savonner [ savɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Laver en frottant avec du savon. Savonner du linge. Se savonner le visage. — Pronom. Se laver au savon. « Moktar s'était [...] savonné de son mieux » (Duhamel).
2 ♦ Loc. fam. (1669) Vieilli Savonner la tête à qqn, le réprimander. ⇒ savon (3o). — Mod. Savonner la planche à qqn : utiliser des procédés déloyaux envers qqn pour tenter de le faire échouer.
● savonner verbe transitif Passer le savon ou la savonnette sur quelque chose, le corps (de quelqu'un), le laver au savon : Savonnez la tache au savon de Marseille. Soumettre une glace au savonnage. ● savonner (difficultés) verbe transitif Orthographe Avec deux n, de même que les dérivés savonnage, savonnerie et savonnette. ● savonner (expressions) verbe transitif Familier. Savonner (la tête de) quelqu'un, le réprimander vertement, lui passer un savon. Familier. Savonner la planche à quelqu'un, chercher à lui nuire, lui créer des difficultés.
savonner
v. tr. Laver au savon.
|| v. Pron. Se savonner le dos.
⇒SAVONNER, verbe trans.
A. — 1. Laver en frottant avec du savon.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Savonner un plancher, des dalles; savonner un col de chemise, une tache au savon de Marseille. Elle savonna le linge sale, les chemises et les torchons, qu'elle faisait sécher sur une corde (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Parure, 1884, p. 460). Ils erraient, l'un suivant l'autre dans le couloir de la compagnie, quand une voix cria: — Eh, les bonshommes qui ne foutent rien, savonnez donc le lavabo (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 117).
♦ Empl. abs. Savonner au lavoir. Après s'être risquée jusqu'au Palais-Royal, pour prendre l'air, elle rentrait vite, s'enfermait, se mettait à coudre ou à savonner (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 508). Ce n'est presque rien, il suffira de savonner à l'endroit de la tache (AYMÉ, Jument, 1933, p. 160).
— Empl. pronom. passif. Dans un coin s'élevait le baquet où se savonnait (...) le linge de la famille (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 312).
— Au fig. Nettoyer, rendre net, mettre au propre. Nous savonnerons [mon ami et moi] à nous deux la Peau de chagrin. Il faut que dans cette édition il n'y ait plus de fautes (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1834, p. 182).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Savonner un bébé. Il aimait qu'elle le savonnât, qu'elle le frottât partout, à se casser les poignets (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1231). [Maman] nous savonnait elle-même, à l'exception de Joseph qui devenait vraiment trop grand (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 107).
— [P. méton.] Savonner ses mains, le dos de qqn. Quand vous auriez de la poussière dans les oreilles, en voilà-t-il pas? Eh bien, vous les savonnerez plus fort (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 118). Tandis qu'elle lui savonnait les pieds avec véhémence, elle reprit: — Tu es bien content aussi de voir du monde, rue Caumartin (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 119).
— Empl. pronom. réfl. Se passer une savonnette sur le corps au cours de la toilette. Se savonner la tête. — (...) Dans la buanderie neuve, on fait chauffer de l'eau plein une grande cuve à vendanges (...). Nous nous déshabillons toutes et nous nous fourrons dedans pour nous savonner. — Toutes nues? — Dame, comment ferait-on pour se savonner, sans ça? (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 140). Pinette se savonnait le cou avec fureur (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 42).
2. En partic. Enduire de savon à barbe, de crème à raser, afin de faciliter le rasage. Savonner la barbe à/de qqn. Chez le coiffeur, au rez-de-chaussée, une scène avait même eu lieu à ce sujet entre la femme et le mari pendant qu'il rasait un client. (...) Le mari grogna, tout en savonnant le menton du patient (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 357). Chez le coiffeur, il n'y avait aucun client. Il s'installa. Le patron en personne commence à lui savonner la périphérie inférieure de la face (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 103).
— Empl. pronom. réfl. Se savonner les joues avec un blaireau. [Il] prit un rasoir, se savonna le visage, et d'une main parfaitement ferme abattit ces favoris compromettants qui donnaient à la police un document si précieux (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 134). Dans le bar (...), César se rase, presque sur le trottoir, avec un énorme rasoir. Il a suspendu un petit miroir aux montants qui, en hiver, soutiennent les vitres. (...) il se savonne à nouveau (PAGNOL, Marius, 1931, IV, 1, p. 205).
B. — Au fig.
1. Fam., pop., vieilli. Savonner (la tête à/de) qqn. Réprimander sévèrement. Synon. engueuler (pop.), passer un savon (fam., pop.; v. savon2). Je vais savoir de quoi n'il retourne! Et c'est moi qui me charge de savonner ceux qui m'ont sangé mon monsieur (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 103). La répression continuait. Fine comparut, elle aussi, et se fit savonner la tête (au figuré, car au propre, la chose ne lui est jamais arrivée) (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 93).
2. Spécialement
a) MUS. (arg. des chanteurs). Savonner les traits ou, absol., savonner. Abuser des ports de voix, mal détacher les notes. Lorsque l'articulation laryngienne reste inconsciente et par conséquent molle, il y a confusion d'intonation d'une note à l'autre, et le chanteur glisse ses traits. On dit aussi qu'il savonne (ARGER, Init. art chant, 1924, p. 126).
b) RADIO, TÉLÉV. Savonner le texte. ,,Glisser sur certains mots ou certaines syllabes au point de rendre le texte incompréhensible`` (Radio 1972).
REM. 1. Savonnade, subst. fém., région. (Belgique). Eau savonneuse. Je devais (...) préparer seul la savonnade avec laquelle mon oncle (...) lavait lui-même les linges de l'autel (FABRE, Xavière, 1890, p. 163). Savonnade ne se dit plus (HANSE Nouv. 1983). 2. Savonnée, subst. fém., région. (Belgique). a) Eau savonneuse. Savonnée (...) courant en Wallonie, n'est pas français (...) on dira donc:eau savonneuse (HANSE Nouv. 1983). b) Petite lessive faite à la main (d'apr. DOPP. Région. 1978).
Prononc. et Orth.:[], (il) savonne []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Déb. du XVIe s. [ms.] savonner la barbe (Anne Malet DE GRAVILLE, Palamon et Arcita, Paris, Ars. 5116, fol. 23 r ° ds GDF. Compl.); b) 1542 fil de soye [...] savonnee en savon noir (doc. ds LESPINASSE, Métiers et corporations de la ville de Paris, t. 3, p. 123); 2. 1669 savonner la tête (à qqn) « réprimander (quelqu'un) » (WIDERHOLD d'apr. FEW t. 17, p. 5a). Dér. de savon1; dés. -er. Fréq. abs. littér.:103. Bbg. QUEM. DDL t. 19 (s.v. savonnade), 31, 34.
savonner [savɔne] v. tr.
ÉTYM. Déb. XVIe; de savon.
❖
1 Laver en frottant avec du savon. || Savonner du linge, un plancher, des marches d'escalier, des dalles (→ Glissant, cit. 1; manquer, cit. 59). || Se savonner la tête, le cou et la poitrine (→ Laver, cit. 17). — Pron. (Personnes). Se laver au savon (→ Métamorphose, cit. 12). — (Étoffe). Pouvoir supporter un lavage au savon. || Cette étoffe ne se savonne pas.
♦ Absolument :
0 La femme de chambre bêche avec amour, la cuisinière savonne au lavoir.
Colette, la Naissance du jour, p. 14.
♦ (1876). Enduire de mousse de savon à barbe (de crème à raser, etc.), afin d'amollir le poil et de faciliter le rasage. || Se savonner le visage avec un blaireau.
❖
DÉR. Savonnage.
Encyclopédie Universelle. 2012.