ployer [ plwaje ] v. <conjug. : 8> I ♦ V. tr.
1 ♦ Vx Plier (I, 1o). « Ces nues ployant et déployant leurs voiles » (Chateaubriand).
2 ♦ Littér. Plier (I, 2o), tordre en abaissant. ⇒ plier; courber. « Le vent ploie comme un jonc ce mât de quatre cents pieds de haut » (Hugo). — Ployer les genoux, les plier, étant debout. ⇒ fléchir. Fig. et littér. Céder, s'humilier.
II ♦ V. intr.
1 ♦ Se courber, se déformer sous une force. ⇒ céder, fléchir. Poutre surchargée, plancher qui ploie. Faire ployer : courber, tordre; affaisser. Ployer sous la charge, sous le faix. « Ses jambes ployèrent sous lui » (Gautier). ⇒ faiblir.
2 ♦ Fig. et littér. Céder à une force. ⇒ fléchir. Ployer sous le joug.
⊗ CONTR. Déployer, étendre; résister.
● ployer verbe transitif (latin plicare, plier) Littéraire Tordre quelque chose en le fléchissant ou en le courbant : Le vent ploie la cime des arbres. ● ployer (difficultés) verbe transitif (latin plicare, plier) Littéraire Conjugaison Les formes conjuguées du verbe s'écrivent avec un i devant e muet : je ploie, tu ploies, nous ployons. - Attention au futur et au conditionnel : je ploierai ; je ploierais. - Attention également au i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous ployions, (que) vous ployiez. Construction et sens Ployer / plier → plier ● ployer (expressions) verbe transitif (latin plicare, plier) Littéraire Ployer les genoux, les plier ; se soumettre, céder en s'humiliant. ● ployer (synonymes) verbe transitif (latin plicare, plier) Littéraire Tordre quelque chose en le fléchissant ou en le courbant
Synonymes :
- casser
- plier
● ployer
verbe intransitif
Littéraire
Se courber, s'infléchir en se déformant : Poutre qui a ployé sous la charge.
Céder devant quelque chose, en être accablé : Le peuple ployait sous le joug.
● ployer (synonymes)
verbe intransitif
Littéraire
Se courber, s'infléchir en se déformant
Synonymes :
- courber
- fléchir
- plier
- tordre
Céder devant quelque chose, en être accablé
Synonymes :
- obéir
ployer
v.
d1./d v. tr. Litt. Courber (qqch). Ployer une branche.
— Ployer les genoux, les plier.
d2./d v. intr. Fléchir sous un poids, une pression. Poutre qui ploie.
|| Fig. Ployer sous la tâche.
⇒PLOYER, verbe
I. —Empl. trans.
A. —Mettre une matière souple (étoffe, papier) en deux ou plusieurs épaisseurs. Synon. plier, replier.; anton. déplier, déployer, étaler. Allons, bélître, continua-t-il en s'adressant à son élève (...) roule les bandes et ploie les compresses (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.433). À qui donc écrit-elle? se disait Giovan, tandis que Giulia ployait ses paperasses (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.201):
• 1. Dans ces moments, il n'y a pas à vouloir lutter, il faut imiter les petits bâtiments qui ploient leurs voiles, ferment leurs écoutilles et se laissent battre comme une épave, comme une planche sombrée.
GONCOURT, Journal, 1885, p.467.
B. —Rapprocher les unes des autres les parties d'une articulation du corps; p.méton., faire jouer une articulation. Ployer le genou, la jambe. Une troupe de colombes passagères ploie ses ailes pour se reposer sur un rivage hospitalier (CHATEAUBR., Martyrs, t.1, 1810, p.133). Les danseuses s'agenouillaient et se relevaient (...), traînaient leurs jambes, ployaient leurs jarrets, déplaçaient leurs pieds agiles (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.201).
1. Au fig. Ployer le(s) genou(x). Adopter une attitude d'adoration, de respect, de soumission. Nous, Messieurs, qui croyons en Dieu, qui, ployant le genou devant son adorable suprématie, l'avons reconnu pour le père, le maître (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p.188). Le seul juste devant lequel les hommes aient consenti à ployer le genou est immobilisé par les trois clous qui le fixent à un gibet (MAURIAC, Journal, 1943, p.353).
2. Empl. pronom. Les doigts s'attardaient, se ployaient dans les touffes souples (GRACQ, Syrtes, 1951, p.152).
C. —Courber, tordre une chose flexible, au moyen d'une charge, ou en exerçant une pression. Synon. arquer, incurver, plier. Ployer un arbre, une branche, une tige. L'enfançon divin avec ses ailes et son bandeau, ployant son arc et nous criblant de fortes flèches, la poulette et moi (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.314). On dépense moins d'effort à ployer une lame d'acier qu'à vouloir courber une barre de fer (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.18).
1. En partic. [L'obj. désigne tout ou partie du corps] Incliner, fléchir. Ployer la nuque. Des inflexions de voix, un petit froncement de lèvres, une façon de ployer la tête (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.315). La danseuse-étoile, étincelante (...) ployait son buste léger, son dos de cygne, ses bras minces (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.297).
♦Empl. pronom. à valeur passive. Les apophyses épineuses (...) sont presque nulles dans les chameaux, la girafe, etc.; sans cela elles auroient empêché le cou de se ployer en arrière (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.162).
— Au fig. [Avec une idée de respect, de soumission] Oh! Votre colère est terrible, je le sais, Madame. Ma tête ploie d'avance sous le châtiment que vous me préparez (HUGO, M. Tudor, 1833, journée 2, 4, p.96). Les dieux Ont ployé ton cou libre au joug injurieux (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p.191).
2. Au fig. [L'obj. désigne une pers., une manifestation de l'esprit] Soumettre à une influence, à une domination; faire céder, accoutumer à (faire) quelque chose. Synon. assujettir. Savoir, s'il n'y aurait pas moyen, vu les circonstances locales, de ployer nos croyances à cet usage (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.121). Pendant ses années de mariage, un besoin de représailles avait peut-être germé dans son coeur, un besoin obscur (...) de ployer les volontés (MAUPASS., Notre coeur, 1890, p.325):
• 2. ... il n'existe pas, dans le monde, de société plus cohérente, mieux liée, plus tyrannique. L'Angleterre a hérité de Sparte et de Rome la science de ployer l'individu à l'intérêt suprême du clan.
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.133.
II. —Empl. gén. intrans.
A. —Fléchir, se courber (sous l'effet d'une pression, d'une charge).
1. [Le suj. désigne une réalité concr.] Ils voyaient déjà la frêle balustrade de bois (...) ployer et faire ventre sous la pression de la foule (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.27). Les mimosas ployaient, comme abritant les bancs où s'étalaient la fête (GIDE, Nourr. terr., 1897, p.232).
— En empl. pronom. Les immenses avirons qui se ployaient dans leur longueur (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p.246).
2. [Le suj. désigne tout ou partie du corps] Je pris sa main, une main encore flottante, là, dans l'air, et son bras ployait du ploiement de l'osier, sans craquer (GIONO, Manosque, 1930, p.40). Les épaules de Marcelle s'affaissèrent (...). Son buste ployait, mais de sa tête inclinée elle résistait (CHARDONNE, Dest. sent., I, 1934, p.206).
— P. métaph. Un romantique (...), entre les quatre murs de son cabinet, est pape. Mais ce que porte allègrement un Hugo fait ployer les épaules plus frêles d'un Vigny et d'un Baudelaire (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p.33).
3. [Avec un compl. prép. introduit par sous] Ployer sous un fardeau. On n'a point vu passer de somptueux bagages Escortés de captifs faits aux peuples maudits, Cheminant et ployant sous le poids des pillages (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p.114). Les arrieros criards (...) poussaient devant eux les bêtes éclopées et celles qui ployaient sous les charges de fourrage (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.375).
— P. métaph. Le petit nombre de Saxons qui n'avoient pas voulu ployer sous le joug de Charlemagne (GENLIS, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.169).
B. —Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers., son comportement, ses sentiments] Céder, se soumettre. Synon. fléchir, s'incliner. L'Occident tout entier ployait avec un respectueux amour sous sa sainte loi (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.VIII):
• 3. À genoux, vassal, à genoux! Si votre âme brutale n'est pas touchée de la plus excellente beauté de l'univers, que votre audace ploie du moins devant le respect que vous devez à la fille des Bambucci.
SAND, Lélia, 1833, p.259.
— Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers., une réalité abstr.] Se ployer à qqc. Le protestantisme se ploie partout à ce qu'on demande de lui, parcequ'il n'a rien à conserver, ni dogmes, ni discipline (LAMENNAIS, Relig., 1826, p.9). L'orgueil national qu'on reproche aux Anglais ne les empêche pas d'être la plus souple des nations lorsqu'il s'git de se ployer aux besoins des consommateurs (SAY, Écon. pol., 1832, p.82).
Prononc. et Orth.:[plwaje], (il) ploie [plwa]. Att. ds Ac. dep. 1740. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. V. plier. Fréq. abs. littér.:Ployer:339. Ployé: 225. Fréq. rel. littér. Ployer:XIXes.: a) 523, b) 674; XXes.: a) 600, b) 272. Ployé:XIXes.: a) 234, b) 468; XXes.: a) 459, b) 229.
DÉR. 1. Ploiement, subst. masc. a) Action de ployer (quelque chose); résultat de cette action. Synon. pliage, pliement. Le mari, serré dans une redingote pompeuse, saluait avec un ploiement des genoux (MAUPASS., Une vie, 1883, p.97). Il retombait gracieux, en un ploiement élastique des branches (PERGAUD, De Goupil, 1910, p.143). Au fig. Le vrai combat était, pour Beethoven, dans le ploiement de cette forme à sa pensée, en sorte que celle-ci pût se couler exactement dans celle-là (ROLLAND, Beethoven, t.2, 1937, p.380). b) Art milit. Passage de l'ordre de bataille à l'ordre de route pour une armée. Anton. déploiement. (Dict. XIXe et XXes.). — []. — 1res attest. a) XVes. ploiement «action de ployer, de plier» (Gloss. lat.-fr., ms. B.N., lat. 7679 ds GDF.), 1538 pliement (EST. d'apr. FEW t.9, p.69b), b) 1845 art milit. (BESCH.); de ployer, plier, suff. -ment1. 2. Ployable, adj. [P. allus. à la formule de Pascal: Il faudrait avoir une règle; la raison s'offre; mais elle est ployable à tous sens; et ainsi il n'y en a point (Pensées VII, 4, éd. Havet, ds LITTRÉ)] Synon. pliable. Ployable en tous sens. Que l'on peut infléchir selon son désir, sa volonté. Il est puéril et vain d'invoquer la justice, (...) c'est une idée toute métaphysique et ployable en tous sens, et (...) en cette pourpre banale toutes les tyrannies se sont taillé un manteau (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.135). Les textes évangéliques —textes si riches que, pour reprendre la formule de Pascal, bien plus encore que la raison ils sont ployables en tous sens (DU BOS, Journal, 1923, p.339). — []. Att. ds Ac. 1935. — 1re attest. v. pliable (dér. s.v. plier).
BBG. —DAUZAT Ling. fr. 1946, p.14. —LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.103-104.
ployer [plwaje] v. [CONJUG. noyer.]
ÉTYM. XIIIe, ploier, var. de pleier (Xe), plier; du lat. plicare. REM. Ployer, doublet de plier, est d'un emploi littéraire, au sens de « courber, fléchir » et aux sens métaphoriques et figurés. Courant au début du XVIIe, il était considéré comme vieux à la fin du siècle (cf. Richelet, Académie, 1694). Remis en honneur au XIXe siècle, il est resté archaïque ou littéraire, surtout comme transitif.
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I V. tr.
1 Vx. ⇒ Plier (I., 1.). — || « Ces nues (cit. 2), ployant et déployant leurs voiles » (Chateaubriand). — Pron. || Se ployer.
1 (…) le ciel se ployait en deux comme un livre !
Huysmans, En route, I, I.
2 Littér. Déformer, tordre en abaissant, en faisant fléchir. ⇒ Plier (I., 2.); courber, fléchir. || Ployer une branche d'arbre, une tige de fer.
2 Il vient une heure pourtant où la rafale brise comme une paille cette vergue de soixante pieds de long, où le vent ploie comme un jonc ce mât de quatre cents pieds de haut (…)
Hugo, les Misérables, II, II, III.
♦ Ployer la tête, les épaules… ⇒ Courber (→ Flageolant, cit. 2; opprobre, cit. 6). — ☑ Loc. Ployer le genou, les genoux (cit. 11, Malherbe) : plier un genou ou fléchir les deux, étant debout. ⇒ Fléchir. — Au fig. Céder, s'humilier, se soumettre (⇒ Servilité).
3 J'ai, sans ployer le dos, porté la lourde charge
Des jours et des travaux que les Dieux m'ont commis (…)
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Les Érinnyes », V.
3 Fig. et littér. (Le sujet peut désigner une chose). Faire céder; faire fléchir. ⇒ Plier. || « Les choses qui ploient la machine (cit. 29) vers le respect » (Pascal). || Ployer l'homme sous les nécessités (→ Exigence, cit. 5).
4 Mes prophètes sont très savants, et j'ai trois Dieux
Très puissants, pour garder mon royaume et ma ville
Et ployer sous le joug mon peuple injurieux.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Vigne de Naboth », I.
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II V. intr. Littér.
1 Se courber, s'abaisser, se déformer sous une force, une pression. ⇒ Céder, fléchir. || L'oiseau qui sent ployer la branche (→ Frêle, cit. 1). || Poutre surchargée, plancher qui ploie. ⇒ Infléchir (s'). || Faire ployer : courber (cit. 3), tordre…; affaisser (→ Épaule, cit. 20). — Ployer sous le faix, sous la charge. || Ses jambes (cit. 12) ployèrent sous lui. ⇒ Faiblir.
5 (…) il s'élança de sa natte sur le divan, et, passant un de ses bras derrière elle, il fit ployer jusqu'à lui sa taille souple et mince.
Th. Gautier, Fortunio, XVI.
6 Leur front penche, leur pied fléchit, leur genou ploie (…)
Hugo, la Légende des siècles, LVII, « Petit Paul ».
7 La prière est une force majeure. Ils ne se courbaient pas, ils ployaient. Il y avait de l'involontaire dans leur contrition.
Hugo, l'Homme qui rit, I, II, XVIII.
2 Fig. Céder à une influence, à une force, à une contrainte. ⇒ Fléchir (cit. 20). || Ployer sous le joug.
8 Les États périraient, si on ne faisait ployer souvent les lois à la nécessité (…)
Pascal, Pensées, IX, 614.
9 Un homme qui s'obstine à ne laisser ployer ni sa raison, ni sa probité, ou du moins sa délicatesse sous le poids d'aucune des conventions absurdes ou malhonnêtes de la société; qui ne fléchit jamais dans les occasions où il a intérêt de fléchir, finit infailliblement par rester sans appui, n'ayant d'autre ami qu'un être abstrait qu'on appelle la vertu, qui vous laisse mourir de faim.
Chamfort, Maximes, « Sur la dignité du caractère », XXVII.
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ployé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (ploié, XIIe; pleiet, 1080, Chanson de Roland).
♦ || Branche, tige ployée. — Tête ployée sous le faix. || Nuque ployée (→ Courir, cit. 33). || Genou (cit. 12) ployé. — Être ployé, courbé (→ Javelle, cit. 2).
10 Il était ployé et mélancolique, la taille courbée du vieillard, c'est le tassement de la vie.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, I.
♦ Fig. et littér. Humble et soumis.
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CONTR. Déployer, étendre. — Résister.
DÉR. Ploiement, ployable, ployage. — V. Ployant.
Encyclopédie Universelle. 2012.