ou religieux : Le curé est un saint homme. Qui appartient à la religion, qui a un caractère sacré : Le saint sacrifice de la messe. Qui a un caractère vénérable et à quoi on ne peut toucher : La sainte autorité des lois. Indique le degré extrême d'un sentiment de réaction contre quelque chose, quelqu'un : Éprouver une sainte horreur du mensonge. Se dit de chacun des jours de la semaine qui précède le dimanche de Pâques ; se dit de la semaine elle-même. ● saint, sainte (citations) adjectif (latin sanctus, sacré) Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Pensez-vous être saint et juste impunément ? Athalie, I, 1, Abner ● saint, sainte (difficultés) adjectif (latin sanctus, sacré) Orthographe Selon les cas, saint s'écrit avec une minuscule ou avec une majuscule, et est suivi ou non d'un trait d'union. 1. Avec une minuscule et sans trait d'union. Devant le nom d'une personne canonisée par l'Église, saint s'écrit avec une minuscule et sans trait d'union : les évangélistes saint Jean, saint Luc, saint Marc et saint Matthieu. « Le bon saint Éloi, lui dit « Ô mon roi» » (chanson populaire). - Mais on écrit : la Sainte Vierge, Saint Louis (v. ci-dessous, 3). On écrit également saint avec une minuscule et sans trait d'union lorsque le mot est employé au sens de « qui fait l'objet d'une vénération particulière ; consacré, sacré » : la sainte ampoule, les saints apôtres, le saint chrême, le saint ciboire, les saintes espèces, les saintes huiles, les saints lieux, la sainte messe, les saintes reliques, la sainte table ; la sainte Bible, la sainte Famille ; l'Écriture sainte ; les Lieux saints, la Terre sainte. 2. Avec une minuscule et un trait d'union. Les noms communs issus de noms de lieux formés avec saint s'écrivent avec une minuscule et un trait d'union ; ils sont invariables : saint-florentin, saint-marcellin, sainte-maure, saint-nectaire, saint-paulin (fromages) ; saint-amour, saint-émilion (vins) ; saint-bernard (chien). Les noms communs issus de noms de saints s'écrivent avec une minuscule et un trait d'union. Certains sont invariables : saint-honoré (gâteau), saint-pierre (poisson), tout le saint-frusquin et à la saint-glinglin (expressions populaires sur des saints imaginaires). D'autres prennent la marque du pluriel : sainte-barbe (des saintes-barbes ; terme de marine ancien), sainte-nitouche (des saintes-nitouches, formation plaisante). Les noms communs désignant les membres d'un groupe et dérivés d'un nom propre formé avec saint- s'écrivent avec une minuscule et avec un trait d'union. On écrit : un saint-cyrien, un saint-simonien. - Plur. : des saint-cyriens, des saint-simoniens (saint reste invariable). Il est d'usage d'écrire : notre saint-père le pape (mais le Saint-Père) ; le saint-synode (plur. : les saints-synodes). 3. Avec une majuscule et sans trait d'union. Il est d'usage d'écrire avec une majuscule et sans trait d'union : la Sainte Vierge et Saint Louis (Louis IX). - On écrit également sans trait d'union le Saint Empire romain germanique. 4. Avec une majuscule et un trait d'union. Saint s'écrit avec une majuscule et se joint au nom qui le suit par un trait d'union dans les désignations de fêtes ou d'églises, dans les noms d'ordres religieux, dans les noms de lieux et de monuments : « Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard » (dicton populaire) ; vous serez payé à la Saint-Michel ; l'église Saint-Gervais-et-Saint-Protais ; l'ordre de Saint-Benoît ; la société Saint-Vincent-de-Paul ; vivre à Saint-Dizier ; la rue Saint-Vincent ; les portes Saint-Denis et Saint-Martin, à Paris ; la gare Saint-Charles, à Marseille. Il est d'usage d'écrire avec une majuscule et un trait d'union : la Sainte-Alliance, le Saint-Esprit ou l'Esprit-Saint ; le Saint-Office ; le Saint-Père (mais : notre saint-père le pape) ; le Saint-Siège ; la Sainte-Trinité. ● saint, sainte (expressions) adjectif (latin sanctus, sacré) Ville sainte, Jérusalem, pour les juifs et les chrétiens. Villes saintes, Jérusalem, Médine et La Mecque, pour les musulmans. ● saint, sainte (homonymes) adjectif (latin sanctus, sacré) cinq adjectif numéral invariable sain adjectif sein nom masculin seing nom masculin ● saint, sainte (synonymes) adjectif (latin sanctus, sacré) Se dit d'une personne élue de Dieu et reconnue par...
Synonymes :
- glorieux
Qui vit selon la loi de Dieu, qui mène une...
Synonymes :
- pieux
Qui a un caractère vénérable et à quoi on ne...
Synonymes :
- auguste
- sacré
- vénérable
Indique le degré extrême d'un sentiment de réaction contre quelque chose...
Synonymes :
● saint, sainte
nom
Chrétien canonisé dont la vie est proposée en exemple par l'Église et auquel est rendu un culte public.
Représentation, statue d'un personnage auquel les Églises catholique ou orientales rendent un culte public. (Les Églises protestantes prohibent le culte des saints.)
Homme, femme, d'une piété et d'une vie exemplaires.
● saint, sainte (citations)
nom
Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire
Rome 1880-Paris 1918
[…] L'hérésiarque était pareil à tous les hommes car tous sont à la fois pécheurs et saints quand ils ne sont pas criminels et martyrs.
L'Hérésiarque et Cie
Stock
Charles Baudelaire
Paris 1821-Paris 1867
Avant tout, être un grand homme et un saint pour soi-même.
Mon cœur mis à nu
Henri Estienne
Paris 1528-Lyon 1598
Il n'est miracles que de vieux saints.
Apologie pour Hérodote
Jean de La Fontaine
Château-Thierry 1621-Paris 1695
[…] on nous ruine en fêtes ;
L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône.
Fables, le Savetier et le Financier
Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, dit O. V. de L. Milosz
Tchereïa, Lituanie, 1877-Fontainebleau 1939
Il n'y a que les oiseaux, les enfants et les saints qui soient intéressants.
Propos rapporté par A. Godoy in Milosz, poète de l'amour
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval
Paris 1808-Paris 1855
La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux !
Les Chimères, Artémis
Germain Nouveau
Pourrières 1851-Pourrières 1920
Toutes les femmes sont des saintes,
Surtout celles qui sont enceintes […].
Valentines, Sphinx
Gallimard
Charles Péguy
Orléans 1873-Villeroy, Seine-et-Marne, 1914
J'aime mieux un saint qui a des défauts qu'un pécheur qui n'en a pas.
Le Mystère des saints Innocents
Gallimard
Georg Christoph Lichtenberg
Ober-Ramstadt 1742-Göttingen 1799
Les saints sculptés ont eu beaucoup plus d'influence dans le monde que les saints vivants.
Die geschnitzten Heiligen haben in der Welt mehr ausgerichtet als die lebendigen.
Aphorismes
● saint, sainte (expressions)
nom
Familier. Ce n'est pas un (petit) saint, c'est un personnage malhonnête.
Ne (plus) savoir à quel saint se vouer, ne plus savoir quel moyen employer pour se tirer d'affaire ; ne savoir à qui recourir.
Petit saint, personne vertueuse ; se dit ironiquement de quelqu'un qui affecte hypocritement la vertu.
Saints du dernier jour, titre que se donnent les mormons.
Saints de glace, saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais, dont les fêtes (11, 12 et 13 mai) passent pour être souvent accompagnées de gelées tardives.
Se vouer, se recommander à tous les saints (du paradis), avoir recours à tous les moyens à sa portée, dans une circonstance difficile.
● saint, sainte (homonymes)
nom
ceins
forme conjuguée du verbe ceindre
ceint
forme conjuguée du verbe ceindre
saint, sainte
adj. et n.
rI./r
d1./d adj. THEOL En parlant de Dieu, parfait, pur. La sainte Trinité.
d2./d n. Personne qui, ayant porté à un degré exemplaire la pratique héroïque de toutes les vertus chrÉtiennes, a été reconnue par l'église, après sa mort, comme digne d'un culte (culte de dulie) et donc canonisée.
|| Prov. Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints, au supérieur qu'à ses subalternes.
— Loc. Ne pas savoir à quel saint se vouer: ne pas savoir à quel moyen recourir (pour résoudre un problème).
— Loc. La Saint-..., la Sainte-...: [mention suivie du nom d'un(e) saint(e)] le jour où l'on fête ce(tte) saint(e).
d3./d n. Personne qui mène une vie exemplaire. Votre mère était une sainte.
d4./d n. m. Le saint des saints: la partie la plus sacrée du Temple de Salomon, où se trouvait l'Arche d'alliance; fig. lieu secret, impénétrable.
rII./r adj.
d1./d Qui mène une vie conforme aux lois de la religion. Un saint homme.
d2./d Qui appartient à la religion, consacré. La sainte table, les saintes huiles.
— être enterré en terre sainte, dans un lieu bénit.
— Le Saint-Père: le pape.
— La Terre sainte: la Palestine.
— Les Lieux saints, où vécut le Christ.
— Les lieux saints de l'islam: Jérusalem, Médine et La Mecque.
d3./d Inspiré par la piété, le sentiment religieux. Il a fait là oeuvre sainte.
d4./d Qui a un caractère vénérable, qui ne peut être transgressé. Au nom de la sainte liberté.
⇒SAINT, SAINTE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'un être spirituel ou d'un être vivant]
a) [En parlant de Dieu] Qui est, par essence, la perfection et la pureté absolue. La Sainte-Trinité; le Saint-Esprit; l'Esprit Saint. C'est dans l'extension sans borne de notre être immortel, que se trouve le signe parlant du Dieu saint et sacré, et du Dieu bienfaisant à qui sont dus tous nos hommages (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 22).
b) [En parlant d'une créature hum.] Qui a été reconnu saint par l'Église catholique (infra II A). L'évangile selon saint Jean, les saints apôtres, les saints confesseurs, les saints martyrs, les saintes vierges. Saint Paul rappelle souvent ses indignités. Saint Pierre pleure toute sa vie; mais on ne dit rien de son grand malheur. Tous les évangélistes le racontent: puis nul n'en reparle (DUPANLOUP, Journal, 1851-76, p. 131). Comme ministre chargé de prononcer sur un cas de revision, c'est saint Louis sous son chêne, avec Cujas et Bartole pour assesseurs (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 98). V. canoniser ex. 1, commémoration ex. 1, docteur ex. 1 et 2, évangile ex. 7.
— Expr. et loc. Coiffer sainte Catherine. Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul. C'est saint Roch et son chien. V. chien1.
2. [Ds des expr. figées]
a) La Saint-X. La fête de saint ou sainte X. Tu te rappelles l'antique usage de la Saint-Jean; toutes les femmes avaient une couronne de feuilles sur la tête, et leurs tabliers étaient remplis de feuilles odorantes (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 58). V. fête ex. 9. Le massacre de la Saint-Barthélemy. Le 24 août 1572. La Saint-Charlemagne (en l'honneur de Charlemagne, fondateur des écoles, le 28 janvier). Feu, herbe de la Saint-Jean. Été de la Saint-Martin. La Saint-Nicolas. Fête à l'occasion de laquelle, le 6 décembre, on offre des cadeaux aux enfants, dans le Nord et l'Est de la France (et aussi en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas). Pour leur fête et pour la Saint-Nicolas, ils trouvaient sur leur table une bouteille de vieux vin, des lainages, un compliment naïvement tourné par les bonnes sœurs, avec de grandes recommandations de n'en rien dire à personne (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 188). La Saint-Sylvestre. Le 31 décembre. Expr. Du 1er janvier à la Saint-Sylvestre. Toute l'année. La Saint-Valentin. Le 14 février, fête des amoureux.
— [Parmi de nombreux proverbes] Quand il pleut à la Saint-Médard [le 8 juin], il pleut quarante jours plus tard. À la Sainte-Luce [13 décembre], les jours croissent du saut d'une puce. (Dict. XIXe et XXe s.).
— P. ell. Chômer un saint.
— P. plaisant., fam. À la saint-glinglin. La sainte-paye, la sainte-touche. Le jour de la paye. Gervaise, depuis l'embauchage d'Étampes, n'avait pas revu la couleur de sa monnaie. Les jours de sainte-touche, elle ne lui regardait plus les mains, quand il rentrait (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 684).
♦ Vieilli. Célébrer, fêter saint lundi.
b) [En parlant d'un lieu, d'un monument placé sous la protection d'un saint] Sainte-Sophie d'Istambul; la cathédrale Saint-Paul de Londres; l'île Sainte-Hélène; le mont Saint-Michel; le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Cette construction (...) fut sans doute inventée pour doter le quartier Saint-Denis d'une sorte de Palais-Royal (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 112). Il allait dans le monde, il était reçu dans les meilleures maisons du faubourg Saint-Honoré (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 462).
c) [Dans diverses lexies] Cavalerie de Saint-Georges. Coquille Saint-Jacques. Croix de Saint-André. Danse de Saint Guy. Feu Saint-Elme. V. feu1 I A 2 a. Herbe de saint Benoît, de sainte Barbe, de saint Jacques. Mal (de) + n. de saint (v. mal3). Ordre de Saint-Michel. Prison de Saint-Crépin.
3. Qui témoigne d'une haute élévation spirituelle en vivant selon les lois de la morale et de la religion. Saint prêtre. Je vis venir à moi l'abbé L qui (...) marchait avec la mâle allégresse d'une âme pure. C'était en effet un saint homme (A. FRANCE, Vie littér., 1890, p. 126). Madame de Sarpierre était une honnête Limousine, une sainte femme. Comme toutes les saintes femmes, elle a épousé l'homme qu'elle n'aimait pas, elle a vécu dans l'endroit qui lui déplaisait (CHARDONNE, Dest. sent., II, 1934, p. 239).
B. — [En parlant d'une chose]
1. Qui a un caractère sacré, qui est éminemment vénérable.
a) [En parlant de ce qui a un rapport direct avec Dieu] La sainte garde, la sainte volonté de Dieu. Sous la terre que vous leur aviez donnée pour héritage, on leur a creusé un vaste sépulcre (...) et on en a scellé la pierre d'un sceau sur lequel on a, par moquerie, gravé votre saint nom. Et ainsi Seigneur, ils sont là gisants (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 183):
• 1. Je ne dormirai que très tard. C'est que je me souviens de la mort de grand'mère. Ce désastre avait très vite été consommé. Est-ce que Dieu, qui se trompa si lourdement ce jour-là, aurait l'intention de réparer son erreur? Que sa sainte volonté soit faite! Ah! oui, cela m'arrangerait bien que sa volonté soit faite.
H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 85.
b) [En parlant de ce qui fait partie de la religion, de la liturgie] Les saints mystères; le saint sacrifice de la messe; le saint chrême; la sainte hostie; la sainte table; les saintes reliques; la sainte Église; l'Écriture sainte; image sainte. Le monastère se montre à découvert, une humble croix de bois en désigne l'entrée, et de loin on entend le son de la cloche se mêler aux saints cantiques (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 243). Thomas, imperturbable, disait sa messe. Aux moments voulus la sonnette retentissait. La sonnette, la mélopée des oraisons latines, le bruit des livres saints dont le prêtre tourne les pages, n'autorisaient pas le moindre doute: l'île assistait à la messe! (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 192). V. église ex. 6.
— Le saint-sacrement.
— LITURG. ANC. Sainte ampoule.
— Guerre sainte. Histoire sainte.
c) [En parlant d'une période de temps] Le saint carême. On nomme concerts spirituels ceux qui sont donnés pendant les jours saints (P. LALO, Mus., 1899, p. 399).
— Année sainte, semaine sainte. Jeudi, vendredi, samedi saint. La sainte quarantaine.
— Expr. fam. Toute la sainte journée. Pendant toute la journée, sans discontinuer. Il pleut à verse toute cette sainte journée de premier de l'an (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 261). Il dormit toute la sainte journée, et ne se réveilla que parce qu'on frappait à la porte (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 244).
d) [En parlant d'un lieu]
— Saint lieu, lieu saint. V. lieu1 I B 1 b.
— La cité sainte, la ville sainte. La terre sainte. Les lieux saints. V. lieu1 II A 1 c.
— Le saint-sépulcre. V. sépulcre.
e) [Dans un titre ou en parlant d'une institution] Saint-Père. Saint-Office. Saint-Siège.
f) HIST. [Dans des dénom. de communautés qui reconnaissent en leur chef une autorité émanant de Dieu]
— Le Saint-Empire (romain). ,,Empire d'Occident rétabli par Charlemagne puis (...) Empire germanique`` (Ac. 1935). Le Saint-Empire romain germanique. Prince du Saint-Empire (Ac. 1935). Notre société admet les deux nuances d'opinion, qui reposent également sur le grand principe de l'unité germanique: la sainte fédération ou le saint empire. C'est une querelle à vider plus tard entre vainqueurs (NERVAL, L. Burckart, 1839, p. 224).
— La Sainte Ligue.
2. Qui revêt un caractère de haute exigence morale et religieuse. Jusqu'aux XIIème et XIIIème siècles, l'architecture, science réputée sainte et sacrée, n'était pratiquée que par des religieux (LENOIR, Archit. monast., 1852, pp. 34-35):
• 2. Si son fils avait voulu faire l'École des Chartes ou Polytechnique, elle aurait certes, Esther Barbentane, éprouvé un grand saisissement de se l'entendre ainsi signifier par cet enfant, après tant d'années à rêver pour lui une vie sainte, une vie expiatrice de celle du docteur.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 240.
— Sainte colère. Colère inspirée par des sentiments éminemment moraux (p. réf. à celle de Jésus chassant les marchands du Temple). Il se reprocha aussitôt sa sainte colère. Il était bien résolu à ne pas se laisser entraîner dans une discussion religieuse (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1384).
3. Qui inspire ou doit inspirer une pieuse vénération. Synon. sacré, vénérable. Un saint devoir; la sainte justice. Depuis quand, dit Simon Giguet, de bons citoyens comme ceux d'Arcis voudraient-ils faire métier et marchandise de la sainte mission du député? (BALZAC, Député d'Arcis, 1847, p. 309). La miséricorde humaine n'est que trop souvent un déguisement du mépris; mais notre mépris pardonnant de la partie raisonnante de l'être est une source de charité sainte et véritable (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 215).
4. Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, littér. Chez saint François de Sales, il y a plus que le juste, il y a plus que l'utile, il y a plus que l'humain, il y a le saint (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1853, p. 281).
II. — Substantif
A. — 1. Personne qui, selon la religion catholique jouit après sa mort du bonheur céleste. La Toussaint est la fête de tous les saints:
• 3. Tout bas, je répétai les litanies des saints que l'évêque et l'archidiacre récitaient à voix haute. Je croyais voir les grands saints, dont les noms frappaient mes oreilles, entourés de la foule plus glorieuse peut-être, en tout cas plus nombreuse infiniment, des saints qui n'ont pas laissé de nom sur la terre.
BILLY, Introïbo, 1939, p. 135.
2. En partic. Personne qui, en raison de la perfection évangélique de sa vie, est reconnue, après sa mort, par l'Église catholique, digne d'un culte public et universel. Les saints du paradis; canonisation d'un saint; récit de la vie d'un saint; saint protecteur; châsse, ossements, reliques d'un saint. Le ciel, qui s'ouvre et laisse voir dans ses splendeurs la trinité divine, les anges et les saints (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 6). Le bon roi fonda (...) une abbaye qui ne porta le nom d'aucun saint du calendrier, mais fut appelé l'Abbaye de Thélème parce que chacun y faisait sa volonté (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 69).
— Les saints de glace. Les saints Mamert, Pancrace et Servais fêtés les 11, 12 et 13 mai, et, p. méton., ces jours pendant lesquels on observe parfois un refroidissement de la température. V. hiver ex. 4.
3. Loc. et proverbes
a) Loc. verb. fam.
— Prêcher pour son saint. Se recommander à tous les saints du paradis.
— Ne plus savoir à quel saint se vouer. Ne plus savoir comment se tirer d'affaire. Dans un de ces moments où, selon l'expression populaire, on ne sait plus à quel saint se vouer, comme ma grand'mère toussait et éternuait beaucoup, on suivit le conseil d'un parent qui affirmait qu'avec le spécialiste X... on était hors d'affaire en trois jours (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 324).
b) Proverbes
— Comme on connaît ses saints, on les honore. On agit avec chacun selon le caractère et les mérites qu'il a. (Dict. XIXe et XXe s.).
— La fête passée, adieu le saint. ,,On oublie facilement ce qui nous a procuré quelque plaisir, quelque avantage`` (Ac. 1935).
— Il vaut mieux s'adresser/avoir affaire à Dieu qu'à ses saints. Il vaut mieux s'adresser au maître plutôt qu'aux subalternes. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Un saint triste est un triste saint.
4. THÉOL. La communion des saints.
B. — 1. P. anal. [Dans d'autres religions ou sectes] Les saints de l'Islam. La large diffusion de grands poèmes persans a magnifiquement stylisé la physionomie de saint (...) de celui qu'ils appellent « Mansûr Hallâj » (L. MASSIGNON, La Passion de (...) Hallâj, Paris, Gallimard, t. 1, 1975 [1914], p. 19).
2. Au plur.
a) HIST. RELIG. [N. de puritains anglais très intransigeants du XVIIe s.] (Dict. XIXe s.).
b) Les saints du dernier jour. ,,Nom que les Mormons se donnent`` (DUPRÉ 1972).
C. — P. méton. Représentation (image, statue) d'un saint. Les saints avaient été tirés de leurs niches et remplacés par les bustes de Brutus, de Jean-Jacques et de Le Peltier (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 4).
D. — Personne dont la vertu, la bonté, la patience forcent l'admiration. Voilà à quel degré d'inhumanité le zèle (...) de la science a poussé cet homme simple (...) qui, par la pureté de sa vie, mériterait d'être appelé (...) un saint laïque (A. FRANCE, Vie littér., 1891, p. 60). Schumann, Beethoven, ce sont des saints et des martyrs, qui n'ont pas trouvé leur Dieu (MAURIAC, Écrits intimes, Journal homme trente ans, 1948, p. 127).
— P. antiphr., fam., péj. Un petit saint. Personne qui affecte hypocritement l'innocence. Synon. fam. enfant de chœur, sainte(-)nitouche. Faire le petit saint. Pendant le jour, ces jeunes singes étaient de petits saints, ils affectaient tous d'être extrêmement tranquilles (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 366).
III. — Subst. masc., ARCHÉOL. BIBLIQUE. Le Saint des saints. Partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem renfermant avant l'exil l'arche d'alliance. La cella (hékal) [du temple de Salomon] (...) était coupée par un écran, qui laissait au fond un petit sanctuaire, le debir, appelé plus tard Saint des saints (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 2, 1889, pp. 144-145).
— P. métaph. ou p. anal. Endroit le plus retiré d'un édifice; service le plus secret ou le plus important d'une organisation, d'une entreprise. Ce demi-sourire qui se mêle à toute œuvre champenoise se retrouverait au besoin jusque dans le plus splendide et le plus sérieux des monuments de la province, jusque dans son saint des saints; je parle de l'église du sacre, de la cathédrale de Reims (MICHELET, Journal, 1833, p. 111). L'orateur a successivement profané toutes les arches saintes (magistrature, administration, armée) et il a fini par toucher au saint des saints, au clergé! (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 204).
Prononc. et Orth.:[], fém. []. Homon. sain, sein, seing et formes de ceindre. Att. ds Ac. dep. 1694. Avec une minuscule et sans trait d'union devant le nom du personnage qu'il qualifie: saint Paul, saint Jacques; seule exception: saint Louis ou Saint Louis (v. Lar. Lang. fr.:,,On écrit cependant Saint Louis avec une majuscule pour désigner Louis IX`` et J.-Y. DOURNON, Dict. d'orth. et des difficultés du fr., Paris, Hachette, 1974: ,,On écrit parfois Saint Louis``). Avec une majuscule et le trait d'union pour nommer la fête mise sous l'invocation du saint, une ville, une rue, une église, un ordre consacrés au saint: l'église Saint-Pierre, l'ordre de Saint-Louis, boulevard Saint-Germain. Mots constr. avec saint: a) Domaine relig. La forme varie selon les mots et les dict., v. saint-esprit, saint-office, saint-père, saint-sacrement, saint-siège. b) Domaine profane. Minuscule et trait d'union: saint-bernard, saint-cyrien... À part saint-cyrien, saint-simonien (plur. des saint-cyriens, des saint-simoniens), le plur. est gén. inv. Seul ROB. 1985 régularise le plur., v. saint-michel, saint-nectaire, saint-paulin, ou propose les 2 graph., v. saint-bernard, saint-germain, saint-honoré, saint-marcellin, saint-paulin, saint-pierre. Dans les mots masc. seul varie le 2e élém., mais dans les mots fém. les 2 termes varient: sainte-barbe, Lar. Lang. fr. et ROB. 1985: plur. des saintes-barbes. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, pp. 314-315: soudure ou tolérance pour le trait d'union dans tous les cas, avec plur. aux 2 termes; ex.: un saint-bernard ou saintbernard, plur. des saints-bernards ou saintbernards. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. 2e moit. Xe s. « qui est admis parmi les bienheureux, qui est canonisé par l'Église » sanct Lethgier (St Léger, éd. J. Linskill, 140); ca 1050 saint Alexis (St Alexis, éd. Chr. Storey, 507); 2. fin Xe s. « souverainement pur (en parlant de Dieu ou de ce qui est en étroit rapport avec lui) » sanz spiritum (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 515); ca 1050 la sainte trinitet (Alexis, éd. cit., 549); 3. ca 1050 « se dit d'une personne qui mène une vie exemplaire sur le plan moral et religieux » saint home (ibid., 197); 4. a) ca 1100 « sacré, ici en parlant du Paradis » seint pareis (Roland, éd. J. Bédier, 1522); b) ca 1100 « consacré, dédié à un saint » seint Michel del Péril (ibid., 1428); 5. ca 1100 sert à désigner, associé d'un nom de saint, un jour fixé par l'Église pour honorer ce saint (la feste seint Michel, A saint Michel (ibid., 37 et 53); en partic. sert à désigner certains jours remarquables pour les festivités qui s'y déroulent ou marqués par une tradition populaire, ainsi: 1822 la saint Charlemagne (MICHELET, Mémor., p. 210); 1833 à la Saint Sylvestre (BALZAC, Méd. camp., p. 11); 1854 la saint Nicolas (ABOUT, Grèce, p. 454: ... les bonbons ne parviennent pas jusqu'aux villages. Saint Nicolas n'apporte rien, qu'un de ces jours de relâche... ; p. 455: ... c'était la Saint Nicolas). B. 1. Ca 1050 « se dit de ce qui a un rapport direct avec Dieu, et qui, à ce titre est vénérable » sainte escriture (St Alexis, éd. cit., 258); 2. ca 1050 « qui a un caractère sacré » sain[t] batesma (ibid., 29); en partic. ca 1175 « ce qui, chez les catholiques, touche au mystère de l'eucharistie » saint sacrament (BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 3757); 3. ca 1050 « qui revêt un caractère vénérable » le saint Cors (St Alexis, éd. cit., 498); 4. ca 1050 « qualifie toute communauté, toute assemblée qui a la foi en Dieu » sainte eglise (ibid., 256); 5. 1re moit. XIIe s. « se dit des lieux qui, pour des raisons religieuses, font l'objet d'une vénération particulière » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXIII, 3); en partic. ca 1208 la Terre sainte d'outremer (VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 27); 6. XIIIe s. [ms.] « qui est motivé par des considérations religieuses » (AMBROISE, L'Estoire de la guerre sainte [titre]); 1585 une saincte cholere (N. DU FAIL, Les Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat ds Œuvres facétieuses, t. I, p. 227); 7. 1680 « se dit des jours de la semaine qui précèdent Pâques » semaine Sainte (RICH., s.v. semaine); 8. 1821 « qui a un caractère exceptionnel, inexplicable » une espèce de rage sainte qui n'a pas de nom (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, p. 276). II. Subst. 1. a) 2e moit. Xe s. « personne qui, selon la religion catholique, jouit après sa mort du bonheur céleste » (St Léger, éd. cit., 2); b) 1690 vie des Saints « ouvrage destiné à édifier les fidèles par les récits de leur vie » (FUR.); c) 1718 fam. fêter le saint du jour (Ac.); d) 1866 les saints de glace (AMIEL, Journal, p. 288); 2. a) ca 1280 « statue d'un saint, souvent considérée comme protectrice » (GUILLAUME DE SAINT-PATHUS, Mir. Saint-Louis, éd. P. B. Fay, XXIIII, 58, p. 80); b) ca 1500 ne sçavoir plus ... à quel sainct se vouer (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. II, p. 73); 1690 il vaut mieux parler à Dieu qu'à ses saints (FUR.); 3. a) 1456 « personne à la conduite exemplaire » (Arch. Nord B 19470, fol. 125: a cause duquel fief j'ay justice et seigneurie fonsiere ... la congnoissance du saint et du larron); b) 1678 « se dit d'une personne qui adopte le comportement d'un saint » (LA FONTAINE, Le diable en enfer, 74 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 470); d'où 1678-79 être un petit saint (ID., Fables, VII, I, 48, ibid., t. II, p. 98); 4. dernier tiers du XIIIe s. [ms.] le saint des saints (B.N. 899, f ° 166 ds TRENEL 1904, p. 331); 1845 fig. « l'endroit le plus relevé d'une maison » (BESCH.); cf. 1853 (GONCOURT, Journal, p. 85: la pièce mortuaire (...) était le saint des saints du journal); 5. 1827 subst. plur. « nom donné à certains puritains anglais très intransigeants au XVIIe s. » (HUGO, Cromwell, p. 70). Du lat. class. sanctus « sacré, inviolable, consacré » qui a pris en lat. chrét. la valeur partic. dont le sens fr. est issu. Fréq. abs. littér.:28 121. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 46 145, b) 42 161; XXe s.: a) 44 182, b) 31 052. Bbg. QUEM. DDL t. 9, 19, 32.
ÉTYM. XIe; fin Xe comme n. (toutes les valeurs du sens I. apparaissent aux XIe et XIIe); du lat. sanctus « consacré, vénéré ». REM. Quand saint est adjectif placé avant un mot commençant par une voyelle on le prononce [sɛ̃t] (ex. : un saint homme [œ̃sɛ̃tɔm]).
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I Adj.
A (Personnes).
1 Relig. et théol. En parlant de Dieu (cit. 41). Qui est souverainement pur et parfait. — La Sainte-Trinité. || Le Saint-Esprit ou l'Esprit-Saint. ⇒ Esprit.
2 (S'emploie devant le nom d'un saint, d'une sainte; → ci-dessous II.). — REM. Dans cet emploi, saint s'écrit avec une minuscule et sans trait d'union. || La châsse de sainte Geneviève. || L'Évangile selon saint Jean. — Les saints Innocents. || Les saints Apôtres. — La sainte Famille : Jésus, Joseph et Marie. ⇒ aussi Famille (infra cit. 25). — Les saintes femmes : les femmes qui accompagnaient le Christ et suivaient son enseignement : Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques le Mineur, Salomé… — (Liturgie). || Les saintes femmes : les saintes qui ont vécu dans l'état de mariage. — (Avec une majuscule). || La Sainte Vierge.
♦ Par ext. || Les saints anges. || Invoquer saint Michel archange.
♦ ☑ Loc. prov. C'est saint Roch et son chien. — ☑ Découvrir saint Pierre pour habiller saint Paul (ou : Pierre pour habiller Paul) : éviter un désagrément en s'en créant un autre. — ☑ Coiffer sainte Catherine.
♦ ☑ Sainte Nitouche. ⇒ Nitouche.
♦ La Saint-X : la fête de saint X. — REM. Dans ce sens, saint s'écrit toujours avec une majuscule et un trait d'union. — Le jour de la Saint-Louis (→ Plutôt, cit. 13). || La Saint-Charlemagne. || Les feux de la Saint-Jean. ☑ Toutes les herbes (cit. 5) de la Saint-Jean. ☑ L'été de la Saint-Martin. ☑ « Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard ». || La Saint-Nicolas : fête à l'occasion de laquelle, dans certaines régions (Nord, Alsace,…), on offre des jouets et des friandises aux enfants (comme on le fait à Noël ailleurs). → Poupée, cit. 3. — La Saint-Sylvestre : le 31 décembre. || Du 1er janvier à la Saint-Sylvestre : toute l'année. — Hist. || La journée (→ Horrible, cit. 3), le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572).
♦ ☑ Par plais. À la saint-glinglin. ⇒ Saint-glinglin. ☑ La sainte-paye, la sainte-touche : le jour de la paye.
1 (…) Gervaise, depuis l'embauchage d'Étampes, n'avait pas revu la couleur de sa monnaie. Les jours de sainte-touche, elle ne lui regardait plus les mains, quand il rentrait.
Zola, l'Assommoir, X, t. II, p. 122.
♦ (Dans la désignation d'une église, d'un lieu, ou dans une expression où le mot n'a plus qu'un rapport indirect avec un saint; avec une majuscule et un trait d'union). || L'église Saint-Eustache. — Ellipt. || Aller à la messe à Saint-Séverin. — La cathédrale Saint-Paul de Londres. || Sainte-Sophie de Constantinople. — La ville de Saint-Étienne, L'Île de Sainte-Hélène. || Le Mont Saint-Michel. || La pointe de Saint-Mathieu (→ Monstrueux, cit. 2). || Boulevard Saint-Michel (→ Répandre, cit. 13). || Rue St-Denis. || Faubourg Saint-Germain. — Croix de Saint-André. || Herbe de Saint-Benoît. ☑ La cavalerie (cit. 4) de Saint-Georges. || Coquille (I., 3.) Saint-Jacques (→ aussi Madeleine, cit. 1). || Feu (infra cit. 9) Saint-Elme. || Danse de Saint-Guy. ⇒ 2. Chorée. || La prison (cit. 8) de Saint-Crépin.
3 (Souvent avant le nom). Qui mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion. || Un saint évêque, de saints prélats (→ Accuser, cit. 23; ensorceler, cit. 2). || Un saint homme (→ Réservé, cit. 4). || Une sainte femme. — Une âme sainte. ⇒ Angélique, beau (I., B., 1.). — Par plais. || Un saint homme de chat (→ 1. Arbitre, cit. 5, La Fontaine).
2 Mon frère a dit alors à haute voix : C'est un saint homme, qui pourrait devenir un Saint, s'il le voulait, et il en a peut-être envie (…)
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 310.
B (Choses).
1 Qui a un caractère sacré, religieux; qui appartient à la religion (judéo-chrétienne), à l'Église. ⇒ Consacré, sacré. || Rendre saint. ⇒ Sanctifier. — (Antéposé). || Le saint nom, la sainte volonté de Dieu (→ Péché, cit. 10). || La sainte nativité (cit. 1) du Christ. || Les saints mystères. || Le saint sacrifice de la messe (→ Infestation, cit.). || La sainte messe (cit. 1). || Les saintes espèces. || Les saintes hosties (→ Ciboire, cit. 1). || Le Saint-Sacrement. ⇒ Sacrement. || La sainte table. || Le saint ciboire. || Le Saint-Graal. || La sainte onction (→ Extrême-onction, cit. 2). || Le saint chrême. || La sainte ampoule (cit. 1) de Reims. || Les saintes reliques. || La sainte Croix. || Les Saintes Écritures. || La sainte Bible. || Les saintes lettres (cit. 10). || Les saints canons, la sainte doctrine de l'Église (→ Fille, cit. 14). || La sainte Église catholique, apostolique et romaine. || La sainte Inquisition (→ Renégat, cit. 1). || La Sainte-Chapelle (→ Pierre, cit. 16). || Le Saint-Sépulcre (ou le saint sépulcre). — (Postposé). || Profanation des choses saintes. || L'huile (cit. 20) sainte. || Images saintes (→ Iconoclastie, cit. 1). — Spécialt. || L'Écriture sainte. || L'histoire (cit. 9) sainte. || Les livres saints. — Lieu saint, lieux saints. ⇒ 2. Lieu (cit. 9 et 10); terre (sainte). || La cité, la ville sainte : Jérusalem. ⇒ aussi Cité (cit. 12, fig.). || L'arche (cit. 6, fig.) sainte. — Guerre (infra cit. 42) sainte.
♦ La sainte quarantaine. || Le saint temps de carême (→ Provision, cit. 1). || Mercredi, jeudi (cit. 1), vendredi, samedi saint. ⇒ Semaine (sainte). || Année sainte, pour laquelle le pape proclame un jubilé. || Porte sainte de Saint-Pierre de Rome.
♦ (Antéposé). ⇒ Saint-Office, Saint-Père, Saint-Siège. — Hist. || Le Saint-Empire romain germanique (→ aussi Corps, cit. 37, Voltaire; petit, cit. 24). || La sainte Russie. — La Sainte-Alliance : alliance signée en 1815 par le tsar, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse et qui visait à maintenir la paix et l'équilibre européen. — Cuis. || Faisan à la Sainte-Alliance.
3 — Monsieur, c'est en réalité le faisan étoffé tel qu'on le mange chez monsieur le conseiller Brillat-Savarin. Faisan farci de chairs de bécasses, de moelle de bœuf et de truffes… — Et vous appelez cela… ? — Le faisan à la Sainte-Alliance, monsieur. Le plat remporte le plus grand succès auprès de ces messieurs les officiers étrangers.
Philippe Hériat, Famille Boussardel, III.
♦ ☑ Loc. fam. Toute la sainte journée : pendant toute la journée, sans arrêt (→ Galérien, cit. 3). — ☑ De la sainte farce, se dit d'une chose peu sérieuse, qui tient de la mystification.
3.1 (…) il se demande ce qu'elle peut bien foutre de toute la sainte journée.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 179.
2 (Antéposé, notamment dans les expressions figées, ou postposé). Qui est inspiré par la piété, qui est conforme aux préceptes de la morale religieuse. || Les saintes effusions des mystiques (cit. 9). || Une vie sainte et innocente. ⇒ Pur (→ Entier, cit. 9). || Œuvre sainte (→ Revenant, cit. 4). — Spécialt. || Sainte colère : colère éminemment morale (comme celle de Jésus chassant les marchands du temple).
♦ Par iron. || Être saisi d'une sainte indignation.
3.2 « La sainte trouille », selon notre homme, qui a lu Lucrèce, crée les dieux, mais aussi les hommes providentiels.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 113.
3 Qui inspire (ou doit inspirer) de la vénération. ⇒ Auguste (cit. 10), sacré, vénérable. || Ô sainte égalité (→ Bastille, cit. 2). || Le nom de la liberté est saint (→ Oppresseur, cit. 2). || L'insurrection (cit. 3) peut être le plus saint des devoirs.
4 Sans répondre à l'argument, M. de Faverges stigmatisa ces œuvres où l'on bafoue les choses les plus saintes, la famille, la propriété, le mariage !
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, V.
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II N. (Fin Xe).
1 Relig. et cour. Personne qui est, après sa mort, l'objet, de la part de l'Église catholique d'un culte public et universel (dit culte de dulie), en raison du très haut degré de perfection chrétienne qu'il ou qu'elle a atteint durant sa vie. || Les saints, intercesseurs (cit. 1) et patrons (→ aussi Intercéder, cit. 2). || Les anges et les saints du paradis (→ Indéfectible, cit. 1). || Le chœur des saints dans le ciel. ⇒ Élu, glorieux. || La couronne de gloire des saints. || Canonisation d'un saint (⇒ Canoniser). || Les vénérables, les bienheureux, et les saints. || L'Église distingue parmi les saints apôtres et évangélistes, les martyrs, les confesseurs (pontifes ou non, docteurs ou non), et, parmi les saintes, les vierges (martyres ou non) et les saintes femmes. || Récit de la vie d'un saint. ⇒ Hagiographie, légende. || Les saints de l'Église romaine (→ Religionnaire, cit.), de l'Église grecque. || Saint protecteur d'un village. ⇒ Patron (→ Invocation, cit. 2). || Catalogue des saints. ⇒ 2. Canon, martyrologe. || Tous les saints du calendrier. — Exclamativt. || Saints du paradis ! — Commémoraison, fête, jour natal d'un saint. || Fête de tous les saints. ⇒ Toussaint. — ☑ Loc. (vieillie). Chômer un saint : chômer le jour de sa fête. ☑ Un saint qu'on ne chôme plus : personne ou chose qui n'est plus en faveur, qui a perdu son prestige. — Châsse, reliques, ossements d'un saint (→ Jugement, cit. 3; rayonnant, cit. 2). || Image, figure, statue de saint (→ Invoquer, cit. 4; peindre, cit. 32; population, cit. 8). || Auréole, nimbe autour de la tête d'un saint dans un tableau. — Le héros et le saint. || Le sage et le saint.
♦ ☑ Loc. fig. (Déb. XVIIIe). Être le saint du jour, le héros du jour. ☑ Être le nouveau saint du calendrier.
5 (…) et monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône.
La Fontaine, Fables, VIII, 2 (→ Prône, cit. 1).
6 Un secrétaire du roi d'Angleterre disait tout haut en revenant (du supplice de Jeanne d'Arc) : « Nous sommes perdus; nous avons brûlé une sainte ! »
Michelet, Hist. de France, X, IV.
7 Pour fêter un saint local qui commande traditionnellement aux frairies (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 59.
8 On ne parle jamais que de la victoire des Saints, de leur triomphe. Appartenant à l'Église triomphante ils ne peuvent faire autrement que d'y triompher, la chose est sûre. Un jour par an, l'Église militante m'invite à me réjouir de ce triomphe ou même à m'y associer humblement. J'obéis. Après quoi, il me reste trois cent soixante-quatre jours pour penser aux échecs ici-bas, de chacun de ces capitaines d'aventures.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 243.
9 (…) les héros et les saints ne sont pas des êtres marqués d'on ne sait quel signe de démesure (…) il n'y a pas entre eux et nous de barrière infranchissable (…) ce sont seulement, dans leur ordre, des hommes qui se sont entièrement réalisés, c'est-à-dire qui ont atteint à cette saisie de soi, à cette fidélité profonde, à l'être, qui est notre but.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 215.
♦ ☑ Loc. Les saints de glace : période qui correspond aux fêtes de saint Mamert, de saint Pancrace et de saint Servais (11, 12 et 13 mai) et pendant laquelle on observe souvent un abaissement de la température.
♦ ☑ Loc. (1823). Prêcher pour son saint : avoir en vue son intérêt personnel en faisant l'éloge d'une personne, en préconisant une solution. — ☑ (1773). Avoir la patience d'un saint : être très patient. ☑ Ce n'est pas un saint (→ N'être pas un ange, n'être pas parfait). — Vivre comme un saint. ⇒ Saintement (→ Milieu, cit. 13). — ☑ Des malices à faire damner (cit. 7) un saint. — ☑ Se recommander à tous les saints du paradis. || Jurer (sacrer) par tous les saints du paradis. — ☑ (XVe). Ne savoir à quel saint se vouer : ne plus savoir comment se tirer d'affaire.
10 Il comprenait que, par sa conduite savante de la veille, il avait gâté toutes les belles apparences du jour précédent, et ne savait réellement à quel saint se vouer.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XV.
♦ ☑ (Un petit saint de bois, 1690). Un petit saint : un personnage vertueux et inoffensif. ⇒ Nitouche (sainte). — REM. L'expression ne s'emploie guère que dans une phrase négative au sens d'« enfant de chœur » (→ Immoralité, cit. 8) ou par ironie (→ Jusque, cit. 18, La Fontaine). — Se donner des airs de petit saint. || Faire le petit saint, le vertueux (⇒ aussi Hypocrite).
11 Au regard de celui qui avait envoyé un roi de France à l'échafaud et fait mitrailler les royalistes de Lyon, « l'apostat », qui n'avait fait guillotiner ni mitrailler personne, apparaîtrait presque comme un petit saint.
Louis Madelin, Talleyrand, IV, XXXII.
11.1 J'avoue que mes raisons de croire l'ancien garde des Sceaux sur parole n'étaient point de celles que M. Bony pût aisément concevoir. Elles tenaient à une certaine idée que je me fais de François Mitterand. Non que je l'aie jamais pris pour un petit saint.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 262.
11.2 (…) nous, c'est pareil, on n'est pourtant pas des modèles de vertu, des petits saints, mais de là… Ah non, c'est honteux, heureusement que c'est tout de même une exception, des monstres pareils…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 242.
♦ ☑ (1835). Prov. Comme on connaît les saints on les honore : on agit envers chacun selon le caractère qu'on lui connaît, selon les mérites qu'on lui attribue. — ☑ (Fin XVIIe). Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints : il vaut mieux s'adresser au chef, au supérieur plutôt qu'aux subordonnés.
2 (Dans d'autres religions ou sectes). || Les marabouts, saints de l'Islam. || Les saints du bouddhisme, de l'hindouisme. || Clotilde de Vaux, sainte et patronne de l'église positiviste (→ Prêtre, cit. 9).
3 (V. 1280). Par métonymie. Image, statue religieuse qui représente un saint (au sens 1.). || De grands saints de bois dédorés, des saintes de faïence coloriées (→ Procession, cit. 3).
12 Dans les départements, plus d'un représentant en mission était charmé de détourner de ce côté les fureurs populaires. Les saints de bois étaient guillotinés.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Appendice, Le tyran.
4 ☑ (1870, Littré). Loc. La communion (1.) des saints (c'est-à-dire de tous les fidèles) → Monastique, cit. 2.
5 Personne d'une vertu, d'une bonté, d'une patience exemplaire. || Cette femme, mais c'est une sainte ! || Saint laïque, expression appliquée par Pasteur à Littré.
13 Souvent, il m'est arrivé de me le représenter, assis auprès de sa femme, comme en un tableau des premiers temps du christianisme; lui, regardant la terre, plein de compassion pour ceux qui souffrent; elle, fervente catholique, les yeux levés vers le ciel; lui inspiré par toutes les vertus terrestres; elle par toutes les grandeurs divines; réunissant dans un même élan comme dans un même cœur les deux saintetés qui forment l'auréole de l'Homme-Dieu, celle qui procède du dévouement à ce qui est humain, celle qui émane de l'ardent amour du divin; — elle, une sainte dans l'acception canonique; lui, un saint laïque.
Pasteur, Disc. de réception à l'Académie, 27 avr. 1882.
———
III N. m. (XIIIe, saint des saints). Archéol. || Le saint : espace qui s'étendait devant la partie la plus sacrée du Temple. — (XIIIe; du génitif hébreu à fonction de superlatif : le très saint). Cour. || Le saint des saints : la partie du tabernacle, l'enceinte du Temple la plus sacrée, celle dans laquelle l'arche (cit. 4) était enfermée. ⇒ Sanctuaire. — ☑ (1845). Loc. métaphorique. Le saint des saints : la partie la plus retirée d'une habitation, d'un édifice; l'organisme le plus secret et le plus important d'une entreprise, d'une collectivité, d'une administration.
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CONTR. Damné. — Bandit.
DÉR. et COMP. Saintement, sainteur. — Saint-benoît, saint-bernard, saint-crépin, sainte-barbe, saint-émilion, saint-estèphe, Saint-Galmier, saint-germain, saint-glinglin (à la), saint-honoré, saint-hubert, saint-luc, saint-marcellin, saint-michel, saint-nectaire, Saint-Office, saint-paulin, Saint-Père, saint-pierre, saint-rémy, Saint-Siège. V. Sacro-saint.
Encyclopédie Universelle. 2012.