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mortification

mortification [ mɔrtifikasjɔ̃ ] n. f.
XIIe; lat. ecclés. mortificacio
1Privation, souffrance qu'on s'impose dans l'intention de racheter ses péchés, de se préserver de la tentation. Mortification de sa chair, de sa volonté. Faire qqch. par mortification. macération, pénitence.
2(XVIIe) Souffrance d'amour-propre, traitement mortifiant. avanie, froissement, humiliation, offense. Infliger une mortification à qqn. « Elles auraient la mortification de voir plaire les autres et de ne plaire jamais » (Marivaux).
3(XVIe) Rare Nécrose.
Cuis. Faisandage.
⊗ CONTR. Satisfaction.

mortification nom féminin (latin ecclésiastique mortificatio, -onis) Pratiques ascétiques destinées à réprimer les tendances mauvaises ou dangereuses pour les soumettre à la volonté. Froissement d'amour-propre : Subir une terrible mortification. Action de laisser rassir un certain temps une viande, un gibier pour en attendrir la chair. Mort d'une partie d'un tissu ou d'un organe du corps. ● mortification (synonymes) nom féminin (latin ecclésiastique mortificatio, -onis) Pratiques ascétiques destinées à réprimer les tendances mauvaises ou dangereuses...
Synonymes :
- ascèse
- macération
- pénitence
Froissement d'amour-propre
Synonymes :
- affront
- avanie
- camouflet
- offense
- soufflet
- vexation
Mort d'une partie d'un tissu ou d'un organe du corps.
Synonymes :
- nécrose

mortification
n. f.
d1./d RELIG Souffrance, privation que l'on s'inflige pour se préserver ou se purifier de tentations, de péchés.
d2./d Blessure d'amour-propre, humiliation.
d3./d MED Altération et destruction d'un tissu, d'un organe (par gangrène ou nécrose).

⇒MORTIFICATION, subst. fém.
A. — 1. MÉD., PATHOL. Processus d'altération, de décomposition d'un tissu par la mort des cellules; état qui en résulte. Synon. nécrose. Sous le nom de processus gangreneux ou putride (...), nous entendons un ensemble de troubles dont l'évolution amène à la fois l'inflammation, la mortification et la putréfaction des tissus (A. VEILLON ds Nouv. Traité Méd. fasc. 1 1926, p.361).
Mortification pulpaire. ,,État de la pulpe d'une dent, pathologique, spontané ou provoqué, amenant la perte de la vitalité pulpaire`` (Méd. Biol. t.2 1971).
2. ART CULIN. ,,Action de garder certaines viandes pour qu'elles deviennent tendres et gagnent du fumet`` (Ac. 1878, 1935).
B. — 1. Dans le vocab. relig. et moral
a) Acte volontaire par lequel on s'inflige une souffrance corporelle ou morale dans un souci de pénitence ou d'élévation spirituelle. Mortification extérieure, intérieure; faire qqc. par mortification, par esprit de mortification. [Saint François de Sales] avait cherché bien moins la mortification de la chair que celle de la volonté (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.1, 1840, p.244). Les mortifications sont de l'esprit plus que du corps, à la Visitation, et celles du corps sont prévues (JOUVE, Paulina, 1925, p.179). V. aussi austérité ex. 4.
P. métaph.:
1. Je n'avais, à admirer le maître de Bayreuth, aucun des scrupules de ceux à qui, comme à Nietzsche, le devoir dicte de fuir, dans l'art comme dans la vie, la beauté qui les tente, qui (...), par ascétisme spirituel, de mortification en mortification parviennent, en suivant le plus sanglant des chemins de croix, à s'élever jusqu'à la pure connaissance et à l'adoration parfaite du Postillon de Longjumeau.
PROUST, Prisonn., 1922, p.159.
En partic. Pratique d'ascétisme, privation ou souffrance infligée à la chair. Synon. macération. L'abstinence et la mortification sont des vertus de barbares et d'hommes matériels, qui, sujets à de grossiers appétits, ne conçoivent rien de plus héroïque que d'y résister (RENAN, Avenir sc., 1890, p.403):
2. Les hommes de la Renaissance pensaient n'exhumer que des statues grecques ou romaines. Ce qu'ils exhumaient, en réalité, c'était le corps humain que le Moyen Âge avait voulu enfouir à force de prières et de mortifications. La Renaissance a déterré le vieil homme.
GREEN, Journal, 1941, p.172.
b) P. anal. Événement malheureux considéré comme une épreuve donnée par Dieu. Clotilde, qui n'avait jamais vu un Allemand, considérait l'invasion du territoire comme l'une de ces mortifications dont l'histoire est remplie et qui entrent dans les desseins de la Providence (CHARDONNE, Femmes, 1961, p.42).
2. Blessure d'amour-propre, humiliation, vexation. Kalinowski (...) déjà irrité de longue main contre Chmielnicki, saisit avec joie l'occasion de lui infliger soit un châtiment, soit du moins une mortification (MÉRIMÉE, Cosaques d'autrefois, 1865, p.227). Je jugeai alors qu'il fallait renoncer à lire mon discours, dont personne ne réclamait la suite: ce qui me causait une mortification cruelle (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.424).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1200 terme de spiritualité «action de mourir à soi-même, dans la perspective de la mort corporelle, en relation avec la mort et la résurrection du Christ» (Moralium in Job ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p.322); XIVe s. «ascèse quotidienne» (Précept. pieux, ms. Charleville, 100 ds GDF. Compl.: vivre ... en mortification et atrempance); 2. 1627 «contrariété, chagrin que l'on fait éprouver à une personne» (Lettres de Peiresc aux frères Dupuy, 8 déc., éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.1, p.428). B. 1. 1552 «état d'un tissu, d'un organe qui se décompose» (PARÉ, Traicté des causes, signes ... de gangrene et mortification ds Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, X, 11, t.2, p.210, note 2); 2. 1845 art culin. (BESCH.). Empr. au lat. mortificatio, dans la lang. chrét. «mise à mort, mort; mort spirituelle [du vieil homme, du péché]»; «répression, mortification [voluntatum, carnis]»; à l'époque médiév., terme de méd. en 1250 ds LATHAM. Fréq. abs. littér.:220. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 284, b) 357; XXe s.: a) 402, b) 259.

mortification [mɔʀtifikɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1170, « anéantissement »; du lat. ecclés. mortificatio, du supin de mortificare. → Mortifier.
1 Relig. et cour. Pratique par laquelle on inflige au corps, aux passions, à la chair, une sorte de mort, de soumission aux exigences spirituelles. Ascèse (cit. 3), ascétisme, austérité, continence, crucifiement (fig.), macération, pénitence. || Porter un cilice, une haire; jeûner, se priver… par mortification, par esprit de mortification.Par ext. || Mortification de la chair, des sens (→ 3. Mal, cit. 48).
1 Les véritables mortifications sont celles qui ne sont point connues; la vanité rend les autres faciles.
La Rochefoucauld, Maximes, 536.
2 Je ne comprends pas cette mortification de la matière qui fait l'essence du christianisme, je trouve que c'est une action sacrilège que de frapper sur l'œuvre de Dieu, et je ne puis croire que la chair soit mauvaise, puisqu'il l'a pétrie lui-même de ses doigts et à son image.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, V.
3 Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir.
Flaubert, Mme Bovary, I, VI.
2 (V. 1630). Souffrance d'amour-propre. Crève-cœur, dégoût, déplaisir, froissement, humiliation, vexation (→ Immangeable, cit. 2).Ce qui mortifie. Affront, camouflet, déboire, soufflet (fig.).fig., vx. Coup de caveçon. || Infliger des mortifications à qqn. || Subir des mortifications (→ Avaler des couleuvres). || Ne s'attirer que mortifications, dédains (cit. 9), railleries…
4 Un homme partial est exposé à de petites mortifications (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 40.
5 Imaginez-vous de ces laides femmes qui ont bien senti qu'elles seraient négligées dans le monde, qu'elles auraient la mortification de voir plaire les autres et de ne plaire jamais (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, V, p. 272.
6 (…) j'ai lu misérablement, comme plaintivement, modestement, avec des airs de m'excuser, un texte qui comportait tout au contraire du cynisme et de la bravoure. Tant pis pour moi ! Ces petites mortifications et renfoncements pour l'amour-propre sont d'excellentes leçons.
Gide, Journal, 17 févr. 1912.
3 (XVIe, Paré). Méd. (Rare). Mort d'un tissu, d'un organe. || Mortification des chairs. Gangrène; nécrose. Par ext. || Mortification par brûlure.
Spécialt. || Mortification pulpaire : état pathologique de la pulpe d'une dent, spontané ou provoqué ( Momification), entraînant la dévitalisation de la dent. || « Traitement des mortifications et des gangrènes pulpaires » (P.-L. Rousseau, les Dents, p. 76).
4 (XIXe). Cuis. Commencement de décomposition de certaines viandes (gibier…) qui les rend plus tendres et leur donne du fumet. Faisandage.
CONTR. Consolation, satisfaction.

Encyclopédie Universelle. 2012.