condamnation [ kɔ̃danasjɔ̃ ] n. f.
1 ♦ Décision de justice qui condamne une personne à une obligation ou à une peine. ⇒ arrêt, jugement, sentence. Condamnation de l'accusé par les juges. Condamnation pour vol, pour meurtre. Infliger, prononcer une condamnation. ⇒ astreinte, peine, punition, sanction. Condamnation par contumace, par défaut, définitive. Condamnations politiques (bannissement, exil, indignité nationale), condamnation pour crime de guerre. Condamnation religieuse. ⇒ anathème, excommunication, 2. interdit. Condamnation à la détention perpétuelle, à mort (cf. Arrêt de mort). Aggravation d'une condamnation. Réduire une condamnation (cf. Remise de peine). Fiche personnelle où sont reportées les condamnations. ⇒ casier (judiciaire). — Par ext. Décision de justice qui condamne une chose (et par conséquent son auteur). Condamnation de « Madame Bovary », des « Fleurs du mal » comme contraires aux bonnes mœurs (⇒ censure, index, 2. interdit) . Condamnation du révisionnisme.
♢ Fait, décision qui détermine la ruine, la disparition de qqch. Cette mesure est la condamnation du petit commerce.
2 ♦ Action de blâmer qqn ou qqch. ⇒ accusation, attaque, censure, 2. critique, procès, réprobation. « la condamnation de nos goûts [...] de nos opinions » (La Rochefoucauld). Par ext. Ce livre est la condamnation du régime actuel.
3 ♦ Fermeture, verrouillage. Condamnation automatique des portes d'une voiture.
⊗ CONTR. Absolution, acquittement. Approbation, éloge.
● condamnation nom féminin (latin condemnatio, -onis) Action de condamner quelqu'un, quelque chose : Condamnation d'un voleur. Fait qui constitue un témoignage accablant contre quelqu'un, quelque chose, qui le condamne : Cet échec est la condamnation d'une politique. Fait qui détermine la ruine, la mort de quelque chose, quelqu'un : Ces mesures sont la condamnation des petites entreprises. Décision d'une juridiction prononçant une peine, une obligation ou une sanction. Dispositif d'une serrure permettant d'interdire le fonctionnement du demi-tour. ● condamnation (citations) nom féminin (latin condemnatio, -onis) Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Nous vivons en un temps où, Dieu merci, une condamnation à mort ne déshonore plus personne. Malatesta, II, 4, Malatesta Gallimard ● condamnation (synonymes) nom féminin (latin condemnatio, -onis) Action de condamner quelqu'un, quelque chose
Contraires :
- amnistie
- grâce
- non-lieu
Fait qui constitue un témoignage accablant contre quelqu'un, quelque chose, qui...
Synonymes :
- attaque
- blâme
- critique
- désaveu
- réprobation
Contraires :
- apologie
- louange
Fait qui détermine la ruine, la mort de quelque chose, quelqu'un
Synonymes :
- négation
- procès
Décision d'une juridiction prononçant une peine, une obligation ou une...
Synonymes :
- punition
- sanction
condamnation
n. f.
d1./d Décision d'une juridiction de sanctionner un coupable. Condamnation pour vol.
d2./d Blâme, critique.
⇒CONDAMNATION, subst. fém.
A.— Action de condamner, jugement qui condamne.
1. Décision de justice, jugement qui condamne quelqu'un à une peine. Infliger, prononcer une condamnation contre qqn; subir, encourir une condamnation; condamnation à mort, à la prison; motifs de condamnation. Synon. arrêt, jugement, sentence. Anton. acquittement, grâce, réhabilitation. Une condamnation emportant peine afflictive ou infamante (Code civil, 1804, art. 221, p. 41). Le récit de la condamnation de Jésus (BLOY, Journal, 1903, p. 177). Condamnation à cinq ans de prison sans sursis (GIDE, Journal, 1930, p. 1017) :
• 1. Une demi-heure plus tard, le jury rentrait. L'accusé était reconnu coupable d'assassinat prémédité, sans circonstances atténuantes. L'avocat général requérait l'application de la loi. La condamnation à mort était prononcée.
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 104.
— Loc. diverses
♦ Signer sa condamnation. P. métaph. :
• 2. Ces paris sur structure neuve, ou bien la science déclare qu'elle n'a rien à dire sur eux — elle signe alors sa condamnation; ou bien elle prétend les saisir et s'oblige à construire des outils appropriés.
PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 297.
♦ Interjeter appel de sa condamnation. Anton. accepter, subir condamnation. La ballade dans laquelle il [Villon] se félicite d'avoir fort à propos interjeté appel de sa condamnation (SAINTE-BEUVE, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 13).
♦ Passer condamnation (au fig.). Avouer qu'on a tort, abandonner la discussion, céder. Elle eût voulu se faire tambour-major, que j'eusse passé condamnation sur ce goût dépravé (REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 207). Je reconnais que j'ai eu tort d'imaginer qu'un gentilhomme consentirait à s'occuper comme un homme, et je passe condamnation (É. AUGIER, Le Gendre de M. Poirier, 1854, p. 279).
♦ [En style judiciaire] Condamnation en, constr. arch. pour condamnation à. Condamnation en vingt années de fers (STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 286).
SYNT. Être frappé d'une condamnation; aggraver, annuler, casser, commuer, éviter, réduire une condamnation; procès, jugement de condamnation; une condamnation sans appel, sans recours, pour vol, pour meurtre, définitive, irrévocable, capitale, civile, politique, judiciaire, pénale, pécuniaire, dure, sévère, implicite, explicite, illégale, injuste.
— Spéc. [En parlant du Jugement dernier] Damnation. Anton. salut. Condamnation éternelle (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, V, 7, p. 268). La phrase de saint Paul sur celui qui mange et boit sa propre condamnation (GREEN, Moïra, 1950, p. 125). Mort et condamnation! (LA MARTELIÈRE, Robert, chef de brigands, 1793, III, 8, p. 37).
2. P. méton. La peine à laquelle est condamné le coupable. Déterminer le montant d'une condamnation. Quasi-synon. punition, sanction. C'était deux mille livres qu'il en coûterait à Mr Fogg, s'il ne purgeait pas sa condamnation (VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 82).
3. P. anal. Condamnation d'un malade. Diagnostic par lequel les médecins déclarent que sa maladie est mortelle. « Je crois vraiment que je suis guéri »; et c'était la veille que le médecin avait prononcé ma condamnation! (M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1837, p. 323).
4. P. ext. et au fig. Condamnation à. Obligation à (faire ou subir quelque chose). C'était le drame de sa vie intime que cette inaptitude au contact, cette condamnation à demeurer incommunicable! (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 880).
B.— Action de frapper d'une sanction sévère.
1. Action d'interdire formellement (une doctrine, une hérésie, un acte, une opinion, un principe, etc.) en tant que contraire à la morale ou à la religion. Une condamnation expresse. Synon. anathémisation, prohibition, interdit, censure. La condamnation des cinq propositions de Jansénius, par Innocent X (LAMENNAIS, De la Religion, 1826, p. 167). Depuis sa condamnation par le pape, l'Action française avait disparu de la Belle Angerie (H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 111) :
• 3. Deux soucis essentiels inspirent en fait l'Église : respect de la vie, respect de la nature. Par suite, condamnation de l'avortement, de la contraception et de la stérilisation (concile de Nicée) et, bien entendu, de l'infanticide.
Hist. de la sc., 1957, p. 1601.
2. Action de blâmer vigoureusement, de réprouver énergiquement quelqu'un ou quelque chose. Synon. blâme, critique, réprobation. Anton. apologie, louange.
a) [Le suj. désigne une pers.] Porter une sévère condamnation contre qqn; une condamnation méprisante. Asserme se sentit perdu. Il lisait sa condamnation sur ce visage glacial (DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 317) :
• 4. ... ma grand'tante qui, sachant que ma grand'mère n'était jamais du même avis qu'elle, et n'étant pas bien sûre que ce fût à elle-même que nous donnions toujours raison, voulait nous arracher une condamnation en bloc des opinions de ma grand'mère contre lesquelles elle tâchait de nous solidariser de force avec les siennes.
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 22.
b) [Le suj. désigne une chose] Fait, écrit, acte qui sert de preuve accablante.
— contre le comportement de quelqu'un ou p. méton., contre quelqu'un. Que l'exemple de sa conversion porte condamnation contre les mauvaises mœurs (BILLY, Introïbo, 1939, p. 146).
— contre quelque chose :
• 5. C'est en s'opposant à toute psychologie et en utilisant la rationalité des types idéaux que se constitue la « sociologie compréhensive ». Elle ne vise à rien autre qu'à fixer de façon univoque le sens des concepts historiques. Mais ce voisinage est aussi sa condamnation.
J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, p. 103.
3. Rare. Condamnation d'une porte, d'une fenêtre (cf. condamner II C).
Prononc. et Orth. :[] ou [-]. Pour [a] ant. ou [] post. et pour la non-prononc. de m, cf. condamner. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. condempnation « jugement, sentence » (Cout. d'Artois, 153 ds DELB. Notes [ms. déposé à la Sorbonne] : Et est sentence deffinitive, qui determine principale question, et doit contenir absolution ou condempnation, ou autrement ne vaut riens); 1536, 30 août condamnation (Edit de Fr. Ier sur la just. dans le duché de Bret. ds GDF., s.v. condeau); en partic. a) 1525 en parlant de Dieu (Evang. selon saint Jean, V, 24, Nouv. Testam., éd. Lefebre d'Etaples ds LITTRÉ); b) 1862, sept. en parlant d'un malade (E. et J. DE GONCOURT, Journal, p. 134); 1474 condempnacion « amende » (Lettres de Louis XI, éd. von Vaësen et Charavay, t. 5, p. 275 ds BARTZSCH p. 83); 2. 1541 « blâme, réprobation » (CALVIN, Instit., II, p. 68 ds HUG.); 1688 « acte, fait, écrit portant témoignage contre » (BOSS., Var. X ds ROB.); 3. 1961 « dispositif permettant de bloquer une serrure » (Lar. encyclop.). Empr. au lat. class. condemnatio « sentence, peine »; b. lat. condemnatio pecuniaria « peine pécuniaire »; fig. « repréhension, blâme » en b. lat. Fréq. abs. littér. : 956. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 240, b) 1 095; XXe : a) 1 979, b) 1 229. Bbg. RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 378.
condamnation [kɔ̃danɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe, condempnation; lat. condemnatio, du supin de condemnere (→ Condamner), devenu condamnation par attr. de damner.
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1 Décision de justice qui condamne une personne à une obligation ou à une peine. ⇒ Arrêt, jugement, sentence. || La condamnation de l'accusé par les juges. || Condamnation pour vol, pour meurtre. || Infliger une condamnation à qqn, prononcer une condamnation contre qqn. ⇒ Astreinte, peine, punition, sanction. || Porter une condamnation contre qqn. || Encourir une condamnation sévère. || Subir une condamnation.
♦ Dr. || Condamnation contradictoire. || Condamnation par contumace, par défaut. || Condamnation à une peine afflictive, à une peine infamante. — Condamnation à une amende, aux dépens, aux dommages-intérêts. || Condamnation par laquelle on perd ses biens. ⇒ Confiscation. || Condamnation à la prison; aux travaux forcés à perpétuité, à temps. || Condamnation politique. ⇒ Bannissement, déportation, exil, expatriation, indignité (nationale), proscription. || Condamnation religieuse. ⇒ Anathématisation, bûcher, damnation, excommunication, interdit. || Condamnation au supplice. || Condamnation à mort (cf. Arrêt de mort). — ☑ Loc. Passer condamnation : accepter d'être condamné sans se défendre; fig. admettre qu'on a eu tort, et, par ext., revenir sur son jugement. || Ne discutons plus; je passe condamnation. — Aggravation d'une condamnation (fam. rallonge). || Réduire une condamnation. ⇒ Commuer. || Annuler une condamnation. ⇒ Amnistie, grâce, réhabilitation, rémission. || Fiche personnelle où sont reportées les condamnations. ⇒ Casier (judiciaire).
1 Il (Calas) ne put répondre quand il fut traîné sur la sellette; son trouble servit à sa condamnation.
Voltaire, Politique et Législation, Lettre à E. de Beaumont.
2 La réhabilitation est acquise de plein droit au condamné qui n'a, dans les délais ci-après déterminés, subi aucune condamnation nouvelle à l'emprisonnement ou à une peine plus grave pour crime ou délit (…)
Code d'instruction criminelle, art. 620.
3 (…) si le frère de Louis XVI passait condamnation sur le passé d'un Fouché, comment la présence de l'ex-évêque d'Autun pourrait-elle maintenant être tenue pour « scandaleuse » ?
Louis Madelin, Talleyrand, IV, XXXII, p. 357.
♦ Décision de justice qui condamne une chose (et par conséquent son auteur). || Condamnation de la fraude. || Condamnation de « Madame Bovary », des « Fleurs du Mal », comme contraires aux bonnes mœurs. || Condamnation du luthéranisme par le Pape. ⇒ Index (mise à l'), interdiction, interdit, prohibition.
♦ Fig. || Prononcer la condamnation d'un malade, le déclarer perdu.
♦ Par ext. || Condamnation à : fait d'être obligé de.
3.1 C'était le drame de sa vie intime que cette inaptitude au contact, cette condamnation à demeurer incommunicable !
Martin du Gard, les Thibault, Épilogue, p. 880.
2 Action de critiquer (qqn, qqch.) en portant un jugement de réprobation complète. ⇒ Accusation, animadversion, attaque, censure, critique, désaveu, procès, réprimande, réprobation. || La condamnation du prochain. || Condamnation d'un sentiment; condamnation d'opinions, d'idées, de théories. || Lire la condamnation de qqch., de qqn sur le visage de qqn. || Condamnation des mœurs, des abus (⇒ Flétrir). || La condamnation du luxe romain par Caton l'Ancien. || Condamnation du style de Desportes par Boileau, de la rime riche par Verlaine. || Condamnation absolue, sans appel.
♦ Par ext. || Ce livre est la condamnation du régime actuel. || Ce décret est la condamnation de la liberté. ⇒ Négation. || Signer la condamnation d'un projet.
4 Je trouve non seulement dans Calvin (…) mais encore dans les synodes nationaux des condamnations expresses de ceux qui confondent le gouvernement civil avec le gouvernement ecclésiastique.
Bossuet, Hist. des Variations, X.
5 Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions.
La Rochefoucauld, Maximes, 13.
6 (…) ce qui ment, ce qui pose, ce qui est à la fois condamnation de la passion et la grimace de la vertu, me révolte par tous les bouts.
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 254.
7 (…) il est beaucoup plus facile de répéter une condamnation que de motiver une accusation (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 34.
8 Mais sur la condamnation des civilisations de masses (et cela dans tous les pays) je crois qu'il (Duhamel) transigerait moins que jamais (…)
A. Maurois, Études littéraires, t. II, p. 82.
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CONTR. Absolution, acquittement, non-lieu. — Apologie, appréciation, approbation, éloge, prescription.
COMP. Recondamnation.
Encyclopédie Universelle. 2012.