oreiller [ ɔreje ] n. m. ♦ Pièce de literie qui sert à soutenir la tête, coussin rembourré, généralement carré. ⇒région. coussin. L'oreiller et le traversin. Oreiller américain, rectangulaire. Taie d'oreiller. Dormir sans oreiller.
♢ Sur l'oreiller : au lit; et par ext. dans la plus grande intimité. Confidences sur l'oreiller. « On se dispute [...] , on se déteste presque, on se raccommode sur l'oreiller » (Léautaud). — Loc. fam. Panne d'oreiller : retard de qqn qui a dormi trop longtemps.
● oreiller nom masculin Coussin généralement carré, de plume ou de crin, etc., qui soutient la tête quand on est couché. Ce sur quoi on peut se reposer, s'appuyer avec confiance : S'endormir sur l'oreiller du succès. Synonyme de chevet. ● oreiller (expressions) nom masculin Sur l'oreiller, au lit, dans la plus grande intimité. ● oreiller (synonymes) nom masculin
Synonymes :
- chevet
oreiller
n. m. Coussin destiné à soutenir la tête d'une personne couchée. Taie d'oreiller. Syn. (Belgique, Luxembourg, Suisse) coussin.
⇒OREILLER, subst. masc.
A. —Pièce de literie constituée d'une enveloppe de tissu carrée, bourrée de plumes, de duvet, de crin, etc., destinée à soutenir la tête pendant le repos, généralement recouverte d'une taie. Il essaya de rafistoler son lit, de reborder les couvertures saccagées, de regonfler les oreillers aplatis et il se coucha (HUYSMANS, Là-bas, t.2, 1891, p.52). Dès qu'il posait la tête sur l'oreiller, il était terrassé par le sommeil (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p.142):
• 1. Il n'y avait pas de draps au lit. L'oreiller de coutil, sans taie et sans dentelles, était posé sur les couvertures pliées au pied des matelas...
HUGO, Misér., t.2, 1862, p.648.
SYNT. Oreiller (garni) de plumettes, de balle d'avoine, de fibres synthétiques, de varech; enveloppe, housse, taie d'oreiller; oreiller brodé, (garni) de dentelles; oreiller moelleux, mou, dur, plat; arranger, redresser, remonter, retaper, taper, tapoter un oreiller; s'adosser à, s'accouder à/sur, se carrer contre, se soulever, se renverser, retomber sur un/des oreiller(s); enfoncer la tête dans un oreiller; cacher, mettre qqc. sous un oreiller; étouffer qqn avec un oreiller.
— [L'oreiller évoquant l'intimité, l'abandon]
♦[d'une pers.] Sangloter, étouffer ses sanglots, ses cris dans son oreiller; arroser son oreiller de ses larmes; raconter qqc. à son oreiller. J'ai dit chaque jour à ce grand public, qui est la France et l'Europe, ma pensée la plus intime, la pensée de l'oreiller (MICHELET, Journal, 1851, p.147). Par le trou de la serrure, elle aperçut son père jeté sur son lit, pleurant et secoué de sanglots, enfonçant dans l'oreiller son désespoir et ses larmes pour les y étouffer (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p.308). J'aurais voulu avoir là ce quelqu'un, pour me détendre à lui dire tout ce que je ne confie qu'à Franchette ou à mon oreiller (et même pas à mon journal) (COLETTE, Cl. école, 1900, p.309).
♦[d'un couple] Confidences sur l'oreiller; se réconcilier sur l'oreiller. Les parents décideront du sexe de leurs enfants, et, se chamaillant sur l'oreiller à propos des «différences mendeliennes», leur choisiront des yeux bleus ou noirs! (GUÉHENNO, Journal «Révol.», 1937, p.35). Le secret de l'oreiller, c'est encore autre chose, j'ai assez bourlingué pour le savoir, et c'est inouï ce qu'une femme peut confier à un étranger de passage (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.363).
— P. anal. Oreiller de bois, de caoutchouc. Broucke avait pris respectueusement l'oreiller de caoutchouc de Demachy et s'amusait à le gonfler, comme un jouet, avec une peur secrète de l'user (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p.11). [Les Shillouk] poudrent leurs cheveux et les frictionnent avec de la graisse, des cendres et des engrais (...) puis, afin de ne pas déranger ce chef-d'oeuvre, ils appuient la tête pour dormir sur un oreiller de bois (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.94).
— P. métaph. Cette belle tête renversée par le sommeil sur l'oreiller du bras (GONCOURT, Journal, 1860, p.813). Elle l'assit, puis le couchant contre le mol oreiller de sa poitrine, elle l'embrassa très étroitement (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.67).
B. —P. anal.
1. ARCHIT. ,,Dernière pierre d'un pilier du piédroit d'un arc, dont le lit supérieur est incliné pour recevoir la retombée d'un arc`` (NOËL 1968).
2. ART CULIN. Oreiller de la Belle Aurore. Pâté en croûte de forme carrée. Le seul traiteur au monde qui propose à sa carte (...) l'«Oreiller de la Belle Aurore» (...). Or, l'«Oreiller» —ce merveilleux, mais compliqué amalgame de gibiers, de viandes, de truffes, de foie gras et de gelée tremblotante —il faut le faire! (A. DUMAINE, Ma cuisine, 1972, p.81).
3. MAR. Renfort en bois avec lequel on fortifie les varangues, les pièces de construction composées de deux parties et qui croise celles-ci à leur talon (d'apr. BONN.-PARIS 1859).
4. PSYCHIATRIE. Oreiller psychique. ,,Attitude de certains malades catatoniques dont les muscles du cou, en hypertonie constante, maintiennent la tête soulevée comme si elle reposait sur un oreiller`` (CARR.-DESS., Psych. 1976).
C. —Au fig. Ce sur quoi on se repose, ce qui assure la tranquillité de l'esprit. Mon adversaire jouissait dans l'arrondissement de l'estime générale; seulement, il avait le tort de s'endormir sur l'oreiller de ses succès antérieurs (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.320). Le genre humain refuse des applaudissements unanimes à ce qui blesse la morale, oreiller sur lequel dort le faible et le juste (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.552). V. épicurisme ex. de Rolland:
• 2. Mes petites filles, il est possible qu'à votre âge l'obéissance semble encore un oreiller moelleux où l'on n'a qu'à laisser reposer sa tête. Mais nous savons, nous, que l'obéissance, pour paraître si différente du commandement, est aussi une charge.
BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 5e tabl., 12, p.1711.
♦Le mol oreiller du doute. [Allus. erronnée à Montaigne, Essais, Livre III, chap.XIII, qui écrit: «O que c'est un doux et mol chevet, et sain, que l'ignorance et l'incuriosité, à reposer une teste bien faicte»] Pour lui [Pascal] il n'y a pas d'intermédiaire entre le Christ en croix et le mol oreiller du doute de Montaigne (DU BOS, Journal, 1922, p.103). Tout à la fois je ne puis retenir mon doute, et j'ai l'indécision en horreur. Le «mol et doux oreiller» de Montaigne, n'est pas fait pour ma tête (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1090). Voir GREEN, Journal, 1950, p.359.
Prononc. et Orth.:[] et [--]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1140 oreillers «pièce de literie» (Voyage Charlemagne, éd. G. Favati, 426); b) 1881 loc. (RICHEPIN, Glu, p.247): confidences [...] entre le drap et l'oreiller); 1946 loc. confidence sur l'oreiller (BERNANOS, M. Ouine, p.1395); 1912 loc. se raccommoder sur l'oreiller (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, p.132); 2. 1266 p. métaph. orillier «ce qui assure le repos, la sérénité» (Vers de la mort, éd. C. A. Windahl, 152, 4). Dér. de oreille; suff. -ier. Cf. lat. médiév. auriculare (816 ds NIERM.), neutre subst. de l'adj. auricularis (v. auriculaire). Fréq. abs. littér.:1217. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 762, b) 2540; XXe s.: a) 2388, b) 1727. Bbg. QUEM. DDL t.16.
oreiller [ɔʀeje] n. m.
ÉTYM. V. 1180; déb. XIIe, oreillier; de oreille.
❖
1 Pièce de literie qui sert à soutenir la tête, coussin rembourré, généralement carré et recouvert d'une taie (→ Enfoncer, cit. 3). ⇒ Lit, et aussi coussin, traversin. || Oreiller de crin, de duvet, de plumes, en balle d'avoine, à ressorts. || Oreiller dur, mou. || Coutil pour oreillers. || Oreiller garni de dentelles (→ Linge, cit. 2). || Oreillers aplatis (→ Couverture, cit. 2). — Coucher, dormir sans oreiller. || Tête qui s'enfonce (cit. 33) dans l'oreiller. || S'endormir (cit. 19) aussitôt la tête sur l'oreiller. || Malade adossé à l'oreiller, soutenu par des oreillers (→ Haletant, cit. 4; coque, cit. 8). || Installer un malade dans un fauteuil avec des oreillers (→ Fourrer, cit. 36).
1 Nous aperçumes le vieux podagre enfoncé dans un fauteuil, un oreiller sous la tête, des coussins sous les bras, et les jambes appuyées sur un gros carreau plein de duvet.
A. R. Lesage, Gil Blas, II, I.
2 Les oreillers, en grand nombre, de toutes formes, et de toutes grandeurs, les uns triangulaires, les autres carrés, d'autres ronds, s'affaissaient sous la tête de la dormeuse, soutenaient ses bras ou gisaient au hasard.
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 92.
3 Nana dormait sur le ventre, serrant entre ses bras nus son oreiller, où elle enfonçait son visage tout blanc de sommeil.
Zola, Nana, II.
4 Vous savez que l'oreiller, pour une Japonaise, est un objet dur, en forme de cube, et le plus généralement en cuir, ou en bois, sur lequel on pose la tête pour ne pas déranger sa coiffure. Rien de meilleur, pour cet usage, qu'un grand tas de papier bien pressé.
Claude Farrère, Mes voyages, V, p. 216.
5 Le lit la fascinait. Elle se baissait, en palpa l'étoffe, s'assit sur le bord et timidement souleva le drap près de l'oreiller. Un très grand oreiller, un oreiller profond, moelleux.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 243.
♦ ☑ Loc. fam. Consulter son oreiller. — ☑ Sur l'oreiller : au lit, et, par ext., Dans la plus grande intimité. || Confidences recueillies sur l'oreiller. || Se raccommoder, se réconcilier sur l'oreiller, au lit, en parlant d'un couple.
6 On se dispute, on s'entredéchire, on se déteste presque, on se raccommode sur l'oreiller, incapables, malgré tout, de se passer l'un de l'autre. C'est bien cela l'amour (…)
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XXVII.
♦ Par analogie :
7 Après le souper Joseph apporta ma selle, qui me servait ordinairement d'oreiller (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, I, p. 158.
2 (XIIIe). Par métaphore et fig. Ce qui assure le repos, la quiétude, la tranquillité de l'esprit (→ Ordre, cit. 28). || Une conscience pure est un bon oreiller (Académie). || Le mol oreiller de l'ignorance, du doute. — Allus. littér. || L'oreiller de Montaigne. — REM. Montaigne lui-même emploie le mot chevet (→ Ignorance, cit. 9 et 14).
8 Prends ton couteau, l'instant est bon; la République,
Confiante, et sans voir tes yeux sombres briller,
Dort, avec ton serment, prince, pour oreiller.
Hugo, les Châtiments, « Nox », I.
Encyclopédie Universelle. 2012.