sembler [ sɑ̃ble ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1080; bas lat. similare, de similis « semblable »
I ♦
1 ♦ SEMBLER À QQN (suivi d'un attribut) :avoir l'air, présenter (telle apparence) pour qqn. ⇒ paraître. Elle m'a semblé fatiguée. « Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts » (Racine). « Le canon me semblait la voix de Bonaparte » (Vigny). Cela nous a semblé bon, nous a plu.
♢ (Suivi d'un inf.) Donner l'impression, l'illusion de. « L'atmosphère lui sembla s'être raréfiée » (Martin du Gard).
2 ♦ (Sans compl. ind.) Cela semble suffisant, être suffisant. — (Avec ellipse de être) « La vieille semblait au comble de l'irritation » (Martin du Gard).
II ♦ IL SEMBLE... v. impers.
1 ♦ SEMBLER À QQN (suivi d'un attribut) :être apparemment, pour qqn. Il me semble inutile de revenir là-dessus. « Il lui semblait nécessaire que quelque chose de divin s'accomplît » (France). — Quand bon me semblera : quand il me plaira. Il peut « mettre à mort qui bon lui semble » (Valéry) . Ce que bon me semble.
2 ♦ (1188) IL SEMBLE QUE... : les apparences donnent à penser que..., on a l'impression que... « Il semble qu'il était impossible de parler autrement » (Michaux). « Il semblait que des charbons ardents sortissent de ses lèvres » (France). — Ellipt (en incise) « Il s'apprivoise peu à peu, semble-t-il » (A. Gide).
3 ♦ IL ME (TE...) SEMBLE QUE... : je (tu...) crois que... « Il me semble parfois [...] qu'on peut s'exprimer mieux par des actes que par des mots » (A. Gide). — Ellipt (en incise) « J'ai bien, ce me semble, le droit » (P. Benoit). « Les futures Albertine que je pourrais rencontrer, et qui, me semblait-il, pourraient m'inspirer » (Proust). Il est déjà parti, à ce qu'il me semble, me semble-t-il, il me semble.
4 ♦ IL ME (TE, LUI...) SEMBLE..., et l'inf. « Il me semble assister à un grand festin » (Apollinaire). « Il nous semble les connaître déjà » (Gautier).
5 ♦ Vx ou littér. Que vous en semble ? « Ce qu'il lui semblait de cette personne » (Molière). « Que te semble de cette nouvelle acquisition ? » (Stendhal), qu'en penses-tu ?
● sembler verbe intransitif (bas latin similare, être semblable) Présenter l'apparence de, donner l'impression d'être ou de faire quelque chose (pour quelqu'un) : Le président nous a semblé préoccupé. Cette robe semble vous aller parfaitement. ● sembler (difficultés) verbe intransitif (bas latin similare, être semblable) Construction 1. Il semble que (+ subjonctif) exprime une incertitude, une éventualité, ou une affirmation atténuée : il semble qu'il se soit perdu ; il semble que vous ayez raison. 2. Il semble que (+ indicatif) marque une réalité que l'on constate selon toute apparence : il semble qu'il s'est perdu ; il semble que vous avez raison. 3. Il me (te, lui, etc.) semble que (+ indicatif) exprime un avis, une impression : il me semble que tu as grand ; il me semble que le temps se rafraîchit. 4. Il semble que, il me (te, lui, etc.) semble que (+ conditionnel) marque une éventualité ou l'expression atténuée d'une opinion : il semble que nous devrions partir maintenant ; il me semble que le bleu serait plus seyant. 5. Il semble, il me (te, lui, etc.) semble (+ adjectif attribut) que est suivi de l'indicatif ou du subjonctif selon que ce qui est énoncé est présenté comme réel ou comme probable : il me semble certain que vous vous trompez ; il semble déraisonnable que vous vous aventuriez dans cette région. 6. Il ne semble pas que, semble-t-il que (+ subjonctif ou conditionnel). Après les formes négatives ou interrogatives, le verbe de la subordonnée est le plus souvent au subjonctif : il ne semble pas qu'il se soit donné beaucoup de mal ; il ne lui semblait pas qu'on eÛt tout essayé ; vous semble-t-il qu'il soit aussi heureux qu'il le dit ? - Il peut également être au conditionnel pour exprimer une hypothèse : ne te semble-t-il pas qu'il devrait déjà être arrivé ? Sens et emploi Sembler / paraître. → paraître ● sembler (expressions) verbe intransitif (bas latin similare, être semblable) Il semble que, il y a apparence que, il y a lieu de croire que : Il semble que tout va bien. Il (me, te, etc.) semble, exprime une opinion, un jugement sur une action, un état de choses : Il me semble superflu que vous reveniez. Ce me semble, me semble-t-il, à ce qu'il me semble, à mon avis, selon moi. Littéraire. Que vous en semble, que vous semble-t-il de quelque chose ?, que pensez-vous de cela ? Si (comme, quand) bon me semble, si (ou quand) cela me plaît, me convient. ● sembler (synonymes) verbe intransitif (bas latin similare, être semblable) Présenter l'apparence de, donner l'impression d'être ou de faire quelque chose...
Synonymes :
- avoir l'air
- paraître
Il (me, te, etc.) semble
Synonymes :
- paraître
- s'avérer
sembler
v.
rI./r v. intr. Avoir l'air, paraître; donner l'impression de. Ce fruit semble mûr.
rII./r v. impers.
d1./d (Avec un attribut.) Il me semble vain d'espérer.
|| Si bon lui semble, comme bon vous semblera: s'il lui plaît, comme il vous plaira.
d2./d Il semble que: il apparaît que, on dirait que.
— (Avec le subj., s'il y a doute, ou dans les phrases nég. ou interrog.) Il semble que le pari soit perdu.
— Ellipt. Il peine, semble-t-il.
— (Avec l'inf.) Il me semble le voir.
d4./d Loc. Litt. Que vous en semble?: qu'en pensez-vous?
⇒SEMBLER, verbe intrans. et impers.
A. — Empl. intrans.
1. Vx. Sembler à qqn/qqc. Synon. mod. ressembler à. Et le beau teint, de son âge le prix, Son teint si beau, comme rose en pourpris, Et qui la fais à Cyprine sembler (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 108).
2. Sembler + attribut/inf. (à qqn). Avoir telle ou telle apparence aux yeux de quelqu'un. Synon. paraître.
a) + attribut subst. Peinture de Teniers, qui semble une aquarelle relevée de piqûres de gouache et de plume (GONCOURT, Journal, 1860, p. 795). Le cliquetis du présentez-armes a retenti si brusquement qu'il m'a semblé une détente de piège (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 216).
b) + attribut adj. ou équivalent. Le comte Norbert lui semblait admirable de tous points (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 243). Supposons deux corps électrisés; bien qu'ils nous semblent en repos, ils sont l'un et l'autre entraînés par le mouvement de la terre (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 185). Pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées se rapportent à l'amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu'ils ont d'inexorable comme d'inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 501).
c) + inf. La responsabilité me semble devoir atteindre surtout deux buts, celui d'enlever la puissance aux ministres coupables, et celui d'entretenir dans la nation (...) un sentiment animé de vie politique (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 83). Les monologues intérieurs et les dialogues falots de gens du peuple, lesquels semblent être pris sur le vif (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 119).
— + être + attribut. Tobie s'était fort attaché à nous; notre venue semblait être sa joie (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 231). La décision à prendre semblait être très simple en soi (MARAN, Batouala, 1921, p. 20).
d) Empl. abs., rare. [P. oppos. à être] Les apparences! Qui ne séduisent-elles pas? La science elle-même (...) va-t-elle au delà de ce qui semble? (FRANCE, Livre ami, 1885, p. 206).
B. — Empl. impers.
1. Il semble (à qqn)
a) [Sans attribut]
) Il semble (à qqn) + prop. complét./+ inf.
— Il semble (à qqn) que + verbe conjugué
♦ [Verbe impers. à l'affirm.: empl. des modes selon la nuance envisagée] Il me semble qu'il serait grand temps de commencer l'édition de Paris (HUGO, Corresp., 1862, p. 369). Il semblerait que, dans le commencement, les impressions n'ont été inventées que pour répondre à la passion effrénée du public pour le théâtre et les acteurs (GONCOURT, Journal, 1888, p. 787). Il semble qu'Odette ait changé ses habitudes (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 174):
• 1. ... quand j'ai vu que vous n'attendiez pas la fin des vacances pour revenir et que je pourrais revoir le petit sans pour cela différer mon départ, j'ai cru que... il m'a semblé que Dieu tenait compte de ma prière. J'ai cru qu'il m'approuvait.
GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1131.
♦ [Verbe impers. à une forme interr. ou nég.: empl. du subj. en gén., sauf nuance partic.] Il ne semble pas que ce soit avoir fait un grand pas que de s'être assuré d'une vérité si simple (DESTUTT DE TR., Idéol. 1, 1801, p. 49). Ne vous semble-t-il pas qu'un jugement ne peut être parfaitement juste et équitable qu'autant qu'il est sanctionné par la prudence de Guillaume? (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 183). Il ne semblait pas qu'elles [des nuées] pussent jamais s'ouvrir et que derrière il y eût un ciel (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 8).
— Il semble + inf.
♦ Il semble à qqn + inf. (qqn est le suj. logique de l'inf.). Il lui semblait faire quelque chose de très hardi (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 493). Tu m'as écrit deux lettres extraordinairement douces, où il me semblait que j'entrais en toi profondément: il me semblait goûter un fruit trop mûr, par un couteau d'acier pelé (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1892, p. 153).
♦ Il semble (à qqn) + inf. d'un verbe impers. Comme il nous semble y avoir quelque probabilité (CUVIER, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 444). Il semble bien, toutefois, résulter des premières expériences qu'il existe une différence certaine entre la forme et la puissance d'intelligence des diverses races (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 603).
) Que semble à qqn de + subst. ou pron. de rappel (vieilli). Que pense quelqu'un de quelqu'un/quelque chose?
— de + subst. Que vous semble entre nous d'une telle situation? (COURIER, Pamphlets pol., Réponses aux anon. 2, 1822, p. 161). Mes frères, je vous dirai ce qu'il me semblera d'elle aussitôt que je le saurai (PÉGUY, J. d'Arc, 2e pièce, III, 1897, p. 433).
— Que vous en semble? Qu'en pensez-vous?:
• 2. Prenant des mains du sergent major les deux gravures coloriées, je les fis circuler dans les rangs, où elles obtinrent un accueil enthousiaste (...). — Voltigeurs, leur dis-je, voilà votre type, que vous en semble? Il n'y avait pas à s'y méprendre, le costume était adopté...
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 178.
) que + verbe conjugué (empl. des modes selon la nuance exprimée par l'adj.). Il semble évident que nous sommes sur la terre les jouets de ce que les uns appellent hasard, d'autres fatalité (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 3). Il semble déraisonnable, du point de vue individuel, qu'un homme perde sa vie, c'est-à-dire tout, pour défendre la part souvent assez faible qui lui revient dans des intérêts collectifs (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 224). Il ne me semble plus possible que l'Allemagne gagne cette guerre (GREEN, Journal, 1941, p. 172).
♦ [Avec pron. dém. substitué à il] Cela semble absurde, au premier abord, que de courtiser une vierge soit plus difficile que de s'attaquer à une femme qui s'est donnée (BOURGET, Disciple, 1889, p. 152).
— Si/comme/qui/que... bon (me, te...) semble. Si/comme... (quelqu'un) le désire. [Des seigneurs] pouvaient appeler, quand bon leur semblerait, tel nombre qui leur paraîtrait convenable de conseillers au parlement, de maîtres des comptes et de bourgeois de Paris (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 218). Tu n'auras de moi que ma tête, qui ne te servira de rien. Prends-la tout de suite, si bon te semble (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 237). Le curé ne défendait pas expressément aux femmes de se laver où bon leur semblait (AYMÉ, Jument, 1933, p. 24).
) de + inf. Il me semble absurde d'admettre que ce fût de cette manière que Marx entendit la lutte dont il faisait l'essence du socialisme (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 73).
♦ [Avec pron. dém. substitué à il] Ça lui semblait si bon de faire un peu la vache! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 489).
2. [En incise]
a) [Sans compl. indir.] Selon toute apparence, apparemment, à ce qu'il apparaît.
) Il semble/semble-t-il. Oreillon, c'est pour le peuple toute maladie interne de l'oreille; cela vaut bien otite, il semble (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 42). Ce n'était là, semblait-il pour le moment, que des essais de diversion auxquels on ne pouvait guère se laisser prendre (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 28).
♦ Rare, au cond. Sur le tronc d'un arbre, un des colons avait hâtivement tracé le nom d'une tribu indienne (des Sioux, semblerait-il) (GREEN, Journal, 1937, p. 95). La Vie procède par effets de masses, à coups de multitudes lancées, il semblerait, sans ordre en avant (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 116).
) Ce semble (vieilli). On compte encore, et ce semble avec raison, sur les désertions que la victoire va déterminer dans les rangs des adversaires (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 132).
) À ce qu'il semble. Il importe peu à l'auteur, à ce qu'il semble, de les rendre croyables [des vilenies] (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 305). Le problème moral de l'action et de la destinée humaine n'existe pas, disait-on, et le résoudre, à ce qu'il semblait, c'est le supprimer (BLONDEL, Action, 1893, p. 21).
) Var. Cet aspect fait même souvent défaut (chez Angèle de Foligno, autant qu'il semble) (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 189).
b) [Avec compl. indir., gén. pron. pers.] À l'avis de, selon quelqu'un.
) Il me (te...) semble/me (te...) semble-t-il. L'école d'agriculture, fondée récemment par Lamblin, fort intelligemment dirigée, nous semble-t-il, par le jeune M (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 812). Les menottes tombaient de ses mains, lui semblait-il (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 34). Sa figure, il m'a semblé, est moins bosselée qu'il y a deux ans (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1894, p. 223).
♦ Rare. [Avec compl. indir. subst.] Louise avait, semblait-il aux Slavsky, si longtemps sevrés et affamés, toutes les qualités de la Parisienne en plus des siennes propres (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 232).
) Ce me (ou nous équivalent) semble (vieilli). Il n'y a pas, ce nous semble, d'équivoque possible sur le sujet (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 96). Quelques esquisses secrètes tracées de mémoire suffiraient pleinement, ce me semble, à satisfaire votre curiosité (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 233).
) À ce qu'il me (te...) semble. Bien moins méchant que Iago, à ce qu'il me semble, je vais dire comme lui (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 453):
• 3. Parfois même les mots précédaient la pensée, et il les prononçait machinalement, presque à son insu. Longtemps après — à ce qu'il lui semblait du moins — l'image montait lentement derrière eux, se dégageait à mesure...
BERNANOS, Imposture, 1927, p. 507.
) Var. Si vous aviez, comme il me semble (sans vouloir vous interroger), tant soit peu d'amitié pour moi (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 40).
Rem. Pour ces empl. en incise, l'examen du corpus permet les constatations suiv.: a) en dehors de l'ind. d'empl. régulier, le cond. est rare; b) des variations de temps s'observent pour les formulations et , mais non pour la formulation ; c) toutes les pers. du pron. sont possibles pour les formulations b et b , mais non pour la formulation b .
REM. 1. Semblant, -ante, part. prés. en empl. adj., antéposé, rare. Qui semble être ce que désigne le subst. déterminé. Et dussiez-vous vous étonner Des semblantes naïvetés de cette épître, Ô vous! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Dédicaces, 1890, p. 135). 2. Semble-, élém. de compos. équivalent à simili- et peu productif auj. a) [Le 2e élém. est un subst.] ) Semble-curé, subst. masc. Tais-toi, semble-curé. Ton haleine offense les dames (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 314). ) Semble-détective, subst. masc. Le « semble-détective » exulte (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 122). ) Semble-science, subst. fém. V. simili-science s.v. simili- A 2 c ex. de Péguy. b) [Le 2e élém. est un adj.] Semble-pompéïen, -enne, adj. Quatre marches conduisaient à la salle de bains semble-pompéïenne (COCTEAU, Portr.-souv., 1935, p. 158). 3. Sembler, subst. masc. [Corresp. à sembler A 2 d] Apparence. Au lieu que le sembler, transparente apparence, se lit par lecture directe et dialectique droite (...), la perfide et déloyale simulation s'interprète à l'infini à travers les mille et une complications du déchiffrage (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 14).
Prononc. et Orth.:[], (il) semble []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 que vous en semblet de + subst. (Roland, éd. J. Bédier, 3511); id. sembler + adj. ou subst. « avoir l'air » (ibid., 1484); 2. ca 1145 sembler à qqn « ressembler à quelqu'un » (WACE, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 1165); 3. 1174-76 sembler + inf. « donner l'impression de » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2278). B. 1. Ca 1100 [il] me semblet + inf. (Roland, 1050); 2. 1160-74 ce me (te, lui) semble (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 551); 3. 1188 (il) semble que (AIMON DE VARENNES, Florimont, éd. A. Hilka, 5586); 4. 1269-78 toutes les foiz que bon lor samble (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 18978); 5. 1916 semble-t-il « à ce qu'il paraît, selon toute apparence » (GIDE, Journal, p. 578). Du b. lat. similare « être semblable », « ressembler », « paraître ». Fréq. abs. littér.:47 345. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 59 247, b) 72 295; XXe s.: a) 70 460, b) 69 685. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 182. — HERIAU (M.). Le Verbe impers. en fr. mod. Paris, 1980, pp. 716-730. — RIEGEL (M.). L'Adj. attribut. Paris, 1985, 222 p. — ROULET (E.). Des Modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Saussure. 1979, n ° 33, pp. 58-61. — RUWET (N.). Montée du sujet et extraposition. Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 104-133; Montée et contrôle. Analyses gramm. du fr. Ét. publ. à l'occasion du 50e anniversaire de C. Vikner. Copenhague, 1983, pp. 17-37.
sembler [sɑ̃ble] v. intr.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du bas lat. similare « ressembler », de similis « semblable ».
❖
♦ Paraître. — REM. Sembler est plus subjectif, moins précis que paraître.
———
I (Tour personnel).
1 Sembler à qqn (suivi d'un attribut) : avoir l'air, présenter telle apparence pour qqn. || « Que vous êtes joli ! (cit. 5) / Que vous me semblez beau ! » (La Fontaine), que vous avez belle apparence. || « Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts » (cit. 8), il les trouvera trop courts. || « Tout vous est aquilon (cit. 1), tout me semble zéphyr », tout est pour moi comme… (→ aussi Canon, cit. 1; patrie, cit. 13).
♦ (Suivi d'un inf.). Donner l'impression, l'illusion de… || L'atmosphère (cit. 8) lui sembla s'être raréfiée. || Chaque heure me semble durer (cit. 5) une journée.
2 (Sans compl. indirect). Paraître. (Suivi d'un attribut). || Cela semble suffisant, être suffisant. || « Rien ne semble vrai, qui ne puisse sembler faux » (cit. 1, Montaigne). || « Vous changez de couleur, et semblez interdite » (cit. 16). ⇒ Mine (avoir la). — Être semblable à. ⇒ Ressembler (à). || « L'enfer semble une gueule (cit. 6, Hugo) effroyable qui mord ». — (Suivi d'un inf.). || « Il ne va pas, il court, il semble avoir des ailes » (cit. 17). || « L'imagination (cit. 22) semble créer quand elle ne fait qu'arranger ». — (Avec ellipse de être). || Il semblait au bord de l'aveu (→ Bloquer, cit. 5), au comble de l'irritation (→ Bracelet, cit. 1).
———
II Il semble… v. impers.
1 Sembler à qqn (suivi d'un adjectif attribut, et construit comme le verbe être) : être apparemment pour qqn. || Il me semble superflu de démontrer… (→ Ponctuer, cit. 2; et aussi querelle, cit. 10). — Ellipt. || Il semblait évident que c'était un complot (→ Moment, cit. 21; et aussi précieux, cit. 7).
1 (…) il lui semblait nécessaire que quelque chose de divin s'accomplît.
France, les Désirs de Jean Servien, VI.
♦ Sembler bon. || Il nous a semblé bon de le dire. ⇒ Agréer, plaire. || Quand bon me semblerait (→ Glu, cit. 5; et aussi instinct, cit. 3). || Exiler qui bon lui semble (→ Monarque, cit. 2). || Si bon (cit. 116) leur semble. || Faire tels changements que bon lui semblera (→ Déposition, cit. 1). || Ce que bon lui semblait (→ Fourrière, cit.).
2 Il semble que… : les apparences donnent à penser…, on a l'impression que… ⇒ Dire (on dirait que).
a Suivi de l'indic., sous la forme affirmative, pour marquer que les choses sont ainsi selon toute apparence (→ Antipathie, cit. 3; identité, cit. 5; parole, cit. 6), ou du cond. (→ Adhérent, cit. 1; déposer, cit. 4.1).
b Suivi du subj. en phrase affirmative, pour marquer un certain doute (→ Amasser, cit. 4; austérité, cit. 14), en phrase négative (→ Machine, cit. 4), et en phrase interrogative (→ Inévitable, cit. 8). — REM. La concordance des temps se fait normalement après il semblait…, il sembla… (→ Abois, cit. 3; anéantir, cit. 8).
2 Corneille est plus moral, Racine plus naturel. Il semble que l'un imite Sophocle, et que l'autre doit plus à Euripide.
La Bruyère, les Caractères, I, 54.
3 (…) il semblait que des charbons ardents sortissent de ses lèvres (…)
France, Thaïs, II.
4 L'impersonnel il semble (que), parce qu'il marque une apparence en rapport avec la disposition d'esprit du sujet parlant, amène tantôt le subjonctif, tantôt l'indicatif. Cependant, lorsque ce verbe, pris affirmativement, a un complément d'objet secondaire, la tendance de la langue littéraire moderne est de le faire suivre de l'indicatif (…) S'il n'y a pas de complément d'objet, le mode du verbe en subordination dépend de la pensée (…)
Cette différence dans l'assurance ou la certitude fait comprendre celle des modes dans les phrases que voici : « Il semblait que cette masse était devenue monstre et n'eût qu'une âme » (Hugo, Mis., II, I, 9) […] « Chez Ronsard, Corneille, Hugo (…) il semble que l'émotion aboutisse au mot et s'y tienne » (Gide, Incidences…).
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1274.
♦ (1273). Ellipt et en incise. Vx. || Ce semble (→ Améthyste, cit. 1; concitoyen, cit. 3). — Mod. || Semble-t-il (→ Apprivoiser, cit. 17; autrement, cit. 18), semblait-il (→ Liguer, cit. 2; parfaire, cit. 3).
3 Il me (te, lui…) semble que… : je (tu,…) crois, je pense que… — a Suivi de l'indic., presque toujours en phrase affirmative (→ Abîmer, cit. 6; acte, cit. 3; ailé, cit. 5; appauvrir, cit. 2; faim, cit. 4) ou du cond. (→ Goujat, cit. 7; incorporer, cit. 4).
b Suivi du subj. exceptionnellement à l'affirmatif (→ Mortifier, cit. 5), régulièrement en phrase négative et interrogative.
5 (…) il me semble que ce ne serait pas trop tard pour recommencer notre vie.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, XI.
6 Je me sens ici plus loin des miens que je ne pouvais l'être au Tchad même. Et il me semble que, loin d'eux, ma pensée s'endorme : qu'il fallait leur constante attention pour la tenir en éveil.
Gide, Journal, 14 mars 1943.
♦ Il semble à… suivi d'un n. de pers. || Il semblait à Jeanne que son cœur s'élargissait (Maupassant, Une vie, I, p. 17).
♦ (Ellipt et en incise). ⇒ Croire, juger, penser. — Vieilli ou littér. || Ce me semble (→ Brûler, cit. 6; dénouer, cit. 7; impudent, cit. 6; jauger, cit. 2). — Mod. || Me semble-t-il (→ Irréductible, cit. 1), me semblait-il (→ Nom, cit. 19), lui semblait-il (→ Doigt, cit. 10), m'a-t-il semblé (→ Questionner, cit. 2). — Plus cour. || Il me semble (→ Quereller, cit. 8). || À ce qu'il me semble (→ Incommodité, cit. 6), à ce qu'il m'a semblé (→ Manifester, cit. 11). ⇒ Avis (à mon), selon.
7 — (…) J'ai bien, ce me semble, le droit de trouver que l'air de Djelabad vous réussit à merveille (…)
Pierre Benoit, Bethsabée, I.
8 (…) les futures Albertine que je pourrais rencontrer, et qui, me semblait-il, pourraient m'inspirer (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 988.
4 Il me (te, lui…) semble…, suivi directement de l'inf. || Il me semble assister (→ Giorno, cit. 2). || Il me sembla voir ma grand-mère (cit. 2). || Il me semblait n'avoir fait… (→ Ignorance, cit. 19). || Il lui semblait suivre… (→ Aggravation, cit.), avoir trouvé… (→ Centre, cit. 15). || Il nous semble les connaître (→ Réminiscence, cit. 3). — Vx (avec de). || « Il m'a semblé d'entendre » (Molière, le Dépit amoureux, v. 1461).
5 Vx. || Il me (lui…) semble de…, suivi d'un compl. marquant le propos, le sujet considéré. || « Demandant à Léandre ce qu'il lui semblait de cette personne » (Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2), ce qu'il pensait de… || Que te semble de cette personne ? (→ Part, cit. 26). — ☑ Loc. mod. et soutenue. Que vous en semble ? Que (cit. 32) te semble de cette nouvelle acquisition ?, qu'en penses-tu ? — (Avec ellipse du compl.). || « Que vous semble ? » (Racine, Bajazet, IV, 3).
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DÉR. Semblable, semblance, semblant.
Encyclopédie Universelle. 2012.