pogne [ pɔɲ ] n. f.
• 1807; de poigne
♦ Fam., vieilli Main. Serrer la pogne à qqn. ⇒ paluche.
● pogne nom féminin (de poigne) Populaire. Main. ● pogne nom féminin (provençal pogne) Brioche en couronne. (Spécialité de Romans.)
pogné, ée
adj. (et n.) V. poigné.
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poigné, ée ou pogné, ée
d1./d Pris, immobilisé. être poigné dans le trafic, dans la neige.
— Occupé, retenu. être poigné toute la journée au bureau.
— être poigné pour faire qqch, y être contraint.
— être poigné avec qqn: être obligé de vivre, de travailler avec qqn.
d2./d à l'étroit, mal à l'aise. Elle est poignée dans sa robe.
d3./d Fig. Mal dans sa peau, inhibé. Un gars poigné.
|| Subst. Les poignés: les complexés.
d4./d Atteint (d'une maladie). être poigné du coeur, des poumons.
— Congestionné. Avoir la gorge poignée.
⇒POGNE, subst. fém.
Pop. Main. Vouloir lui serrer la pogne. C'petiot, c'tout petiot, quand j'sortais avec lui et que j'y tenais sa p'tite pogne, je m'faisais l'effet de tenir le p'tit cou tiède d'une hirondelle, tu sais? (BARBUSSE, Feu, 1916, p.318).
♦Être à la pogne de qqn. Lui obéir, lui être soumis. Les condés (...) devaient attendre (...) qu'elle soit dans le manque [de cocaïne]; là ils allaient l'avoir à leur pogne [pour lui faire avouer sa complicité] (Pt Simonin ill., 1957, p.190).
Prononc. et Orth.:[]. V. poignée. Étymol. et Hist. a) 1807 (MICHEL (J.-F.) Expr. vic., p.153: Pogne, Poigne ne sont pas français. Ne dites pas, Cet homme a une fameuse poigne —Cet homme a le poignet bien fort); b) 1821 pogne «main» (d'apr. ESN.); 1836 (VIDOCQ, Voleurs, t.2, p.27); c) 1875 un ministre à poigne (Liberté cité ds LARCH. 1880, p.287). Empr. au lorr., parler où la forme dial. depoing est po(u)gne masc. mais aussi fém., d'apr. la finale en -gne et peut-être l'attraction de main; cf. aussi 1372 pougne fém. «poignée (d'un objet)» et 1373 puigne fém. «poignet (d'un vêtement)» (v. GDF.), 1387-88 Jehan bonne poigne (ds GDF. Compl.), 1725 la Pogne, surnom d'un des voleurs de la bande de Cartouche (GRANDVAL, Vice puni, p.43), v. aussi FEW t.9, p.514b, 515a et p.520, note 7.
DÉR. Pogner, poigner, verbe trans. a) Empoigner, prendre, saisir. Doguereau, d'un geste imperceptible et court, poigna la garde de son épée, comme pour y arracher de l'énergie (D'ESPARBÈS, Vent du boulet, 1909, p.25). Là, on se met à l'abri, tard, l'automne, quand les gros vents vous poignent pendant qu'on chasse ou ben donc qu'on pêche sur les battures (GUÈVREMONT, Marie-Didace, 1945 ds ROGERS 1977). Pogner les nerfs. ,,S'emporter, se fâcher`` (Fichier TLFQ). Empl. pronom. réciproque. ,,En venir aux coups; se battre, s'engueuler`` (Fichier TLFQ). b) Arg., empl. pronom. réfl. ,,Se masturber`` (SANDRY, CARRÈRE, Dict. arg. mod., 1953, p.147). — [], [], (il) pogne, poigne [], []. V. poignée. — 1res attest. a) 1582 poigner «toucher avec le poing, empoigner» (Ch. et privil. des .XXXII. mét. de la cité de Liège, p.81 ds GDF.) —XVIIes. dans le domaine wallon, v. GDF. et a survécu dans certains parlers région. au sens de «prendre à pleines mains, prendre violemment», v. FEW t.9, p.515, b) 1935 arg. se pogner «se masturber» (LACASSAGNE, Arg. «milieu», p.259); de pogne arg. «main», v. poigne.
1. pogne [pɔɲ] n. f.
ÉTYM. Déb. XIXe; var. régionale de poigne.
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♦ Pop. ou fam. Main. || Serrer la pogne à un copain.
1 Une bonne femme est en train de se laver les pognes. Elle a enlevé sa bagouze. Elle l'a posée sur le coin du lavabo.
P. Guth, le Naïf locataire, p. 66.
♦ ☑ Loc. Être à la pogne (de qqn), lui être soumis, lui obéir. ☑ Avoir à sa pogne : disposer (de qqn), l'avoir à sa dévotion.
2 Comme dans les mauvais rêves, il se pressait pas. J'étais à sa pogne. Il devait choisir l'endroit où me refiler son tesson en poire. J'en distinguais les éclats aigus, scintillants, plus très loin (…)
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 49.
REM. Ce mot s'est employé régionalement au sens de « poignée » (argot. : une pogne de grappin, 1879, « une poignée de main »).
3 Ce soir, au retour de la promenade, nous avons trouvé de la clairette de Die, on a soupé avec une pogne d'herbe de Sassenage.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. II, p. 146.
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2. pogne [pɔɲ] n. f.
ÉTYM. 1938, Montagné; probablt même orig. que 1. pogne « poignée, poing ».
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♦ Régional. Brioche en couronne.
Encyclopédie Universelle. 2012.