pincette [ pɛ̃sɛt ] n. f.
• 1321; de pince
1 ♦ Petite pince. Pincette d'horloger. ⇒ brucelles.
2 ♦ (1560) Plur. PINCETTES : longue pince à deux branches pour attiser le feu, déplacer les bûches, les braises. La pelle et les pincettes.
♢ Loc. Il n'est pas à prendre avec des pincettes : il est très sale, fig. de très mauvaise humeur, inabordable. Un être « désagréable, insociable [...] à ne pas prendre avec des pincettes » (Labiche). — Il faut prendre ces révélations avec des pincettes, avec prudence, circonspection.
● pincette nom féminin Grande pince à deux branches pour arranger le feu d'un foyer (surtout pluriel) : Attiser le feu avec des pincettes. Petite pince métallique à deux branches pour prendre ou placer certains objets : Pincette d'horloger. En Suisse, pince à linge. ● pincette (difficultés) nom féminin Nombre Plus fréquent au pluriel : des pincettes (pour saisir les bÛches). « François réclamait ses pincettes, sa pelle à feu et son soufflet »(M. Barrès). Pincette d'horloger (rare ; les horlogers disent précelles ou brucelles). ● pincette (expressions) nom féminin N'être pas à prendre avec des pincettes, être très sale ; être de très mauvaise humeur.
pincette
n. f.
d1./d Petite pince.
d2./d (Au Plur.) Longue pince en fer servant à saisir les tisons dans le feu.
|| Loc. fig., Fam. N'être pas à prendre avec des pincettes: être de très mauvaise humeur.
⇒PINCETTE, subst. fém.
A. —Souvent au plur.
1. [Instrument ou partie de mécanisme]
a) Petite pince (v. ce mot I B 1) servant à saisir des objets de dimensions réduites. Nécessaire complet pour collectionneur de timbres: pincette, loupe, charnière (Catal. jouets [Bon Marché], 1936). Les moines du Caire qui, dans les épidémies du siècle passé, donnaient la communion en prenant l'hostie avec des pincettes pour éviter le contact de ces bouches humides et chaudes où l'infection pouvait dormir (CAMUS, Peste, 1947, p.1402):
• 1. Il rentrait, tenant sous chaque bras une bouteille solidement encapuchonnée et ficelée de fil d'archal. Il avait aussi des pincettes pour forcer le fil, et trois verres minces, étincelants, en forme de cornet, sur un plateau.
ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.186.
b) Instrument en forme de U, aux branches assez longues, dont on se sert pour saisir les tisons. Paire de pincettes. Claire, qui était près du feu, saisit pelle et pincettes (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.148). M. Saint-Auréol (...) flanquait un énorme coup de pincette au travers du feu, si impertinemment qu'il en éclaboussait au loin la braise (GIDE, Isabelle, 1911, p.623):
• 2. Quelquefois, l'un de nous se levait, courait à la cheminée, et apportait un charbon au bout des pincettes. Il le promenait pour allumer les cigarettes.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.14.
Dans une compar. J'ai les jambes en branches de pincettes faussées (HUYSMANS, Marthe, 1876, p.12).
♦JEUX. Jeu de la pincette. Jeu de société dans lequel une personne doit chercher un objet caché, une autre l'avertissant de ses progrès en frappant avec une clé sur une pincette, plus ou moins fortement selon que la personne qui cherche se trouve plus ou moins près de l'objet caché. Les Champs-Élysées!... Ah! Ah! Nous brûlons, comme on dit au jeu de la pincette... (DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.647).
— Fam. [Symbolisant un comportement caractérisé par la prudence, l'aversion ou le mépris; dans des loc.] Le roman [Germinie Lacerteux], à son apparition, produisit un scandale énorme. On le déclara ordurier, la critique prit des pincettes pour en tourner les pages (ZOLA, Romanc. natur., Goncourt, 1881, p.201).
♦(Prendre, toucher qqc./qqn) avec des pincettes
Se comporter avec circonspection vis-à-vis de quelque chose/quelqu'un. Si nous ne capturons pas cette dot-là, nous passerons à d'autres exercices... Entre nous, nous n'avons pas besoin de prendre les choses avec des pincettes, c'est clair (BALZAC, Pts bourg., 1850, p.158). En France, nous ne touchons nos espions qu'avec des pincettes; tandis que, là-bas, l'espionnage est une carrière très honorée, une façon méritoire de servir son pays (ZOLA, Débâcle, 1892, p.536).
Manifester de la répugnance vis-à-vis de quelque chose/quelqu'un. On ne prit plus Mlle Saget qu'avec des pincettes; elle devint un fumier vivant, une bête immonde nourrie de pourritures dont les chiens eux-mêmes n'auraient pas voulu (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.842).
(Agir) en faisant preuve de condescendance, de mépris. Cet indiscipliné qui, naguère, semblait toujours parler à ses contemporains avec des pincettes (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.218).
♦Ne pas être à prendre/toucher avec des pincettes (ou var.).
Être très sale. Sale à ne pas être prise avec des pincettes, et égratignée du haut en bas du corps (ZOLA, Assommoir, 1877, p.743). Partout la même chose, du linge à ne pas toucher avec des pincettes (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.224).
Être méprisable. J'étais plus approchable, plus à prendre avec des pincettes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.232).
Être d'une humeur exécrable. Ses sales maladies reparaissaient et le faisaient tellement souffrir, qu'il n'était plus bon à prendre avec des pincettes (ZOLA, Nana, 1880, p.1291):
• 3. Robinson pendant qu'on était dans le «caterpillar» avait dû avoir une scène avec Madelon. Ils en descendirent tout à fait agacés tous les deux de ce carrousel. Décidément, elle était pas à prendre ce soir-là avec des pincettes.
CÉLINE, Voyage, 1932, p.592.
— P. anal., MÉCAN. (surtout CH. DE FER). Ressort à pincettes. Ressort dont la forme rappelle celle des pincettes. Chacun de ces groupes [de ressorts] est constitué par un ensemble de ressorts associés deux à deux par leurs extrémités, leurs concavités se faisant face, et que l'on désigne sous le nom de ressorts à pincettes (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p.104).
2. Pop., arg., au plur. Jambes. «Cavalons! cavalons! s'écriait Filochard en allongeant ses pincettes... Hardi! les poteaux, faut pas s'laisser gratter à la course par ces escargots de Préfectance, sans quoi on risque bien d'aller villégiaturer à Fresnes-les-Chaussons (L. FORTON, La Bande des Pieds-Nickelés, 1973 [1908-12], p.56 ds CELLARD-REY 1980).
Remuer les/ses pincettes, tricoter des pincettes. Danser. [Dans la salle du bal] leurs largues [épouses ou maîtresses] tricotaient des pincettes (MÉTÉNIER, Lutte pour amour, 1891, p.187).
Se tirer les pincettes. S'enfuir. S'ils ne s'étaient pas tiré les pincettes de dessous le ventre, ils étaient bath [= arrêtés] (LARCHEY, Dict. hist. arg., 1878, p.376).
B. —Vieilli. [Évoque une action] Embrasser/baiser à la pincette, à pincette(s), en pincette. Pincer légèrement la joue du bout des doigts. Laisse-moi t'embrasser à la pincette (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p.94). Je te baise à pincettes (FLAUB., Corresp., 1880, p.33)
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1798 au plur.; dep. 1835 au sing. ,,et plus ordinairement pincettes, au pluriel``. LITTRÉ au sing. (id. ds Lar. Lang. fr.); ROB. au sing. ou au plur. Étymol. et Hist. 1. 1321 «petit instrument de fer à deux branches qui sert à saisir certains objets» (Doc. ds Notices et Extraits des mss de la Bibliothèque Nationale, t.40, 1917, p.259); 2. 1618 [éd.] «longue pince à deux branches pour attiser le feu, déplacer les bûches, les braises» (A. D'AUBIGNÉ, Hist. univ., t.2, p.372); 1631 plur. «id.» (Inventaire de Jean Thomas ds HAVARD); 3. fig. a) 1835 (Ac.: on ne le toucherait pas avec des pincettes, se dit d'un objet fort sale, d'un homme fort malpropre); b) 1852 ne pas être à prendre avec des pincettes (LABICHE, M. qui prend la mouche, 4, p.156: c'est un être susceptible, désagréable, insociable ... à ne pas prendre avec des pincettes); 4. arg. a) 1866 affûter ses pincettes «s'enfuir» (VILLARS, Précieuses du jour, p.32); b) 1867 plur. «jambes» (DELVAU, p.373); c) 1891 tricoter des pincettes (MÉTÉNIER, loc. cit.). Dér. de pince; suff. -ette, v. -et. Fréq. abs. littér.:142.
ÉTYM. 1321; de pince.
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1 Anciennt. Petite pince à épiler (→ Arracher, cit. 51). — Mod. || Pincettes d'horloger.
2 (1560). Plur. Instrument de métal à deux branches égales, servant à attiser le feu, à déplacer bûches et tisons sans se brûler. || La pelle et la pincette (→ Envoler, cit. 2), et les pincettes (→ Foyer, cit. 3). || Croissant retenant la pelle et les pincettes.
1 (…) le feu semblait un être pur et fort que l'on tenait en respect, comme une bête cernée au fond de sa tanière, avec des chenets, des pincettes et des tisonniers, instruments ridicules.
J. Green, Léviathan, II, IX.
♦ ☑ (1835). Loc. Il n'est pas à prendre, à toucher avec des pincettes : il est très sale, répugnant, et, fig., méprisable, ignoble (→ 4. Coco, cit. 1). — (1880). Se dit aussi de qqn qui souffre ou qui est de mauvaise humeur et qu'il vaut mieux ne pas approcher.
1.1 (…) c'est un maniaque, un braque, un pointu (…) je le reconnais (…) un être susceptible, désagréable, insociable (…) à ne pas prendre avec des pincettes (…)
E. Labiche, Un monsieur qui prend la mouche, 4.
2 Ses sales maladies reparaissaient et le faisaient tellement souffrir, qu'il n'était plus bon à prendre avec des pincettes.
Zola, Nana, VIII.
♦ Par ext. || Ces révélations, ces informations doivent être prises avec des pincettes, avec la plus grande prudence, avec circonspection.
3 ☑ (1867). Fig., fam. (vx). Jambe. ⇒ Pinceau. Tricoter des pincettes : courir à toutes jambes.
Encyclopédie Universelle. 2012.