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rivage

rivage [ rivaʒ ] n. m.
XIIe; de rive
1Partie de la terre qui borde une mer ou un lac (dans ce cas, on dit plutôt rive). bord, côte, littoral. Quitter le rivage, s'éloigner du rivage.
2Zone soumise à l'action des vagues, et éventuellement des marées. 1. grève, 2. plage. Rivage de sable, de galets. Épaves rejetées sur le rivage. Droit d'accès au rivage.
3Vx ou littér. Les rivages d'un cours d'eau. 1. berge , rive.

rivage nom masculin (de rive) Bande de terre qui borde une étendue d'eau et, plus généralement, région qui en est à proximité immédiate : Rivage de sable. Partie de la terre soumise à l'action des vagues, de la marée (Le rivage de la mer dépend du domaine public maritime.) ● rivage (citations) nom masculin (de rive) Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? Premières Méditations poétiques, le Lac

rivage
n. m.
d1./d Bande de terre qui limite une étendue d'eau, et plus partic. d'eau marine. (N.B. On emploie plutôt le mot rive à propos d'une étendue d'eau douce.)
d2./d DR Partie du littoral soumise à l'action des marées.

⇒RIVAGE, subst. masc.
A. — 1. Large bande de terrain qui borde une étendue d'eau marine. Synon. plus rare rive (v. ce mot I B 1). Le rivage se composait, d'abord, d'une large grève très-unie (...), ensuite, le littoral, devenu fort irrégulier, projetait des pointes aiguës en mer (VERNE, Île myst., 1874, p. 251). Ils dominaient un long rivage ensablé d'une blancheur tendre et un peu rosée; l'océan s'étalait vers la côte en nappes inertes à peine distinctes du bord de sable clair (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 117).
SYNT. et EXPR. Rivage couvert (de), désert; beau, triste rivage; rivage de la baie, de l'île, de l'océan; bord, rochers, sable du rivage; atteindre, baigner, battre, border, côtoyer, quitter le rivage; aborder, courir au rivage; approcher du rivage; attendre, se briser, porter, rester sur le rivage; s'éloigner du rivage; debout sur le rivage; à distance/loin/le long/près du rivage; de rivage en rivage.
DR., GÉOGR. Rivage de (la) mer. ,,Dépendance du domaine de l'État formée par la bande de littoral que la mer couvre et découvre dans ses mouvements alternatifs`` (CAP. 1936). Le rivage de la mer, enfin, dans quelle mesure relative est-il une frontière? L'activité des riverains s'épand toujours sur les zones marines bordières, et n'est-ce pas la mer (...) qui a fait les groupements politiques du monde phénicien (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 298).
ORNITH. Hirondelle de rivage (v. hirondelle A 1); oiseau de rivage. Oiseau qui vit au bord de la mer. Les oiseaux du genre des canards, et d'autres oiseaux d'eau et de rivage (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 440).
2. P. anal., gén. au plur. Ce qui évoque le rivage de la mer par sa situation, son étendue, etc. Synon. bordure. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve (...) le roulis imperceptible du port (...); sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 85). Les arbres (...) ne déferlaient plus contre les rivages du ciel (GIONO, Eau vive, 1943, p. 272).
3. Au fig. Synon. de rive (v. ce mot I B 3).
a) Ce qui représente une position à l'abri, où l'on trouve une certitude, une sécurité, un apaisement après de longs efforts, face à un péril, etc. Synon. havre, refuge. Je me croyais bien fort, à l'abri des tempêtes. Avec quelle pitié dédaigneuse je regardais du rivage ceux qui sont encore ballottés par le flot troublé de la vie! (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 96). En art (...), ceux-là seuls comptent qui se lancent vers l'inconnu. On ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d'abord et longtemps, tout rivage (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1214).
Domaine relig. Synon. de au-delà, paradis, vie éternelle. Je ressemble à une frêle nacelle abandonnée sur l'océan (...). Un jour viendra (...) où, guidé par elle [la Providence], j'aborderai sur de paisibles rivages. Là nous trouverons le repos que nous cherchons vainement ici-bas (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1818, p. 23).
b) Avec une nuance péj. Ce qui représente l'inconnu, la difficulté, le danger possible, la solitude, l'abandon, l'éloignement. Il y a bien long-temps (...) que je ne t'ai écrit (...). Parle-t-on d'un rivage abandonné, où tout attriste, d'où les eaux vives se sont retirées, et sur lequel a passé le vent de la destruction (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 118). Virgile croyait toujours voir la perfection assise sur un autre rivage, et l'océan entre eux deux. La perfection doit toujours nous apparaître comme un fantôme éloigné dans un vague horizon (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1817, p. 87).
c) Ce qui représente une limite. Synon. borne. « Un manque de rivages », voilà ce dont il souffre: il est devant soi comme devant un abîme sans fond (MASSIS, Jugements, 1924, p. 107). L'Océan du Temps n'a qu'un rivage, qui est celui de notre naissance (MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 217).
Sans rivage(s). Sans limite(s). Il fallait dire adieu à toutes ces diaphanes rêveries, où son esprit se berçait si mollement dans un ciel sans limites, dans un océan de délices et d'extases sans bord, sans rivage! (FLAUB., Smarh, 1839, p. 73).
B. — 1. Vx. Bande de terrain qui borde une étendue d'eau douce. Synon. berge, rive (v. ce mot I A 1 a (plus fréq. que rivage dans ce sens)). Rivage opposé, autre rivage; rivage du fleuve. La baie de Chigomégan, située sur le rivage méridional du lac Supérieur (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 147). Le Nil rongeait chaque jour son rivage, il entraîna la terre, désagrégea les bancs de sable (DU CAMP, Nil, 1854, p. 192). V. amant ex. 89.
2. P. anal. Ce qui évoque les rivages d'un cours d'eau par ses bords plus ou moins parallèles. Synon. rive (v. ce mot I A 2). Dans la plante grasse pénétrée par la lumière de la lampe, elle regarda des fleuves couler entre de minces rivages de fibre (L. DE VILMORIN, Sainte, 1934, p. 157).
3. Au fig.
a) Ce qui borde, accompagne quelque chose ou contient quelque chose dans ses limites; ce qui présente une succession d'images, d'événements variés. Pour qu'avec ses sombres écumes la passion ne nous corrode pas, il faut (...) qu'elle soit un grand fleuve emportant nos espérances vers des rivages toujours neufs (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 192):
Tout individu, à côté de l'époque dont il est contemporain, (...) me fait l'effet d'être sur un petit rivage le long d'un grand fleuve (...). Une fois sortis de la première enfance, nous courons le long de notre petit rivage (...). Puis notre pas insensiblement se lasse, notre petit rivage se rétrécit...
SAINTE-BEUVE, Pensées, 1868, p. 129.
b) MYTH., littér. Le noir/sombre rivage; rivage de l'Achéron, rivage de la mort/des morts/des ombres, etc. ou absol. rivage. Rivage des fleuves des Enfers. Synon. mort, rive (v. ce mot I A 3 c). Tout lapin qui paroît trouve un affreux trépas: Les rivages du Styx sont bordés de leurs mânes (FLORIAN, Fables, 1792, p. 151). Vous croyez (...) errer véritablement sur le rivage où jadis le nautonnier des enfers passoit toutes les ombres (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 333).
C. — P. méton. (avec A et B), surtout au plur., littér., vx. Contrée située au voisinage d'une étendue d'eau; pays où l'on aborde. Synon. rive (v. ce mot I C). Rivage étranger, inconnu; nouveaux rivages. Il erre maintenant sur de lointains rivages. (...) Et d'exil en exil, par le sort poursuivi, l'Europe à ses malheurs offre à peine un abri (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p. 99).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Déb. XIIe s. « étendue de terre en bordure de mer » (BENEDEIT, St Brendan, 355 ds T.-L.); 1174-76 rivages de mer (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2668); 1er quart XIIIe s. empl. par image (RENCLUS DE MOLLIENS, Carité, éd. A. G. van Hamel, 59, 12: [d'un prêtre] [...] tu les [les pèlerins] menroies logier Par tius perius a sauf rivage); b) ) 1409-10 rivage de Meuse à Maisieres (Compte ds Trésor chartes comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 2, p. 604); ) 1246 Compiègne « droit payé sur les marchandises chargées ou déchargées sur la rive » (Cartul. de Compiègne, II, 310 d'apr. M. BAMBECK ds Mél. Gamillscheg [E.] 1968, p. 68); ) 1677 désigne les rives des fleuves des enfers (RACINE, Phèdre, II, 1: le Cocyte et les rivages sombres; II, 5: le rivage des morts); 2. p. ext. 1184-87 « contrée, pays » (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 7213). Dér. de rive; suff. -age; cf. le lat. médiév. ripaticus « redevance d'amarrage » 651, « rive » 917-22 Poitou ds NIERM.; rivagium 1083 Normandie, GUILLAUME LE CONQUÉRANT ds DU CANGE. Fréq. abs. littér.:2 492. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 181, b) 3 683; XXe s.: a) 1 816, b) 1 403.

rivage [ʀivaʒ] n. m.
ÉTYM. Fin XIe; dér. de rive, et suff. -age comme dans feuillage, etc.
1 Partie de la terre qui borde une mer ou un lac (dans ce cas, on dit plutôt rive). Bord, côte, littoral.REM. Ce sens englobe la côte et la zone littorale des géographes. — La population bigarrée (cit. 3) de tout ce rivage oriental. || « L'Océan, ponté (cit. 1) de navires, unira ses rivages » (Michelet).Quitter le rivage, s'éloigner du rivage. || Aborder (cit. 3) un rivage.
Par métaphore (littér.). Lieu de refuge, havre, but d'un voyage. || Échouer (cit. 1) sur le rivage. || « Ainsi (cit. 11) toujours poussés vers de nouveaux rivages » (Lamartine).
1 Il y a quinze jours que nous sommes sur le rivage, et que nous vous voyons agitée des mêmes pensées et des mêmes craintes que nous avons eues. Nous serons ravis de vous voir aborder comme nous, et tous également sauvés de l'orage.
Mme de Sévigné, 1157, 28 mars 1689.
2 L'horizon perçu par les yeux humains n'est jamais le rivage, parce qu'au delà de cet horizon, il y en a un autre, et toujours !
Flaubert, Correspondance, 534, 18 mai 1857.
2 (Fin XVIIe). Cour. Zone soumise à l'action des vagues, et, le cas échéant, des marées.REM. Ce sens est le seul reçu en géographie et en droit. Grève, plage; → Avant, cit. 46; galet, cit. 1; mer, cit. 3. || Rivage de sable, de galets… || Matières rejetées sur le rivage. Herpe (2.). || Rivage extérieur, intérieur (lorsqu'il y a un cordon littoral). || Ligne de rivage : limite, variable selon l'état de la mer (marée, etc.), entre la côte proprement dite et le rivage (→ Littoral, cit.). || Rivage irrégulier (flèches, épis en avant du rivage). || Tracé du rivage à l'embouchure d'un cours d'eau (estuaire…). || Rivage régularisé. || Ancien rivage émergé formant terrasse littoraleDr. || Le rivage de la mer est une dépendance du domaine de l'État (→ Lais, cit. 2). || Droit d'accès au rivage.
3 Vx ou littér. Rive (d'un cours d'eau). || Le rivage, les rivages d'un fleuve, d'une rivière. Berge, rive (→ Île, cit. 5).Allus. littér. || « Louis… Se plaint de sa grandeur qui l'attache (cit. 15) au rivage » (Boileau).
3 Ils y construisent des travaux
Qui des torrents grossis arrêtent le ravage
Et font communiquer l'un et l'autre rivage.
La Fontaine, Fables, IX, XX.
Spécialt.(Littér., vx). Les rivages de l'Achéron, du Cocyte, du Styx… Enfer (I.); → Infernal, cit. 2. || « On ne voit point deux fois le rivage des morts » (→ Proie, cit. 7, Racine). — ☑ Le rivage blême (cit. 4), le sombre rivage (→ 3. Mort, cit. 17), le noir rivage : la mort.
4 Par ext. (le plus souvent par métaphore). Littér., vx. Contrée, pays. Rive, I., 3.
4 Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes yeux si funeste
Présenterait d'abord Pylade aux yeux d'Oreste ?
Racine, Andromaque, I, 1.
5 (…) j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 335.

Encyclopédie Universelle. 2012.