1. piquette [ pikɛt ] n. f.
• 1583; de piquer
♦ Boisson obtenue par la fermentation de marcs de raisin frais (ou autres fruits) avec de l'eau sans addition de sucre. « Il buvait de bon cœur la piquette dans un cabaret de campagne » (Musset).
♢ (1660) Vin acide, médiocre. Une infâme piquette. — Loc. fig. C'est de la piquette, sans valeur.
piquette 2. piquette [ pikɛt ] n. f.
• 1894; probablt du dial. pique « correction », de l'expr. passer les piques (XVIe), punition consistant à passer entre deux rangs de soldats qui frappaient le coupable du bois de leurs piques
♦ Fam. Raclée, défaite écrasante. ⇒ 2. pile. « C'est lui qui vous a fait prendre la piquette » (Mac Orlan).
● piquette nom féminin (de piquer) Boisson obtenue en arrosant d'eau le marc de raisin ou d'autres fruits. En distillerie, produit issu des cossettes de betterave par diffusion et dont on tire ensuite l'alcool. Vin médiocre. ● piquette (expressions) nom féminin (de piquer) Familier. C'est de la piquette, c'est sans aucune valeur. ● piquette nom féminin (de pique) Familier. Prendre, ramasser une piquette, être vaincu de façon écrasante ; subir un échec. ● piquette (expressions) nom féminin (de pique) Familier. Prendre, ramasser une piquette, être vaincu de façon écrasante ; subir un échec. ● piquette (synonymes) nom féminin (de pique) Familier. Prendre, ramasser une piquette
Synonymes :
- déculottée (populaire)
- défaite
- veste (populaire)
I.
⇒PIQUETTE1, subst. fém.
A. —Boisson de ménage, légèrement alcoolisée, obtenue par addition d'eau à du marc de raisin ou d'autres fruits, avant fermentation. Malgré quelques améliorations, c'est encore le pauvre vigneron d'autrefois, faisant le vin et buvant la piquette, le résidu de la vendange (MICHELET, Journal, 1839, p.797). Le marc est soumis ensuite aux lavages et donne la piquette (WURTZ, Dict. chim., t.3, 1878, p.685).
— P. métaph. Paisiello [compositeur italien de la fin XVIIIe-début XIXes.] me semble de la piquette assez agréable et que l'on peut même rechercher et boire avec plaisir dans les moments où l'on trouve le vin trop fort (STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p.416).
B. —P. anal. Vin aigrelet, de basse qualité. Il me fait boire de sa piquette, se dit-il; mais quand le vin est de qualité supérieure, il le trouve trop bon pour moi (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.79). Les Juifs (...) abandonnent avec une hâte comique leurs abris de toiles et de branchages installés trop près de la ruine, pour mettre à l'abri de l'explosion quelques bouteilles de piquette aux étiquettes fallacieuses d'Yquem ou de Château-Margaux (THARAUD, Marrakech, 1920, p.246).
♦P. métaph. M. X. a d'ailleurs le bon goût de s'enivrer des idées de mon illustre confrère et ami, créateur de l'Évolution créatrice. Je ne vois contre lui que le fâcheux penchant de se griser aussi du vin de ma petite vigne, et je vous avoue que je ne sais comment il peut accorder dans son ivresse l'une et l'autre boisson, le Château-Bergson et ma piquette. Mais les mystères de chacun sont insondables (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p.218).
— Expr. fig., fam. C'est de la piquette. C'est une chose négligeable, sans valeur. Synon. pop. et fam. c'est de la gnognotte. Le poète illustrait pieusement à ce moment-là un fantastique trait de bravoure que je m'étais attribué. Je ne sais plus très bien ce qui se passait, mais ça n'était pas de la piquette (CÉLINE, Voyage, 1932, p.126). [Gaboriau] se montre un extraordinaire pionnier, précurseur de tous les romans-détectives; ceux de Conan Doyle ne sont que piquette auprès des siens (GIDE, Journal, 1943, p.205).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist.1. 1583 «boisson faite avec des prunelles» (Ch. ESTIENNE et J. LIEBAULT, L'Agriculture et maison rustique, 237b d'apr. FEW t.8, p.465a); 2. 1611 «boisson faite avec des pommes sauvages» (COTGR.); 3. 1660 «vin pour les domestiques; mauvais vin» (OUDIN Fr.-Esp.). Dér. de piquer; suff. -ette. Fréq. abs. littér.:43.
DÉR. 1. Picter, verbe trans., arg., pop. Boire, souvent avec excès, des boissons alcoolisées. Ça serait un vermout que je picterais, si toutefois j'étais pas de trop (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.189). — [pikte], (il) picte [pikt]. — 1res attest. 1628 picter (Le Jargon de l'Argot réformé ds SAIN. Sources Arg. t.1, p.197), 1800 piqueter (Les Brigands Chauffeurs, ibid., t.2, p.90); de piquette1, dés. -er. 2. Picton, piqueton, subst. masc., arg., pop. Vin. Synon. picrate (pop.). Et les verres se vidaient d'une lampée (...). Il pleuvait du piqueton, quoi! un piqueton qui avait d'abord un goût de vieux tonneau, mais auquel on s'habituait joliment, à ce point qu'il finissait par sentir la noisette (ZOLA, Assommoir, 1877, p.579). L'autre emplissait les verres coup sur coup: —Il est ben plaisant, ce picton! Il coule sur la pente du guéniau [= gosier] sans qu'on le sente seulement passer (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.203). — []. — 1res attest. 1790 picton (Le Rat du Châtelet ds SAIN. Sources Arg. t.1, p.339), 1841 piqueton (A. KARR, 41 ds LARCH. Nouv. Suppl. 1889); de piquette1, suff. -on1.
II.
⇒PIQUETTE2, subst. fém.
Pop., fam. Volée de coups, défaite cuisante. Synon. dérouillée, pile2, râclée. Une sévère «piquette» de 3 sets à 0 (Match, 18 sept. 1934, p.6 ds GRUBB Sports 1937, p.56). Prendre une piquette. Être battu, mis en déroute. Voir ESN. Poilu 1919, p.418.
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1901 supra. Dér. de piquer «produire une sensation cuisante»; suff. -ette. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.74.
1. piquette [pikɛt] n. f.
ÉTYM. 1583; de piquer.
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1 Boisson obtenue par addition d'eau au marc de raisin (ou de certains fruits), sans fermentation. ⇒ Boite, buvande. — Par ext. || Piquette de cidre.
1 Paisiello me semble de la piquette assez agréable et que l'on peut même rechercher et boire avec plaisir dans les moments où l'on trouve le vin trop fort.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 38.
2 Mais il buvait de bon cœur la piquette dans un cabaret de campagne (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Deux maîtresses », I.
3 Qu'est-ce que je dirai donc, moi, de cette cochonnerie de piquette que Delhomme me donne pour du vin ? Il éleva le verre, le regarda à la chandelle. — Hein ? qu'a-t-il bien pu foutre là-dedans ? Ce n'est pas même de la rinçure de tonneau (…)
Zola, la Terre, III, II.
♦ ☑ Fig. (En parlant de ce qui est négligeable, de mauvaise qualité. → Gnognotte, petite bière) :
4 Le poète illustrait pieusement à ce moment-là un fantastique trait de bravoure que je m'étais attribué. Je ne sais plus très bien ce qui se passait, mais ça n'était pas de la piquette.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 95.
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DÉR. 2. Piqueter, piqueton.
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2. piquette [pikɛt] n. f.
ÉTYM. 1894; problt du dial. pique « correction », de l'expr. passer les piques (XVIe), punition consistant à passer entre deux rangs de soldats qui frappaient le coupable du bois de leurs piques.
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♦ Fam. Raclée, défaite écrasante. ⇒ Pile. ☑ Prendre, ramasser une piquette.
0 Tu te souviens peut-être de Klems, qui devint chef chez les salopards ? C'était un sergent (…) Un déserteur allemand (…) C'est lui qui vous a fait prendre la piquette (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, VI.
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HOM. 1. Piquette.
Encyclopédie Universelle. 2012.