muscadin [ myskadɛ̃ ] n. m.
• 1578 « pastille parfumée au musc »; 1747 n. pr.; it. moscardino → musc
♦ (1790) Vx Jeune fat, d'une coquetterie ridicule dans sa mise et ses manières. ⇒ dandy, élégant, incroyable, merveilleux, mirliflore, muguet (2o).
♢ Spécialt Nom donné, sous la Révolution, aux royalistes qui se distinguaient par leur élégance recherchée.
● muscadin nom masculin (italien moscardino, de moscado, musc) Après le 9-Thermidor, jeune élégant vêtu de façon excentrique et adversaire actif des Jacobins.
⇒MUSCADIN, subst. masc.
Vieilli. Homme qui affecte une grande recherche dans sa mise. Vous allez trop loin, madame Baudoyer, dit-il (...) vous me faites nettoyer mes dents (...) vous me ferez bientôt brosser mes ongles et friser mes cheveux, ce qui ne va pas dans notre commerce: on n'y aime pas les muscadins (BALZAC, Employés, 1837, p.50). Il rejoignait, dans les olympiennes sentences de Gaurat, les zones amorphes où se traînaient les Cuche, les Pimparet, les Paturange (...). Vous prétendez au muscadin et haletez comme un hercule de foire (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p.129).
♦Pop. ,,On donne encore ce nom, dans les campagnes, aux farauds de village, aux fils de gros fermiers qui singent les jeunes gens de la ville, aux clercs d'huissier ou de notaire aux manières prétentieuses`` (FRANCE 1907). Son amant est sans doute un ouvrier, un apprenti? La portière: — Non, pas vraiment! c'est un muscadin!... un jeune monsieur enfin (KOCK, Cocu, 1831, p.46):
• ♦ Ceux-là sont des muscadins, dit l'abbé lorsque nous passâmes auprès d'eux. Ils n'ont pas fait leur prière. Ce sont des négociants établis à Venise, et que l'air de notre civilisation a corrompus.
SAND, Lettres voy., 1834, p.89.
— HIST. (sous la Révolution et le Directoire). Jeune royaliste qui affectait une mise excentrique. Les muscadins ont été remplacés par les incroyables (Ac. Compl. 1842). Bonaparte avait surtout en horreur les «muscadins» et les «incroyables», jeunes fats du moment dont les cheveux étaient peignés à la mode des têtes coupées (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.320). Il y avait [au café de la Nuit] des bagarres, entre ceux qu'on nommait les muscadins, et les autres qu'on appelait les sans-culottes (LA VARENDE, Roi d'Écosse, 1941, p.224).
♦Emploi adj. Après la Terreur, il [M. Théodore Leclercq] se trouva naturellement de cette jeunesse royaliste plus ou moins dorée et muscadine, qui luttait avec énergie et courage pour la vie élégante et civilisée (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.3, 1851-62, p.529).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1611 «pastille parfumée au musc» (COTGR.: moschardin, muscardin); 1616 muscadin (A. D'AUBIGNÉ, Tragiques, Princes, 1286 ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 84); 2. [1747 nom d'un petit-maître (LA METTRIE, La Faculté vengée, II, 8 ds LITTRÉ Suppl.)]; 1793 «royaliste qui, sous la Révolution, se distinguait par son élégance recherchée» (CHALIER, Lettre, 3 févr. ds La Révolution fr., t. 56, 1909, p. 385). Empr. à l'ital. moscardino (XVIe s. «pastille parfumée au musc» ds BATT.; XVIe s. «personne qui soigne particulièrement sa mise», ibid.), dér. de moscado «musc». Le sens spéc. du mot sous la Révolution française est né à Lyon vers 1792-93, v. C. RIFFATERRE, L'Origine du mot «muscadin» ds La Révolution fr., t.56, 1909, pp.385-390; on trouve grenadier musqué dès août 1792, ibid., p.386. Fréq. abs. littér.:39. Bbg. KOHLM. 1901, p.51. — WIND 1928, p.91, 170, 205.
muscadin [myskadɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1578, « pastille parfumée au musc »; n. pr., par allus. au parfum favori des élégants de l'époque, 1747; ital. moscardino, de moscado « musc », du bas lat. muscus.
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♦ Vieilli (1790). Jeune fat, d'une coquetterie ridicule dans sa mise et ses manières. ⇒ Dandy, élégant, incroyable (cit. 14), merveilleux, mirliflore, muguet, petit-maître. — Spécialt. Nom donné, sous la Révolution, aux royalistes qui se distinguaient par leur élégance recherchée (→ Doré, cit. 5). — REM. En ce sens, le mot était utilisé aussi au fém. sous la Révolution : || « les orgueilleux lambris des muscadines et des muscadins » (G. Babeuf, Le Tribun du peuple, 28 janv. 1795, no 31, in D. D. L.).
1 Hébert appelait Fréron un muscadin, un Sardanapale.
2 L'autre, dont le costume était (…) élégant et très élégamment porté, soigné dans les moindres détails (…) avait sur son habit un spencer, mode aristocratique adoptée (…) par la jeunesse dorée (…) Ce parfait muscadin paraissait âgé de trente ans. Ses manières sentaient la bonne compagnie, il portait des bijoux de prix. Le col de sa chemise venait à la hauteur de ses oreilles. Son air fat et presque impertinent accusait une sorte de supériorité cachée.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 459.
Encyclopédie Universelle. 2012.